J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 2 mai 2021 16:55

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Lèche Moi ‎– A6

Dans un sens, j’avais de fortes probabilités de ne jamais écouter cet album, peu de voies m’emmenaient vers lui, je ne suis pas un chercheur du net, un scrutateur de bandcamp, ou un traqueur de nouveautés ou de pièces rares ou étranges. Je suis plutôt du genre à laisser dérouler le fil, à faire des associations, à me laisser guider en suivant mon penchant.

Mon flair, devrais-je dire, car l’album se nomme « Lèche-moi » ! Le hasard donc, mais guidé par quelques noms au verso de la pochette, de quoi aiguiser la curiosité, Quentin Rollet et Jean-Noël Cognard, c’est peu, mais significatif, assez pour moi en tout cas, vite un petit tour sur le tube !

C’est le seul LP du groupe et il est sorti en 2019, ne traçant apparemment aucun sillon. Curieusement rien n’est écrit sur la documentation du LP sur les musiciens du groupe, aucun nom n’apparait les concernant, par contre il y a la longue liste des intervenants. Après avoir fouillé le net, « Lèche-moi » est un duo composé de Mika Pusse et de Sidonie Deschamps, cette dernière chante tandis que son partenaire utilise l’électro pour programmer et utiliser la boîte à rythmes, il chante en grave aussi.

Les deux composent et leur style n’a rien à voir avec du jazz. C’est de l’électro tendance punk et coldwave, de temps en temps le chant fait renaître Siouxsie Sioux. Je trouve ça pas mal foutu, mais il y a peu d’élus, même si on démarre de Paris, il faut aussi un peu de chance et beaucoup de piston, même si le talent est là.

Vous vous ferez vous-même votre idée, le saxo de Quentin Rollet déchire bien en background sur le premier titre « Cold Night » et Jean-Noël Cognard assure grave aussi derrière les futs, avec une vraie batterie.

Il y a également des goodies à l’intérieur, cinq œuvres d’art, en recto/verso dans le style de la pochette, merci aussi pour ça.

Lèche Moi - A6 [FULL ALBUM]
Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 17:05, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 3 mai 2021 06:21

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Rashied Ali Quintet - Live At Slugs (1967)

Le Rashied Ali Quintet est en bonne place dans mon bréviaire avec cet album enregistré en 1967 et sorti en … 2020 ! « De toute beauté » assure Philippe Robert, mais il prêche un converti, Rashied Ali a rejoint mon panthéon avec « Interstellar Space » qu’il a enregistré en duo avec Dieu. Il a aussi récidivé en 73 avec Frank Low pour « Duo Exchange », un autre chef d’œuvre.

Le quintet, donc, avec Dewey Johnson à la trompette, Ramon Morris au ténor, Stanley Cowell au piano, Reggie Johnson à la basse et Rashied à la batterie. C’est un double LP avec cinq morceaux sur les quatre faces, dont deux qui sont notés inconnu n°1, et inconnu n°2. Les notes de pochette nous apprennent qu’au même moment où Rashied Ali constituait cette formation, il était encore le batteur officiel de John Coltrane !

L’album est né de bandes retrouvées dans les archives du musicien, c’est seulement la seconde prestation en public de Rashied, en tant que leader d’un band. Ça se passe au « Slug » en 1967, en fait le « Slugs’ Saloon », un club mythique qui vit également la dernière heure de Lee Morgan, assassiné sur scène.

Pour l’heure rien de tragique ici, la restauration des bandes et du son a été réalisée par de grands spécialistes, l’album est même stéréo, c’est dire, bon on est assez loin d’ECM mais les dégâts sont mineurs, à un moment ou deux on perd un peu la stéréo, canal gauche ça s’éteint, c’est là le pire…

Il faut parler de Rashied, c’est un batteur exceptionnel, mais on le savait, à l’heure où les groupes de rock ne programment plus de solo de batterie pendant les concerts, alors que c’était un rituel obligatoire à la grande époque, de plus ça permettait aux autres musicos de faire la pause et d’aller boire un coup, et bien je dois dire qu’ici, les solos de Rashied, j’en redemande !

Il faut dire que la batterie est particulièrement bien enregistrée, la basse également, ce qui permet de toucher du doigt la justesse rythmique et musicale du phénomène, même sur tempo lent il est incroyable, on peut écouter le titre de la seconde face « Ballads » en se consacrant totalement sur son jeu sans jamais s’ennuyer, alors les solos sont des fêtes et des émerveillements.

Quand on joue aux côtés de Coltrane, je suppose qu’on devient un peu difficile côté musiciens partenaires, même si l’affinité a dû présider, ici, il n’y a que des grands. Dewey Johnson, le trompettiste, a participé à « Ascension » de Coltrane, et Ramon Morris, le saxophoniste ténor, était un fervent suiveur du géant et s’en nourrissait dans son jeu.

Stanley Cowell n’était pas encore le pianiste connu d’aujourd’hui, mais il brillait déjà aux côtés de Reggie Johnson, les trois formaient une section rythmique de haut vol.

Un document passionnant qui touche à l’actualité, ce qui peut expliquer le choix de parution sur Free Jazz Manifesto, mais « Duo Exchange » me semble encore plus fort, ce dernier aurait eu mon suffrage.

Ballade


Untitled
Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 17:08, modifié 2 fois.
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Message par Douglas » lun. 3 mai 2021 16:15

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Joe McPhee & Hamid Drake ‎– Keep Going

Avec cet album on reste dans le top mondial côté batteur mais également pour tout ce qui touche au saxophone alto et à la trompette de poche. La pochette est belle, mais je n’ai rien trouvé qui l’explicite davantage. Joe McPhee le cœur toujours jeune et l’œil qui frise, Hamid Drake toujours aussi doux, fidèle à ses engagements.

