Forum de rock6070

On commence à reconnaitre le style qui fit la réputation de Warhol.

Au passage, la côte de ses oeuvres semble avoir considèrablement chutée avec la crise financière, les financiers de Wall Steet avaient fait de Warhol le symbole de leur réussite; il était de bon ton d' afficher une de ses oeuvres dans son salon.
La crise venant et la perte de leur job avec, ils doivent se séparer de leur signe ostentatoire de réussite (avec la rolex ? ) et les remettent en vente, ce qui a fait tomber sa valeur marchande en raison d' une baisse de la demande et d' un arrivage massif d' oeuvres sur le marché.
Je vais peut etre pouvoir en acquerir une ?

Ah yeah c'est rock&roll!!!

Pochette no 13, vers 1956
33 tr, 30 cm, Chopin : Nocturnes vol. II, Jan Smeterlin, pianiste.
Chopin est reconnu comme une des grandes figures de la musique romantique. Peut-être est-ce à cause de cela que le directeur artistique chez Epic Records a commandé à Warhol une thématique florale :

Le dessin réunit quelques lis-papillon (calochortus), une fleur indigène dans le Sud-ouest américain. Avec ses trois pétales, le lis-papillon ressemble à s'y méprendre au pavot qui en compte quatre :

Warhol voulait-il faire un rapprochement entre les propriétés des dérivés du pavots et les rêveries planantes de Chopin ?
Pour symboliser la nuit, Warhol prit soin d'intégrer trois petites lucioles en bas, à droite, entourées de traits hachurés. Les fleurs du bas semblent courber doucement l'échine, comme attirées par la lueur des insectes.
"Les lignes élégantes de ce buvard, l'un des plus raffinés que Warhol ait créé durant cette période, ne sont pas sans évoquer la nature subtile et vaporeuse des Nocturnes." (Paul Maréchal)
La prédominance du noir et du blanc nous rappelle ici que, jusqu'à la fin des années 1950, l'impression à grande échelle disposait d'une palette limitée. Dans ce cas, la typographie du titre est bleue pour le volume I, verte pour le volume II et orange pour le coffret regroupant les deux disques.

A suivre...

Bravo pour tes connaissances si variées et de nous les faire partager.

Bonne fête des françaises et français!
14e Pochette : 4 Divertimenti, 1956, Wolfgand Amadeus Mozart, 33 tr 30 cm, Bernhard Paumgartner, chef d'orchestre et l'ensemble d'instruments à vent de l'Orchestre synphonique de Vienne.
En 1776 et 1777, Mozart composa six divertissements pour vents, dont 4 font partie de ce disque.

Warhol reprit en partie L'Orchestre de l'Opéra d'Edgar Degas, peint vers 1870 et conservée au Musée d'Orsay :

Son dessin imprimé au buvard ne copie pas servilement la toile, mais l'interprète.
Cette illustration fait partie des quatre pochettes que Warhol ait produites à partir d'oeuvres connues; les trois autres étant les pochettes 1, 18 et 19.

Pas d'envoi hier, j'étais au festival d'été de Québec : Plants and Animals et Patrick Watson, deux groupes montréalais : super.
Aujourd'hui, pochette no 15 :
Cool Gabriel, 1956, 33 tr 30 cm : Conte Candoli, Nick Travis, Dick Sherman, Bernie Glow, Phil Sunkel, Don Stratton et Al De Risi. Eliot Lawrence, piabiste, Burgher Jones, bassiste et Sol gubin, batteur.

Dans le langage du jazz, "gabriel" désigne le trompétiste.
On compte ici sept personnages correspondant au nombre d'instrumentitstes du disque. Warhol réduisit les instruments à leur plus simple expression et parsema sa composition de noires et de croches, évoquant l'intensité de la musique.
Au milieu des fifries, la trompette n'avait pas la même considération que le piano, la guitare, la contrebasse et même le saxophone au sein des formations jazz et était plutôt réservée aux big bands et aux orchestres classiques.
La mise en marché de ce disque était donc risquée, cela explique le tirage limité de ce disque (cinq mille), et son actuelle rareté.

