J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle
J'ai un attachement particulier à Hank Mobley. Mon favori reste "No Room For Squares", avec sa pochette magnifique.
Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle
Je vais ressortir ce Mobley, grand dans mes souvenirs ! Je n'ai pas encore en boutique le Freddie Hubbard et le Stanley Turrentine.
Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle
La voici:

Allez, c'est décidé, je bosse!
En 63 Hank Mobley fait partie de la vieille garde de Blue Note, il enregistre entre mars et octobre suffisamment de matière sonore pour sortir un album l’année suivante, ce sera l’excellent « No Room For Squares ».
Les deux sessions d’enregistrements étant éloignées les musiciens changent au fil des morceaux, les deux inamovibles sont Hank, le tôlier et Philly Joe Jones à la batterie, pour la session d’octobre il y a Lee Morgan à la trompette, Andrew Hill au piano et John Ore à la contrebasse, un beau quintet très expérimenté, les trois derniers cités sont remplacés par Donald Byrd, Herbie Hancock et Butch Warren pour deux pièces : « Carolyn » et « Old World, New Imports ». On remarque chez Blue Note ce jeu de chaises musicales et d’invitations réciproques à l’intérieur du label, qui renforce l’identité artistique et maintient un haut niveau de performance global.
Ce bel album de hard bop est très plaisant, on remarque particulièrement le morceau titre où Lee Morgan exécute un majestueux solo à la trompette, il est d’ailleurs très pétillant au fil de l’album. « Me ‘n You » est également remarquable avec son rythme enlevé et sautillant, funky et groovy à souhait. Le sort ayant ses raisons, le tendre « Carolyn », la composition de Lee Morgan, est jouée avec Donald Byrd à la trompette, la prise est magnifique, Hank chaud et sensuel, Herbie Hancock, avec un toucher exceptionnel est brillant d’équilibre et démontre une grande sensibilité.
Rien d’étonnant que, par ses qualités, cet album ait attiré l’attention des forumeurs, beaucoup de bonnes antennes par ici…
Carolyn (Remastered 2000 / Rudy Van Gelder Edition)
Me 'N You (Remastered 2000 / Rudy Van Gelder Edition)
Old World, New Imports (Remastered 2000 / Rudy Van Gelder Edition)
No Room For Squares (Remastered 2000 / Rudy Van Gelder Edition)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Encore un album que l’on n’attendrait pas sur le label Blue Note, celui d’un jeune musicien de… dix-sept ans ! Déjà leader et compositeur, le voici aux côtés de Sam Rivers, il faut dire, pour mieux comprendre les liens qui les réunissent, que le saxophoniste l’a embauché dans sa formation alors qu’il n’avait que treize ans. Tony Williams (alors appelé Anthony) a également déjà joué aux côtés d’Herbie Hancock et de Grachan Moncur III qui figurent sur cet album. Outre le pianiste et le vibraphoniste il faut également citer Richard Davis et Gary Peacock à la basse. Le personnel est tournant et ne joue pas sur toutes les pièces de l’album. On remarquera également que Life Time, le titre de l’album est en deux mots et que l’expression n’en fera qu’un seul, lorsqu’elle désignera le nom du groupe de Tony Williams.
C’est ici très largement de la musique libre, improvisée à partir de structures et de thèmes écrits par Anthony Williams. « Piece of one » tient toute entière sur la première face de l’album. C’est une pièce calme, pleine de respiration, qui surprend inévitablement dans le contexte Blue Note. Ici il n’y a aucune surenchère, l’ambiance est feutrée, solo de basse, Tony Williams orne l’espace, dessine des arabesques, accompagne le soliste, s’efface, disparaît presque… C’est une poésie autour du silence qui s’organise, le ténor se retient presque, la batterie tempère et les deux basses se succèdent ou se soutiennent sur cette face surprenante.
