Je comprends tout-à-fait que l'on n'aime pas le post-punk. Je trouve pour ma part que la raideur de l'ensemble (qui est indéniable) joue POUR le disque (que je trouve remarquable). Parfaite bande-son d'une époque très dure, particulièrement pour les villes industrielles, la musique de Gang Of Four est à l'image de son lieu et de son temps : sèche, métallique, industrielle. Un mot pour les paroles, qui sont admirables, et font souffler un vent (très) froid de révolte mi-narquoise, mi-abattue, très symptômatique de l'accueil réservé dans le post-punk à l'accession de Thatcher au pouvoir. Des jeunes gens qui savent qu'ils sont perdus, qui le disent, en tâchant de danser et de montrer qu'ils ne seront pas dupes tout en n'y pouvant rien. La cohérence de l'ensemble, poussée à l'extrême (il s'agit bien d'une musique répétitive, le versant "rock" de ce qui se passe en Indus au même moment avec, mettons, Cabaret Voltaire à Sheffield, autre zone sinistrée) - le titre "Return The Gift", référence au potlatch et à un certain idéal de vie sans marché, est un rappel de l'Indien de la pochette - m'inspire le respect.
Et accessoirement, moi, oui, ça me fait danser.
10.
Très intéressant
Mais doit-on forcement prendre en compte le contexte de l écriture d un album pour l apprécier à sa juste valeur ? Pour l apprecier là, actuellement ?

Je dirais oui ! Si on ne s'attache qu'à son "ressenti" (quelle horreur) alors on en est réduit à n'apprécier que ce que nos goûts nous dictent immédiatement ! Avant de juger comprendre ! Ensuite on se désintéresse, on se dit que la vie est trop courte pour gaspiller du temps à ça etc. Mais si je m'étais arrêté qu'aux musiques qui me séduisent immédiatement - houlà là où en serais-je ?