Les mots maintenant, dès le morceau d’ouverture, un engagement, écrit par Harriet Tubman, militante politique, ça s’appelle « Keep Going » :

« Continuez
Si vous êtes fatigué,
Continuez
Si vous avez peur,
Continuez
Si vous avez faim,
Continuez
Si vous voulez goûter à la liberté,
Continuez. »

Un chant de lutte, de libération, de désaliénation qui vit au-delà de la communauté noire et vise à l’universel. Qu’il est beau le chant du tambour, qu’elles vibrent en une infinité de nuances, les peaux, quand elles sont frottées par les mains, qu’elles sont caressées ou bien frappées du bout des doigts. Tout le récital à disposition est utilisé par Hamid qui possède, en sa mémoire, une galerie infinie des sons, qu’il sait chercher pour leur donner vie, les assembler et les réunir en des rythmes d’une infinie richesse.

Joe, lui aussi est blues, il arrive de penser qu’il n’est que blues, dans ses appels vers son ami, dans le déroulé des notes qui parlent, qui expriment, étranglées parfois, des sentiments. C’est un flow, et parfois un flot, un discours inextinguible qui nous renvoie aux géants du genre qui ont exploré cette même voie du duo vents, batterie. En premier lieu les partenaires historiques de Rashied Ali dont on a évoqué les noms ci-dessus.

Des dédicaces aussi, dans le nom des morceaux ou plus simplement indiquées après le nom des pièces, dans une parenthèse, ainsi se rejoignent Fannie Lou Hamer, Medgar Evers, Malcom X, Martin Luther King, Lucy Stone, John Robert Lewis et Barack Obama. Des grandes figures du peuple noir, politiciens, défenseurs des droits. Pour continuer, Keep Going ! « Avance toujours, ne recule jamais ».

Modifié en dernier par Douglas le sam. 14 mai 2022 17:11, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par vox populi » lun. 3 mai 2021 19:55

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J'adore le travail sur le rythme de ce musicien car il a réussit l'exploit de le faire dans le cadre de morceaux tout à fait abordables et qu'on écoute avec plaisir même si on ne s'intéresse pas à son approche des claves rythmiques .

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 3 mai 2021 20:25

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Non, non, ce n'est pas Dave Brubeck mais Joe McPhee à gauche et Hamid Drake à droite !
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Message par Douglas » mar. 4 mai 2021 05:05

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Annette & Paul Bley ‎– Dual Unity

Voici un album de 1972, une bonne année pour notre forum et ses musiques, de façon générale. Annette Peacock associée à Paul Bley pour une restitution de deux concerts, le premier à Rotterdam, le vingt-six mars 1971 pour les deux premiers titres, et à l’Espace Cardin de Paris, le seize novembre 1971, pour les deux derniers. Un grand batteur en Hollande, Han Bennink en personne. Pour le second concert il y a Mario Pavone à la basse et Laurence Cook à la batterie.

L’album est court, un peu plus de trente-trois minutes, juste le temps de tracer un repère, une marque dans le temps. En effet Paul Bley joue du piano électrique mais surtout du moog, tout juste inventé par Robert Moog qui est considéré comme l’un des inventeurs du synthé. En ce sens Paul Bley fait partie des précurseurs, bien qu’il ne soit pas l’un des premiers à avoir bidouiller le son des claviers pour en sortir des sons inouïs, à ce jeu Sun Ra l’a devancé. Paul Bley a sorti en 71 « Improvisie » un album un peu dans la même lignée.

Il faut donc accepter, au service de la recherche musicale, l’idée que se trouve ici un expérimentateur qui fait ses gammes et s’amuse comme un gosse, d’ailleurs Sun Ra tenait également ce rôle, abusant parfois longuement, lors des concerts, de ses recherches solitaires à la quête de sons nouveaux.

Mais il y a également son épouse du moment, Annette Peacock qui est à la basse et aux différents pianos ainsi qu’au chant, brièvement sur la dernière courte pièce « Dual Unity », du nom de l’album.

Ce n’est pas un album parfait, il a ses défauts, et sans doute a-t-il été un peu ostracisé à sa sortie, mais également acclamé par ceux prêts à accueillir les musiques nouvelles. Avec l’oreille d’aujourd’hui il me semble que son écoute est plus facile, dépassionnée, avec un esprit curieux, désireux de réactiver ce passé proche, finalement, et de se souvenir avec tendresse de ces temps-là, nostalgie, nostalgie…

Annette Peacock & Paul Bley - M.J.


Gargantuan Encounter


Richter Scale


Annette Peacock & Paul Bley ‎- Dual Unity
Modifié en dernier par Douglas le mer. 18 mai 2022 14:23, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 4 mai 2021 15:49

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Grant Green ‎– The Latin Bit

Un petit retour vers les années Blue Note avec Grant Green, année 1963. Voici « The Latin Bit » l’album latino – brésilien de la part de l’un des guitaristes les plus populaires du jazz. Le passage par un album de ce genre est une figure courante à cette époque, de nombreuses formations se sont frottées aux rythmes épicés des îles et, toujours dansants mais plus chauds, de l’Amérique du sud.

Bien entouré par une rythmique appropriée composée de Willie Bobo à la batterie, Carlos "Patato" Valdes aux congas, Wendell Marshall à la basse et Johnny Acea au piano, Grant Green n’a plus qu’à se poser et à développer avec soin les plus beaux des solos.

Peut-être que certains se diront, avec précipitation, que ces musiques sont mineures et que Grant Green, à cette occasion, a cherché à récupérer un gros cacheton. Après tout, il se contente d’interpréter les succès du genre, « Besame Mucho », « Tico Tico » ou « My Little Suede Shoes », au total six titres alignés comme des timbales à pognon !