« Memory » fait place à Bobby Hutcherson, Herbie Hancock et au leader, l’atmosphère est toujours peu dense et aussi clairsemée, cette « non-musique » peut désarçonner et interroger, il faudra beaucoup réécouter ce disque pour en saisir l’épaisseur, quand j’en ai pris possession il y a fort longtemps, ce n’est qu’en me familiarisant un peu plus avec la musique expérimentale que j’ai pu lui donner du sens, encore qu’il n’y ait qu’à écouter avec abandon et sans préjugé pour se laisser transporter tranquilou pour que ça fonctionne. Ecouter le timbre, la vibration, l’intensité et le mouvement du son…
Pour que tout fasse sens, l’album se termine avec « Barb's Song to the Wizard » un duo piano/basse, sans Tony, parti.
Lifetime 1964
1) Two Pieces Of One, Red : 08:03.-
2) Two Pieces Of One, Green : 18:39.-
3) Tomorrow Afternoon : 23:10.-
4) Memory : 31:12.-
5) Barb's Song To The Wizard : 37:08.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

« Speak No Evil » est le troisième album de Wayne Shorter sur Blue Note, il est sorti en 1966. Pour cet album Wayne a reçu l’assistance de deux autres membres du quintet de Miles Davis dont il fait partie, Ron Carter à la basse et Herbie Hancock au piano. Dans le rôle de Miles on trouve Freddie Hubbard à la trompette et, à la batterie, le grand Elvin Jones himself !
Un album qui a été très souvent loué, sans doute avec raison, tant mieux, il a été enregistré la veille de Noël. Nous sommes cependant en plein hard bop le plus souvent, avec une répétition des thèmes en double au début et à la fin des morceaux ce qui, à mon avis (très humble) alourdit un peu les pièces, heureusement ça s’envole après, les solos sont souvent remarquables et parfois sublimes. On peut penser que le public qui sifflait Coltrane à Antibes quand il interprétait « A Love Supreme » devait adorer « Speak No Evil ». Il faut dire qu’il contient le très tendre « Infant Eyes » composé par Wayne à l’intention de sa fille, l’album est d’ailleurs assez familial avec son épouse au premier plan de la pochette…
Bon, c’est juré, je ne dirai pas de mal de cet album dont je me suis procuré la réédition française en quatre-vingt-trois avec ce drôle de Obi où figure une série de photos de pochette appartenant à cette grande vague de réédition, il y en eût d’ailleurs une autre au milieu des années soixante-dix avec, cette fois, de nouvelles pochettes stylisées par les éditeurs français.
Elvin, Herbie et Ron sont tout de même grandioses ici et nos souffleurs très au niveau, haut !
Speak No Evil (Remastered 1998 / Rudy Van Gelder Edition)
Infant Eyes (Remastered1998/Rudy Van Gelder Edition)
Wild Flower (Remastered1998/Rudy Van Gelder Edition)
Fee-Fi-Fo-Fum (Remastered1998/Rudy Van Gelder Edition)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle
Je vais rajouter ce Wayne Shorter au tas de cd que j'ai prévu d'écouter demain.
En ce moment, je reste sur Blue Note avec un album assez peu connu, car contrairement à d'autres il n'a pas connu de nombreux re-pressages.
La guitare de Grant Green est ici formidable
Don Wilkerson : Preach Brother! (1962)

Bass : Butch Warren
Batterie : Billy Higgins
Guitare : Grant Green
Piano : Sonny Clark
Tenor Saxophone : Don Wilkerson
https://www.youtube.com/watch?v=lI0cPcd ... e=emb_logo
https://www.youtube.com/watch?time_cont ... e=emb_logo
En ce moment, je reste sur Blue Note avec un album assez peu connu, car contrairement à d'autres il n'a pas connu de nombreux re-pressages.
