Forum de rock6070

Cette semaine mes lapins et mes colombes, la crise et ses effets dévastateurs n'auront aucune prise sur vous, pas plus que la menace angoissante de l'imminente déclaration de candidature à sa propre succession de l'autre affreux. Non, ô combien non, car je vous ai ressorti une petite douceur de derrière les fagots.


PAUL WILLIAMS - SOMEDAY MAN (1970)

Paul Williams. On le connait surtout en France pour sa participation remarquable au superbe film "Phantom of the Paradise" de Brian De Palma, dans lequel il jouait le rôle de Swan, producteur sans scrupules. Un rôle assez à contremploi.



Mais Williams est également connu pour sa très prolifique production de tubes pour des artistes américains classables dans le mainstream tels que Three Dog Night, Helen Reddy, les Carpenters ou Barbra Streisand. Enfin, les plus sagaces d'entre vous se souviendront que David Bowie lui avait emprunté son "Fill Your Heart" sur "Hunky Dory".



A l'origine comédien à la carrière relativement infructueuse, Williams travaille quelque temps comme auteur-compositeur pour le label White Whale Records, dont il est viré rapidement, se voyant prédire qu'il n'a aucun avenir dans l'industrie du disque (sic), ce que semble un temps confirmer par ailleurs l'insuccès de son album avec The Holy Mackerel (Reprise Records, 1968), qui se sépare dans la foulée. Sa collaboration avec Biff Rose pour "Fill Your Heart" (enregistré par Tiny Tim en face B de son fameux "Tip-Toe Through The Tulips With Me") lui vaut d'être engagé par Chuck Kaye au sein des éditions A&M. C'est dans ce contexte qu'il rencontre Roger Nichols, auteur de talent qui a déjà publié en 1968 un album hautement recommandable, "Roger Nichols And The Small Circle Of Friends".



C'est le début d'une collaboration épanouie, qui se concrétisera très rapidement avec "Someday Man", véritable somme des talents d'auteur de Williams et de compositeur de Nichols, ce dernier étant doublé d'un arrangeur de génie. A noter également sur ce disque, enregistré aux studios Western Recorders (Los Angeles), la présence de musiciens de renom tels que les batteurs Earl Palmer et Hal Blaine, les guitaristes Mike Deasy et David Cohen, les bassistes Joe Osborn et Jack Conrad, ainsi que les pianistes Lincoln Mayorga et Larry Knechtel, en fait un véritable petit who's who du petit monde des requins de studio angelenos. Ce qui n'empêche pas Nichols de montrer lui aussi sa dextérité et son inventivité à la basse, à la guitare et au piano.





Il y a "Someday Man" l'album, et "Someday Man" la chanson, au départ refourguée aux Monkees - groupe pour lequel Williams avait passé une audition, mais avait été recalé, pour des raisons physiques évidentes - pour un single, mais passée inaperçue au profit de la face B "Listen To The Band". Cette chanson représente pour beaucoup - y compris votre serviteur - l'archétype de l'hymne sunshine pop (également appelée parfois baroque pop ou encore soft-rock), avec sa philosophie indolente et ses arrangements lumineux. Mais le reste de l'album recèle également son lot de perles : "So Many People", "Time", "Trust"... Avec des textes intéressants, tels celui de "So Many People" qui évoque Martin Luther King ("we killed a man for careless dreaming"), ou "Time", réflexion distanciée sur la vie à travers le thème du temps. Et tout au long du disque, une verve mélodique constante, avec des thèmes imparables et mémorables.

La tonalité générale de cet album pourra certes rebuter les rockers purs et durs, mais derrière la légèreté apparente se cache une profondeur appréciable, qui ne sera pas sans évoquer la richesse d'autres grands esthètes tels que - au hasard - Burt Bacharach, Michael Brown (Montage, Left Banke) ou même Brian Wilson.



Allez, peace and love, tout le monde s'aime, le monde est beau et le soleil brille.

01. Someday Man
02. So Many People
03. She's Too Good To Me
04. Morning I'll Be Moving On
05. Time
06. Trust
07. To Put Up With You
08. Do You Really Have A Heart
09. I Know You
10. Roan Pony

Lien :

PS : au passage, je suis en train de réaliser que vous avez échappé cette semaine à un triple concept-album de prog guatémaltèque, mais ce sera pour la prochaine fois...

ENcore un univers complètement inconnu pour moi

L ADLS est un puit sans fond pour votre serviteur

Ah tiens bonne idée, je me suis souvent demandé ce que ça valait. Merci.

Je viens de démarrer l'écoute.
Promis à la fin de la semaine, je fais une prise de sang pour vérifier mon taux de sucre.
'tain c'est prometteur, je sens que cet album va me plaire.
Merci pour la découverte.

Ah oui, gaffe au diabète.

@ Norbates : j'espère que ça te plaira.

Pas plus tard qu'hier, en sortant la B.O. de Phantom of the paradise, j'ai justement parlé de Paul Williams à un pote.
J'ai un disque de lui, je voulais lui faire écouter, mais on était trop saoul avant.

J'ai celui-ci :


Paul Williams - A Little On The Windy Side (1979)

Et là, voilà justement qu'un Paul Williams tombe en ADLS.
Je ne connais pas trop (à part la B.O. du film de De Palma), ça sera une occasion de redécouvrir cet artiste.

J'aime ce choix. J'ai failli découvrir cet album il y a quelques mois, au détour d'un blogspot, et j'ai remis à plus tard probablement, comme souvent.

Et ya du beau monde en plus sur ce disque en particulier Hal Blaine, Larry Knecthel et Joe Osborn

Comme beaucoup, je ne connais que "Phantom of the Paradise"!
Je n'ai jamais véritablement chercher à connaitre Paul Williams, c'est donc une bonne occasion!

Merci, RRRouliane

La chanson-titre est impeccable. Bien écrite, bien produite, je ne connaissais pas même la version Monkees.

Un disque et un artiste que je connais. Sympa, l'occasion de réécouter tout au long de la semaine.
En effet, quelques arrangements rappelle Bacharach, sur Morning I'll Moving On, notamment. On peut penser aussi à ce que faisait Neil Diamond parfois, la voix de Paul y fait songer par moment, comme sur le très mélancolique Time.

Ah oui, Neil Diamond. Il faudrait que je creuse, je ne connais pas bien.

La chanson-titre est impeccable. Bien écrite, bien produite, je ne connaissais pas même la version Monkees.
Je viens d'écouter une autre version par les Casuals

Excellente cover. Y en a un paquet, il suffit de parcourir Youtube, c'est hallucinant. "The Drifter" autre chanson sublime du duo Williams / Nichols a été maintes fois adaptées, le plus souvent c'est superbe.

Tiens, et celle-là !