Bon, du calme, on écoute… Quelle interprétation ! c’est brillant, rutilant, ça respire la joie de vivre, la bonne humeur comme avec « Mama Inez » ou donne envie de danser, de bouger, comme s’il y avait du soleil, en écoutant « Brazil », ou bien encore d’agiter le chekere en compagnie de Garvin Masseaux pendant « Mambo Inn » qui ouvre la danse.

Voilà, c’est un album du soleil, de la bonne humeur, un album qui penche du côté positif pour donner la joie de vivre ou simplement donner l’envie de taper du bout de pied pour battre le rythme. D'ailleurs la rythmique est de folie et la guitare de Greene constitue un pôle à suivre si vous souhaitez laisser votre esprit vagabonder au fil du vent, de l’eau ou de vos souvenirs.

Ce n’est pas tout, les rééditions sont souvent accompagnées de bonus de qualité comme l’excellent « Grenada » ou le chouette « Hey There » et même « Blues For Juanita » pour peu qu’elle soit à vos côtés !

Un album pour le plaisir…

My Little Suede Shoes (Rudy Van Gelder Edition / Remastered 2007)


Brazil (Rudy Van Gelder Edition / Remastered 2007)


Besame Mucho (Rudy Van Gelder Edition / Remastered 2007)


Tico Tico (Rudy Van Gelder Edition / Remastered 2007)
Modifié en dernier par Douglas le mer. 18 mai 2022 14:25, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 5 mai 2021 04:40

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Masayoshi Urabe ‎– What Hasn't Come Here, COME!

Je vous avais déjà parlé de Masayoshi Urabe en page soixante-deux à propos de l’album « Mobilis In Mobili » sorti en décembre dernier. Le voici sur l’album précédent « What Hasn't Come Here, COME! » sorti en deux mille dix-neuf mais enregistré en live le cinq août 2017. Masayoshi Urabe nous livre une performance à nouveau en solo, il joue de l’harmonica et du saxophone alto et tousse de temps en temps encore et déjà.

Sur la pochette intérieure se trouvent deux phrases dites par le musicien, la première énonce son objectif artistique :

« Je veux que mon saxophone sonne comme les voix de Lou Reed et Billie Holiday ... »

La seconde est liée à son empreinte sur le monde :

« Je ne me soucie d'aucune de mes parutions si quelqu'un les écoute. Non, je ne me soucie pas d'elles… »

Ces citations me semblent belles et sincères, peut-être y a-t-il comme une prétention à vouloir ressembler à Billie et à Lou, ou du moins à tendre vers un idéal si difficile à atteindre, mais peut-être faut-il y voir juste une prétention à la sincérité dans l’interprétation, et le désir d’extérioriser son monde intérieur comme savait le faire Billie.

Peut-être aussi que ce côté sensible se cache -t-il derrière un personnage un peu cynique, qui se protège et regarde le monde en le jugeant à l’aune de l’incompréhension que celui-ci lui renvoie. Un mal être en somme.

Mais qu’importe car le musicien tient sa route et ne regarde pas en arrière, l’important n’est pas de vendre ou d’être compris, ce qui compte c’est d’avancer, de jouer, de s’exprimer et, si quelqu’un passe par là, qu’il cueille les fruits.

Le saxophone d’Urabe chante plus la plainte que le cri, parfois même la colonne ne délivre qu’un souffle long, qui s’étale et s’enrichit de la respiration. Les pas qu’il fait sur scène en marchant résonnent dans nos têtes comme s’ils étaient musique, ou pause entre deux feulements. Le seul titre enregistré ici n’en est pas un, il s’appelle « Untitled », comme s’il n’existait pas, ou qu’il s’effaçait, sitôt joué…

Tout à coup des bruits de chaîne, d’une lourde caisse qui avance, d’une bouteille malmenée, la fin du concert approche… et se ferme le rideau !

Modifié en dernier par Douglas le mer. 18 mai 2022 14:28, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 5 mai 2021 19:00

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Cuir ‎– Chez Ackenbush

Une rondelle de « cuir », enregistrée au studio Pyjama « Chez Ackenbush », à Malakoff les six et sept juillet 2014. Le maître à penser organisationnel c’est Jean-Marc Foussat qui les a enregistrés sur son label empli de trésors, Fou Records. Malheureusement cet acte de naissance sera également un « chant du cygne », la belle aventure s’arrêtant là.

Bien que je ne connaisse aucun de ces musiciens, ils s’avèrent, à l’écoute être tous excellents. Pas de réelle surprise encore, d’un point de vue commercial, ni la réussite, ni l’échec ne sont liés au talent. C’est dommage, car une belle aventure aurait pu commencer avec ce Cd.

Jérôme Cuny joue du piano préparé, Jérome Fouquet et Nicolas Souchal jouent de la trompette, Jean-Brice Godet des clarinettes et Yoram Rosilio de la contrebasse. Curieusement, pas de batterie ici, ce qui fait de ce quintet une curiosité musicale.

Cinq titres, les trois premiers plutôt courts et les deux derniers plus long, « Peau de Chagrin » dure neuf minutes et « Tartare » vingt-quatre. Les titres restent dans la thématique « cuir » qui s’affiche fièrement ici.

La musique est fondamentalement libre et convient bien à l’étiquette « free-jazz », par la force des choses c’est la contrebasse de Yoram Rosilio qui est le pivot principal autour duquel la musique s’articule, bien qu’elle reste malgré tout assez discrète. Le jeu des deux trompettes et des clarinettes se transforme en un ballet de sons, très vif où tout bouge, c’est la danse des insectes butineurs qui se rapprochent, changent de place, se cherchent et se fuient. Les échanges sont très riches, vivifiants et constituent une forme d’émerveillement pour qui s’y concentre.