La guitare de Grant Green est ici formidable
Don Wilkerson : Preach Brother! (1962)

Bass : Butch Warren
Batterie : Billy Higgins
Guitare : Grant Green
Piano : Sonny Clark
Tenor Saxophone : Don Wilkerson
https://www.youtube.com/watch?v=lI0cPcd ... e=emb_logo
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Attention voici un disque un peu hors norme, le genre qui ne vous lâche pas vite quand vous y entrez, dites-le vous bien avant d’aller plus loin, il pourrait vous inciter à bouleverser votre emploi du temps, vous faire reculer votre jogging matinal pour écouter un brin, et puis vous voilà collé à la machine, et quand vous vous décidez de partir, vous ne faites pas attention, tout à la joie de la découverte, pour peu que vous ne connaissiez pas le missile, et pan ! 135 € dans les dents ! y’a des jours comme ça…
Ça y est ? vous êtes revenu du jogging ? Allez, les présentations, Bobby Hutcherson, vingt-quatre ans, vibraphoniste et marimba, leader ici, Freddie Hubbard à la trompette, Sam Rivers au saxophone ténor et soprano, flûte et basse clarinette, mais il ne fait pas la cuisine ici, Andrew Hill, pianiste et compositeur de trois pièces dont le titre d’ouverture « Catta », et « Les Noirs Marchent » ainsi que « Ghetto Lights », Richard Davis à la basse et Joe Chambers, vingt-deux ans, à la batterie, compositeur également, « Idle While » et « Dialogue » qui est également le titre de l’album.
Ça y est, vous avez écouté Catta ? Un monument c’est sûr, sur un titre comme ça on comprend la stature et la véritable dimension d’Anderw Hill, il nous envoie dans un tourbillon grisant et nous fait tourner, tourner, dans une danse folle qui nous laisse étourdi.
Pour se remettre « Idle While », jeu de mot avec l’ancien nom de l’aéroport de New York « Idlewild », une pièce soft et aérienne, ça tombe bien, flûte et basse se croisent et s’entremêlent, juste ce qu’il faut pour se remettre du morceau précédent.
« Les noirs marchent », en français dans le titre, ça ressemble à une marche, avec quelques appels martiaux, mais rien n’est organisé, en apparence, malgré les appels des tambours c’est le free qui domine, les noirs marchent et ils grouillent, ça vient de partout !
La question qui m’agite, où se trouve le leadership de Bobby Hutcherson ? Pas de compositions signées par lui, pas d’emprise apparente dans la direction musicale, ça ressemble plutôt à une réunion de musiciens surdoués qui mettent en commun le meilleur d’eux-mêmes, comme si l’égo avait glissé dans les chaussettes…
La dernière pièce « Ghetto Lights » avec ses accents blues, le magnifique solo de trompette bouchée de Freddie Hubbard et le soprano de Sam Rivers est une conclusion splendide à ce bel album où Bobby Hutcherson a su se fondre dans l’élément groupe avec beaucoup de talent, c’est peut-être au cœur de ce morceau qu’il nous livre son plus beau solo, quelque chose qui ressemble à un must have de chez Blue Note, il se trouve que le mien est en mono et, par chance, ça n’empêche pas d’écouter en duo.
Catta (Rudy Van Gelder/24Bit Digital Remaster/2002)
Ghetto Lights (Rudy Van Gelder/24Bit Digital Remaster/2002)
Les Noirs Marchent (Remastered 2002)
Idle While (Rudy Van Gelder/24Bit Digital Remaster/2002)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Curieusement, depuis que je me replonge dans cette série d’écoute des albums Blue Note, je n’avais jamais relevé à ce point les qualités dont fait preuve Herbie Hancock en tant que sideman. Dans cet écrin, entouré de tant de musiciens hors normes, il arrive à élever son niveau à une telle altitude que j’ai l’impression de le redécouvrir. Sans être mauvaise langue convenons qu’il lui est arrivé d’avoir quelques ratés dans la suite de sa carrière, mais aussi quelques réussites exceptionnelles, soyons justes.
