Bon, vous êtes là ? Qu'est-ce qu'il ne faut pas inventer pour vous faire entrer
J'ai reçu les réponses d'Hooded Moon sur lesquelles nous allons pouvoir nous appuyer pour notre tour de table. D'abord, les voilà :
1) En 2007, à l’ère du numérique et d’Internet, l’industrie du disque a-t-elle encore un avenir ? Les artistes peuvent-ils se passer des maisons de disques, producteurs et autres intervenants traditionnels ?
Réponse : Il est possible de s'en sortir hors des circuits traditionnels, mais cela demande un grand nombre de contacts, beaucoup de travail sur le terrain, des maux de tête et de la sueur. L'industrie du disque
reste néanmoins nécessaire, ne serait-ce que par ses moyens de diffusion et ses contacts sur tous les plans du "grand cirque musical".
2) De plus en plus de musiciens se retrouvent sans contrat de disque et autoproduisent leur album. Ils le vendent eux-mêmes par le biais de leur site. Est-ce une voie possible à suivre ?
Pour l’instant, c’est le cas de Hooded Moon. Nous avons contacté plusieurs maisons de disque belges et reçu la traditionnelle réponse « votre musique ne correspond malheureusement pas à notre attente
commerciale. ». Traduction : nous ne faisons pas de variété guimauve Star Cac’, pas de pseudo-rock rebelle Nouvelle Stase et nous ne nous inscrivons pas dans la scène pop-rock belge qui favorise le look avant la musique. Nous avons donc choisi la voie de l’autoproduction, possible à une certaine échelle, mais limitée dans ses développements, par nos faibles moyens de promotion et de diffusion.
3) MySpace : moyen de promotion réellement efficace ou leurre pour les musiciens ?
Au départ, nous n’avions pas de MySpace. Ce sont les organisateurs de concerts et le public qui, à force de nous en parler et de nous le demander, nous ont "convaincus" d’adhérer à "cette grande famille" (les guillemets ont toute leur importance ici). Nous avions beau leur répéter que notre site hoodedmoon.be permettait d’écouter nos morceaux, rien à faire. Alors, nous avons cédé. Un ami n’arrête pas de se moquer de nous à ce propos, d’ailleurs, depuis. Nous l’entendons d’ici : « Vous êtes comme tout le monde. Vous avez un MySpace. ». Depuis notre inscription, MySpace nous a rapporté quelques plans concerts, une promesse d’interview dans un média belge et quelques rencontres sympas. C’est déjà pas mal, les dix minutes consacrées à la création de notre page ont été bien rentabilisées, mais de là à croire au conte de fée "découvert sur MySpace", hum...
4) L’industrie des technologies prend de plus en plus la place de l’industrie du disque tout en exploitant les artistes de la même façon(l’ouverture du MySpace Store, iTunes…) Comment expliquer la passivité des musiciens face à cela ?
Les musiciens ont toujours eu tendance à se laisser porter par les évènements, et à se concentrer sur l'aspect purement musical du trip, sauf certains groupes de pop-rock qui passent plus de temps à se coiffer puis à élaborer un plan marketing qu'à jouer. Si la musique était un film patriote, vous savez celui qui commence et se termine par un drapeau américain, nous serions tentés de vous expliquer qu’il n’y a que deux camps : les musiciens ayant pour ambition de devenir riches et célèbres, pe importe comment et les autres ne cherchant qu’à toucher un public, sans faire de compromis, peu importe s’ils ne gagnent pas d’argent avec ça. Bien évidemment, ce sont deux extrêmes et pour éviter de sombrer dans un cliché, il faut admettre qu’il existe une multitude de nuances. Mais si nous étions dans ce film patriote, Hooded Moon choisirait sans hésiter le deuxième camp.
5) Que pensez-vous du téléchargement ? Téléchargez-vous ? Et selon vous, pourquoi le téléchargement gagne-t-il du terrain ?
Nous sommes pour le téléchargement dans l'optique de découvrir un artiste ou un groupe, mais il faut se rendre compte qu’un son compressé ne vaudra jamais le mastering original d’un CD, et qu’un fichier mp3, pour les fans purs et durs, ne concurrencera jamais le vinyle, objet de fétichisme pour tout passionné de musique. Selon nous, la constante progression du téléchargement est liée à la difficulté d'accès à certaines œuvres, le coût du CD trop élevé, et, malheureusement, la satisfaction du public malgré une qualité d'écoute moindre.
6) Est-ce que Hooded Moon tourne dans des conditions correctes ? Certains groupes arrivés se plaignaient toujours de crécher dans
des hôtels pourris, sans un bout de savon pour se laver.
On ne peut pas dire que nous tournions dans des conditions parfaites : difficultés pour trouver des dates ; frilosité des organisateurs de concerts face à un groupe n’entrant ni dans une tendance actuelle ni dans une niche musicale en vigueur ; problème pour débusquer des musiciens affectionnant le même style musical que nous afin d'échanger des concerts peu de soutien de l'extérieur (même notre entourage direct nous témoigne parfois peu d’intérêt !)… Et pourtant, les concerts se déroulent toujours bien, quels que soient les conditions – il nous est déjà arrivé de jouer sans retours - et le type de public présent. Notre problème majeur est d'arriver à atteindre certains cercles de diffusion,
cercles concernant les personnes fans de heavy 70's, de psyché, et de classic-rock aussi bien que fans de rock à la Mars Volta , Wolfmother ou de stoner-rock.