Le piano prend même parfois le rôle du bourdon offrant une texture à cette ruche en perpétuel mouvement. Un album très agréable !

Modifié en dernier par Douglas le mer. 18 mai 2022 14:30, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 6 mai 2021 05:41

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The Bill Dixon Orchestra – Intents And Purposes

Lorsque je m’étais acheté cette réédition française d’Intents And Purposes, en 1977, dans une collection à prix économique, je ne me doutais pas que cet album serait si prisé. C’est « The Bill Dixon Orchestra » qui enregistra l’album en 1967, en pleine période free. Il n’y a donc pas une grande surprise à le trouver dans la sélection de « Free Jazz Manifesto », et pourtant, même à cette époque, il y avait dans cet album les prémisses d’un tournant musical que peu alors devinaient.

Ici l’appellation « free jazz » est adéquate, mais elle bute avec la définition que beaucoup s’en font. Il y a une structure écrite plutôt dense et solide qui laisse cependant une grande place à l’improvisation. On frôle par moments la musique contemporaine, mais la présence de moments de liberté dans les compositions fait pencher irréductiblement la musique côté jazz.

Il faut dire qu’il y a du beau monde ici. Bill Dixon, à la trompette, au bugle mais aussi compositeur et théoricien expose son « autre voie » en un peu plus d’une trentaine de minutes. Les musiciens qui l’entourent sont ses étudiants alors ou des fidèles, comme Marc Levin aux percussions, Byard Lancaster à la basse clarinette, Robin Kenyata au sax alto, Jimmy Cheatham au trombonne basse, Catherine Norris au violoncelle et Robert Frank Pozar à la batterie, il faut compter avec quelques pointures également, Jimmy Garrison et Reggie Workman aux basses. Je ne cite pas tout le monde, les plus curieux s’en remettront aux pochettes.

Il y a là matière à une sorte de bouleversement musical qui connaîtra un prolongement dans les décennies suivantes. Mais les tirages de soixante-sept et soixante-huit furent vite écoulés, et le repress français arriva au bon moment.

Une œuvre importante de l’histoire du jazz que beaucoup considèrent comme un tournant, ou l’expression d’une nouvelle voie. Fait partie de la sélection Free Jazz Manifesto : « Liberté et rigueur ne sont pas incompatibles ».

Bill Dixon - Intents and Purposes

00:00​ Metamorphosis 1962 - 1966
13:33​ Nightfall Pieces I
17:31​ Voices
29:53​ Nightfall Pieces II

Modifié en dernier par Douglas le mer. 18 mai 2022 14:37, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 6 mai 2021 16:58

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Andrea Centazzo ‎– Indian Tapes

Andrea Centazzo, enfant, s’est passionné pour les héros de l’ouest Américain, une ambiance western qui a enflammé ses rêves de gosse et nourri son imagination, mais ce qui lui plaisait ce n’était pas les rois du révolver ou les cow-boys tueurs d’indiens, non, lui il avait le cœur qui penchait côté flèches et plumes et ses héros étaient sioux, apaches ou cheyennes…

Ça n’a l’air de rien comme ça mais les conséquences furent d’importance, non pas parce que cet italien de naissance devint étatsunien en l’an deux mille, mais parce qu’il consacra plusieurs années à son grand œuvre, bâtir une ode dédiée aux Amérindiens. Ce sont ces « Indian Tapes » qui ont pris vie sous la forme d’un triple album qu’il a enregistré seul, après un long travail de collectage qui commença en 1973, le coffret, lui, sortit en 1980 sur le mythique label Ictus Records qu’il créa en 1976 avec Carla Lugli.

L’objet est beau, avec photos, livret, poster géant et documents bilingues à profusion, il est aussi numéroté et signé par l’auteur. Désormais il est disponible à prix dérisoire en téléchargement. C’est encore le petit ouvrage de Philippe Robert qui m’a poussé à le sortir des étagères et le plaisir est grand à l’écoute de ces faces qui ne s’apparentent pas à ce qu’on appelle communément du free jazz.

Andrea Centazzo est essentiellement percussionniste, son projet ne consiste pas à jouer la musique des Amérindiens, son but n’est pas d’interpréter, mais de créer une musique en hommage à ces peuples. Il souhaite célébrer la nature et, plus largement encore, s’inspirer de leur philosophie de vie, des coutumes et des croyances, l’immersion est totale et ne ressemble en rien à une foucade de passage, comme il arrive parfois.

C’est trop peu de parler d’un album de percussions quand on désire embrasser un univers entier. Andréa se met à l’électro et crée avec les moyens de l’époque, il utilise le field recording également, le vent, l’eau vive, les animaux rien n’échappe à sa sagacité. Il découpe, colle et bâtit avec soin son œuvre dans son studio d’enregistrement installé dans sa maison.

Malgré les années cet album a conservé intacte son attractivité, il ne vieillit pas et s’écoute encore avec un plaisir immense. Il est reposant et décontractant, fait du bien et stimule gentiment, en vous branchant directement à la nature, vous apportant bienfaits et réconfort.

Modifié en dernier par Douglas le mer. 18 mai 2022 14:39, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 7 mai 2021 04:31

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Lol Coxhill ‎– Lid

On reste avec la sélection FJ Manifesto, le label Ictus et Andrea Centazzo en tant que réalisateur et producteur pour une œuvre de Lol Coxhill, « Lid » que ce dernier à enregistré seul, au saxophone soprano et, accessoirement, au marimba bas. J’ai donc cet album depuis pas mal de temps, il date de soixante-dix-huit et je ne l’aurais pas imaginé primé dans une sélection, barré sans doute par l’incroyable Steve Lacy, mais c’est le livre des coups de cœurs et je m’incline volontiers devant ce choix très respectable, car Lol est un musicien épatant, et même assez souvent déconneur.