Pour l’heure il est plongé dans une sorte de post-bop acoustique, depuis 1963 il fait partie du quintet de miles Davis, en compagnie de deux musiciens de la section rythmique que l’on retrouve sur cet album, Ron Carter à la basse et Tony Williams à la batterie. Le premier invité souffleur est George Coleman au sax ténor, un ancien de chez Miles également et, puisqu’il faut un trompettiste, Freddie Hubbard est là pour tenir le rôle. On retrouve une partie des solides musiciens qui se retrouveront bientôt sur le « Speak No Evil » de Wayne Shorter, la maison Blue Note est grande et les talents y sont nombreux.
Deux grands titres ici, celui qui ouvre et l’autre qui ferme l’album, « Maiden Voyage » et « Dolphin Dance » ont des destins de standards et, entre ces deux-là, d’autres superbes compos toutes signées par Herbie Hancock. C’est peu de dire qu’ici on discerne déjà ce que sera la musique de Miles Davis et de son quintet de rêve, si chaque membre du quintet saura ce qu’il doit à Miles, on peut affirmer également que Miles devra également à chacun des membres de son quintet ! La musique est un échange et un partage.
Un foutrement bon album les amis !
Maiden Voyage (Remastered 1999/Rudy Van Gelder Edition)
Dolphin Dance (Remastered 1999/Rudy Van Gelder Edition)
Survival Of The Fittest (Remastered 1999/Rudy Van Gelder Edition)
The Eye Of The Hurricane (Remastered 1999/Rudy Van Gelder Edition)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle
Encore un album à ressortir avec ce Herbie Hancock !
En ce moment l'album qui tourne, c'est :
Freddie Hubbard : Ready For Freddie (1962)

Vu que je n'ai pas encore à la maison le Hub Tones précédent un peu avant, j'ai décidé de ressortir un album de Freddie Hubbard de la même période.
https://www.youtube.com/watch?v=1WyyKh5 ... e=emb_logo
En ce moment l'album qui tourne, c'est :
Freddie Hubbard : Ready For Freddie (1962)

Vu que je n'ai pas encore à la maison le Hub Tones précédent un peu avant, j'ai décidé de ressortir un album de Freddie Hubbard de la même période.
https://www.youtube.com/watch?v=1WyyKh5 ... e=emb_logo
Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle
Ah...Jimmy Smith , j'aimerai ajouter "Back at the chicken shack" chez Blue Note et "Root down-Jimmy Smith live" chez Verve . A noter sur ce dernier , un bassiste , plutôt rare dans sa discographie assurant lui-même les parties de basse à l'orgue .
Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu plus avant de renvoyer les images . Jean COCTEAU
Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle
Merci pour ces suggestions, pour le premier je m'en doutais, car sa réputation est arrivée jusqu'à moi, mais je ne l'ai pas écouté, je l'ai d'ailleurs commandé en cd mais avec le confinement ça risque d'être long.... D'ailleurs j'ai reçu un vinyle très tardivement avec une pochette bien pliée, c'était une commande antérieure aux événements...
Pour l'heure:

Herbie Nichols est un pianiste de jazz qui, pour gagner sa vie jouait plutôt du Dixieland et du rythm’n blues, il a été autrefois l’ami de Monk et cela fait dix ans qu’il essaie d’enregistrer sur Blue Note en quémandant auprès du patron, Alfred Lion. A force d’entêtement Herbie fit flancher Alfred Lion qui céda, l’album sortit en 56 et, comme prévu par le boss, ce fut un « flop » commercial ! C’est tout de même sur cet album qu’Herbie écrivit « The Lady sings the blues » que chanta Billie Holyday en 1956 et qui devint également le titre de sa biographie.
En 1983, Blue Note France réédita l’album de l’« Herbie Nichols Trio », les commentaires dans la presse spécialisée étaient avenants, et même assez dithyrambiques, je me suis laissé aller à l’achat de cet album et ne l’ai pas regretté ! Une série de dix titres enregistrés avec le bassiste Al McKibbon sur la face une, ainsi que pour le titre «Hangover Triangle » face B, pour les autres titres de la face B c’est Teddy Kotick qui tient la basse, côté batterie une sommité, Max Roach.
