D'abord, par rapport à mon post précédent, je voulais dire à Unserious que ce que je racontais n'est surtout pas dirigé contre lui, et que s'il l'a interprété comme tel, je suis mal, parce que ce n'est certainement pas le cas.
En vrac, pour revenir aux arguments des uns et des autres, on me cause d'émotion. Qui est, on va dire, quelque chose de personnel, et qu'on écouterait ce qui nous fait vibrer intérieurement d'abord. Et comme c'est personnel, cela ne peut se discuter. Les fameux goûts et couleurs (et patati et patata). OK, quand j'écoute du Nick Drake, tellementcébo (et c'est vrai). Mais, un autre va me dire aussi : Nick Drake cébo (et il n'aura pas tort). Et donc (vous me suivez), il semble que nous partageons les mêmes émotions (pleurant sur l'épaule de l'autre), et nous pouvons décliner nos affinités, lesquelles se sont construites sur un passé musical, donc une éducation formelle ou livresque, avec des éléments communs ... Vous me suivez ? Cette fameuse émotion personnelle à moi que j'ai, c'est donc construite au fil des écoutes et des rencontres musicales. avec d'autres moi que j'ai.
Un apparté, le concept mizoumizesque du pétomane (le gars produisant des sons avec ses propres gaz), je ferai remarquer que outre que le pétomane ruine son environnement proche par sa production gazière, il n'est pas sans analogie (si j'ose dire) avec Frank Zappa célébrant ses pieds qui puent (stinkfoot) pour ensuite aller narguer Ravel, Stravinsky, Boulez et le Requin Jaune. Ainsi, nous voyons qu'un pétomane standard, en dépit d'un mode d'expression restreint dans la tessiture, peut s'adonner au délice de la musique sérielle, si il gaze correctement, et s'il est raisonnablement curieux.
Pour l'anecdote le pétomane sévissait plutôt début du vingtième dans un contexte coloré, avec la femme à barbe, les freaks de cirque, les comiques troupiers (la rate qui se dilate, la bite à dudule) et ce genre d'édification des masses incultes.
Alors, peut-on écouter de la musique sans émotion ? Certainement, comme avec, d'ailleurs. Je ne dis pas qu'il faut s'enfiler de la musique ou du son genre un cochon étripé sur champ de machine-outil en folie pendant qu'une vierge folle et nue (une vraie bombasse) hurle des extraits du Capital de Karl Marx, mais il faut être curieux un minimum: il existe de part ce monde des artistes qui font du son comme on n'a pas l'habitude, pas besoin d'une sensibilité d'alien pour apprécier, c'est juste une question d'apprivoiser ces formes monstrueuses, de les approcher (elles ne mordent pas), et si vous voulez pas, je claque du Ayler. Mais c'est comme tout, la première fois qu'on a gouté au sexe, ou à un autre truc fort comme la musique, on avait un peu peur parfois (l'éducation, c'est sale, fais gaffe, vais-je assurer, comment on fait pour, toutes ces questions existentielles), et puis aprés on se dit que c'est pas si mal, on risque juste de se faire plaisir. Et juger sans à priori (qui n'est toujours pas un footballeur italien).
_________________ Comment est votre blanquette ?
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