Pochette 16, 1956, I'm still swigign
The Joe Newman Octet, 33 tr, 30 cm
Joe Newman enregistra ce disque avec sept autres musiciens. Leur musique aux rythmes swing fait beaucoup penser à cette de Count Basie.

Warhol dessine ici la panoplie du musicien : son instrument, une chaise, un lutrin. La composition se complète d'un des tout premiers collages de tout son oeuvre : la silhouette de Newman, photographiée en noir et blanc, simplement découpée et intégrée à l'ensemble semble surgir du croquis. On peut supposer que c'était une façon d'utiliser l'image du musicien comme le dictait les nouveaux impératifs de la commercialisation.
"Le rehaut de couleur jaune de la trompette de Newman préfigure les fameuses séries colorées de Warhol, produites à partir de clichés de photographes connus ou anonymes, d'images de photomatons ou de ses propres photographies." (Paul Maréchal)

17e pochette : Both Feet in the Groove, 1956
Artie Shaw and His Orchestra, 33 tr, 30 cm.
Saxophoniste à ses débuts, tireur d'élite et surtout, romancier, Artie Shaw se maria huit fois.
Très original pour l'époque, Shaw fit bénéficier le jazz d'influences clasiques en ajoutant notamment à sa formation des cordes et des bois.
Cet album regroupe des enregistrements des années 1930 et 1940. Comme pour la précédente, la composition tourne autour d'un gros plan, élément précurseur du style pop.

Warhol se référa à nouveau à une photographie, un cliché de Shaw pris en 1941.

"De part et d'autre, le titre horizontal équilibre l'ensemble, franchement moderne par son dépouillement et son fond lumineux." (Paul Maréchal)
En 1958, Warhol devait signer une autre illustration pour un disque d'Artie Shaw. Il s'agit de sept cadrans de montres de poche, imprimés au verso de Any Old Time :

Pochette 18 : Trombone by Three, 1956
16 tr, 30 cm, Jay Jay Johnson, Kai Winding et Bennie Green.
Fait inusité, le disque se présente en format 16 tours, plutôt réservé alors aux créations parlées. C'est peut-être ce qui explique le faible tirage (2000 exemplaires).

Warhol utilise ici des lignes franches, un trait robuste, une ambiance primitive. Il s'appuie sur une enluminure du VIIIe siècle tirée du psautier de Vespasien et dans laquelle le roi David est entouré d'un orchestre.

Isolant trois des quatre musiciens, Warhol conserva quelques unes des particularités de l'oeuvre : les poses, les coifures les manches roulées qu'il rendit à l'encre de chine. Les trompettes furent toutefois remplacées par des cornets à bouquins

"Il est permis de croire que dans son inspiration rustique, Warhol voulut incarner le terme horn, attribué à l'ensemble des instruments à vent dont certains accompagnent les solistes du disques, dans sa plus pure expression : celle d'une simple corne." (Paul Maréchal)

Pochette no 19 : Waltzes by Johann Strauss Jr, 1956
Century Synphony Orchestra, Maxi 45 tr 18 cm
Warhol choisit comme élément de départ Danse à la campagne de Pierre august Renoir.

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À noter que dans cette scène champêtre de 1883, le peintre impressionniste avait représenté son ami Paul Lhote et sa propre future femme, Aline Charigot.
http://lh3.ggpht.com/_p3iQxdRf7yY/SlkU1 ... 00/19c.JPG[/img]
Warhol délaisse l'impression au buvard, jugeant que les lignes tracées à main levée rendaient avec plus de conviction le mouvement fluide de la danse.

Pochette 20 sur 51 : Kenny Burrell, 1956, 33 tr, 30 cm
Cet album éponyme fait valoir les talents de guitariste solo de Keny Burrell. En 1956 Blue Note commercialisa ses premiers microsillons 30 cm.

