une critique d'hervé picart de best en 1979
Par VIRY 02 (FRANCE) - Voir tous mes commentaires (TOP 1000 COMMENTATEURS) Ce commentaire fait référence à cette édition : The Long Run (CD) CHRONIQUE DE HERVE PICART MAGAZINE BEST NOVEMBRE 1979 N°136 Page 63 7° Album 1979 33T Réf : asylum WEA 52181 "The long run" est presque aussi bien nommé que "On the border". Longue fut en effet notre attente, et long le galop des Eagles en studio pour arriver à ce résultat : trois ans de silence. En plus, celà se présentait plutôt mal. Il y a un an, les Aigles avaient sortir pour les fêtes de fin d'année un 45 tours, vinyl blanc comme neige, avec un titre de Nöel et un titre de Nouvel An ("Please come home for Christmas"), qui n'avait strictement aucun intérêt. On craignait que le groupe ne succombât à "Hotel California" même avec le renfort de Timothy B. Schmit. Et puis voilà enfin "The long run", et l'on découvre ce qui est tout simplement leur meilleur album à ce jour. Il faut dire que les Eagles ne sont pas fait de fleurs pour arriver à ce monument noir et rock. Ils ont jeté aux orties leurs gentils costumes californiens, ont mis leurs slows scintillants dans les poubelles de leur histoire, et nous ont servis un album 100% rock, 100% électrique, 100% éclaté, avec un seul morceau lent (oeuvre de Schmit), qui est d'ailleurs une splendeur. Il est évident que Joe Walsh est le principal responsable de cette salutaire métamorphose. "The long run" est en fait plus dans la suite du dernier album solo de ce grand monsieur "But seriously, folks" (un chef d'oeuvre, faut-il le dire); que dans la lignée d'"Hotel California". Ici, il n'est question que de rythmiques lourdes, aplatissantes, de riffs cloutés, de slide qui gicle de partout en hémorragies corrosives, de rock grand, fort et noir. Walsh a donné sa fièvre aux autres, et la hargne qui sommeillait chez Frey, Felder et Henley s'est soudain réveillée. Bien sûr, ce disque est à l'image de tout ce qu'on pu faire les Eagles jusqu'à présent : refrains miraculeusement insinuants, perfection vocale accrue grâce à un Timothy B. Schmit dont l'influence est elle aussi palpable, pouvoir commercial effrayant (Heartache tong », le délirant « The greeks dont' want no freaks ») invitation permanente à la danse (quoique macabre avec l'halluciné « Disco strangler », sorte de messe noire à un disco crucifié). Mais cette fois, en plus, ,il y a a ces sons rêches et râpeux qui font craquer de partout le trop joli vernis, il y a une vitalité retrouvée, une perfection transcendée par un prodigieux besoin de bouger et de vous faire bouger . Ce disque est vraiment le plus percutant qu'ait réalisé le groupe. Qu'il est loin le temps du country gentiment sautillant, ou même celui des romances nimbées de brumes de chaleur. Les Aigles se sont mis à l'écoute de leur époque, ils ont senti ses pulsations arrogantes, son désir d'explosions, et ils les lui ont donné avec "The long run". "In the city », « Those shoes », « Teenage jail » poussent le hurlement du loup que tout le monde croit désormais entendre dans la nuit des citées malades. Les cow boys sont devenus sans difficultés des magnats du rock urbain. « The long run » est un vitriolesque démenti éructé à la face de ceux qui avaient déjà enterré les vieux aigles. Les Eagles sont toujours dans le coup, et même plus que jamais.
|