La musique d’Herbie Nichols possède un charme indéniable, on retrouve incontestablement l’influence de Monk et ce n’est pas fait pour déplaire, mais perce également son goût pour le dixieland et même pour la musique classique et moderne qu’il étudia dans sa jeunesse. On pourrait ajouter un don pour l’écriture également, ce qui l’incite assez peu à improviser longuement, mais plutôt à écrire de beaux thèmes.
Il décéda en 1963, mais il connut un regain d’intérêt grâce à la jeune génération d’alors qui joua ses thèmes, Archie Shepp et Cecil Taylor, puis Steve Lacy lui rendirent hommage.
Herbie Nichols Trio - The Gig
Herbie Nichols Trio - Wildflower
Herbie Nichols Trio "Lady Sings The Blues"
Herbie Nichols Trio - Terpsichore
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

C’est le vingt-six octobre de l’année 61 que l’altiste Jackie Mc Lean entre dans les studios pour enregistrer un nouvel album en compagnie de Billy Higgins à la batterie, Butch Warren à la basse, Sonny Clark au piano et Tommy Turrentine à la trompette. La pochette s’orne d’un cadrage osé, saisissant, brisant une nouvelle fois l’académisme régnant alors.
« A Fickle Sonance » est le nom de l’album et celui du premier titre de la seconde face. Il arrive après une première face très agréable où le hard bop est roi, trois titres séparés par une très belle ballade « Subdued » où McLean donne toute sa mesure en offrant une improvisation toute en émotion contenue, l’une des deux compositions qu’il signe sur cet album. Ce dernier s’est ouvert sur un titre de Sonny Clark « Five Will Get You Ten », agréable et sans surprise tout comme « Sundu » l’autre titre signé par le pianiste.
La pièce la plus intéressante est bien le morceau titre conçu par Jackie McCLean, on connaît de cette période les doutes qui l’habitent, il est tenaillé entre son rôle de musicien « Blue Note » joueur de hard bop et une autre partie de lui-même qui est fascinée par ce que fait Ornette Coleman, ce « free jazz » encore à ses débuts dont il a jeté les bases. Finalement rien de surprenant à ce qu’il ait invité Billy Higgins à la batterie, lui qui a déjà tant joué aux côtés du novateur, bousculant les règles et les faisant plier à son gré. « A Fickle Sonance », cette sonorité volage va se manifester le temps d’un unique morceau, Billy va quitter son statut de hard boppeur pendant un peu moins de sept minutes, tout se complexifie et se déstructure, l’impro collective fuse, tout se déstructure et surtout sort des ornières, rappel du thème après le solo de Mc Lean c’est Tommy Turrentine qui envoie, puis Sonny Clark avec son jeu tout en tension sur cette pièce.
Je dois admettre qu’il est difficile de s’intéresser aux deux morceaux qui suivent après une telle expérience…
Subdued (Remastered 1999 / Rudy Van Gelder Edition)
A Fickle Sonance (Remastered 1999 / Rudy Van Gelder Edition)
Five Will Get You Ten (Remastered 1999 / Rudy Van Gelder Edition)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle
J'étais moi aussi ce matin avec Sonny Clark avec son superbe Cool Struttin' de 58 !


Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Blue note a souvent une image un peu surannée, voire vieillotte, j’espère avoir réussi un peu à montrer l’autre face, en vous présentant des albums plutôt modernes ou d’avant-garde, comme ce « Complete Communion » de 1966 signé Don Cherry.
Un simple quartet à l’origine d’un album vraiment remarquable, en équilibre très instable, avec le bout d’un pied encore dans le hard-bop et l’autre déjà posé dans le monde de l’après, celui de l’audace et de l’incertain…
Les présentations : Don Cherry avec son cornet.
