Après un formidable
Ubik, et un roman postapocalyptique qui ne m'a pas convaincu (
Dr Bloodmoney, dont les seuls trucs qui ne m'ont pas fait chier sont des détails inessentiels), j'ai attaqué un autre Philip K.Dick, et là, coup de génie :

Je vais essayer de résumer l'argument, accrochez-vous, je ne promets pas d'être clair. C'est bien compliqué.
Donc, la Terre en 2055 : le docteur Sweetscent, spécialiste de la greffe d'organe (opération très pratique et rapide à l'époque), est réquisitionné pour le service personnel du dictateur Molinari, commandant en chef des forces terriennes, engagées au côté de leurs alliés lilistariens (humanoïdes, de lointains ancêtres des Terriens) dans une guerre contre les reegs, extraterrestres insectoïdes. Dans le même temps, sa compagne, Kathy, qui le déteste cordialement, teste avec son groupe d'amis mystico-religieux une nouvelle drogue extrêmement néfaste qui a la particularité (au delà de l'accoutumance immédiate) d'envoyer l'usager dans le passé.
Quel bon bouquin ! Très métaphysique, comme bien vous imaginez, Dick manipulant les paradoxes temporels à merveille. Ce qui est lourd dans
Bloodmoney, c'est que les thèmes (la peur du nucléaire, les sociétés primitives) l'emportent sur l'intérêt du bouquin, pas de ça ici : certes le roman fleure bon ses années 60 américaines de gauche (antiracisme, pacifisme, psychanalyse, questions sur la valeur-argent, etc.) mais sans que cela leste de trop le plaisir de suivre le récit, qui est bien tordu (et très désespéré). Gros coup de coeur, lisez-le ! Satisfait ou remboursé (enfin, l'édition de poche en brocante, faut pas déconner non plus).