
Un artiste peu abordé sur le forum, hormis dans la petite discussion entamée .
Quand on évoque Joe Jackson, on a tendance à se souvenir des deux premiers albums, incontournables brûlots en noir et blanc mâtinés de chalouperies reggae (c'était la mode), du Body and Soul à la pochette hommage à Sonny Rollins, de ce Night and Day trop classe sentant le loft cosy le piano à queue bien astiqué. Certains (dont je fais partie) iront même jusqu'à évoquer le formidable Jumpin' Jive, hommage transi et réussi au jazz de papa (ou de grand papa, pour les jeunots du forum -rien de péjoratif : juste une légère jalousie...). Enfin, bref (comme disait Pépin) : le petit (hum : 1m90 sous la toise) père Joe remue certains souvenirs... Mais il est des trous de mémoire tenaces... Reprenons: Look Sharp, I'm the Man, Jumpin' Jive, Night and Day, Body and Soul... Hé !!! mais il en manque un !!! Le troisième, qui s'appelait Beat Crazy, avec sa pochette aux couleurs flamboyantes et explosives, et qui renfermait un contenu à l'image du contenant : explosivant, percussioné, sautillanesque, tournetétisant.
On me pardonnera ces néologismes, ils sont le fruit de l'émotion et de l'enthousiasme ressentis à l'écoute (répétée) de cet album emprunt en partie d'une indomptable frénésie quasi vaudou. Le grand dadais mal dans sa peau et dans sa tête se récolte une palanquée de fourmis dans le calbute et se met à s'agiter comme un beau (?) diable tout en réglant ses comptes avec la terre entière (monsieur est misanthrope, c'est notoire : personne ne l'aime, c'est le Caliméro du rock 80's).
A grands coups de couleurs chatoyantes et de rythmes tantôt énervés, tantôt plus calmes, the real Jackson nous déroule un rouleau de barbelé traitant de ses thèmes favoris, teinté d'ironie vacharde et revancharde : les rapports homme/femme conflictuels (One To One, Mad At You, Someone Up There, Biology, au texte grinçant très drôle (*)), la critique sociale légère (In Every Dream Home (A Nightmare), Crime Don't Pay, Pretty Boys (attaque contre les sourires Colgate des animateurs TV, mais aussi et surtout contre les garçons-coiffeurs de la new wave qui sévissaient à l'époque), Fit (qui aborde les discriminations sexuelles et raciales) et le racisme rampant mêlé à la bonne conscience de la pseudo reconnaissance du "bon nègre" (Battlegrouind, dédié à Linton Kweisi Johnson et asséné sans sourciller sur un lick de gratte monotone et un tapis de basse rondelette et menaçante).
Bien sûr, il ne s'agit pas d'un chef d'oeuvre, mais d'une oeuvre peut-être injustement oubliée, à réhabiliter ! Bons votes !
(*) Un type revient vers sa copine après une longue absence, et lui dit qu'il a été voir "ailleurs", pour assouvir certains besoins "biologiques". Mais quand elle lui dit qu'elle a fait pareil de son côté, ll se met en colère. Elle lui retorque donc que "tu sais, tout comme pour toi, c'était purement biologique". L'arroseur arrosé, si j'ose dire dans ce contexte
La critique d'Allmusic . Je suis content, elle rejoint la mienne
1. Beat Crazy
2. One to One
3. In Every Dream Home (A Nightmare)
4. The Evil Eye
5. Mad at You
6. Crime Don't Pay
7. Someone Up There
8. Battleground
9. Biology
10. Pretty Boys
11. Fit
Joe Jackson – Chant, claviers, melodica
Graham Maby – Basse, chant
Gary Sanford – Guitares
David Houghton – Batterie, chant
Lien :
http://www7.zippyshare.com/v/14485923/file.html