Pour être bref, il est né en 1932 en Angleterre et s’en est allé en 2012. Entre les deux sa vie fut baignée dans la musique, il chante et joue du sax, accompagne Alexis Corner, Otis Spann, s’occupe de théâtre, intègre le Brotherhood of Breath de Chris McGregor, joue avec Henry Cow, Hatfield and the North. Puis il côtoie des grands du jazz, Trévor Watts, Tony Coe, Evan Parker, Derek Bailey, Paul Rutherford, il enregistre pour Nato et d’autres labels encore, sa discographie est riche et variée, c’est toujours un plaisir d’écouter Lol Coxhill, ce dont je ne me prive pas, il me faut bien le reconnaître.

Il interprète ses propres compositions, même si parfois on perçoit l’ombre de Steve Lacy, car il est impossible d’échapper à l’influence du maître dans un tel exercice, il s’en sort très bien en mettant en valeur sa poésie, son audace, et ce « son » qui lui est propre avec un travail sur les intensités, laissant place à la surprise et à l’inattendu.

Sur la face B il utilise le re-recording, ce qui enrichit son discours, mais il va de soi qu’un tel album fait place avant tout au feeling, à l' improvisé, ce qui naît dans l’instant. La dernière pièce au marimba indique une autre face du musicien, toujours à la recherche de sons nouveaux et d’expériences de toutes sortes, souvent riche de mille rencontres à travers les musiques du monde, car il savait « sonner » et « jouer » avec les langages venant d’autres cultures…

Voici un très bref extrait de "The Frogs Of Gabbiano" interprété en 1995 (17 ans après la sortie de cet album, juste pour se faire une idée):

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 7 mai 2021 14:23

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Marc Levin And His Free Unit ‎– The Dragon Suite

Allez, je continue l’écoute de mes vieux vinyles sous l’impulsion de ce nouveau guide : Free Jazz Manifesto. En voici un qu’il est assez facile de croiser et de se procurer je pense, « The Dragon Suite » par « Marc Levin And His Free Unit », en effet il a bénéficié à la grande époque d’une réédition par le label Byg Records, c’est elle que je possède, en version gatefold. Un album que l’on peut négliger et passer devant sans y faire attention, mais le voici aujourd’hui promu dans une sélection free des coups de cœur, peut-être vous plaira -t-il à vous aussi ?

On a évoqué Marc Levin lors de la présentation « d’Intents And Purposes » de Bill Dixon. C’était un de ses élèves participant à l’album. « Un protégé de Bill Dixon » écrit Philippe Robert, un homme qui connaît son sujet, Bill Dixon a en effet produit l’album. Ce serait une erreur d’affirmer que les deux albums se ressemblent, mais en cherchant bien on trouverait assez facilement un lien de parenté dans le climat dans lequel baignent ces deux albums.

Bien que ce climat ne soit pas aussi dense que sur l’album de Bill, sur « Dragon Suite » on trouve une certaine sérénité qui n’est pas présente sur le Bill Dixon, il n’y a pas non plus cette sorte de détachement qui vous prend sur la face deux d’Intents And Purposes. Ici l’atmosphère est plutôt calme, sereine, bucolique, c’est en partie lié à la flûte de Marc Levin et au violoncelle de Calo Scott. Il faut également souligner la présence de Cecil McBee à la basse, ce n’est pas si souvent qu’il participe à un album de free jazz, même si celui-ci se situe dans la mouvance « jazz de chambre ».

L’album mérite vraiment un grand intérêt, discogs signale un autre album de Marc Levin sorti en 1975, mais je ne le connais pas, si toutefois je le croise, je le chope !

Marc Levin - The Dragon Suite (Full Album)

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 8 mai 2021 05:12

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Steve Lacy-Roswell Rudd Quartet ‎– School Days

Ah ! Voici « School Days », un album du Steve Lacy et Roswell Rudd Quartet de grande réputation. Enfin pour ceux qui s’intéressent à Steve Lacy, à cet égard il y a chez moi un grand étonnement, alors que Thélonious Monk est rentré dans la catégorie des jazzmen les plus populaires, à la suite d’une évolution d’abord lente mais continue, ce qui fait qu’il est davantage connu que Charlie Parker et presqu’autant que Miles Davis, comment expliquer alors que celui qui s’y est le plus intéressé musicalement, Steve Lacy, soit toujours classé du côté des vilains petits canards ?

Cet album est le fruit d’un enregistrement de mars 1963 au club « Phase Two Coffe House » à New York. Pourtant il n’a été diffusé qu’en 1975 par le label Emanem, en mono. Il est entièrement consacré à des titres de Thélonious Monk, sept merveilles et un peu moins de cinquante-cinq minutes au total.

Un quartet de géants, Steve Lacy au saxophone soprano, Roswell Rudd au trombone, ici ils sont co-leaders, mais surtout d’une complicité diabolique, il faut entendre le son de leurs instruments respectifs s’enrouler l’un autour de l’autre et entamer un pas de danse extraordinaire, acrobatique et aérien.

Henry Grimes est le bassiste, enfin quand on l’entend car il est arrivé en retard et il n’est présent ni sur « Bye Ya » ni sur « Pannonica », ce qui par ailleurs pose un doute sur l’ordre des morceaux tels qu’ils sont présentés sur l’enregistrement, le premier ouvrant le concert et le second le terminant.

Mais ce n’est qu’anecdotique, le batteur est Dennis Charles, à l’aise dans tous les registres et complice admirable d’Henry Grimes, c’est là que se cache le secret de cet album, cette double complicité entre les deux solistes, mais également entre les deux membres de la section rythmique.

