
J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Pour ceux qui ne sont pas passés par la case "label" je renouvelle le petit coup de pub pour Free Jazz Manifesto paru chez Lenka Lente au prix de 15€. Attention petit format: 15,5X10 cm, épaisseur 1,8 cm. Les pages ne sont pas numérotées.
Un remarquable ouvrage, par son contenu d’abord, éclairé, brillant même, par ses choix et ses audaces, des trucs que je ne connais pas, qui restent à découvrir et ça, j’aime !Douglas a écrit : ↑jeu. 22 avr. 2021 09:24
Pour rester avec Lenka Lente, le duo "My cat is an Alien et Philippe Robert viennent de faire paraître "Free Jazz Manifesto", un nouveau concept de manuel, le livre est petit format, plutôt que de longs discours je vais vous faire un scan.
Voilà, une photo de pochette, le petit mot de Philippe Robert puis celui de "My Cat is an Alien" deux fères, Maurizio et Roberto Opalio, des italiens.
C'est tout, ça se lit très vite, c'est uniquement la logique des coups de cœur, aucune autre ambition, ni chronologique, ni encyclopédique, des trucs on ne sait pas d'où ils sortent, une majorité fin 60 & 70. je l'ai reçu fin de la semaine dernière...
La forme aussi, le strict minimum pour donner l’envie, pochette, texte accrocheur, court, voire minimal, juste donner l’envie de chercher, de creuser, j’aime !
Du coup le bilinguisme n’est pas gênant, les trois auteurs ont inventé une règle qui n’obéit qu’à la passion, la seule qui vaille.
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- Piranha
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle
Merci je n'avais pas vu passer l'info sur ce livre
Etrange coincidence car j'ai échangé quelques messages avec Philippe Robert cette semaine à propos d'un artiste que nous apprécions tous les deux et dont j'ai sorti un disque (qu'il ne connaissait pas)
EYES LIKE SAUCERS : https://ruralfaune.bandcamp.com/album/p ... e-to-a-dog
Quant à My Cat is an alien, je ne garde pas un très bon souvenir de ma tentative de collaboration avec eux en 2007
J'avoue que j'ai du mal à m'intéresser à leurs projets du coup
Etrange coincidence car j'ai échangé quelques messages avec Philippe Robert cette semaine à propos d'un artiste que nous apprécions tous les deux et dont j'ai sorti un disque (qu'il ne connaissait pas)

EYES LIKE SAUCERS : https://ruralfaune.bandcamp.com/album/p ... e-to-a-dog
Quant à My Cat is an alien, je ne garde pas un très bon souvenir de ma tentative de collaboration avec eux en 2007

J'avoue que j'ai du mal à m'intéresser à leurs projets du coup
Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle
Oui, j'ai dans les rayonnages ce "Eyes Like Saucers". Les premières fois que j'ai écouté (il y a pas mal d'années) j'ai été surpris et désarçonné, mais avec le temps il ne me paraît plus aussi étrange!Piranha a écrit : ↑sam. 24 avr. 2021 13:24Merci je n'avais pas vu passer l'info sur ce livre
Etrange coincidence car j'ai échangé quelques messages avec Philippe Robert cette semaine à propos d'un artiste que nous apprécions tous les deux et dont j'ai sorti un disque (qu'il ne connaissait pas)![]()
EYES LIKE SAUCERS : https://ruralfaune.bandcamp.com/album/p ... e-to-a-dog
Quant à My Cat is an alien, je ne garde pas un très bon souvenir de ma tentative de collaboration avec eux en 2007![]()
J'avoue que j'ai du mal à m'intéresser à leurs projets du coup

Je comprends que tu n'aies pas envie de le lire dans un tel contexte, ou alors reste dans partie française du texte...

