Il y a très longtemps que je voulais voir ce film, et l'occasion ne s'était jamais présentée. Terrible et glaçant.
Plus terrifiant encore que "Les Sentiers de la Gloire" par les décimations expéditives et systématiques, les pelotons d'exécution formés à la hâte, les officiers fanatiques ou lâches, dénués d'empathie et pour certains limite déments. C'est la description d'un système militaire où l'homme est piégé à tous les niveaux et n'a pas d'échappatoire au cœur de la folie. Les velléités de révolte l'homme de troupe ne font qu'ajouter les morts violentes par exécutions sommaires aux massacres.
Par deux fois, le général échappe à une mort certaine de façon incompréhensible. C'est vraiment le Diable.
Film mythique, parce que très rare depuis sa sortie, "Les Hommes contre" fait partie des grands accomplissements de Francesco Rosi. Dès les premières images, impossible de ne pas penser aux "Sentiers de la Gloire" et pas uniquement à cause du décor de tranchées de la guerre. Surtout par la description clinique et atrocement froide d’un carnage organisé et le pouvoir d’indignation que possèdent les deux œuvres.
Ponctué d’assauts absurdes et suicidaires ordonnés par un général fanatique et inhumain, campé par un hallucinant Alain Cuny, le film brosse quelques portraits d’hommes en guerre : l’officier socialiste, proche de ses soldats campé par un Gian Maria Volonte’ prodigieux d’humanité meurtrie, le jeune idéaliste joué à la Montgomery Clift par Mark Frechette, le colonel incompétent…
Sans jamais céder au gore, Rosi choque par la brutalité de ses combats où la mort est sèche et inévitable. Il réussit quelques séquences saisissantes comme cet assaut tellement sanglant, que les Autrichiens eux-mêmes supplient les Italiens de battre en retraite, tant ils sont écœurés de devoir les supprimer par centaines, comme des bêtes d’abattoir... Une guerre sale et sans espoir...
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