A la demande de Plsh nous intervertissons donc nos passages
J'ai comme tout le monde je suppose longuement hésité avant de choisir le disque que je voulais présenter au forum. Finalement j'ai laissé parler mon coeur et j'ai opté pour cet album

En 1982 Bashung est devenu une référence dans le rock Français, une espèce de JH qui n'aurait pas mal tourné. Pourtant malgré le succès Bashung est mal à l'aise avec l'image de chanteur léger que ses deux tubes récents ont donnés de lui (je pense à Gaby, et vertige de l'amour)
Il sombre rapidement dans l'alcoolisme et ne tarde pas à péter littéralement les plombs!
Il passe des nuits entière à écouter des groupes de cold wave avec son ami Jean Fauque et s'éloigne de plus en plus de son ex compagnon de java, Boris Bergman.
Lorsqu'il s'agit de retourner en studio les deux hommes ne sont plus d'accord sur rien.
Bergman souhaite poursuivre dans la voie qui a fait leur succès tandis que Bashung veut profiter de sa notoriété pour la mettre au service d'une véritable ambition artistique.
La rupture (la première d'une longue série) est inévitable
Bashung qui a entendu dire que Gainsbourg admirait son travail décide de le contacter afin de lui proposer la co écriture des textes
La rencontre se déroule sous les yeux de Bambou, qui se souvient de deux artistes maladivement timides qui osaient à peine s'adresser la parole. Le seul moyen pour ces deux personnages de s'ouvrir au monde extérieur s'était de passer par le sas de l'alcool. Alors c'est exactement ce qu'ils vont faire..Boire pendant des heures. Les langues se délient et Gainsbourg accepte finalement de travailler avec Bashung
Alain profite de ce changement d'auteur pour renouveler son équipe de musiciens.Il enregistre pour la première fois avec un groupe du nom de KGDD. Ces musiciens vont l'accompagner plusieurs années et vont donner à Alain sa réputation de rocker givré sur scène.
Ils n'hésitent pas à prolonger les délires de Bashung qui souhaite donner un ton très expérimental à son nouveau disque. Ainsi Le saxophoniste, Manfred Kovacic, qui n’a jamais touché un clavier de sa vie se verra confier un synthétiseur du nom de Prophet 10. Cet instrument dernier cri est très vite sabordé. les musiciens donnent des coups de pieds dans la bête pour le dérégler. On torture le clavier jusqu'à en sortir des séquences hasardeuses et malsaines. Au dessus de cette musique industrielle Bashung balance ensuite des textes relatant ses pulsions autodestructrices.
Au delà de son aspect fortement autobiographique ce disque urbain est, pour moi, l'équivalent Francais des plus grands albums de Lou reed ou de Suicide. Une oeuvre dans laquelle Bashung chante la déshumanisation des grandes métropoles où les hommes nagent dans le goulag en rêvant d'évasion. En évoquant sa solitude il touche paradoxalement à quelque chose d'universel (c'est comment qu'on freine est un texte terriblement prémonitoire)
Il nous présente un monde où se croise des dealers et des actrices sans scenarii (j croise aux hébride) , des femmes seules qui ne veulent pas qu'on les aiment mais qui voudraient bien quand même (Martine boude)
Tu crois qu'il débloque ?
A sa sortie, ce disque déconcerta toute la critique, a l'exception notable du journal libération qui était le seul quotidien à soutenir cet ovni musical. Les autres critiques traiteront Bashung de Johnny Hallyday de la New Ave!
La maison de disque ne tardera pas à classer cet album dans la catégorie des suicides commercial, ce que Bashung n'a jamais démenti. Il dira simplement la chose suivante lors d'une interview où un journaliste s'étonnait de la sortie de cet album expérimental
"il fallait que je sorte ce disque, je n'avais pas le choix, j'étais à deux doigts de la mort, clinique je veux dire, d'où ces mélodies minimalistes, cette cacophonie rigoureuse"..Il rajoutera " Play blessures est un album d'une extrème lucidité, la réalité est sordide ont à pas cherché à la faire plus moche qu'elle n'est.."Je vous souhaite une bonne écoute et j'espère vraiment que cette expérience vous plaira et surtout qu'elle ne vous laissera pas indifférente
http://www.mediafire.com/?mmjh2mjyjtwTracklisting 1.C'est comment qu’on freine (Serge Gainsbourg - Alain Bashung / Alain Bashung)
2.Scènes de manager (Serge Gainsbourg - Alain Bashung / Alain Bashung)
3.Volontaire (Serge Gainsbourg - Alain Bashung / Alain Bashung)
4. Prise femelle (instrumental) (Alain Bashung)
5. Martine boude (Serge Gainsbourg - Alain Bashung / Alain Bashung)
6.Lavabo (Serge Gainsbourg - Alain Bashung / Alain Bashung)
7.J'envisage (Serge Gainsbourg - Alain Bashung / Alain Bashung)
8.J'croise aux Hébrides (Serge Gainsbourg - Alain Bashung / Alain Bashung)
9.Junge Männer (Boris Bergman / Alain Bashung)
10.Trompé d'érection (Serge Gainsbourg - Alain Bashung / Alain Bashung)
11.Strip now *(Boris Bergman / Alain Bashung)
12.Bistouri scalpel *(Boris Bergman / Alain Bashung)
13.Procession (instrumental) *(Alain Bashung)
A signaler que l'album Play blessures a été réédité dans les années 90 et que la maison de disque en a profité pour rajouter 3 morceaux qui sont des extraits de la bande originale du film Le cimetière des voitures de Fernando Arrabal, et donc signés Bergman/ Bashung .
Je les ai indiqués dans la tracklist par des *