Forum de rock6070

J’écoute Monster de Steppenwolf. Et, au-delà de l’excellence de l’album, ça me fait penser à une chose. Il y a des musiciens qui nous touchent particulièrement, non pas par leur musique, mais par ce qu’ils sont. Humains. Pour leur destin, leur combat, leur force, leur faiblesse.

John Kay me touche très particulièrement. Sans doute parce qu’il est d’origine allemande, a eu un parcours peu banal, vit depuis son enfance avec un lourd handicap physique et n’en est pas moins devenu une légende du rock. Aujourd’hui, quasiment aveugle, il se passionne pour le monde animal, le filme à travers une caméra qui lui permet de distinguer vaguement les animaux. Sa femme lui dépeint leurs couleurs. Il n’en garde pas moins un regard éclairé et critique sur notre monde comme en témoignent ses récents enregistrements. Si j’aime sa musique, l’admiration que j’ai pour cet homme me la fait écouter autrement. Plus intensément.

Et vous, y a-t-il des musiciens pour lesquels vous avez une réelle admiration au-delà de leur musique ? Pourquoi ? En quoi cela change-t-il votre façon de les écouter ?

Django Reinhardt.

le 26 octobre 1928, un incendie se déclare dans la roulotte où le musicien vit en compagnie de sa première femme, Bella Baumgartner. Les fleurs en celluloïd — matière très inflammable — que celle-ci vend s’enflamment au contact d’une bougie renversée, détruisant la caravane et blessant assez gravement ses deux occupants. Django surtout est sérieusement atteint à la jambe droite et à la main gauche. Celle-ci cicatrisant très difficilement, il reste près de 18 mois à l’hôpital, où les médecins prédisent qu’il ne pourra plus jamais rejouer de musique. On doit finalement brûler sa main au nitrate d'argent pour provoquer la cicatrisation. Django a perdu l’usage de deux doigts, mais s’obstine néanmoins, et après 6 mois de travail sans relâche il développe une technique nouvelle sur la guitare que son frère Joseph, alias « Nin-Nin », lui a apportée en guise d’outil de rééducation.

Neil Young. Parce qu'il n'a pas eu une vie facile, que je le sens très humain et sincère. C'est sa sincérité musicale, tellement bien assumée, sans ironie, sans superficialité, toujours tellement...humaine en fait. C'est tout ça qui me touche chez ce personnage, toujours fidèle à lui même, un écorché vif, un rêveur qui me fait rêver. "I'm a dreamin'man, yes it's my problem"



J'en citerai un second si vous me le permettez, Serge Gainsbourg. Je ne sais pas trop pourquoi mais cet homme m'a toujours touché par sa fragilité. Je le vois comme ça moi le Serge, torturé peut être, éternel amoureux sans doute, et extrêmement sensible ça oui. Au delà de son ironie, de son humour, il évoque pour moi finesse et réceptivité.

Pete Townshend.
Ses douleurs, frustrations et combats contre lui-même. Ses complexes.
Il en a fait les Who.

Parce que ce type n'a pas un son, il a le son !

Niel Young me touche bcp aussi, il a une empathie pour les gens incroyable. Pete Towhsend aussi est un personnage torturé, complexé et très intelligent. Ca m'attire comme un aimant.

Mais le courage, la volonté et la bonté d'un surpasse tous les autres.


Jeff Healy s'est battu toute sa vie contre les maladies qui l'ont rongées dès son enfance pour vivre de sa passion, la musique. Combien d'entre nous aurais une telle volonté ?

Parce qu'il a créé ce qui n'est rien de moins à mes yeux que le plus grand groupe de tous les temps. Parce qu'il a su créé un son extrêmement personnel, parce qu'il a su s'entourer des meilleurs en toutes circonstances (Lake, Bruford, McDonald, Sinfield, Palmer-James, Cross, Wetton, Belew, Levin, Beck, Gabriel, Hammill, ... et j'en oublie encore un max !), parce que pas une seule galette de sa très vaste discographie n'est raté (les moins bons ont au pire quelques défauts passables), et que ses mélodies sont d'une intelligence rare.
Bref, un des plus grands personnages du rock.



Parce que ses tortures intérieures ont conduit à certains textes incroyablement poignants (sur "The Final Cut" et "Amused To Death") lorsqu'ils n'étaient pas tout simplement rageurs ("Animals"). Et parce que son perfectionnisme effréné, sa paranoïa et sa sensibilité à fleur de peau me font penser à moi. Je peux être un vrai salaud si ce que je défend va dans le sens de l'intérêt du spectateur / auditeur. Lui aussi.
Les ordures sensibles me touchent. Cela relève d'une maladresse si grande et si humaine... J'aime vraiment Roger Waters, j'ai même nourri une passion acharnée pour les albums de Pink Floyd réalisés sous sa coupe ("Wish You Were Here" > "The Final Cut") et pour ses disques solo (en particulier "Amused To Death", qui m'a accompagné partout pendant deux ans).



