Nuit Woodstock par Michka Assayas
Le 26 décembre 2009, France-Musique programme une émission spéciale consacrée au 40ème anniversaire du Festival de Woodstock, " trois jours de paix et de musique " qui changèrent la face du monde. En 1969, pour la première fois, 500 000 jeunes se réunirent dans un champ, au sud de l'État de New York, et prirent conscience de leur force irrépressible. Grâce à un film resté légendaire, le monde entier découvrit Jimi Hendrix, Janis Joplin, Joe Cocker, Santana ou encore Crosby, Stills & Nash. Mais aussi la revendication pacifique d'une autre manière de vivre, d'être ensemble, qui fut la matrice de tous les rassemblements futurs de la jeunesse de la fin du XXème siècle - et du début du nouveau. Bien sûr, nous entendrons le témoignage sonore de ce que fut cette fête de la musique : les déluges de son de Hendrix, des Who, de Santana, Sly & the Family Stone, Ten Years After, du Grateful Dead et de Jefferson Airplane. Mais aussi les hymnes du folk contestataire de l'époque, dont les grandes figures étaient Joan Baez et Country Joe, sans oublier les baladins utopistes John Sebastian, Arlo Guthrie ou Melanie. Mais nous n'omettrons pas d'évoquer le contexte historique de cet événement à la fois politique et quasi-religieux. Woodstock survint en pleine guerre du Vietnam, alors qu'on assistait à la radicalisation d'une partie de la jeunesse américaine contre l'intervention militaire voulue par le président Démocrate Johnson et poursuivie par le Républicain Nixon. Nous entendrons le témoignage inédit du professeur Maurice Isserman, enseignant d'histoire à Hamilton College (New York), spécialiste de ce qui fut la Nouvelle Gauche (" New Left ") américaine. Il assista lui-même au festival de Woodstock et nous livrera, quarante ans après, ses souvenirs et analyses. Des sons d'archives nous permettront de nous replonger dans les voix de l'époque : Françoise Hardy évoquant fin 1969 son retour du festival de l'île de Wight, en Angleterre, où elle a pu voir Bob Dylan. John Roberts, un des organisateurs du festival, raconter comment l'idée lui en est venue et les circonstances rocambolesques dans lesquelles il a réuni les fonds. Des extraits de l'émission " Le Masque et la plume ", en 1970, où, après avoir vu le film " Woodstock ", les critiques de cinéma Jean-Louis Bory, Michel Aubriant et Nicolas de Rabaudy s'écharpent sur la signification de ces rassemblements massifs de jeunes, qui évoquent à certains les grands meetings hitlériens. Et aussi le point de vue de l'organisateur de " happenings " post-surréalistes Jean-Jacques Lebel qui dénonce en Woodstock une " récupération " cynique d'un élan idéaliste de la jeunesse, " un grand coup de l'industrie culturelle capitaliste " qui inventa là un " camp de concentration autogéré ".
_________________ The world is full of kings and queens Who blind your eyes and steal your dreams
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