Ainsi c’est tout le quartet en fait qui se propulse à un sommet vertigineux, élevant les compositions de Monk à un niveau d’interprétation rarement égalé. Sans doute les concerts au Dreher entre Steve Lacy et Mal Waldon peuvent seuls rivaliser. Alors, les fans de Monk pour bien connaître votre moine il va falloir également passer par cet enregistrement mono, certes, mais réalisé à partir des bandes originales et remastérisé dans sa version « Hat Hut » de deux mille deux (enfin hatology).

Steve Lacy & Roswell Rudd Quartet - School Days

00:00​ Bye-Ya
09:05​ Brilliant Corners
18:55​ Monk's Dream
26:13​ Monk's Mood
34:26​ Ba-Lue Bolivar
44:54​ Ba-Lues-Are Skippy
51:14​ Pannonica

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » sam. 8 mai 2021 06:38

Douglas a écrit :
jeu. 6 mai 2021 05:41
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Lorsque je m’étais acheté cette réédition française d’Intents And Purposes, en 1977, dans une collection à prix économique, je ne me doutais pas que cet album serait si prisé. C’est « The Bill Dixon Orchestra » qui enregistra l’album en 1967, en pleine période free. Il n’y a donc pas une grande surprise à le trouver dans la sélection de « Free Jazz Manifesto », et pourtant, même à cette époque, il y avait dans cet album les prémisses d’un tournant musical que peu alors devinaient.

Ici l’appellation « free jazz » est adéquate, mais elle bute avec la définition que beaucoup s’en font. Il y a une structure écrite plutôt dense et solide qui laisse cependant une grande place à l’improvisation. On frôle par moments la musique contemporaine, mais la présence de moments de liberté dans les compositions fait pencher irréductiblement la musique côté jazz.

Il faut dire qu’il y a du beau monde ici. Bill Dixon, à la trompette, au bugle mais aussi compositeur et théoricien expose son « autre voie » en un peu plus d’une trentaine de minutes. Les musiciens qui l’entourent sont ses étudiants alors ou des fidèles, comme Marc Levin aux percussions, Byard Lancaster à la basse clarinette, Robin Kenyata au sax alto, Jimmy Cheatham au trombonne basse, Catherine Norris au violoncelle et Robert Frank Pozar à la batterie, il faut compter avec quelques pointures également, Jimmy Garrison et Reggie Workman aux basses. Je ne cite pas tout le monde, les plus curieux s’en remettront aux pochettes.

Il y a là matière à une sorte de bouleversement musical qui connaîtra un prolongement dans les décennies suivantes. Mais les tirages de soixante-sept et soixante-huit furent vite écoulés, et le repress français arriva au bon moment.

Une œuvre importante de l’histoire du jazz que beaucoup considèrent comme un tournant, ou l’expression d’une nouvelle voie. Fait partie de la sélection Free Jazz Manifesto : « Liberté et rigueur ne sont pas incompatibles ».

Bill Dixon - Intents and Purposes

00:00​ Metamorphosis 1962 - 1966
13:33​ Nightfall Pieces I
17:31​ Voices
29:53​ Nightfall Pieces II

Je dois l'avoir en LP celui la faudrait bien que je le réécoute

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 8 mai 2021 17:22

nunu a écrit :
sam. 8 mai 2021 06:38
Douglas a écrit :
jeu. 6 mai 2021 05:41
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Lorsque je m’étais acheté cette réédition française d’Intents And Purposes, en 1977, dans une collection à prix économique, je ne me doutais pas que cet album serait si prisé. C’est « The Bill Dixon Orchestra » qui enregistra l’album en 1967, en pleine période free. Il n’y a donc pas une grande surprise à le trouver dans la sélection de « Free Jazz Manifesto », et pourtant, même à cette époque, il y avait dans cet album les prémisses d’un tournant musical que peu alors devinaient.

Ici l’appellation « free jazz » est adéquate, mais elle bute avec la définition que beaucoup s’en font. Il y a une structure écrite plutôt dense et solide qui laisse cependant une grande place à l’improvisation. On frôle par moments la musique contemporaine, mais la présence de moments de liberté dans les compositions fait pencher irréductiblement la musique côté jazz.

Il faut dire qu’il y a du beau monde ici. Bill Dixon, à la trompette, au bugle mais aussi compositeur et théoricien expose son « autre voie » en un peu plus d’une trentaine de minutes. Les musiciens qui l’entourent sont ses étudiants alors ou des fidèles, comme Marc Levin aux percussions, Byard Lancaster à la basse clarinette, Robin Kenyata au sax alto, Jimmy Cheatham au trombonne basse, Catherine Norris au violoncelle et Robert Frank Pozar à la batterie, il faut compter avec quelques pointures également, Jimmy Garrison et Reggie Workman aux basses. Je ne cite pas tout le monde, les plus curieux s’en remettront aux pochettes.

Il y a là matière à une sorte de bouleversement musical qui connaîtra un prolongement dans les décennies suivantes. Mais les tirages de soixante-sept et soixante-huit furent vite écoulés, et le repress français arriva au bon moment.

Une œuvre importante de l’histoire du jazz que beaucoup considèrent comme un tournant, ou l’expression d’une nouvelle voie. Fait partie de la sélection Free Jazz Manifesto : « Liberté et rigueur ne sont pas incompatibles ».