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Riverside, Dave Douglas, Chet Doxas, Steve Swallow & Jim Doxas
Voici « Riverside » un album de la formation du même nom, elle regroupe Dave Douglas à la trompette, Chet Doxas à la clarinette et au saxophone, Steve Swallow à la basse électrique et Jim Doxas, le frère de Chet, à la batterie. L’album, enregistré en 2012 aux studios de Toronto, est sorti en 2014 sur le label de Dave Douglas « Greenleaf Music ». La formation a été créée à la mémoire de Jimmy Giuffre, ils interprètent la pièce « The Train And The River », placée en seconde position et signée du légendaire clarinettiste et saxophoniste.
Mais l’influence de Giuffre est plus large encore, elle se glisse dans la façon de faire et d’être des musiciens, qui, au fil de l’album, s’inspirent du maître et jouent « à la manière de… » Ainsi se bâtissent des édifices en équilibre incertains qui nous rappellent la fragilité toute en subtilité du musicien disparu en 2008.
Les compos sont réparties entre Douglas et Chet Doxas auxquels il faut ajouter une reprise d standard « Travelin’ Light ». La pochette et son cartonnage nous font penser aux traditions américaines qui sont présentes ici, dans les thèmes, leurs exécutions et les développements qu’ils connaissent, parfois de façon très hard bop comme sur « Big Shorty » ou plus country sur l’intro de « Old Church, New Paint ».
Dans ce contexte Steve Swallow reste le grand bassiste que l’on connaît, parfait, une épaule pour chacun. Il apporte une grande assurance ici, et un brevet de qualité. L’album est bon, à la fois traditionnel et un poil audacieux, par les solos de Dave souvent époustouflants, les compos, travaillées et coupées au couteau.
Sing on the Mountain High/Northern Miner
Thrush
The Train and the River
Old Church, New Paint (Intro)
Travellin' Light
Modifié en dernier par Douglas le mer. 18 mai 2022 14:55, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Ethnic Heritage Ensemble - Mama's House Live
L’Ethnic Heritage Ensemble a été fondé en 1973, lorsque cet album est sorti, en 2009, la formation avait plus de trente-cinq ans, et elle est toujours vaillante aujourd’hui ! Kahil El'Zabar en est le fondateur et il tient la route, témoin cet album enregistré à la « Mama’s House Live ». Pour tout dire en peu de mots, c’est tout à fait ma came !
L’Afrique est là, elle s’entend dans les tambours, les percussions et le kalimba de Kahil qui nous renvoie aux rythmes premiers. Il respire les percus, elles font partie de lui et lui obéissent par la simple volonté de la pensée et du corps, toujours impec à la milliseconde près, ainsi se construit une assise rythmique sans faille.
Ernest Dawkins lui aussi aime les percus et il n’hésite pas, quand le saxo est au repos, à y poser les doigts, ou frapper de la main, pour que la musique danse et bouge, et lève les corps. Ici les solos prennent le temps de dire, ils aiment à se développer, à capter l’attention de votre cerveau pour vous emmener avec lui, puis ils vous déposent un peu plus loin sur la rive, là où battent les tambours, le sax d’Ernest en sait long à ce sujet…
Les voix sont là aussi, une bribe, un cri, un appel ou la manifestation d’une joie, quand le cœur va bien et que tout vibre à l’unisson. Et Corey Wikes et sa trompette qui reprend « All Blues » de Miles, tout doux, avec Ernst qui colle au thème, tandis qu'il s’échappe et distribue les notes bleues, à l’arrière des chants, les voix, un rire de joie, une ligne imaginaire de basse chantée. Les chœurs se bâtissent seuls parce que la musique le demande, la communion et le plaisir d’être ensemble sont le plus important, et le reste suit…
Encore un album formidable de la part de l’Ethnic Heritage Ensemble, à recommander sans hésitation.
Ethnic Heritage Ensemble - Oof
Ethnic Heritage Ensemble Ornette
Modifié en dernier par Douglas le mer. 18 mai 2022 14:57, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Miles Davis Quintet Featuring Barney Wilen – Amsterdam Concert
Deux jours après avoir enregistré « Ascenseur Pour L'échafaud », Miles Davis, entouré des mêmes musiciens, va donner un concert au Amsterdam Concergebouw le 5 décembre 1957, ce dernier sera retransmis par la radio néerlandaise VARA le 6 décembre 1957. Sur les notes de pochette il est indiqué la date du 8, mais qu’importe. Inutile donc d’attendre le top de la restitution sonore, autant le dire d’emblée, il y a de la friture sur la ligne, mais on fait avec.
