Vendredi dernier, je me suis donc rendu à Gauchy pour assister, grande première pour moi, à un concert de MAGMA. Tout ce que je connaissais de ce groupe était mon lp Köhntarkösz (prononcez: Con d' Darcos

).
Arrivé sur le parking, j'aperçois une foule d'une densité rare en ces lieux. Un public de quinquas et sexas restés jeunes se presse vers l'entrée de la salle. Je retrouve quelques amis, puis rapidement nous nous engouffrons dans l'auditorium. Ambiance sombre et brumeuse, nous regagnons nos places assises (!) dans la fosse, juste à côté des enceintes...Attention les oreilles...
Après un petit quart-d'heure d'attente, l'obscurité se fait... et la messe commence! Car il s'agit bien là d'un rite obscur qui se déroule sous mes yeux: Voix hypnotisantes, percussions oppressantes et riffs tourbillonnants , le premier morceau (dont j'ignore malheureusement le titre) nous emmène dans une autre dimension, un autre univers. Je suis véritablement médusé, comme charmé par ces voix qui crient, scandent ou murmurent leur liturgie dans une langue qui m'est inconnue. J'en suis maintenant sûr, je ne suis plus sur terre. Le décor est planté, les musiciens et le public sont entrés en transe.
J'ai rejoint une planète hostile et rougeoyante, qui vénère ce dieu -pour l'instant muet- mais au charisme écrasant, qui martèle ses fûts avec fureur, lançant des éclairs sonores qui foudroient les insoumis...
Les morceaux s'enchaînent, tous sublimes, m'entraînant toujours plus loin à la découverte de ce nouveau monde. Les rythmes accélèrent, puis freinent brusquement, sans prévenir, me laissant chaque fois désarmé, sans défense dans un nouveau paysage. Je chute dans des précipices sonores, puis atteins des abysses de noirceur. Juste avant le crash, la voix de la chanteuse me rattrape me berce, puis une nouvelle accélération me propulse vers les hauteurs et la lumière.
Le Dieu-Batteur se lève, et dicte ses commandements, sa voix d'abord douce devient hostile, puis sa colère se retourne contre-lui même, il devient schyzophrène, se lance grimaçant dans d'étranges monologues torturés.
Tout va alors crescendo jusqu'à l'explosion de folie de ce personnage qui malgré son relatif retrait sur scène (Les 3 autres chanteurs, 1 homme et 2 femmes, accaparent beaucoup plus de temps), concentre toute l'attention sur lui.
Le calme après la tempête, (le dieu est-il mort?) et arrive la fin du spectacle.
Au revoir? Sous les acclamations de la salle, le groupe revient sur scène interpréter deux titres, puis disparaît de nouveau...avant de revenir interpréter Kobaya, à la demande du public, puis un ultime morceau, d'une douceur et d'une mélancolie infinies, chanté par Christian Vander et qui me fera me poser cette question: Pourquoi ne nous a t'il pas plus gratifié de cette voix pendant le spectacle?
Atterrissage, standing ovation ,mais cette fois, c'est terminé!
C'était une première, mais si l'occasion m'est donnée à nouveau, j'y retourne sans hésiter. J'ai été subjugué par le groupe et surtout ce personnage hors-pair qu'est Christian Vander. La musique est intemporelle, tantôt oppressante, tantôt libératrice, parfois primitive, tribale, répétitive jusqu'à l'hypnose, tantôt éclatante et mélodieuse, toujours portée par la beauté des quatre voix. Dépaysement total, parenthèse de 2h30 hors du merdier actuel de notre pauvre monde.Tout ça, sans la moindre substance illicite, et pour 11,50 euros:wink:
Merci MAGMA!
Cinq jours plus tôt je voyais Magma à Corbie, l'impression ou plutôt les impressions sont les mêmes, la musique universelle et intemporelle vous emmène vers une autre planète, un monde mystérieux obscure et lumineux à la fois, l'antre de la bête, la quintessence de la musique moderne...
Quand je pense qu'ils vont jouer au Japon maintenant...
