"The Only Ones - The Only Ones, Even Serpents Shine et Baby’s Got A Gun"1Anomalie de la période punk anglaise, les Only Ones importaient un esprit romantique et déglingué de New York. Trois rééditions le rappellent.
Régulièrement remis en selle par une nouvelle génération de guitares anglaises romantiques, torturées et hautaines (de House of Love aux Libertines), les Only Ones étaient, de leur vivant même un groupe culte (anachronique, mais très bien chroniqué), décalé, largué, dont les albums ressemblaient déjà à des rééditions d’une époque fantasmée, impossible, trop littéraire. En trois albums et deux années chaotiques et flamboyantes (78/79), ils sortirent ces trois albums qui s’aggripèrent malgré eux au nerf punk, comme un vilain furoncle, un gros coup de cafard.
Avec la bande de dandys de caniveaux tournant autour de feu Nikki Sudden, Wasted Youth ou les Psychedelic Furs, ils portaient les cheveux longs quand l’époque ordonnaient de raser les oripeaux des seventies, osaient le velours gandin quand les diktats étaient aux déchirures, dressaient un banquet de cadavres new-yorkais quand 77 avait imposé la table rase. Nonchalante, terriblement triste et désabusée, la voix amochée de Peter Perrett avait bu à même les caniveaux où s’étaient vidé Dylan, le Velvet, les New York Dolls et toutes leur ténébreuse descendance. De cette passion chevillée aux veines pour les grands éclopés de la Big Apple, le groupe ne se relèva pas, emporté par les excès et le malheur. Et pourtant, cas quasi-unique de cette génération post-77 (coup réussi aussi par Clash), le groupe parviendra à se bonifier avec l’âge, réussissant cet exploit rare de commencer glorieusement (Another Girl, Another Planet, classique absolu du premier album), avant de réussir avec son troisième album un chant du cygne d’une beauté terrassante.
Quinze ans après, dans les années 90, on rencontrait Peter Perrett à Londres, qui tentait, comme aujourd’hui, un comeback. Il nous avait accueilli en nous prévenant : “Désolé si je garde mes lunettes, mais je viens de me réveiller. De seize années de sommeil.” Il expliquait alors la vie et mort des Only Ones : “Notre carrière a été frappée d’une malédiction. La mienne, principalement. Je me suis totalement bousillé, humainement et artistiquement.” Sur l’ultime album du groupe, il chantait une chanson toujours incroyablement dangereuse et aussi modernes que les autres : Why don’t you kill yourself? Le miracle, c’est que Peter Perrett a pourtant choisi la vie – ou qu’elle l’a forcé à rester.
par
JD Beauvallet06 mars 2009http://www.lesinrocks.com/musique/criti ... got-a-gun/2On réédite les Only Ones, trouble-fêtes décadents et maudits du bal new-wave. Splendeurs et misères d’un culte intime.
Le terme est d’une terrifiante banalité. On n’en a pourtant pas repéré d’autres pour qualifier les Only Ones. Groupe maudit donc, par défaut. Nulle légende, presque aucune anecdote, un souvenir incertain, rendu plus flou encore par quinze longues années de trou noir à peine troublées par les effusions solitaires d’un Guy Chadwick bêtement énamouré, mais qui aura bien été le seul à briser le silence, à oser tout au long de la carrière triste de House of Love se réclamer d’eux. Comme si tout restait à faire, tout restait à dire d’un Peter Perrett reclus et souffreteux, d’une poignée de chansons si vénéneuses qu’on préféra les dissimuler afin de mieux les perdre. Amnésie collective. A d’autres, on aurait édifié des chapelles, rendu un culte, mobilisé théologiens et autres encyclopédistes. Mais même à l’heure des bilans de l’ère new-wave, on classa les Only Ones à la rubrique des oubliés. Quant à la France, terre d’asile de tous les éclopés, de tous les parias, elle ne sut les accueillir qu’à coups de canette, en première partie de Trust et de Shakin’Street. Fermez le ban. Pour le groupe, c’était de toute façon perdu d’avance. Avec un bassiste rangé des voitures depuis 1967, un ex-Spooky Touth à la batterie, un guitariste à moitié chauve et aux tentations hendrixiennes, tous largement trentenaires et plutôt sales sur eux, la mission relevait de l’impossible. Alors, que dire de Peter Perrett, de sa mise à l’afféterie de fête foraine ? fourrures mitées et veste léopard ?, en pleine effervescence post-punk Précieux et décadent, junkie mais lucide, l’homme n’avait que bien peu de rapports avec, au hasard, Joe Strummer ou Andy Partridge, sinon l’époque: 1978. Les trois albums des Only Ones, qu’on réédite aujourd’hui dans l’anarchie la plus totale (noblesse oblige), ne furent jamais qu’ une séance de rattrapage, une infime parcelle de gloire chipée au nez et à la barbe d’une destinée contraire. « I always flirt with death/I looke ill but I don’nt care about it » (Je flirte en permanence avec mort/J’ai l’air malade mais je m’en fous) : les chansons de Peter Perrett n’ont jamais eu beaucoup de santé. Scrofuleuses, ambiance de fièvre, elles ne tenaient debout que grâce aux béquilles d’une instrumentation largement dopée. Sous respiration artificielle. Ballades toxiques et déliquescentes, nimbées de parfums délétères (From here to eternity), ou drug-songs effrénées, à la configuration de montagnes russes (94nother girl, another planet, The Beast), elles semblaient chantées par un Lou Reed nauséeux, toujours au bord de la défaillance. Romantique, désappointe et suicidaire, Perrett ne semblait fasciné que par les formes troubles de la beauté, comme aspiré par la spirale des splendeurs et des misères. Splendeurs de trois grands disques malades, misères morales et matérielles qui suivront le split du groupe. A partir de 1981, on perd la trace de Peter Perrett, qu’on dit chauffeur de taxi ou laitier. L’hiver dernier, on le vit enfin réapparaître, éphémère, le temps d’un maxi et d’un nouveau groupe, The One. L’inspiration n’avait pas varié d’un cil. Peter Perrett n’en a visiblement pas terminé avec ses démons.
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Gilles Dupuy30 novembre 1994http://www.lesinrocks.com/musique/criti ... nts-shine/Quant à la France, terre d’asile de tous les éclopés, de tous les parias, elle ne sut les accueillir qu’à coups de canette, en première partie de Trust et de Shakin’Street
J'y étais, et ça a été pire pour
Bashung. Je ne le connaissais que vaguement que de nom et il ne payait pas de mine à l'époque, se radinant sur scène avec son country rock laid back, le pôv.
Un chrétien dans l'arène. J'en avais été malade de voir un musicien se faire jeter comme ça. C'était dégueulasse !
J'ai un souvenir un peu moins précis du set des
Only Ones, mais en gros ça ne s'était pas très bien passé, de mémoire. En tout cas moins bien que pour les
Dogs et
LBS.