Pour une première chronique, je vais tenter de faire court et concis, afin d'éviter toute somnolence du lecteur
L'on associe exclusivement Mungo Jerry à "In the summertime", hit ravageur qui a trusté la tête des hits parades dès le mois de mai 1970.
L'Angleterre venait de perdre les Beatles ... et la tête en même temps. Aussi, la presse anglo-saxonne s'était-elle empressée de crier à la Mungomania, faisant un rapprochement douteux avec la Beatlemania du début des années 60. Meilleure vente de simples en 1970 (73 000 rien qu'une seule journée !), "In the summertime" est devenue l'hymne décalé d'une année qui a vu l'éclosion de bien des talents.
Et puis, toute chose ayant une fin, le raz-de-marée annoncé par la perfide Albion n'a pas eu lieu. Certes, Mungo Jerry connut d'autres succès, mais la déferlante "In the summertime" était irrémédiablement passée.
Trois albums ponctuent le style atypique de Mungo Jerry :
- le 33 tours éponyme
- Electronically tested (en rapport avec les préservatifs de marque Durex)
- You don't have to be in the army, to fight in the war.
C'est de ce dernier dont je vais vous parler.
Tout leader d'un groupe majeur rêve ou a rêvé de créer une oeuvre majeure de nature à sortir sa formation du carcan étroit dans lequel il se sent enfermé. Ces oeuvres peuvent prendre l'aspect d'un concept-album ou d'un opéra rock. "Sergent Poivre", "Tommy", "Arthur", "Pendulum", j'en passe et non des moindres, ont tenté de marquer leur époque. Certaines oeuvres sont entrées dans la postérité faisant la fortune de leur(s) géniteur(s), tandis que d'autres, arrivées trop tôt, trop tard ou en même temps (Arthur/Tommy) ne sont appréciées que des esthètes.
Ray Dorset, leader charismatique de Mungo Jerry a voulu lui aussi, créer son oeuvre ultime, son concept album, qui devait marquer la fin du Mungo Jerry mouture première. Ce fut "You don't have to be ..." paru en 1971.
Le 1er titre éponyme de l'album donne le ton. Guitares électriques, acoustiques, banjo, harmonica, tambourin et hymne provoquant. L'ensemble ressemble à s'y méprendre à ces BO des westerns américains des années 50.
Le deuxième,
"Ella Speed" est plus dispensable. Ce titre est, à mon sens, faiblard et n'a que pour seule ambition de démontrer à l'auditeur combien la séance d'enregistrement a été détendue.
Viennent ensuite une rafale de hits en puissance. Le rythme est toujours sautillant, l'accompagnement s'enrichit tantôt d'accordéon, tantôt de divers instruments de percussion, tantôt encore d'orgue de barbarie (
Hey Rosalyn, une compo du pianiste) ou de sifflements.
Cet opus se singularise également par des "curiosités" croustillantes :
-
"Northcote arms" pompé sur le "Johnny B Good" du bon vieux Chuck Berry. L'harmonica y est déchirant, nerveux et omniprésent.
-
"On a sunday", taillé, poli et bichonné pour grimper dans les charts.
Une reprise de Woody Guthrie (chanteur préféré de Ray Dorset) vient clôturer l'album. Il s'agit du fameux
"That old dust storm", traité à la Mungo Jerry.
Alors, il plairait à qui ce "you don't have to be in the army" ??? dancezz
Ben, à tous ceux qui aiment le skiffle façon Lonnie Donegan, la country, le folk, le blues et même le rock !
Consensuel alors ce groupe m'sieur blueridgerangers ?
Ben non et c'est bien là que réside le problème. Pas de "bof" à l'endroit de sa musique. On aime ou on fuit. Point d'autre salut !
Considéré par certains comme une succession de chansons à boire, les albums de ce groupe n'ont pas réussi à susciter l'adhésion générale. Et pourtant, les 4 musiciens qui le composent ont du talent à revendre.
Les arrangements sont traités aux petits oignons, les instruments s'ébrouent dans une belle unité et le tout engendre un dynanisme et une originalité du meilleur aloi.
Alors, si jamais, au hasard vous avez un "best of" de Mungo Jerry, tendez l'oreille car plusieurs pépites sont nichées au fond de l'écrin.
Mungo Jerry la suite ?
Le groupe s'est séparé à l'issue d'une tournée "post album". Ray Dorset a recomposé son groupe, s'est adjoint les services d'un batteur, puis a pondu un 33 tours considéré comme l'un de ses meilleurs : "Boot Power".
Le son y est à la fois plus rock, plus pop, voire progressif, même si des réminiscences du Mungo Jerry de la première heure subsistent ça et là.
Le groupe existe toujours. Depuis le premier split, il a connu 35 changements de personnels. Ainsi des membres de Love Affair, Hardmeat, Spooky Tooth, Chicken Shack, Savoy Brown, Rainbow, etc ... se sont succédés, qui aux claviers, qui aux guitares, qui aux drums ...
Enfin, Ray Dorset a ceci de commun avec Chuck Berry : la réputation sulfureuse. Ses concerts ont souvent été émaillés de propos obscènes et provoquants, tandis que les multiples changements de musiciens témoignent sûrement de son caractère "spécial".
Mais nous avons affaire là à un grand, un très grand musicien. Il est pitié de voir que ses apparitions télévisuelles se résument au sempiternel "In the summertime" alors qu'il a un potentiel tellement riche, tellement varié.
Si vous êtes sages, je vous posterai des images. (Ici je ne peux pas)