
1979 (octobre)
Oui, je sais, je prends un risque avec cette chronique. Pour au moins deux raisons. La première est que cette artiste fait partie des amours de jeunesse que, souvent, l'on préfère oublier. La seconde est due à l'aura de l'artiste elle-même qui, déjà à l'époque, pouvait passer pour une chanteuse à minets. Bref, me voilà engagé dans une belle gageure.
Alors qu'aujourd'hui encore,
Blondie-la-blonde bénéficie d'une image arty aux yeux des critiques (une sorte de Factory Girl), Pat-la-brune est assez vite tombée dans les oubliettes des chroniqueurs musicaux. Ne reste peut-être que le souvenir de ceux qui l'ont écoutée, ou affichée dans leur chambre...
La comparaison avec Blondie n'est pas fortuite, puisque le producteur et co-auteur de trois morceaux de l'album n'est autre que
Mike Chapman... De plus, quelques titres font penser à
Blondie, le très synth-pop
We Live For Love, ou encore le très enlevé
So Sincere.
Le premier morceau de l'album fait entrer de plain-pied l'auditeur dans ce rock up-tempo, toutes guitares dehors, riff et solo très réussis. Énorme carton dès sa sortie en décembre,
Heartbreaker propulse tout l'album en haut des charts.
Auparavant, la belle avait sorti deux singles passés inaperçus, dont l'un est la jolie reprise, meilleure selon moi, d'un morceau de
John Cougar Mellencamp,
I Need A Lover. Il faut écouter ce qu'elle fait sur le morceau, une sorte de chanter-parler haranguant les amoureux potentiels qui ne demanderont qu'à la rejoindre sur scène où le groupe brille, dans un style souvent proche du hard. Pat se révèle une vraie belle de scène.
La voix est un des atouts de l'album, nasillarde et pourtant puissante, éraillée et, cependant, qui monte assez bien dans les aigus. Elle excelle aussi bien dans la douceur que dans les morceaux plus enlevés. Deux morceaux témoignent de l'aisance avec laquelle elle passe d'un registre à l'autre et prouvent son talent d'interprète,
My Clone Sleeps Alone et
Don't Let Him Show (reprise d'
Alan Parsons Project). Sa formation à l'opéra, sa technique irréprochable - et ses quatre octaves - facilitent ses performances.
L'autre atout est la guitare de celui qui deviendra son mari,
Neil Geraldo (Giraldo dans le civil), souvent tranchante, penchant vers le hard alors en vogue,
No You don't (initialement écrit par
Chapman pour
Sweet).
Eddie Van Halen devait être pour beaucoup dans le son du rock FM de l'époque. Ici, le mariage toujours délicat et presque contre nature du synthé et de la guitare s'avère intéressant, pour un résultat qu'on pourrait décrire comme des bluettes viriles.
Ce premier disque offre une alternative à ce qui se faisait ou se fera à l'époque puisqu'il se situe à la croisée des chemins de différents genres dans ce passage délicat d'une décennie à l'autre, juste après le punk qui se meurt, le disco qui devient une caricature de lui-même, quelques relents glam traînent ici ou là et déjà le début de l'inondation des synthés pop qui fera sombrer Pat au milieu des années 80, après qu'elle a publié deux très bons successeurs au premier,
Crimes of passion (1980) et
Precious Time (1981).
Pour la petite histoire, les deux stars Ying et Yang des 80's sont parties tourner ensemble pour un "
Call Me Invicible tour" en 2009.
Les morceaux :1 Heartbreaker 3:26 Written-By - C. Wade , G. Gill
2 I Need A Lover 3:28 Written-By - John Cougar Mellencamp
3 If You Think You Know How To Love Me 4:20 Written-By - M. Chapman, N. Chinn
4 In The Heat Of The Night 5:22 Written-By - M. Chapman , N. Chinn
5 My Clone Sleeps Alone 3:27 Written-By - P. Benatar , R. Capps
6 We Live For Love (Hit Version) 3:54 Written-By - Neil Geraldo
7 Rated X 3:15 Written-By - James McCullough, N. Gilder
8 Don't Let It Show 4:01 Written-By - Alan Parsons , Eric Woolfson
9 No You Don't 3:18 Written-By - M. Chapman , N. Chinn
10 So Sincere 3:30 Written-By - P. Benatar , R. Capps
Le groupe :Bass, Backing Vocals - Roger Capps
Drums - Glen Alexander Hamilton
Guitar - Scott St. Clair Sheets
Guitar [Lead, Slide], Keyboards, Backing Vocals - Neil Geraldo
Producer - Mike Chapman (tracks : 2 to 4) , Peter Coleman (tracks: 1, 5 to 10)
Vocals - Pat Benatar
Le lien :
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