Petite confidence... Je partage ma vie avec un journaliste/critique musical, spécialisé en chanson et rock francophones.
J'ai donc l'occasion d'être parfaitement au courant de ce qui sort dans le domaine, autant en France qu'au Québec. De ce qui va marcher, et de ce qui ne marchera jamais. Des musiciens épouvantablement mauvais auxquels les maisons de disques accordent assez de crédit pour leur offrir le luxe de sortir un album. Dont les piles de CD finiront pas être bradées dans des quelconques magasins de destockage.
Et croyez-moi, c'est consternant ! Il faut bien les écouter, ces disques qui viennent juste de sortir, quand on pratique ce métier... Que les attachés de presse tentent de "vendre" aux médias et les leur envoyant en masse. Souvent, on se rend compte à la pochette seulement de l'horreur qu'on s'apprête à entendre. Les mecs qui se la jouent beau-gosse, les filles qui prennent des poses de petites poupées...
Ce qui me tue, c'est que j'ai un ami musicien très talentueux à qui les maisons de disques québécoises ne donnent aucune chance d'enregistrer. "Trop français", "Pas assez québécois". Pas formaté radio, surtout... Ce que je constate, c'est que ces musiciens mauvais qui sortent des disques peuvent souvent compter sur des grands noms de la pop commerciale qui écrivent pour eux, leur ouvrent des portes dans le milieu. Peut-être parce que ce sont des amis.
Alors voilà, l'industrie du disque se plaint de perdre des plumes depuis la venue du téléchargement illégal, mais elle sort à la pelle des disques qui, forcément, se feront tellement démolir pour les critiques objectifs qu'ils auront peu de chance de rencontrer un réel succès. Et des disques comme ça, il s'en envoie par piles énormes toutes les semaines aux rédactions des journaux et magazines ! Alors qu'il y a des musiciens talentueux qui jamais ne sortiront un disque !
Mauvaise stratégie évidente. Et dans ce monde des médias et de la culture musicale, tout semble de plus en plus fermé, ou plutôt n'être ouvert qu'à grand coup de piston. Comment alors s'étonner qu'en cette ère où tout le monde a accès à la musique de qualité grâce à Internet, l'industrie du disque coule ? Et qu'elle refuse toujours d'en prendre la moindre responsabilité et rejette la faute entière aux internautes ?
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