Burrell ne rencontra jamais Warhol mais apprécia beaucoup le travail de ce dernier. Il lui demanda toutefois un agrandissement du dessin, ce que Warhol s'empressa de lui envoyer. (selon une entrevue entre Burrell et Paul Maréchal).
Dans l'esprit de Progressive Piano, Warhol privilégia la contre-plongée et s'inspira d'une photo :

"Les courbes pleines du croquis cachent une autre influence. Au cours d'un séjour exploratoire qu'il fit à New York en septembre 1948, Warhol visita le MoMA, où étaient exposés des tableaux d'Henri Matisse. Cette découverte suscita chez l'artiste en herbe une admiration sans bornes. Les lignes prononcées de cette impression au buvard, qu'on pourrait aisément confondre avec un tracé à main levée, rappellent ici les traits assurés du maître français." (Paul Maréchal)

Pochette no 21 : The Congregation, 1957, Johnny Griffin.
33 tr, 30 cm.
L'illustration pour cet album que Warhol réalisa allait faire date dans les annales du jazz. Elle exprime la modernité du genre musical ainsi que la vivacité du jeu de Griffin. Le cadrage inédit va du sourire à la taille. Ce qui frappe surtout c'est l'imprimé floral de la chemise pour lequel le jazzman semblait avoir une prédilection.


La vitesse d'exécution de Griffin lui valut la réputation de saxophoniste le plus rapide du monde.

Voici la pochette no 22 : The Story of moondog, 1957, 33 tr 30 cm par Moondog.
Né au Kansas, Louis Thomas Harding Alias Moondog (1916-1999) perdit la vue à l'adolescence après l'explosion d'un bâton de dynamite. Il créa un jazz modal très avant-gardiste, rehaussé de savants contrepoint. The Story of Moondog est le quinzième titre de sa discographie.

La prose de la pochette est de Julia Warhola, la mère d'Andy Warhol. Puisque celui-ci préférait sa calligraphie à la sienne, Warhol lui demanda de nombreuses transcriptions destinées à des illustrations commerciales.

Andy Warhol et sa mère
Parce que Warhol découpa des bouts de texte dans différents essais et les recolla, l'irrégularité évidente des lignes confère au texte un charme désinvolte et réflète le soin apporté aux éléments isolés au détriment de l'ensemble. Ce collage explique aussi l'alternance des couleurs.
Pour cette graphie Julia Warhola reçu le prix du Art Directors Club sur lequel fut gravé la mention " Andy Worhol's (sic) Mother".
Le nom de Moondog était le nom d'un chien qu'eu Louis Thomas Harding et dont il décida de porter le nom vers 1947. Voici le verso de la pochette dont il est question ici :

j'entends Mr Aura County arriver avec ses gros sabots (et sa barbe de 8 jours )
nice job Zack

Merci Greg, très intéressant la chronique de Mr aura county sur Moondog, surprenant qu'il n'y ait pas eu de film sur sa vie !
Pochette no 23, Blue Lights volumes 1 et 2, 1958, 33 tr 30 cm
Kenny Burrell, Louis smith, Junior cook, Tina Brooks, Duke Jordan, Bobby Timmons, Sam Jones et Art Blakey
Avec ses courbes gracieuses, le dessin sensuel de Warhol sur fond turquoise rappelle les simples lignes mélodiques du guitariste Burrell et les volutes de fumée bleutée des clubs de jazz de l'époque.

La pochette mauve du volume 2 est quant à elle empreint d'une suave féminité :

"L'illustration met de plus en oeuvre le racourci, procédé pictural réduisant la figure mise en perspective, pour représenter dans sa totalité une femme allongée. (...) Warhol avait par ailleurs un faible pour les chaussures à talons, qu'il incarna dans plusieurs de ses compositions, et auquels répond l'auriculaire relevé de la main droite." (Paul Maréchal)
On ne peut s'empêcher de relier ce dessin avec la photo de la pochette du disque du jazzman Otto Cesana Ecstasy (1955)

Chose certaine, les deux albums se destinaient à une clientèle adulte, ce que les pochettes respectives sous-entendent de manière non équivoque.