Sun Ra My Brother The Wind Vol. II lp (1969 et/ou1970)
Tracklisting: Somewhere Else, Contrast, The Wind Speaks, Sun Thoughts, Journey to the Stars, World of the Myth, The Design Cosmos II, Otherness Blue, Somebody Else's World, Pleasant Twilight, Walking on the Moon
• Alto Saxophone, Clarinet [Alto], Flute – Danny Davis • Alto Saxophone, Oboe, Flute – Marshall Allen • Baritone Saxophone, Flute – Danny Thompson*, Pat Patrick • Bass – Alejandro Blake* • Composed By, Arranged By, Organ [Intergalactic], Synthesizer [Moog] – Sun Ra • Drums – Clifford Jarvis, Lex Humphries • Drums [Hand] – Nimrod Hunt • Oboe, Percussion – James Jackson* • Percussion – Robert Cummings, William Brister • Tenor Saxophone, Percussion – John Gilmore • Trumpet – Ahktal Ebah*, Kwame Hadi
Depuis que je me suis replongé dans sa discographie, mon avis s’est quelque peu modifié à propos du vieux céleste, j’y entends désormais une très grande cohérence, comme un long projet qui se déroule avec une implacable continuité. Finalement, plutôt en dehors des modes, même s’il épouse les tendances les plus avant-gardistes en vogue à l’époque, on en sent bien l’impérieuse nécessité, inhérente à la dimension « spatiale » de sa musique. Celle-ci se caractérise par une très grande maîtrise et un haut niveau de qualité, en tout cas pour ce qui concerne les enregistrements écoutés… Ici ou là, on peut ne pas aimer ou plus exactement ne pas adhérer, tout en admettant qu’un avis opposé peut sembler tout à fait cohérent, c’est un peu ce qui se passe ici avec My brother the wind.
Le disque s’ouvre avec l’excellent Somewhere Else , un thème en quatre notes, maintes fois répétées et cette impression de modernité conjuguée à ce qu’on appelait autrefois le swing, et qui nous plonge dans les années trente. Les solos, très brillants, sont free. Encore une fois un énorme sentiment de maîtrise, comme si chaque note avait été soigneusement pensée, élue parmi toutes les autres et ne pouvait être ni modifiable ni interchangeable, sa place demeurant là, de façon immuable, en un registre classique.
Contraste consiste en une arrivée successive du sax baryton (Pat Patrick), de la basse (Alexander Blake), du moog synthé et du sax alto, création en deux dimensions contrastées (comme l’indique le titre) d’un paysage sonore. Sun Ra à la palette.
The wind speaks est un tournant sur cette face et nous montre un autre aspect de Sun Ra, fasciné par la découverte récente des synthés. Ce morceau est un solo de moog synthé imitant le son du vent, calme d’abord, s’approchant, puis devenant plus violent, tourbillonant…
Sun Thoughts, Journey to the stars, World of the Myth, The Design Cosmos II, sont des enregistrements, eux aussi en solo, de Sun Ra au mini-moog synthétiseur. Cette partie du disque contraste avec le reste de la musique présente sur l’album, on peut y entendre un Sun Ra précurseur, à la pointe de la modernité d’alors. Pour moi ce n’est pas la partie du disque la plus indispensable, mais d’autres auront sans doute un avis contraire et y verront une porte vers d’ autres niveaux de cet ailleurs cosmique.
Retour à l’Intergalactic Infinity Arkestra pour la seconde face qui débute par Otherness Blue, cet opus n’est pas sans faire penser à Jimmy Smith et à son orgue, le son est velouté et les nappes d’orgue se déploient avec légèreté, Kwame Hardi à la trompette et surtout John Gilmore au ténor transforment ce soul jazz en brûlot free, ça commence fort !
Somebody Else's World est illuminé par June Tyson qui telle une étoile, scintille au milieu de l’Arkestra à chacune de ses interprétations. Voici les paroles :
Somebody else's idea of somebody else's world is not my idea of things as they are somebody else's idea of things to come need not be the only way two visions of future
What needs to be need not be what need had to be for what was is only because of an adopted look of need some chosen thought that was need not be the only product to build a world on
Walking on the moon, l’une des plus belles chansons de Sun Ra est ici magnifiée par le chant de June Tyson qui est en symbiose parfaite avec la musique du Sun, le temps est au rhythm and blues et ça balance au rythme d’Eole dans cette marche lunaire. Mention particulière au solo de Pat Patrick au baryton. Ce titre achève de façon magistrale cet album qui nous dévoile deux faces différentes de Sun Ra.
_________________ "Music is the healing force of the Universe" Albert
|