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Nous sommes en 1971, à Berkeley en Californie et nous poursuivons la saga qui a débuté avec REDWING dans les studios Fantasy.
Tom Fogerty a quitté le Creedence Clearwater Revival, les laissant se débrouiller avec leur album posthume "Mardi-Gras".
C'est un Tom Fogerty aigri, mais enfin libéré de son écrasante fratrie, ce petit frère John, qui lui avait volé la vedette au sein du Creedence Clearwater Revival. Trois ans à tenir le manche de la seule guitare rythmique, trois ans à être écarté de toute participation aux compositions, trois ans à se taper les tournées dans l'ombre de son frère, trois ans à devoir subir toujours la même question des journalistes : "mais quel est donc votre rôle exact au sein de Creedence ?". Bref, tandis que le génie créatif de John éclaboussait la terre entière, Tom a dû se contenter d'être le grand frère de ....
Depuis toutes ces années où Tom Fogerty jouait pleinement son rôle de leader au sein de formations obscures telles que "Tom Fogerty and the Blue Velvets" ( 1961/1962) ou "the Golliwogs" (1964/1967), voici qu'avec l'avènement du Creedence Clearwater Revival en 1968, il devait céder sa place au petit frère hyperdoué. Sur le premier album, le seul titre où l'on trouve sa signature est "walk on the water", qui figurait déjà comme "Porterville" au répertoire des Golliwogs.
La vengeance étant un plat qui se mange parfois chaud, Tom Fogerty envoie une torpille bien ciblée à son frère John par le biais de son premier 45 tours solo "
Goobye media man" part 1 et part 2.
Se frottant déjà les mains, Fantasy voit les choses en grand, puisque ce simple est spécialement gravé en "maxi" pour les radios américaines, ce qui, pour l'époque, n'est pas courant.
Las, malgré sa qualité évidente et l'apport précieux du fameux claviériste Merl Saunders, ce titre, dans la veine du Stevie Wonder de l'époque augmentée d'une "rock touch", ne connaît qu'un succès d'estime.
Quelques semaines plus tard, arrive le premier album de Tom Fogerty.
Je me rappelle avoir salivé d'impatience sur le chemin qui me menait à la maison.
Avant de poser la précieuse galette sur le plateau, l'examen de la pochette permet de définir exactement ce que sera le contenu musical :
il se résume en 3 mots : sobriété, simplicité, efficacité.
Son nom ne figure pas en gros caractères sur la pochette, nul sticker ne vient rappeler son cursus Creedencien et, au verso, hormis le titre des morceaux et les mentions légales, il n'y a strictement rien pour mettre l'auditeur en appétance. Par qui est il accompagné ? mystère et boule de gomme !
- [b]Track list :[/b]
face A :
The legend of Alcatraz -
Lady of Fatima -
Beauty is under the skin -
wandering -
My pretty baby -
face B :
Train to nowhere -
Everyman -
The me song -
Cast the first stone -
Here stand the clown -
L'album dans son ensemble : Tom Fogerty qui signe toutes les compositions l'a voulu folk/blues arrosé de rock californien. A part "lady of Fatima" qui dure plus de 4 mn, tous les autres titres n'excèdent guère 2 mn 30. Tout comme son frère John, Tom a le sens de la mélodie, du gimmick qui touche, de ce riff, de cette intervention inimitables, qui emportent l'adhésion dès la première écoute. Pas une scorie, pas un déchet dans ce 33 tours. Les instruments restent sommaires : guitare électrique ou acoustique, harmonica (un tout petit peu), piano (un zeste), congas par ci par là, basse et batterie. Point final.
Et maintenant voici la revue de détail :
"the legend of Alcatraz" aurait très bien pu figurer au menu de Creedence. C'est une ballade à la "Lodi" dotée d'une solide assise rythmique.
"Lady of Fatima" nous ramène au blues lent et n'est pas sans rappeler Peter Green ou Mike Bloomfield
"Beauty is under the skin" est un folk blues bien enlevé et là renfin, Tom Fogerty peut sans honte nous gratifier d'un solo ... de guitare rythmique !
"wandering", une ballade folk délicate menée par une basse ronde, juteuse, et une batterie décidément très en verve
"My pretty baby", folk encore mais ce coup-ci les voix et la guitare acoustique servent d'écrin à un bijou d'orfèvre enlluminé par une ambiance légèrement gospel. Comment dire ? à l'écoute de ce morceau, l'on ressent exactement le même plaisir qu'après avoir croqué dans un chocolat "Mon Chéri", lorsque l'alcool envahit votre palais ...
"
Train to nowhere"démarre de loin et poursuit son voyage sur un rythme bluesy agrémenté d'harmonica, avant de céder la place à "Everyman" qui déboule sur un rythme sautillant, un peu country, beaucoup folk et un peu rock si l'on en juge par les ébats outrageants auxquels se livrent la basse et la batterie
"The me song" plaira aux amateurs de prog Californien par son côté un peu décalé du meilleur aloi
Et puis, et puis, vient
"Cast the first stone". Il est
im po - ssi ble que vous ne vous sentiez pas en joie à l'écoute de cet air égrenné sur un rythme calypso !
Et l'on arrive on the end my friends, avec ce slow traité à la sauce sixties made in Percy Sledge, j'ai nommé
"here stand the clown", un chef-d'oeuvre.
Vous l'aurez compris, ce disque figure dans mon panthéon (et non pas dans mon pantalon). Je l'écoute au moins une fois par mois depuis .... 1971, c'est dire ...
Tom Fogerty a sorti d'autres albums comme "Excalibur" (avec la complicité de son pote Jerry Garcia), "Zephyr National" (sur lequel joue son frère John avec lequel il semblait réconcilié) ou "Deal it out".
Si tous sont recommandables, il faut préciser hélas, que seul son premier LP a connu l'honneur des charts (78ème au Billboard 200 en 1971).
Tom Fogerty nous a quittés en 1991, suite à une maladie contractée lors d'une transfusion sanguine.