Miles est à la trompette avec Kenny Clarke à la batterie ils sont accompagnés par trois musiciens français de grands talent Pierre Michelot à la basse, René Urtreger au piano et le franco-américain Barney Willen au sax ténor. On aurait aimé entendre des morceaux provenant de la session « Ascenseur », ça nous aurait vraiment fait plaisir, et bien non, le répertoire se répartit entre standards, pièces de boppers à la mode et un morceau de Miles « Four ».
Rien que pour la rareté des apparitions de cette formation il faut saluer la sortie de ce disque, document et témoignage. Le son est bien défini malgré les parasites qui se sont logés sur la ligne. Il faut le dire tout net, la formation dans l’ensemble de ses composants est formidable. On pourrait s’étendre sur le jeu de Miles, mais comment ne pas saluer la basse de Michelot ? L’à propos de et la verve de Urtreger ? La justesse de kenny ?
Je dois bien reconnaître que tous ces morceaux sont connus par cœur par les amateurs de bop et que c’est une énième version de ces titres qui défile ici, mais tout se passe dans les solos, le prodige Miles et le formidable Barney nous font entendre de l’inédit ici, comme un petit coup de nostalgie qui refait surface…
Miles Davis: Four (Amsterdam Concert)
Miles Davis: But Not For Me (Amsterdam Concert)
Miles Davis: A Night In Tunisia (Amsterdam Concert)
Miles Davis: 'Round About Midnight (Amsterdam Concert)
Modifié en dernier par Douglas le mer. 18 mai 2022 14:58, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Nicole Mitchell's Ice Crystal – Aquarius
Voici « Aquarius » un album du Nicole Mitchell’s Ice Crystal. Je suppose que, dans ce duo alchimique entre l’eau et le verre, la flûte serait l’eau donc la glace et le verre serait le cristal. Ça pourrait être cela, à un niveau symbolique vers lequel je ne me risque pas davantage, tant les feux que j’entends ici feraient fondre la glace et briser le cristal !
Pourtant on entend bien la pureté et la fragilité, la fluidité et la vivacité dans cette musique toute en minéralité. Le quartet est un choix d’équilibre avec la flûte de Mitchell qui court devant, et qui s’envole, le vibraphone de Jason Adasiewwicz dont les lames vibrantes sautillent, trépidantes. Joshua Abrams, le chêne, ses feuilles suivent le vent, mais ses racines ancrées dans le sol assurent solidité et stabilité, Franck Rosaly gère le temps et aussi la fantaisie, les tambours et les cymbales.
Pour qui aime la flûte cet album, sorti en 2013, reste une référence à ne pas négliger car ils ne sont pas tant que ça à en jouer, dans la planète jazz, un instrument dont il faut savoir pousser le son à l'aide de la voix, pour garder l'équilibre et se faire entendre. Un autre souvenir émerge d’ailleurs, grâce à cette conjonction, flûte, vibraphone, Out To Lunch ! Où Éric Dolphy déjà frayait avec le vibraphone de Bobby Hutcherson.
C’est le propre de la musique de réveiller les moments les plus beaux, et de les faire danser en farandole dans nos têtes, l’un évoquant l’autre. Après le bucolique « Sunday Afternoon » voici arriver la dernière piste, l’ultime pas de danse avec « Fred Anderson », cette forte personnalité de l’AACM auquel Nicole rend hommage, avec Calvin Gantt qui tient le rôle du récitant, un moment d’émotion où les choses les plus belles sont dites avec les mots les plus simples.
Nicole Mitchell's Ice Crystals - "Above The Sky"
Sunday Afternoon
Fred Anderson
Yearning
Modifié en dernier par Douglas le mer. 18 mai 2022 15:00, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

David Murray & The Gwo-Ka Masters
On connaît David Murray et sa discographie longue comme le bras, avec des hauts et avec des bas, des changements de styles entre free et post bop, des ouvertures à l’Afrique et aux autres musiques, électro et hip hop en tête. C’est un homme de rencontres aussi, on pourrait même dire « essentiellement » tant il s’embarque vite quand le partage se propose. Il s’est même rapproché de l’Afrique et des Antilles en plantant ses racines à Menilmontant, où il s’est installé.