Bill Dixon - Intents and Purposes

00:00​ Metamorphosis 1962 - 1966
13:33​ Nightfall Pieces I
17:31​ Voices
29:53​ Nightfall Pieces II

Je dois l'avoir en LP celui la faudrait bien que je le réécoute
En effet, c'est toujours préférable d'écouter sur un bon support. Concernant Bill Dixon il y a également les deux Savoy avec Shepp qui sont assez importants, le bundle en septet avec le NYC Five et celui en quartet, également réédité par Byg sous le nom de "Peace".
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 8 mai 2021 21:40

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Isfar Sarabski ‎– Planet

Isfar Sarabski nous vient d’Azerbaïdjan, il est pianiste et vient de faire paraître un album en trio « Planet » qui a été chroniqué ce mois-ci sur « jazz magazine ». Ce qui a surtout attiré mon attention, outre l’article en lui-même, c’est la présence de l’un des tout meilleurs batteurs actuels, Mark Juliana. Ce dernier est bien souvent, à lui seul, déclencheur de merveilleux évènements.

Le troisième dans le trio, c’est le bassiste Alan Hampton qui, au demeurant, est excellent lui aussi. Tout aurait pu s’arrêter là, ce qui aurait déjà été beaucoup pour le troisième album d’un jeune pianiste, mais non. Il y a aussi des cordes, le « Main Strings Ensemble », et aussi le « Baku String Quartet », c’est tout ? Non ! Il faut ajouter la présence de Shahriyar Imanov qui joue du Târ, une sorte de luth à long manche, sur « The Edge ».

Il faut encore préciser que cet enregistrement est constitué par un double album vinyle tournant en quarante-cinq tours ! De quoi étonner mais il faut croire que les fées veillent, ajoutons encore que la presse est là pour lancer l’objet et l’entourer d’éloges, assurant un bon lancement, la preuve : Je l’ai acheté.

Bon il y a, on s’en doute, une explication, ce jeune pianiste a gagné en 2009 le concours de Montreux, ce qui est un bon départ. L’auteur de la chronique sur jazz mag compare Isfar Sarabski à Brad Mehldau, peut-être aussi parce que ce dernier a joué aux côtés de Mark Juliana sur « Mehliana », il le compare également à Tigran Hamasyan, le pianiste arménien, mais la proximité locale n’oblige pas à la proximité culturelle, comme l’ont démontré les fâcheux évènements récents.

Quoiqu’il en soit, l’apport de Mark Juliana est véritablement décisif sur cet album, il fait bon voisinage avec le contrebassiste et tous les deux assurent grandement. Isfar est, on s’en doute, un excellent technicien, sa composition au piano solo, « Planet » a des airs de tube à la keith Jarrett avec en plus un côté épique très bien vu.

Il possède cependant une culture classique européenne qui ne nous dépayse guère… Qu’il est rafraîchissant d’écouter « The Edge » et le son du Târ pour voyager un peu, suivi par l’exotique « Novruz » qui participe également à asseoir l’identité.

Peut-être un peu trop de cordes, et également un peu trop de facilités dans l’écriture de certaines compos, mais c’est un premier album, alors l’avenir dira…

Isfar Sarabski “Planet” (Official Music Video)


İsfar Sarabski - The Edge


Isfar Sarabski "Novruz" (official music video)


Prelude
Modifié en dernier par Douglas le mer. 18 mai 2022 14:46, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 9 mai 2021 09:12

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Harold E. Smith - Mike Kull - Joe McPhee ‎– Trinity

C’est une sélection Free Jazz Manifesto, voici ce qu’en dit Philippe Robert : « Autoproduit après qu’un enregistrement que Joe McPhee réalise avec Dewey Redman, Earl Cross et David Izenzon a été refusé par Blue Note ! » Du coup cet album sorti sur « CjRecord Productions » n’a été tiré qu’à mille exemplaires en 1972, par bonheur je me suis intéressé à Joe McPhee à cette période et j’en ai un exemplaire, que je réécoute en écrivant ces lignes.

Ils sont trois, de fins musiciens, Mike Kull au piano et au piano électrique, Harold E. Smith aux percussions et Joe McPhee au saxs ténor et soprano, à la trompette et au cornet de poche. Un titre par face, « Ionization » sur la première et « Astral Spirit/Delta » sur la seconde, plus de cinquante-cinq minutes au total, un bel album avec un bon son. C’est un enregistrement live qui provient d’un concert enregistré le 28 novembre 1971, au « Parish Hall » West Park à New York. C’est également le second album de la discographie de McPhee, paru à la suite de « Nation Time ».

Un petit mot sur les deux accompagnateurs du souffleur qui ne connaîtront quasi pas de production phonographique après ce très bel essai. Que ce soit Kull ou Smith, aucun des deux ne percera ce qui est navrant compte tenu de la richesse de cet album conçu à trois. Tant le pianiste que le batteur sont excellents, et les passages où ils dialoguent sont toujours passionnants.

Le jeu de Mike Kull au piano électrique est un véritable régal, sans jamais en faire trop, juste occuper l’espace pour relancer ou proposer, ouvrir une porte ou répondre par quelques notes à une sollicitation. Harold E. Smith est sur la même longueur d’onde, à la fois économe et toujours présent, dynamiteur occasionnel ou relanceur invétéré, mais toujours homme de proposition, efficace, partenaire idéal pour Joe McPhee.

Pour ce dernier cet album sera celui de la conversion au ténor qui deviendra son principal instrument, bien que jamais il n’abandonnera les autres. Il apporte beaucoup à la sérénité qui habite cet album, trouvant avec ses deux compères une voie médiane, un trilogue fécond, calme, reposé où chacun occupe un espace, un partage bien compris où même le silence peut parfois se glisser, subrepticement…

Un album où blues et soul se nichent dans les solos avec un groove toujours présent, même si le discours est essentiellement free, un album heureux également, comme un goût de sérénité, malgré la jeunesse des participants.



