LEWIS FUREY « Lewis Furey » (1er album) - 1975
Je crois vous avoir déjà entretenus, du moins par bribes, de Lewis Furey dont les deux premiers albums : « Lewis Furey » et « The Humours of Lewis Furey » sont des chefs d'œuvre (si, si …). Comme il n’a fait que trois albums, la performance est considérable …
J’avoue avoir eu du mal à choisir entre les deux premiers mais ce « Lewis Furey », premier album donc, me semble plus pur. Le second a été produit par Roy Thomas Baker, qui sortait tout juste de A Night at the Opera ; forcément, il est plus … pop, on va dire ! En tout cas moins décharné que le premier.
L’albumLes amateurs exclusifs de riffs de guitare supersoniques pourront tout à fait s’abstenir d’écouter « Lewis Furey » parce qu’il blêmit un peu le cuir clouté et la Rickenbacker.
Rockers purs et durs qui pensez que sans guitare point de salut, passez votre chemin ! Il n’y a pas l’ombre d’une guitare – acoustique ou électrique ou basse – sur cet album. Pourtant, des cordes, il y en a : banjo, mandoline, violoncelle et surtout violon.
Normal, Lewis Furey a étudié (et est diplômé) au conservatoire de musique de Montreal, sa ville natale. Violon et piano.
Chez lui, le violon est un peu nerveux, un peu mauvais. Pour le reste il y a globalement peu d’instruments, même si le piano tient bien sa place.
L’ensemble de l’album est donc plutôt dépouillé, la voix de Lewis Furey étant au cœur de cette atmosphère opalescente, un chouïa décadente, souvent oppressante. Ce dépouillement en fait une œuvre intimiste, assez concentrée, très homogène je trouve.
Bien sûr la musique de cabaret de l’entre-deux-guerres viendra à l’esprit de bon nombre ...
Son esthétique expressionniste détrempe tous les titres, des plus énervés aux plus résignés (quelques jolies balades bien relou au programme). C’est un petit bijou baroque.
Le personnel- C’est John Lissauer qui est à la production.
Lissauer c’est l’homme à qui Leonard Cohen a confié New Skin for the Old Ceremony. D’ailleurs, Lewis Furey est au violon sur tout ce disque, si ma mémoire est bonne (bien que je ne kiffasse guère le sieur Cohen).
- Aux choeurs : Cat Stevens et Tim Curry (oui ! Le « Sweet Transvestite » du Rocky Horror Picture Show !!!) et, il me semble - mais pas sûre à 100% - quelques membres du Manhattan Transfer dont Erin Dickens.
- Sinon, tout a été composé et écrit par Lewis Furey. J’invite plus particulièrement les fluent in english à se pencher sur les paroles.
Les titres1. Hustler’s Tango (une obscure histoire faustienne)
2. Last Night
3. The Waltz
4. Cleanup Time (une invitation au suicide à peine dissimulée)
5. Louise (chagrin d’amour comme on ne le souhaite à personne)
6. Kinda Shy (c’est là qu’on entend Cat Stevens et Tim Curry !)
7. Lewis is Crazy
8. Closing the Door
9. Caught You
10. Love Comes
Les potins- Lewis Furey est un canadien anglophone. Il fut ensuite New-Yorkais, élève à la Juilliard School puis vira « underground », musicien de free-jazz, scénariste et illustrateur musical de films pornos, puis musicien de studio (violon) pour Cat Stevens et Leonard Cohen avant de devenir starmaniaque (à la mise en scène). Il vit aujourd’hui à Paris.
- Il a publié pas mal de poèmes (son professeur de littérature fut Louis Dudek, le maître de Leonard Cohen).
- Lewis Furey est plus connu en France pour ses collaborations - dans les années 1980/2000 - avec Plamondon sur de grosses comédies musicales.
- Il est le compagnon de toujours de Carole Laure. Si vous avez vu L'Ange et la Femme de Gilles Carles, vous vous souvenez forcément d'une scène plus qu'érotique entre Lewis Furey et Carole Laure.
Le 3615 My LifeEn 1975, au hasard d’une radio, j'étais tombée sous le charme grinçant de Hustler's Tango. Ca m’avait paru un peu glauque, un peu "Berlin", une sorte d’hybride Lou Reed-Bolan.
Certains ont parfois qualifié Lewis Furey de chaînon manquant entre Léonard Cohen et Lou Reed mais franchement, il penche beaucoup plus vers l’acide Reed que vers le cafard de Leonard …
En 1977, il est passé au mythique Palace. J’y étais, ce qui ne nous rajeunit point. Les arrangements étaient signés Jean-Claude Vannier. Lewis Furey était tout seul sur scène, les projecteurs étaient blafards et il martyrisait son piano quand il ne s’en prenait pas à son violon. Ambiance blême, ironie perverse, tournures théâtrales : on était bien loin des manières babo-planantes de l’époque. Son visage d’ange déchu, son magnétisme de folie, ses sons grimaçants me fascinaient.
Ce concert fut l’un des plus prégnants de ma vie.
J’ai eu la chance de le revoir 33 ans après, lors de son passage à L’Européen, à Paris. À ce propos, je profite de cet ADLS pour remercier l’un de ses fans les plus hardcore, « PolDodu » (
http://vivonzeureux.pagesperso-orange.f ... furey.html) qui me l’a présenté ce soir de 2010. Lewis Furey, petit personnage au regard paniqué et magnétique à la fois, sembla très étonné que quelqu’un se souvienne de ce Palace 77 et, pis encore, que l’on revienne le voir tant de temps après pour la simple raison que l’on n’avait jamais oublié qu’on l’aimait.
Ah lala, la bavarde ! Allez, «
C’m’on, decide, enter, this is my magic circle … Enter ! » comme il nous y invite dans Hustler’s Tango …
https://rapidshare.com/#!download|478p6 ... |43837|0|0Merci à Nunu pour le soutien technique …
Je ne sais pas insérer de sondage et je n'ai pas le temps ce soir d'étudier la manip. Je le ferai demain
