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Par Paul RICARD AFP - Lundi 3 mars, 13h38
PARIS (AFP) - Après avoir multiplié les collaborations, travaillé avec Alain Bashung ou Françoise Hardy et largement contribué à la réussite du dernier album de Jacques Higelin, Rodolphe Burger a voulu "se recentrer" sur son travail solo, avec un disque bien à lui puis une tournée.
L'ancien chanteur-guitariste de Kat Onoma, groupe marquant des années 80/90, vient de publier son troisième album solo, "No Sport" (Capitol/EMI), près de dix ans après "Meteor Show" (Grand Prix de l'Académie Charles-Cros en 1998). Il entamera mardi à Rouen une tournée peaufinée lors d'une résidence à Lille.
Ces dernières années, Burger, 50 ans, a enchaîné les projets à un rythme effréné: collaborations avec Françoise Hardy ou Alain Bashung, création du festival "C'est dans la vallée" dans sa petite ville de Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin) ou production de l'album "Amor Doloroso" de Jacques Higelin (en lice pour la Victoire de la musique de l'album chansons/variétés de l'année).
Parmi bien d'autres activités, il a fondé le label Dernière Bande et travaillé dans ce cadre avec Jeanne Balibar, le musicien électro-jazz Yves Dormoy, le Breton Erik Marchand, l'Américain James Blood Ulmer (présent dans "No Sport") ou Bashung, encore, pour son "Cantique des cantiques".
"Je n'ai pas l'impression de m'être dispersé car j'ai eu la chance de vivre des rencontres passionnantes, qui ont considérablement élargi mon désir musical", explique-t-il à l'AFP. "Mais à un moment donné on a envie de se poser et de voir quelle trace tout cela laisse. Ca m'intéressait de voir où j'en étais".
"Au début, j'ai eu un vertige: je m'exprimais à travers une multitude de projets et tout à coup, un seul disque me paraissait très étroit", ajoute Burger, carrure de bûcheron et regard bleu acier.
"No sport" est irrigué par le blues, celui du delta du Mississippi comme du Mali d'Ali Farka Touré. Mais "il ne s'agit pas de blues canonique, dans sa forme stricte et harmoniquement orthodoxe".
Burger et son complice Doctor L, auteurs d'un travail de réalisation sonore remarquable, ont adopté un parti pris minimaliste mais néanmoins sophistiqué, remplissant l'espace de sons feutrés et hypnotiques.
De sa voix chaude et grave, Burger déclame les textes en parlé-chanté d'une manière qui évoque parfois le Gainsbourg de "L'homme à tête de chou".
"Quelquefois, on me dit: +C'est du rock littéraire+. Ca me fait bizarre, car j'essaie au contraire de sortir du côté incroyablement littéraire de la chanson française, avec des vieux schèmes poétiques, la rime, la métaphore, etc.", estime celui qui est depuis longtemps estampillé "rocker intello" (il a obtenu un DEA de philosophie en 1980).
Dans l'une des chansons, l'obsédante "Arabécédaire", il donne une leçon d'arabe en duo avec Rachid Taha. Et dans "Ensemble", cosignée avec l'écrivain Pierre Alferi, il s'attaque au slogan de Nicolas Sarkozy "Ensemble, tout devient possible".
"Je suis très étonné qu'on ait l'air de découvrir, comme une surprise, la manière dont fonctionne Sarkozy", commente Burger. "Ce à quoi on assiste en ce moment, c'est juste le revers de ce qu'on écrit dans la chanson, ce côté +On se tripote, on est tous des amis+".
"C'est la destruction de la distance fondatrice de la relation politique au profit de relations familières, quasiment familiales, ce qui évoque la mafia, ajoute-t-il. Or, dans les familles et dans les mafias encore plus, on sait comment ça peut tourner: au carnage".
(
www.rodolpheburger.com)