Gato Barbieri, saxophoniste argentin extraordinaire et tonitruant pendant son début de carrière, qui dériva vers les musiques commerciales et naufragea irrémédiablement, triste destin artistique qui ne doit pas nous faire oublier ses plus belles pages qui resteront pour toujours dans un petit coin de notre mémoire.
Henry Grimes, extraordinaire bassiste, qui enregistra auprès de la fine fleur du free jazz, connut lui aussi un destin tragique, oublié pendant plus de trente ans et présumé mort, son destin bascula lorsqu’il vendit sa basse pour se nourrir, tombé dans la pauvreté, il ne put jamais s’en arracher, il fut redécouvert par un travailleur social et revint sur la scène en 2002, depuis il tourne !
Edward Blackwell, dit « Ed », batteur - poète qui fait des vers avec ses toms et de la peinture avec ses baguettes, une sorte de bienveillant génie solaire. On pourrait dire également qu’il transforme lorsqu’il la touche, la lourdeur en légèreté.
Je prends un peu mon temps en parlant du « monde », car il y a des circonstances particulières ici : l’album a été enregistré le jour de Noël 65 ! Deux suites, chacune composée de parties ou sections qui s’emboîtent avec finesse, formant ainsi un grand tout. La première suite « Complète communion » qui est logée sur la premières face est constituée de trois parties, la seconde « Elephantasy » possède quatre parties et vous déduirez (si, si, par vos propres moyens) où elle se loge.
Pour le reste, c’est juste un chef d’œuvre, allez, merci Ornette et joyeux Noël à tous !
Don Cherry - Complete Communion (1966) Full Album
Tracklist:
1 - Complete Communion 00:00
2 - Elephantasy 20:40
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Franchissons les décennies et arrêtons-nous en novembre 89, entre le dix-neuf et le vingt et un, trois jours pendant lesquels s’est déroulé l’enregistrement de « Time On My Hand » sous le leadership du guitariste John Scofield.
La pochette : le musicien avec une attitude martiale toise l’horizon (où plus sûrement le fond de la pièce), il tient entre ses mains sa guitare dont l’autre extrémité repose entre ses pieds, à la façon d’un fusil, d’une pelle ou d’une fourche. Maintenant songez à Reid Miles et vous constatez la profondeur de l’abîme, bon c’était juste une parenthèse.
Fort heureusement, côté musique, c’est du nectar et c’est tout de même là l’essentiel. Je ne connais pas suffisamment la discographie de John Scofield pour déterminer si c’est là sa meilleure période en tant que leader, mais c’est l’un de tous meilleurs que j’ai entendu de sa part. Il faut dire que le quartet qui l’entoure est tout simplement exceptionnel, Jack De Johnette à la batterie, Charlie Haden à la basse et Joe Lovano au sax ténor, on ne présente plus les deux premiers, des monstres sacrés, chacun sur leur instrument, mais Joe Lovano est également un très grand et il atteint sans peine le niveau que l’on attend.
Cet album sent les grands espaces, il respire, apporte du réconfort, l’odeur du thé chaud, il annonce la belle saison. Un vent d’optimisme le traverse, essayez-le…
John Scofield - So Sue Me (Time On My Hands, 1989)
Farmacology
Be Hear Now
Time And Tide
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Nous sommes le 27 août 1962 aux studios Van Gelder à Englewood Cliffs dans le New Jersey, une adresse connue de tous les amoureux du label, là où ont été enregistrés tant de chef d’œuvres guidés par la main du sorcier Rudy Van Gelder.
Dexter Gordon est resté coincé en Californie une bonne dizaine d’années pour des histoires de dope et, son passage à New York, va lui permettre d’enregistrer ce troisième album en deux ans pour Blue Note. Son « préféré » aime-t-il à dire. Il faut dire qu’il possède là une section rythmique stable et de très haut niveau, Billy Higgins à la batterie, Butch Warren à la basse et Sonny Clark au piano, la même que Jackie Mc Lean sur « A Fickle Sonance », Blue Note est une grande famille et l’excellence est la norme.