« The Gwo-Ka Masters » c’est le guitariste et chanteur Christian Laviso et le percussionniste guadeloupéen Klod Kiavue, ce dernier est également fin connaisseur de son île, de ses secrets, de son histoire et des musiciens qui perpétuent les véritables traditions.
Ami, si ton oreille est branchée côté Caraïbes, ce qui va suivre te parlera de suite, il va falloir se lever et danser, te souvenir des « neg’ marrons », des griots et des histoires qu’on raconte autour du feu… Les cuivres chauds et brûlants rutilent aux rythmes des percus, du tambour ka, et de la batterie… d’Hamid Drake !
Autre invité de prestige, histoire de réveiller le passé, Pharoah Sanders est là sur trois titres, « Gwotet », « Ouagadougou » et « Ovwa », il est tout simplement fantastique et je me dis qu’il a dû s’en raconter entre David Murray et son illustre aîné. Pour dire vrai et appréhender la puissance réel de cet album il faut prendre en compte près d’une quinzaine de musiciens qui ont partagé ce brûlot musical,y compris une grosse section de cuivres et une autre de anches bien sûr.
David Murray & The Gwo-Ka Masters Featuring Pharoah Sanders - Gwotet (Radio Edit)
David Murray & The Gwo-Ka Masters -- O'leonso
Ovwa (feat. Pharoah Sanders)
Ouagadougou (feat. Pharoah Sanders)
Modifié en dernier par Douglas le mer. 18 mai 2022 15:02, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

John Zorn – The Hermetic Organ Vol. 5 - Philharmonie De Paris
Voici le volume cinq de la série « Hermetic Organ » signée John Zorn, dont je vous ai déjà parlé à travers le volume huit. Cette série est constituée par des enregistrements d’improvisations jouées à l’orgue solo. Les albums se distinguent, entre autres, par les lieux d’enregistrements, chaque orgue étant unique et ayant un son propre.
Ainsi celui-ci s’est déroulé dans la Grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris. Cet orgue a la réputation d’être très puissant, il est vrai qu’en étant dans l’impossibilité totale de restituer la magnificence d’un tel instrument, le pauvre Cd, pour exister, a besoin lui aussi d’une amplification conséquente, il faut donc monter le son.
Le concert s’est déroulé lors d’un week-end à Paris le trente et un mars 2017 à minuit. Il semblerait que le week-end en lui-même ait reçu un accueil mitigé, de nombreuses représentations ayant été prévue dans des lieux de la capitale, par diverses formations et de nombreux musiciens venus d’outre Atlantique. Bien souvent les places étaient réservées et comptées au compte-gouttes et, de fait, réservées à quelques happy-few.
Pour quitter le contexte et revenir à notre sujet, le concert lui-même ne dura qu’une quarantaine de minutes, le temps de la composition « L’Heure Des Sorcières » qui termine l’album. Les trois autres compositions, « Rituel », « Une crise De nerfs » et « Prière Empoisonnée » ont été enregistrées l’après-midi du concert lors des répétitions et des réglages de la balance. Ces trente minutes supplémentaires sont les bienvenues.
John Zorn a déclaré que le son de l’orgue fut, lorsqu’il était enfant, son premier « coup de foudre » musical, je comprends parfaitement ce qu’il a pu ressentir, ayant moi-même fréquenté les églises à mon plus jeune âge et me blottissant, de préférence, après avoir monté le grand escalier en colimaçon, non loin de l’orgue tentaculaire, et de la voix puissante, sombre, grave et orageuse de l’abbé qui chantait.