Parce que c'est le plus grand poète français de la seconde moitié du XXème siècle. Parce qu'il est merveilleux de canaliser si bien ses émotions de façon à accoucher de textes métaphoriques aussi somptueux et émouvants. Il me suffit d'écouter une seule fois des masterpieces telles que "Les Désespérés", "L'Âge Idiot", "Orly", "La Fanette", "Le Prochain Amour" ou "S'il Te Faut" pour partir aussitôt, tantôt en larmes, tantôt dans les étoiles.
Et puis surtout, écouté au bon moment, Brel est un extraordinaire coup de pied au cul créatif !!!

Todd Rundgren :

Parce qu'au tout début des années 70, avec l'album "Something/Anything?", il devient une star de la pop et tout le monde ( évidemment sa maison de disques, mais aussi les journalistes et le public ) attend de lui qu'il continue sur cette lancée, devienne aussi "gros" que les Beatles ou Elton John et gagne des monceaux de pognon. Mais ça ne l'intéresse pas : il fait de la musique d'abord pour lui-même. Secondairement, pour le public. Et ce qu'il a envie de faire à ce moment-là, c'est d'explorer de nouvelles voies.

D'où "A wizard/A true star. D'aucuns pensent que c'est le sabotage d'une carrière extrêmement prometteuse, j'y vois moi le moment où il devient ce qu'il est : un génie eclectique, visionnaire et adulte. A l'opposé de tous les soi-disant petits rebelles portés au pinacle et morts d'overdose qui jalonnent l'histoire du rock ( en fait, généralement des post-adolescents manipulés et paumés... ).

Résultat des courses ? A mes yeux, la personnalité et la discographie les plus passionnants qui soient dans le domaine qui nous intéresse, la musique populaire.

J'acquiesce complètement...A wizard a true star fut la gifle monumentale de l'époque donnée à tous les faiseurs....

Discographie riche et parfois foutraque...

John Lennon, évidemment.

Un destin unique (abandonné par son père, sa mère tuée par un flic ivre alors qu'il avait 18 ans), de la plus extrême popularité au retirement, jusqu'à son assassinat-choc il y aura 30 ans l'an prochain.
Sa romance chaotique avec Yoko Ono (qu'il appelait souvent "maman" dans l'intimité) ajoute encore un peu de piment à ce tracé hors du commun.

d'accord avec vous pour John Kay et Jeff Healey
quelle volonté!

du côté Français, je trouve que l'hidtoire de Polnareff n'est pas mal non plus...
Etrandement, encore quelqu'un qui a des "problèmes de vue"!

John Lennon, évidemment.

Un destin unique (abandonné par son père, sa mère tuée par un flic ivre alors qu'il avait 18 ans), de la plus extrême popularité au retirement, jusqu'à son assassinat-choc il y aura 30 ans l'an prochain.


Assassiné par un fan notoire de TR : sur une photo de son arrestation, Chapman portait un T-shirt promotionnel de l'album "Hermit of mink hollow". Ah, et j'allais oublier : on a trouvé une casette de "Runt. The Ballad of Todd Rundgren" dans sa chambre d'hotel lors de la perquisition. Inutile de dire que ça ne fait pas partie des meilleurs souvenirs du wizard même s'il n'a personnellement rien à se reprocher et ne peut être tenu pour responsable de la folie d'un fan.
Dans un article sur le sujet, on rapporte qu'il aurait d'abord cherché à approcher Rundgren en allant devant sa propriété ( Mink Hollow, je crois, justement ) mais ne voyant personne, serait alors allé à New York pour voir Lennon.
Je vais peut-être choquer certains d'entre vous mais je préfère que ce soit tombé sur Lennon...

...parfois foutraque...

Certes, mais c'est inévitable quand on est un défricheur et un créateur.

John Lennon, évidemment.

Un destin unique (abandonné par son père, sa mère tuée par un flic ivre alors qu'il avait 18 ans), de la plus extrême popularité au retirement, jusqu'à son assassinat-choc il y aura 30 ans l'an prochain.


Assassiné par un fan notoire de TR : sur une photo de son arrestation, Chapman portait un T-shirt promotionnel de l'album "Hermit of mink hollow". Inutile de dire que ça ne fait pas partie des meilleurs souvenirs du wizard même s'il n'a personnellement rien à se reprocher et ne peut être tenu pour responsable de la folie d'un fan.
Dans un article sur le sujet, on rapporte qu'il aurait d'abord cherché à approcher Rundgren en allant devant sa propriété ( Mink Hollow, je crois, justement ) mais ne voyant personne, serait alors allé à New York pour voir Lennon.
Je vais peut-être choquer certains d'entre vous mais je préfère que ce soit tombé sur Lennon...Lennon et Rundgren s'étaient fâchés et envoyés des courriers publics via je ne sais plus quel magazine.

Entre Lennon et Rundgren mon choix est fait depuis longtemps !