Dans les studios se joue une partie chaleureuse et décontractée, l’ombre de Dexter plane du haut de son double mètre, il joue comme il aime à le faire dans les clubs, entouré d’amis, la perfection de l’enregistrement permet de percevoir cette chaleur dès le premier titre « Cheese Cake » qui deviendra un de ses titres fétiches.
Quand une section rythmique est à un tel niveau et que le leader est au sommet de sa forme, il arrive que se produise un petit miracle. Certes pas de nouveauté ici, ni de digression ou d’ouverture vers un univers free, mais, tout est parfait et cet enregistrement devient vite un « classique » du jazz, de ceux que l’on trouve dans nombre de rayonnages chez les amateurs de jazz, bien classé à la lettre « G ».
L’album de mon édition est un tirage français de 85, une édition audiophile avec un obi, une sous-pochette qui raconte, recto/verso, en petits caractères, l’histoire du label Blue Note, en anglais, ce qui est malheureux pour moi qui peine à affronter d’aussi longs textes… Est adjoint également un poster de grande taille, de forme circulaire, qui imite le label d’un côté et contient de nombreux portraits peints de musiciens Blue Note de l’autre. Une édition sympa que l’on trouve encore aujourd’hui à prix raisonnable en VG+ ou NM si on recherche du vinyle.
Cheese Cake (Remastered 1999/Rudy Van Gelder Edition)
Love For Sale (Rudy Van Gelder Edition; 1999 Digital Remaster; 24 Bit Mastering)
Second Balcony Jump (Rudy Van Gelder Edition/ 1999 Digital Remaster/ 24 Bit Mastering)
Where Are You? (Rudy Van Gelder Edition/1999 Digital Remaster/24 Bit Mastering)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Grant green possède encore aujourd’hui de nombreux fans, c’est normal, sa musique incarne quelque chose d’éternelle, jeune guitariste il notait les solos de Charlie Parker note pour note puis les retranscrivait à la guitare, ça vous forge une oreille, une technique et, le temps passant, un style. Il était un peu chez lui sur Blue Note, il fut l’un des rares à enregistrer directement sous son nom, sans passer par la case sideman.
On connait l’anecdote qui présida à l’enregistrement du titre « Idle Moments » signé de Duke Pearson, elle est célèbre et fit d’une erreur un chef d’œuvre, alors au cas où, pour celui au fond qui n’a pas écouté la dernière fois, je raconte…
Dans les fameux studios de Rudy Van Gelder, tout est en place, Joe Henderson et son ténor, Bobby Hutcherson au vib, Duke Pearson au piano, Bob Cranshaw à la basse et Al Harewood à la batterie. Au moment d’enregistrer « Idle Moments » Grant se trompa et, plutôt que d’enregistrer les seize mesures prévues à l’ouverture du thème il en enchaîna trente-deux, les autres solistes suivirent la dynamique et, à l’arrivée, le morceau pesait quinze bonnes minutes ! On ré-enregistra le titre avec les seize mesures initialement prévues, plusieurs fois, mais rien n’y fit, aucune des tentatives ne réussit à égaler le premier jet, las, après la quatorzième tentative, ils se décidèrent à enregistrer les trente-deux mesures et, par conséquent, les quatorze minutes et cinquante-deux secondes de ce qui sera perçu, à juste titre, comme un chef d’œuvre !
Trois autres titres seront également gravés, on remarque la reprise du « Django » de John Lewis et « Nomad » l’autre titre de Duke Pearson qui dépasse également les douze minutes, quant à « Jean de Fleur » c’est le seul titre signé par le guitariste.
Idle Moments (Rudy Van Gelder Edition / Remastered 1999)
Django (Rudy Van Gelder Edition / Remastered 1999)
Nomad (Rudy Van Gelder Edition / Remastered 1999)
Jean De Fleur (Rudy Van Gelder Edition / Remastered 1999)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle
Fini l'écoute du Dexter Gordon à l'instant, très bon disque, même si ce soir je l'ai trouvé un peu "trop" dans l'émotion dans le sax. C'est parfois un peu trop, surtout dans la première moitié de l'album.
