Auteur, compositeur et interprète,Tony Joe White est issu du deep south et plus précisément de Louisiane.
Il s'est fait connaître en 1968 avec un méga tube : "Polk Salad Annie", repris par Elvis Presley, Tom Jones, etc ... Sa voix grave et son style bluesy lui ont valu d'être régulièrement classé dans les charts blancs et noirs aux states, soit lui-même, soit, le plus souvent, par interprètes interposés.
Comme déjà dit dans une autre file, Tony Joe White a pondu 6 albums sublimes, 3 pour Monument et 3 pour Warner. Après, le succès aidant, il a perdu de son style roots pour faire du pseudo Barry White avec l'album "Eyes" (il a pratiquement le même timbre de voix, mais en plus "mâle"). Ensuite vînt le swamp rap et puis, et puis, notre Tony Joe White est revenu à ses amours premières, mais dans une finition lèchée, propre à titiller les radios FM. Bref, il se parodie lui-même à présent.
Mais venons en à son style musical. Personne n'est encore véritablement arivé à le définir. L'intéressé évoque la "swamp music", mais avec ça on est bien avancé ! c'est quoi la "swamp music" ?
Tentons l'aventure : Prenez une base de blues bien roots, celui que les guitaristes noirs jouaient dans le Sud des Etats-Unis. Ajoutez une toute petite pincée de Country (j'ai dit une pincée, rangez moi cette salière !!!), arrosez certaines parties de rythmes indiens et les autres de rock and roll(Tony Joe a du sang Cherokee) et n'oubliez pas de garnir de folk les parties les plus tendres.
Servez chaud.
J'ai découvert notre bonhomme en 1970, grâce à cet album, le dernier qu'il fît pour Monument. Billy "I can help" Swan en est le co-producteur.
Le personnel :
- Tony Joe White : guitare, harmonica, stomper and box
- Norbert Putman : bass
- Mike Utley : Orgue (Hammond)
- Jerry Carrigan : drums
- David Briggs : Orgue et piano (sur d'autres titres que M. Utley)
- Sammy Creason : drums sur 2 titres (mon batteur préféré)
L'album a été enregistré à Nashville et Memphis.
Track list :
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Stud - Spider : un blues qui débute par une batterie lourde et qui se poursuit dans un style bien roots. Tony Joe souffle sur les mots et ranime les braises d'un tempo pesant et jouissif.
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High Sheriff of Calhoun parrish : le style toujours blues se fait plus léger, comme la brise rassérénante du soir qui vient calmer les ardeurs du soleil.
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Widow wimberly : Le morceau de la découverte pour moi ! Une guitare acoustique, un harmonica et le pied pour battre la mesure. On n'a jamais fait mieux depuis. Même un cheval de bois se met à danser !
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Groupy Girl : La guitare attaque rock et même hard d'emblée pour accueillir un tempo enlevé propre à décorner les boeufs !
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Conjure woman : Ah ... bon sang ne saurait mentir. Les racines indiennes surgissent et le rythme vous entraîne dans je ne sais quelle réserve où totem et feu de camp s'apprêtent à fêter le retour de l'enfant prodigue. Mais bon, il y a la guitare électrique et l'harmonica du demi visage pâle ...
Le reste de l'album s'égrenne dans la même veine. Signalons quand même quelques reprises de nature à donner de l'acné juvénile à bien des interprètes soit disant confirmés :
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Hard to Handle (Otis Redding)
M'em ... pas ! personne n'a fait meilleure adaptation. Comment aussi bien ? J'demande à entendre
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Boom boom (John Lee Hooker) : 7'48 de pur bonheur !
Une guitare grasse, épaisse, des riffs à tétaniser des testicules qui donnent la réplique à l'orgue Hammond toujours embusqué, prêt à rappeler que l'on est dans le Sud et que dans le Sud et ben on ne rigole pas avec du Farfisa. L'on dit qu'Eric Burdon a quitté les Animals après avoir entendu cette version et qu'il s'apprêtait à entrer dans les ordres pour y faire pénitence de n'avoir pas fait le même "boom boom" ... (mode plaisanterie off)
Voilà l'un de mes disques de chevet. Si mes Mungo Jerry et Françoise Hardy des chroniques précédentes, pouvaient laisser les non-amateurs sur la touche, là, avec ce "tony joe", réédité en CD par Warner, je veux bien m'enfiler une bouteille de Bourbon cul-sec, s'il ne réussit pas à fédérer les passionnés, chevronnés et drôlement calés que vous êtes.
Alors, un mot d'ordre : la main dessus et hop à la caisse vite fait.