Modifié en dernier par Douglas le mer. 18 mai 2022 15:04, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

James Newton – Paseo Del Mar
James Newton se distingue par une formation classique et un amour de la musique de chambre qui ne l’a pas quitté. Pour autant c’est bien un joueur de jazz qui a connu une période où il faisait les couvertures des journaux spécialisés, entre la fin des années soixante-dix et le début des années quatre-vingts.
Bien que pratiquant d’autres instruments de musique, particulièrement le saxophone alto et la clarinette basse, James newton se consacre entièrement à la flûte, instrument qu’il maîtrise jusqu’au bout des doigts. Son arrivée médiatique était jumelle avec celle du pianiste Anthony Davis, ces deux musiciens très proches enregistraient et jouaient souvent ensemble.
Ce n’est donc pas une surprise de les trouver réunis sur cet album « Paeso Del Mar », en compagnie du violoncelliste Abdul Wadud et du batteur Philip Wilson. Le style est à ranger côté free, avec toutes les libertés que cela engendre, mais on garde le côté jazz de chambre, entièrement acoustique et une instrumentation presque folk.
La première face contient deux titres qui dépassent nettement les dix minutes, les improvisations se développent très longuement, au fil de l’eau, Abdul Wadud avec son violoncelle réussit très bien à s’imposer dans le jeu des solistes, mais c’est bien une échappée à quatre à laquelle nous assistons, chacun se développant largement dans son périmètre.
Anthony est souvent à l’initiative, soutenu et questionné en permanence par Anthony Davis, tandis qu’Abdul construit un discours alternatif de très haute volée. Le plus discret est Philip Wilson, c’est pourtant lui le garant rythmique ici, mais il aime à quitter ce rôle pour commenter le discours de ses partenaires.
Un bel album de « free-folk » où les virtuosités des uns et des autres n’empêchent pas à l’inspiration et à l’émotion de rester toujours la priorité des musiciens.
James Newton - PASEO DEL MAR full album (1978) vinyl rip
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 02:30, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Kaoru Abe Trio – 1970年3月, 新宿
A la lecture de « Free jazz Manifesto » l’idée de ressortir quelques enregistrements m’a pris, après « Armonicord », « Afternoon of a Georgia Faun », « Ray Russell Live At The I.C.A. », « Paeso Del Mar », et d’autres encore dont j’avais parlé avant, sans savoir qu’ils figureraient dans le livre. Voici « 1970.3.15 Shinjiku » par le Kaoru Abe Trio. Lisons ce qu’en dit Philippe Robert :
« Seuls Milford Graves ou Lee Konitz ont chanté les louanges de Kaoru Abe en son temps. Impros convulsives et par strangulation au sax alto. Ethique du cri ! »
En quelques mots tout est dit, un côté génie méconnu et incompris. Les expressions «impros convulsives » renvoient à un vocabulaire limite médical, comme s’il appartenait à une autre espèce ou qu’il était hors normes et malade, spasmant dans un caniveau. Le mot « strangulation » évoque la mort jeune du musicien, à vingt-neuf ans par overdose médicamenteuse, mais il met en exergue un autre aspect du musicien qui souffle jusqu’à s’étrangler, comme si la mort était sœur de son envie de jouer, ou conséquence et aboutissement de son art.
Peut-être que je grossis le trait, mais tout ça me semble assez vrai. Cet enregistrement se distingue dans la discographie de Kaoru car il aime le plus souvent jouer seul, c’est essentiellement un solitaire, or ici il joue exceptionnellement en trio, en compagnie de Senda Keiichi au piano et de Nita Kazunori à la batterie.
Il n’est écrit nulle part que ces trois musiciens savaient jouer de façon académique, ni qu’ils maîtrisaient en pro la technique de leurs instruments, ou encore qu’ils connussent le chemin par lequel la musique qu’ils jouaient les emmenait. Mais ça n’a aucune importance. Non, ce qui compte, c’est l’énergie, le cri et le râle tout droit venu de chez Albert Ayler, celui de la période ESP, le véritable, écorché, naïf et Saint.