Bonne idée de réécoute du Grant Green ! Je me le mets pour demain.
Cet après midi, j'ai écouté celui ci de 1984.
Khan Jamal Quartet : Dark Warrior

Un peu trop de vibraphone pour moi, mais il y a une superbe pépite Jazz Funkisant avec le titre Hucksterman
Bonne idée de réécoute du Grant Green ! Je me le mets pour demain.
Cet après midi, j'ai écouté celui ci de 1984.
Khan Jamal Quartet : Dark Warrior

Un peu trop de vibraphone pour moi, mais il y a une superbe pépite Jazz Funkisant avec le titre Hucksterman

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Rudy Van Gelder
Après une lente agonie sur une petite dizaine d’années Le label Blue Note dépérit et cessa définitivement en 1979. Il n’y eut plus de nouvelles parutions, mais curieusement le label continuait à vendre des rééditions, principalement en Europe et même au Japon. Vingt et un albums furent réédités et dépassèrent les 50 000 exemplaires. Dix autres encore furent réédités et encore quinze en 1983, toujours en Europe. Je vous en ai signalé quelques-uns. L’arrivée du CD en 1982 donna une nouvelle chance à Blue Note.
Bruce Lundvall, un ex d’Electra et amateur de jazz, donc de Blue Note, devint le nouveau directeur du prestigieux label début 85, un concert avec les anciennes stars est organisé et on invite également Alfred Lion, Rudy Van Gelder et Reid Miles. Ce même soir Lundvall présente trois nouveaux musiciens qui signent sur le label, le flûtiste James Newton, le guitariste Stanley Jordan et le pianiste Michel Petrucciani. Blue Note se concentra alors vers les rééditions souvent augmentées, les publications d’inédits, les sorties de nouveaux albums par les vieilles gloires, mais, surtout, la recherche de nouveaux noms, comme le guitariste John Scofield, un ex de chez Miles Davis, dont je vous ai présenté un album il y a peu, ou encore Jacky Terrasson avec Cassandra Wilson sur l’album « Rendez-vous ».

Les studios Van Gelder à Englewood Cliffs dans le New Jersey
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

C’est dans ce même cadre que signa sur Blue Note Stefano Di Battista, un jeune saxophoniste alto et soprano italien né en 1969. Celui-ci a fait ses premières expériences à Paris où il côtoie le gratin du jazz, il joue dans le sextet de Michel Petrucciani et crée sa propre formation. Cet album éponyme est son second, sous son nom, pour Blue Note. Il bénéficie du haut patronage et de la participation d’Elvin Jones à la batterie, il participera ensuite aux tournées du « Elvin Jones Jazz Machine ». Cette brève introduction en dit long sur la qualité du musicien, malgré une notoriété somme toute relativement confidentielle.
Jackie Terrasson, le franco-étatsunien, est au piano, c’est un admirable pianiste au toucher exceptionnel, il compose pour cet album la pièce « Little Red Ribbon » qu’il joue en duo avec le saxophoniste, une petite merveille de sensibilité et d’intériorité qui mérite à elle seule l’achat de l’album. A la basse c’est Rosario Bonaccorso qui assure, lui aussi est venu avec une composition, « Song For Flavia » un autre sommet de l’album, à la fois dramatique et démonstrative la compo semble s’inscrire dans un scénario de film policier, suspense et théâtralité sont au rendez-vous.
Terrasson ayant signé deux titres, les autres sont au crédit du saxophoniste qui ne manque pas, dès le premier titre, de rendre hommage à l’invité d’honneur, avec le titre « Elvin’s Song ». Il signe en outre lui aussi un titre exceptionnel « Time for a solo » où il se déchaîne avec une énergie absolument dévastatrice. C’est véritablement un album à écouter…
Song for Flavia
Little red ribbon
Nico's dream
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