Cette chronique déroge au principe même de ce site, qui est dédié à la planète musicale des années 60 et 70. Or, nous voici en 1992, avec un groupe qui a sombré dans l'oubli, sitôt après son split en 1994.
Pourtant, à y regarder et écouter de plus près, l'on s'aperçoit que les années 60 et 70 sont bel et bien représentées dans cet unique opus de la formation, qui comprenait 4 "dames" (bien que je n'en aie identifié que 3) issu(e)s de la scène rock, pop et folk de San Francisco. Linda Perry, chanteuse, guitariste, auteur-compositeur, est la meneuse de revue du groupe.
Nous sommes en 1992. L'album "Bigger, Better, Faster, More ?" paraît dans l'indifférence générale. Après tout, il ne s'agit que d'un disque de plus et le look du quator n'a rien pour éveiller le moindre fantasme. De plus, la pochette n'est pas une réussite à franchement parler.
Bref, l'album délivre un single, "
What's up", qui, immédiatement, pulvérise les charts du monde entier. La voix puissante et déjantée de Linda Perry, alliée à une subtile alchimie entre folk et pop alternative.
L'album se voit alors propulsé de la même manière et atteint la 11ème place au Billboard Top 200. Six millions d'exemplaires sont écoulés en quelques semaines et la planète entière hurle "Yeah, yeah, yeah, yeah" comme Linda dans "What's up".
En 1994, Linda Perry se lance dans une aventure solo, car son truc c'est le folk/rock et elle trouve que le groupe commence à trop dériver vers la pop. Ainsi se conclut l'aventure des 4 Non Blondes.
Nous reste cet unique héritage, que l'on peut à présent trouver pour trois fois rien dans les bacs des soldeurs.
Alors, pour réparer une injustice, je vous invite à entrer de plain-pied dans le monde de ces 4 coquines qui ne sont blondes, le temps d'ouvrir le tiroir à CD et de mettre sur "On" :
1)
Train : l'harmonica annonce l'arrivée du train, bientôt relayé par les guitares acoustiques, elles-mêmes renforcées par leurs soeurs électriques. Le tempo est enlevé, l'harmonica déverse son solo et les grattes branchées déboulent à la wha-wha. On arrive en gare épuisé, mais tellement heureux .... Et si c'était le fantôme de Mariska Verez (Shocking Blue) qui nous refaisait "Shocking You" ? le mystère demeure.
2) Superfly : ce coup-ci on ne rigole plus. Intro hard, rythme lourd, l'on songe à Golden Earring, aux Guess Who et à d'autres du même acabit. Mariska Verez refait son apparition. les guitares moulinent, foisonnent, la basse embraye sur de bien jolis accords et la batterie martèle sa jubilation. "Maybewe'll celebrate all the room in the sky, let me take you away on the wings of my superfly .... boom, boom, boom" et voilà que nous arrivons au mega hit, au tube qui vous harcèle des jours entiers, j'ai nommé
"What's up" : intro à la guitare sèche, tempo folk jusqu'à l'entrée en scène des guitares électriques qui épousent avec maestria, un refrain chanté à la manière de Kate Bush.
4) Peasantly blue : un blues dansant, un vrai, pas ces blues de pacotille ornés de crème Chantilly ! "hush hush, you walk on by'"", nous hurle Linda sur une rythmique hantée par les 70's de John Fogerty et d'Alvin Lee.
5) Morphine § chocolate : guitares électriques paresseuses, basse volublie, Linda se veut sensuelle au contraire de la rythmique qui n'en a rien à foutre, restant sur sa ligne couillue. Et toujours Mariska Verez qui rôde dans les parages ... "substitutes, substitutes ..." ... rupture de tempo, choeurs féminins discrets, ponctuels, opportuns sans jamais être importuns. Linda se livre totalement. Sa voix se déchire, elle supplie, mais il est déjà trop tard. Les guitares font rempart et l'empêchent de se jeter dans le vide. L'étreinte du tempo se relâche et nous laisse épuisés.
Quelle claque !!!!!!!!!!!!
6) Spaceman : "Who stop the rain ?" des Creedence Clearwater Revival vous connaissez ? Oui par ici, non dans le fond là-bas, j'sais plus très bien me dit-on à côté. Bref, l'intro de "Spaceman" s'en inspire. Batterie ramassée, guitares cristallines, l'ambiance de "What's up" n'est finalement pas si lointaine que cela ! l'ensemble fait penser aux Byrds, mais avec Linda qui n'est pas Roger Mc Guinn, pas question de se la couler douce ! tantôt caressante, tantôt déterminée, elle ne vous laisse aucun répît la bougresse ! Hummmmmmm ... l'alliance bénie entre les guitares acoustiques et électriques ... un régal !

... mais qui va arrêter la pluie bordel ?
7) Old Mr Heffer : Bon, le rockabilly, les années 50, Gegène (Vincent, pas l'autre ...) tout ça, vous connaissez ? et si je vous dis :"qui mieux que les Stray Cats peuvent entretenir votre culture musicale des années 50 ?
"vous me reconnaissez ? toujours pas ?" bon, il ne vous reste plus qu'à écouter alors ! c'était comme ça en 57/58 Teddy Boy !
8) Calling all the people : pour adresser un message au monde, tous les membres du groupe se sont crédités sur ce titre. Un peu prog, beaucoup rock, passionnément Californien, "calling all the people", tient du syndrome Guess Who, tandis que Loup des Steppes me rappelle que je suis né pour être sauvage ...
9) Dear Mr Président : "I'm looking outside of my window. The view that I see is a child with mama, and the child begging for money" ... intro calme auquel succède un mid-tempo entrecoupé de nappes calmes, rassérénantes, les guitares omniprésentes accueillent avec joie des lignes de basse inventives. Qu'est ce que vous voulez que je vous dise de plus ? ce morceau est un bijou d'orfèvre.
10) Drifting : Mon titre chouchou de la semaine. Linda aime passionnément le folk c'est une évidence. Dans ce monde de brutes, une pause s'impose. Guitares acoustiques à foison, violon, cello, Pentangle n'est pas loin. La batterie et les grattes électriques sont allé voir ailleurs si j'y étais. Kate Bush nous enchante, nous enlace, nous câline ... mais non blueridge, c'est Pentangle pas la Kate, t'es sourd ou quoi ?
11) No place like home : l'album se clôt avec un titre post Blondie ou post grunge, ou post prog, bref, un truc dans le genre quoi ! les ruptures de tempo qui paraissent chères à ce groupe, nous ramènent à la douceur, avant que les choeurs et les guitares électriques ne ravivent notre flamme avant de nous emporter vers des cieux très "Creedenciens"
Trois minutes plus tard, tout s'arrête ...
Garçon ! une autre tournée de 4 Non Blondes s'il vous plaît ! ce soir, c'est la fête et nous nous enivrerons des 4 brunes jusqu'à plus soif.
Un conseil : si votre regard croise ce disque, laissez vos mains poursuivre le mouvement. Prenez-le, dirigez-vous vers la caisse et payez ! tout ce que vous aimez, tout ce que nous aimons est là, dans cette humble galette.