Chez Kaoru se retrouvent le souffle et le martyr d’Albert. Bien que ce dernier ne soit qu’une influence, car Kaoru est son propre maître et la musique qui sort de lui est avant tout le reflet de son âme. Il joue de l’alto de façon énervée, colérique, tordant les sons, montant et descendant la colonne de son alto, puis changeant de voie avant de glisser trop ou de chuter.
Bien qu’il soit plutôt à ses débuts en tant que saxophoniste, on s’accorde souvent à considérer ses concerts des années soixante-dix parmi les meilleurs de sa discographie. Il est vrai qu’ici la batterie de feu, de flammes et d’enfer ainsi que jeu du piano, dramatique à souhait, soulignant les cris de Kaoru, donne du corps et du poids à son discours, des stimuli également pour ne pas pleurer seul.
Il a été plusieurs fois question de kaoru Abe ici, on se souviendra, en solo de l’album « 1972 Winter ».
Kaoru Abe Trio - 1970.3.15-1
Kaoru Abe Trio - 1970.3.15-2
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 02:32, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Cecil Taylor – Chinampas
Toujours en parcourant « Free Jazz Manifesto », j’ai été heureux de retrouver Cecil Taylor, un des précurseurs du genre et des fondateurs du free. La surprise succéda très rapidement à la satisfaction quand je vis l’album qui était sélectionné, c’est l’un des derniers, parmi la discographie monstrueuse du pianiste, que j’aurais choisi, si pareil rôle m'aurait échu.
Il s’agit de l’album « Chinampas » sorti en 1988 en Lp limité sur Leo Records. Bien que ce soit l’exemplaire que je possède je vous mets la pochette du Cd, qui rend mieux et qui figure également sur le livre précité. C’est un enregistrement de sessions données les 16 et 17 Novembre 1987 au « Doodlehums Studio » de Londres. « Chinampas » est un mot d’origine aztèque qui signifie « Jardins flottants ».
L’effet de surprise passé j’ai posé le vinyle sur le plateau, ce qui ne serait jamais arrivé sans le « déclic » activé par cette lecture. Cecil Taylor est pourtant un des musiciens que j’écoute autant aujourd’hui qu’autrefois, avec une écoute toujours curieuse, concentrée et attentive.
Il faut dire que c’est le projet lui-même qui ne pouvait pas correspondre à mon attente, ma maîtrise de l’anglais est insuffisante pour apprécier à sa juste valeur l’enregistrement présenté, il consiste en poèmes de Cecil Taylor lus par lui-même, alors qu’il s’accompagne de percussions. Malheureusement il n’y a pas d’insert avec les paroles.
Cecil Taylor a donc superposé plusieurs phases de son travail, tout d’abord le « spoken word », puis la partie d’accompagnement, clochettes, percussions et bruits divers qui ont été ajoutés en studio à la partie parlée. A certains moments il dialogue également avec lui-même, magie du studio…
Je ne peux vous en dire plus, mais les bilingues trouveront certainement un grand intérêt à ces poèmes et à cet album, notez qu’il est toujours frustrant de ne partager que son ignorance ! Merci au gars qui a bossé sur le tube pour offrir une version avec le texte original affiché.
Cecil Taylor - Chinampas # 3'36
Chinampas #3'43 [Cecil Taylor]
Chinampas #5'04 [Cecil Taylor]
Cecil Taylor - Chinampas # 12'30
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 02:34, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Ahmed Abdullah - Life’s Force (1979)
Le trompettiste Ahmed Abdullah est le premier musicien cité sur mon nouveau livre de chevet, en effet les musiciens étant classés dans l’ordre alphabétique du nom propre, « Abd » possède toutes les cartes en main pour ouvrir la danse.
Ce dernier est un New-Yorkais qui rejoignit le Sun Ra Arkestra à compter de 1976 jusqu’au décès du mage. Trompettiste de talent, il fit sa place dans la section des cuivres et devint soliste, il partagea ce rôle également avec Michael Ray lorsque celui-ci rejoignit la formation en 1978. Ahmed Abdullah joua également un rôle éminent pendant la période des Lofts durant laquelle il fréquenta le « Rivbea » de Sam et Beatrice Rivers.