Delta
Modifié en dernier par Douglas le mer. 18 mai 2022 14:51, modifié 1 fois.
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Message par Piranha » dim. 9 mai 2021 10:03

Douglas a écrit :
jeu. 6 mai 2021 16:58
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Andrea Centazzo, enfant, s’est passionné pour les héros de l’ouest Américain, une ambiance western qui a enflammé ses rêves de gosse et nourri son imagination, mais ce qui lui plaisait ce n’était pas les rois du révolver ou les cow-boys tueurs d’indiens, non, lui il avait le cœur qui penchait côté flèches et plumes et ses héros étaient sioux, apaches ou cheyennes…

Ça n’a l’air de rien comme ça mais les conséquences furent d’importance, non pas parce que cet italien de naissance devint étatsunien en l’an deux mille, mais parce qu’il consacra plusieurs années à son grand œuvre, bâtir une ode dédiée aux Amérindiens. Ce sont ces « Indian Tapes » qui ont pris vie sous la forme d’un triple album qu’il a enregistré seul, après un long travail de collectage qui commença en 1973, le coffret, lui, sortit en 1980 sur le mythique label Ictus Records qu’il créa en 1976 avec Carla Lugli.

L’objet est beau, avec photos, livret, poster géant et documents bilingues à profusion, il est aussi numéroté et signé par l’auteur. Désormais il est disponible à prix dérisoire en téléchargement. C’est encore le petit ouvrage de Philippe Robert qui m’a poussé à le sortir des étagères et le plaisir est grand à l’écoute de ces faces qui ne s’apparentent pas à ce qu’on appelle communément du free jazz.

Andrea Centazzo est essentiellement percussionniste, son projet ne consiste pas à jouer la musique des Amérindiens, son but n’est pas d’interpréter, mais de créer une musique en hommage à ces peuples. Il souhaite célébrer la nature et, plus largement encore, s’inspirer de leur philosophie de vie, des coutumes et des croyances, l’immersion est totale et ne ressemble en rien à une foucade de passage, comme il arrive parfois.

C’est trop peu de parler d’un album de percussions quand on désire embrasser un univers entier. Andréa se met à l’électro et crée avec les moyens de l’époque, il utilise le field recording également, le vent, l’eau vive, les animaux rien n’échappe à sa sagacité. Il découpe, colle et bâtit avec soin son œuvre dans son studio d’enregistrement installé dans sa maison.

Malgré les années cet album a conservé intacte son attractivité, il ne vieillit pas et s’écoute encore avec un plaisir immense. Il est reposant et décontractant, fait du bien et stimule gentiment, en vous branchant directement à la nature, vous apportant bienfaits et réconfort.

Excellent, mais malheureusement pas donné en vinyl

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 9 mai 2021 18:26

Piranha a écrit :
dim. 9 mai 2021 10:03
Douglas a écrit :
jeu. 6 mai 2021 16:58
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Andrea Centazzo, enfant, s’est passionné pour les héros de l’ouest Américain, une ambiance western qui a enflammé ses rêves de gosse et nourri son imagination, mais ce qui lui plaisait ce n’était pas les rois du révolver ou les cow-boys tueurs d’indiens, non, lui il avait le cœur qui penchait côté flèches et plumes et ses héros étaient sioux, apaches ou cheyennes…

Ça n’a l’air de rien comme ça mais les conséquences furent d’importance, non pas parce que cet italien de naissance devint étatsunien en l’an deux mille, mais parce qu’il consacra plusieurs années à son grand œuvre, bâtir une ode dédiée aux Amérindiens. Ce sont ces « Indian Tapes » qui ont pris vie sous la forme d’un triple album qu’il a enregistré seul, après un long travail de collectage qui commença en 1973, le coffret, lui, sortit en 1980 sur le mythique label Ictus Records qu’il créa en 1976 avec Carla Lugli.

L’objet est beau, avec photos, livret, poster géant et documents bilingues à profusion, il est aussi numéroté et signé par l’auteur. Désormais il est disponible à prix dérisoire en téléchargement. C’est encore le petit ouvrage de Philippe Robert qui m’a poussé à le sortir des étagères et le plaisir est grand à l’écoute de ces faces qui ne s’apparentent pas à ce qu’on appelle communément du free jazz.

Andrea Centazzo est essentiellement percussionniste, son projet ne consiste pas à jouer la musique des Amérindiens, son but n’est pas d’interpréter, mais de créer une musique en hommage à ces peuples. Il souhaite célébrer la nature et, plus largement encore, s’inspirer de leur philosophie de vie, des coutumes et des croyances, l’immersion est totale et ne ressemble en rien à une foucade de passage, comme il arrive parfois.

C’est trop peu de parler d’un album de percussions quand on désire embrasser un univers entier. Andréa se met à l’électro et crée avec les moyens de l’époque, il utilise le field recording également, le vent, l’eau vive, les animaux rien n’échappe à sa sagacité. Il découpe, colle et bâtit avec soin son œuvre dans son studio d’enregistrement installé dans sa maison.

Malgré les années cet album a conservé intacte son attractivité, il ne vieillit pas et s’écoute encore avec un plaisir immense. Il est reposant et décontractant, fait du bien et stimule gentiment, en vous branchant directement à la nature, vous apportant bienfaits et réconfort.

Excellent, mais malheureusement pas donné en vinyl
C'est vrai que c'est le genre d'album qu'il valait mieux acheter à sa sortie, le mien je l'ai eu quelques années après, mais ça allait. Par contre le Cd est peu cher sur discogs et, ma foi, la musique est la même, bien souvent je fais le choix du Cd, ils ont un très bon son, supérieur même à l'original en cas de rematerisation et un petit prix qui va bien. Par contre il n'est pas dit que le Cd soit plus économique en place de rangement, contrairement à ce qu'il semble.
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