Rescapée de l'ère yéyé, Françoise Hardy a toujours mené une carrière parallèle à celle orchestrée tambour battant par ses consoeurs, comme Sylvie Vartan ou Sheila. Volontiers intimiste et mélancolique, alors que les autres clamaient leur amour haut et fort à grands renforts de "sha la la", Françoise a été l'égérie de pas mal de pop stars, bien qu'elle s'en défende avec humilité, préférant évoquer de belles rencontres musicales dûes au pur hasard.
J'ai personnellement toujours aimé Françoise Hardy ...
En 1972, sa carrière stagne. Point de gros tube depuis un moment et l'envie de prouver sans doute qu'elle est autre chose qu'un murmure permanent sur sillon de vinyle. Alors, elle s'adjoint les services d'un talentueux duo, Micky Jones et Tommy Brown, pour concocter un album de country/folk/rock et blues de toute beauté. Les guitares sont tantôt cristallines et tantôt trempées dans le rock, mais elles gardent toujours une évidente empreinte Californienne. Le piano et l'harmonica sont également de la fête. Voyons cela d'un peu plus près :
Le bal commence avec
l'éclairage : L'harmonica le piano et la guitare ouvrent le bal et l'on se retrouve d'emblée dans un blues d'acier qui invite à la rêverie et à la nonchalance.
Mais l'on est bientôt réveillé par la guitare aérienne et très californienne de
"pardon" qui, sur un tempo enlevé nous entraîne dans un rock aérien auquel Françoise ne nous avait pas habitués.
C'est ainsi complètement requinqués que nous abordons
"la berlue" un rock dur que n'auraient renié ni Creedence ni Deep Purple !
Retour à la mélancolie avec
"bruit de fond" qui égrenne ses introspections sur un rythme lancinant du meilleur aloi.
Retour en Californie avec l'énergique
"le soir" qui est ma chanson préférée.
Et ainsi s'enchaînent les titres de l'album, pour le plus grand plaisir de son auditeur.
Seule fausse note ou pour le moins incongrüe :
"Bowm, bowm, bowm" qui figurait déjà sur son album précédent tout en Anglais.
L'orchestration "chinoise" et baba cool de cette chanson rompt la magie du disque. Enfin, cela n'est que mon humble avis. Un peu comme si, au beau milieu de votre délicieuse mousse au chocolat, un importun vous ordonnait d'ingurgiter sur le champ deux cuillères à soupe d'huile de foie de morue !
Heureusement, pour nous désaltérer,
"et si je m'en vais avant toi"vient délicieusement clôturer l'album.
Les compos sont de Françoise Hardy (sauf bowm, bowm, bowm) et les thèmes sont toujours les mêmes : M'aime-t-il ? est ce que je l'aime ? Qui suis-je ? Où vais-je avec cet amour ? M'aime-t-il plus, maintenant que je l'aime moins ? Qui est il ? - Où va-t-il ? ... bref, faut suivre ....
Ce disque est consensuel. Que l'on soit hard rockeur, folkeus, ou amateur de psychédélisme, pour peu que la voix de Françoise ne vous fait pas fuir, cette galette doit s'insérer dans toute bonne discothèque qui se respecte. Et vous n'avez même pas l'excuse du prix. Vu le peu de succès qu'il a rencontré, c'est dans le bac des soldes que vous le trouverez !
Enfin, je ne peux pas vous poster d'image depuis mon poste. Mais avec toutes ces indications, vous le trouverez en un clic sur la toile !