Jeff Lynne — Armchair Theatre (1990)
(Jeff Lynne) – 3:41
Don't Let Go (Jesse Stone) – 3:00
(Jeff Lynne) – 3:36
Nobody Home (Jeff Lynne) – 3:51
September Song (Maxwell Anderson, Kurt Weill) – 2:57
Now You're Gone (Jeff Lynne) – 3:57
Don't Say Goodbye (Jeff Lynne) – 3:09
What Would It Take (Jeff Lynne) – 2:40
Stormy Weather (Ted Koehler, Harold Arlen) – 3:42
Blown Away (Jeff Lynne, Tom Petty) – 3:29
Save Me Now (Jeff Lynne) – 2:39
Personnel :
Jeff Lynne : guitare, basse, piano, synthétiseur, percussions, chant Richard Tandy : orgue, piano, guitare, chœurs George Harrison : guitare, chœurs Ringo Starr : batterie Mette Mathiesen : batterie, percussions Jim Horn : saxophone Jake Commander, Phil Hatton, Dave Morgan, Del Shannon : chœurs Michael Kamen : arr. cordes
❧En 1990, Jeff Lynne est au sommet de la vague. L'Electric Light Orchestra est mort et enterré depuis quatre ans, mais c'est un décès auquel on s'attendait et il ne s'est pas trouvé grand-monde pour pleurer sur la dépouille grassouillette du groupe au terme de son éprouvante agonie. Depuis, Lynne s'est taillé une réputation de producteur à succès, à l'origine des retours fracassants de vieilles gloires comme Roy Orbison (
Mystery Girl), Del Shannon (
Rock On!) ou même George Harrison (
Cloud Nine). L'aventure des Travelling Wilburys avec Orbison, Harrison, Tom Petty et Bob Dylan a également bien marché pour quelque chose d'aussi peu prémédité. Succès en groupe, succès derrière la console, tout ce qui manque au palmarès de l'homme aux Ray-Bans, c'est un succès en solo.
Mais est-ce vraiment ce qu'il cherchait avec cet
Armchair Theatre ? Je ne pense pas. Certes, la production est soigneusement lissée, avec tous les gimmicks lynnesques de l'époque, déjà vus dans
Cloud Nine de Harrison – je décline toute responsabilité pour les réactions de rejet que susciteraient les cuivres de
Every Little Thing, la petite sœur de
Got My Mind Set on You. Certes, il y a des titres qui semblent avoir été écrits pour devenir des hits – dans les faits, les épouvantables clips de
Every Little Thing et
Lift Me Up (liens ci-dessus) se baladeront un moment sur VH1 avant de disparaître sans laisser de traces). Mais après tout, la production qui pète et les mélodies accrocheuses, c'est simplement la façon de faire de Lynne depuis vingt piges, et il n'y a probablement pas de calcul commercial conscient derrière ce disque.
Au final,
Armchair Theatre est un album décidément plus wilburyien qu'orchestral : à peine une demi-heure de long pour cette petite douzaine de titres de facture somme toute classique. Point d'expérimentation néo-classique ici (tout juste des sonorités vaguement orientalisantes sur
Now You're Gone), l'ambiance est simple, amicale et chaleureuse, très rétro (les trois reprises), aussi confortable que le fauteuil de Jeff sur la pochette. Je dirais presque que c'est un album « rayon de soleil »... s'il n'y avait ces paroles où revient avec insistance le thème de l'absence (
Nobody Home,
Now You're Gone), quand ce ne sont pas carrément des appels au secours (
What Would It Take,
Save Me Now — soit dit en passant, la seconde est sans doute la meilleure chanson à message écolo que j'aie entendue depuis un bail). Mais il ne faut probablement pas trop lire entre les lignes : sérieusement, qui irait écouter un album de Jeff Lynne pour les paroles ? (Pour rappel, c'est le type qui a pondu des trucs aussi grammaticalement immortels que «
»...).
Je ne vais pas faire un roman sur ce petit album, dont je doute qu'il devienne l'album de chevet de quiconque (moi-même, je ne lui mettrais probablement pas plus de 8). J'espère juste (et je pense que c'était le seul objectif de Lynne) qu'il vous fera passer un bon moment. Bonne écoute !