Voilà un groupe qui refait surface grace à la télévision et aux Experts. Malheureusement des vrais experts il ne s'en promène pas ou plus beaucoup.
Mais revennons à la période faste des Who. En 1969 tout le monde est encore là : Keith Moon, le batteur fou et doué comme peu, John Entwistle, le premier bassiste qui ne fait pas que figuration, Roger Daltrey, une carrure pour chanter du rock et Pete Towshend, le guitariste hyperactif et talentueux de l'équipe. Le groupe est déjà populaire quand il sort l'excellent album-concept Tommy. The Who impresionnent avec un véritable opéra-rock.
Deux ans plus tard, après Woodstock et l'Ile de Wight, les Who ont assez de matériel pour sortir un album qui deviendra vite mythique.
D'où vient Who's Next ? Pete Townshend, la tête pensante du groupe, a un nouveau projet d'opéra-rock avant-gardiste : Lifehouse. Mais les difficultés de le mettre en oeuvre empêcheront l'aboutisement du projet. Néanmoins des idées seront reprises pour Who's Next.
La grande nouveauté est la façon de l'utilisation des synthétiseurs. Townshend veut absolument les intégrer à la musique qui doit rester du rock. En effet les sons obtenus par les synthés sont agréables et sont la structure centrale de l'album jusqu'à Won't get Fooled again.
Mais si Pete Townshend compose beaucoup, il laisse libre les autres membres du groupe. Keith Moon dévoile défnitivement un jeu de batterie rodé et personnel. John Entwistle est aussi un musicien complé et participe grandement à la construction de l'album notamment avec My Wife. Enfin Roger Daltrey offre sa voix rock sur la majorité de l'album même si Townshend et Entwistle chantent aussi.
Revenons un peu sur Baba O'Riley. Le nom vient de la combinaison de Meher Baba, le gourou de Townshend et de Terry Riley musicien avant-gardiste. Ce titre est monté sur trois thèmes. Le premier est ce synthétiseur ronflant, tournoyant qui nous ouvre les portes de l'album. Puis le vrai rock des Who arrivent pour nous faire remuer. Enfin la chanson s'achève sur une idée de Keith Moon. Une mélodie quasiment tzigane (le violon) vient virevolante exciter l'auditeur.
Sur Bargain, Townshend fait grincer le synthétiseur derrière une douce mélodie à l'acousitque. Mais ça ne dure pas, une vraie chanson rock nous est offerte avec une voix ultra puissante de Daltrey.
Un peu dans la même ambiance Love ain't for Keeping arrive sans trop surprendre. La basse ronfle comme jamais derrière.
Entwistle nous prouve encore une fois ce qu'on peut faire avec une basse.
My Wife est encore une démonstration du bassiste passé au piano pour l'occasion. Il est l'auteur de la chanson qu'il interprête au chant aussi. Pour complêter le tableau il jout les trompettes nombreuses sur le titre.
La face A du vinyle s'achève sur une pièce maitresse de l'album. Song is over est un mélange de calme (les couplets chantés par Townshend) et d'héroïsme répercuté dans le refrain (chanté par Daltrey). Les paroles sont une réflexion faite sur la création artistique. Le thème musical devient d'une rare complexité au fur et à mesure.
Getting in Tune reste un savant mélange du style Beatles période Sgt Peppers et celui de Townshend qui délivre une énergie rare avec son ami Daltrey. Entwistle fait encore une fois preuve d'une capacité impressionnante.
Going Mobile est la chanson joyeuse et animé de l'album. Avec une ambiance quelque peu américaine (presque originaire du Texas)Pete Townshend obtient un son incroyable de sa guitare en jouant avec la distorsion.
Enfin Behind Blue Eyes ! Quelle chanson romantique. Un slow qui fera couler des larmes sur toutes les pistes de danse du monde. La voix de Daltrey transmet une mélancolie traumatisante qui dramatise particulièrement la chanson. Mais le titre se transforme dans un violent rock progressif à l'arrivé du percutant Keith Moon et de la guitare électrique.
Pour achever l'album, les Who nous surprennent avec une des chansons les plus impressionnates du rock. Won't get Fooled Again symbolise parfaitement le style musicale des Who. Ce titre résume l'album en un peu plus de 8 minutes. D'abord c'est un hard rock qui glisse vers une ambiance plus progressive. Mais encore une fois Townshend marrie à merveille les synthétiseurs aux sons caractéristiques de l'album et la force dévastatrice de la guitare. Derrière tout ce montage complexe parlant de révolution, Keith Moon frappe comme un tyran sur les futs, explose littérallement la chanson. Mais le moment qui symbolise pleinement Won't get Fooled Again est bien le terrible hurlement de Daltrey qui y met toute son énergie.
Un album qui ne laisse pas de place au vide. Une énergie et une passion d'envergure animent les Who sur cet album complexe et parfaitement abouti.