Musicien émérite, il ne jouit cependant pas d’une discographie très importante. « Life’s Force », cet album sorti en 79, est son premier essai, c’est aussi la première sortie pour le tout nouveau label « About Time Records » qui prend son envol avec ce bel album, dix autres disques connaîtront le même sort avant que ce label ne ferme ses portes, malgré la qualité des signatures qui parsèment l’histoire de cette petite maison de production.
Le trompettiste Ahmed Abdullah a formé un sextet comprenant Vincent Chancey au cor, Jay Hoggard au vibraphone, Muneer Abdul Fatah au violoncelle, Jerome Hunter à la basse et Rashied Sinan à la batterie. La formation toute entière est mise à son avantage ici, si le leader s’octroie un tout petit peu plus de solos, chaque musicien s’exprime à égalité dans la durée et c’est bien à un véritable groupe à qui nous avons affaire.
A l’époque où Abdullah jouait aux côtés de Sun Ra, celui-ci ne jouait plus guère « free » et cette tendance ira en grandissant alors que la fin approchait. Il n’y a donc pas de surprise à observer que cet album non plus n’est pas très free. On entend par contre le souffle spirituel qui habite cette musique, la chaleur au travers des cordes, l’émotion portée par les cuivres. La musique est structurée, c’est vrai, mais propice aux improvisations et aux combinaisons entre les musiciens qui échangent et se relancent avec entrain.
Un bel album.
Ahmed Abdullah (Usa, 1978) - Life's Force
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 02:37, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Dewey Redman – Coincide
Toujours issu de la même inspiration, voici « Coincide » de Dewey Redman, un « Impulse » sorti en 1975, son second sur ce label culte. Le saxophoniste a joué avec Ornette Coleman et on se souvient de sa magnifique participation sur « The Survivors' Suite » de Keith Jarrett qu’il a illuminé de toute sa classe. On pense également à son album « Tarik » dans la série « Actuel » sur Byg Records. C’est aussi le père du saxophoniste Joshua Redman.
Ici il joue, outre du saxo, de la clarinette sur "Somnifacient" et du sitar sur deux morceaux, il est entouré par Ted Daniel à la trompette, Leroy Jenkins au violon, Sirone à la basse et Eddie Moore à la batterie et aux percussions. L’enregistrement s’étant étalé sur deux jours, Leroy Jenkins n’apparaît que sur deux titres, certains sont joués en quintet, en quartet ou encore en trio. Le titre « Phadan-Sers » est même joué en solo par Dewey au sitar, un moment à part, mais sympa de l’album.
Du coup les deux faces sont assez différentes, la première, composée de trois titres, est très free et la seconde moins échevelée, d’accès plus aisé et réserve quelques moments forts de l’album comme le fougueux « Qow » d’une durée de dix minutes qui termine le disque en apothéose.
Les deux premiers titres sont joués par le quintet dans son ensemble, « Seeds and Deeds » qui ouvre l’album est torride, les soli se succèdent sur un tempo ultra rapide, mis à part la section rythmique qui reste dans son rôle de soutien. « Somnifacient » qui suit est plus recueilli tout en incluant des moments de déstructuration, Leroy Jenkins lors de ces deux pièces nous livre un éventail de son savoir-faire, ça grince parfois mais j’aime bien.
Un album riche de climats divers et même antagonistes, mais l’unité reste-là tout de même.
QOW
Dewey Redman - 'Funcitydues'
Dewey Redman - Seeds and Deeds
Dewey Redman - "Joie De Vivre"
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 02:39, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Stefano Di Battista – Morricone Stories
Je me souviens vous avoir parlé de Stéphano Di Battista à propos de son album éponyme sorti en l’an deux mille sur Blue Note, c’est page vingt-cinq dans ce forum, je viens de le retrouver grâce au moteur de recherche très efficace et souvent utile, il est tout en bas de la page. J’aime beaucoup cet album, rempli de promesses.
L’actualité nous rejoint concernant Stéfano qui a sorti il y a peu un album hommage au grand Ennio Morricone. Ce dernier a produit une œuvre immense et les thèmes ne manquent pas qui seraient propices à une réappropriation ou à une nouvelle lecture. Relire c’est aussi redécouvrir, offrir un nouvel écrin pour rendre hommage.
Stéfano est à l’alto et au soprano, Fred Nardin au piano, Daniele Sarrentino à la basse et Dédé Ceccarelli à la batterie, bon, ça tient la route sévère, impros autour des thèmes avec développements autour des mélodies, du classique quoi.
Pour autant le choix des thèmes est assez audacieux, et c’est très respectable, plutôt que de servir une sorte de « best of » des morceaux les plus connus, Stéfano nous offre des thèmes plus rares ou oubliés, que je découvre avec un plaisir non feint. Il y a cependant une place pour quelques airs plus célèbres, « Peur Sur la Ville », « Il était une fois en Amérique », « 1900 » ou « The Good, The Bad And The Ugly ». Je précise que je ne suis pas très cinéphile, ce qui est certainement un grand tort, du coup certains ne sont peut-être obscurs que pour moi.
Je m’attendais à une copie parfaite et je ne suis pas déçu, que dire, sinon que le pressage vinyle est tout à fait excellent et que la photo de pochette est raccord avec son sujet.
Je vous souhaite un bon film…
The Good, the Bad and the Ugly
Deborah's Theme (From "Once Upon a Time in America")
Il grande silenzio (From "The Great Silence")
La cosa buffa
Peur sur la ville (From "Fear over the City")
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 02:40, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle
Un projet de Miles Okazaki qui a eu comme idée de reprendre et d'arranger les compostions de Thelonious Monk a la guitare
The complete compositions of Thelonious Monk on solo guitar, in six volumes. This is the first time the complete Monk songbook has been recorded on a single solo instrument.

https://okazakiwork.bandcamp.com/releases
The complete compositions of Thelonious Monk on solo guitar, in six volumes. This is the first time the complete Monk songbook has been recorded on a single solo instrument.

https://okazakiwork.bandcamp.com/releases
Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Jon Hassell – Listening To Pictures
Je vous ai déjà parlé de Jon Hassell sue ce fil, avec « Flash Of The Spirit » en compagnie de Farafina en page cinquante-sept, et, surtout, en page cinquante-deux avec l’excellent « Seeing Through Sound (Pentimento Volume Two) » sorti en deux mille vingt. Cet album-ci est fortement lié à cette dernière parution car elle constitue le «Pentimento Volume One » appelé également « Listening To The Pictures » paru dès deux mille dix-huit. Ce petit historique pour bien situer cet album qui constituait pour Jon Hassell un retour « aux affaires » depuis neuf ans de silence après l’album « Last Night The Moon Came Dropping Its Clothes In The Street » paru, lui, en deux mille huit.
Après ce petit historique des parutions on comprend que cet album a subi une lente maturation. Le trompettiste, on le sait ne rentre pas très bien dans la catégorie jazz, il est plus dans l’ambiant, dans l’atmosphérique et l’expérimental. Il aime le travail en studio sur les boucles, l’électro et le travail sur le son, les rythmes copiés collés, et bien entendu les claviers et l’immensité des possibilités qu’ils autorisent.
A ses côtés se tient Rick Cox avec ses guitares, ses synthés et un large éventail électronique, de quoi bidouiller sévère. L’album est le fruit d’un long processus de gestation sans compromis ni facilités. Pas d’accroche mélodique évidente, de tube enfouis où d’hameçonnage discret, ici l’art est brut, quoique douillet, ça heurte un peu, parfois, mais sur la durée ça apaise, une sorte de « double-jeu » malin qui peut titiller, tout en se situant sur une ligne de crête, dans un « halo » qui éblouit puis se transforme en brume et, enfin, en une matière vaporeuse qui rassure…
Mission réussie donc pour un album qui nécessite un peu de longueur en bouche, ne se dévoilant pas au premier abord, le volume deux, lui, est plus immédiat.
Jon Hassell - Dreaming
Slipstream
Jon Hassell - Manga Scene
Al Kongo Udu
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 02:44, modifié 1 fois.
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