J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 2 nov. 2025 03:01

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Booker Little – Out Front – (1961)

Après vous avoir présenté une pièce de cet album il n’y a pas très longtemps, je fais une petite pause sur cet enregistrement qui est magnifique en tous points. Après avoir joué dans la formation de Mal Waldron en mille neuf cent soixante, Booker Ervin joue au « Five Spot » avec Coltrane. L’année suivante il participe à l’enregistrement des trois volumes « At The Five Spot » avec Eric Dolphy et participe également à l’enregistrements de la pièce « Africa » de Coltrane.

Tout comme Trane il se passionne pour l’harmonie et c’est là qu’il cultive sa différence, malgré un bagage technique impressionnant qu’il aurait pu mettre en avant, il ne recherche ni l’éclat, ni la brillance. Il a déclaré : « Il n’existe pas pour moi de mauvaises notes », à l’instar de Monk il cultive les dissonances et provoque l’étonnement.

Mais son temps est compté, seulement trois années au pinacle et cet « Out Front », qui contient plus qu’un autre l’identité musicale de Booker Little, rien de petit, non, non. Sept pièces magnifiques qui résument ses conceptions et les laisse à entendre à qui dresse l’oreille…

Je vous ai déjà présenté ce petit joyau que j’aime tant « Man of Words », beau à vous tirer des larmes, avec l’incroyable Julian Priester au trombone, morne et répétitif, autour duquel s’ébat la trompette interrogative de Booker Little.

Mais « We Speak » est également magnifique, tout aussi important certainement, malgré son apparence davantage carrée. Il faut dire qu’il y a également le grand Eric Dolphy sur cet enregistrement, que l’on pourrait qualifier d’alter-égo de Coltrane, en cette période…

Est également présent le batteur Max Roach, la légende de la batterie, qui a sorti cette même année et sur ce même label « Candid », le superlatif « We Insist! Max Roach's Freedom Now Suite » auquel participait également Booker Little.

Pour être complet il faudrait également ajouter les deux contrebassistes, Art Davis et Ron Carter qui joue alternativement, ainsi que le pianiste Don Friedman qui mène bien son affaire. Un chef d’œuvre probablement, bien que trop peu cité dans cette catégorie, peut-être aurait-il suffit d’une longévité plus grande pour permettre à l’aigle de voler encore plus haut…

Booker Little – 1961 - Out Front - 01 We Speak
Booker Little – 1961 - Out Front - 02 Strength and Sanity
Booker Little – 1961 - Out Front - 03 Quiet Please
Booker Little – 1961 - Out Front - 05 Man of Words
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Douglas
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Message par Douglas » lun. 3 nov. 2025 04:22

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David Murray & The Gwo-Ka Masters Featuring Guy Konket & Klod Kiavué – Yonn-Dé – (2002)

Et voici « Yonn-Dé » de David Murray et « The Gwo-Ka Masters », le troisième que je vous présente, mais le premier dans l’ordre chronologique. Celui-ci ouvre donc la trilogie, qui avait vu le second album, « Gwotet », de deux mille quatre, s’enrichir de la présence de Pharoah Sanders et le troisième, « The Devil Tried To Kill Me », accueillir le grand Taj Mahal.

Ces trois albums sont tous magnifiques, d’abord et avant tout par la rencontre magique de David Murray avec les musiciens de la Guadeloupe. Sur la pochette sont cités le chanteur Guy Konket et Kloo Kiayué le joueur de tambour gwo-ka moteurs de cette rencontre.

Pour citer tout le monde il faut ajouter le percussionnistes et chanteur François Ladrezeau, le troisième guadeloupéen, et les américains débarqués avec David Murray, le trompettiste Hugh Ragin, le tromboniste Craig Harris, le bassiste Santi Debriano et le batteur Pheeroan AkLaff.

Grâce à l’âme guadeloupéenne c’est l’Afrique qui est convoquée ici, avec les tambours, les percussions, les chants anciens et la mémoire qui subsiste dans les traditions, les coutumes, les croyances et la foi ancienne qui résiste en traversant le temps, au travers de la musique et de la transe…

David Murray a su déterrer ces trésors anciens et les a mis en musique de façon extraordinaire, s’intégrant à la vie communautaire et s’enivrant du chant de Guy Konket, qu’il revêt d’un fort lyrisme, dont les secrets sont cachés entre les notes de son saxophone ténor.

Les messagers secrets des douleurs et des joies anciennes sont ces fameux « Gwo-Kas », les tambours anciens qui portent encore dans leurs résonances les souvenirs toujours à vif de l’esclavage, de l’arrachage à la mère Africa, toute la mémoire est là, inscrite dans la peau tendue des tambours sacrés.

Les chants, avec ce créole imbibé de la culture française résonne à nos oreilles et ne nous perd jamais tout à fait, dans le détour d’une phrase, d’une expression qui nous parle, ou plus simplement de mots qui nous arrivent et que nous comprenons dans le partage.

Subsiste un petit mystère pour moi, le choix d’un label canadien pour faire paraître cet album. Il faut cependant noter que ce n’est pas le premier album de David Murray qui est paru sur ce label, qui est souvent prêt à accueillir les musiques ethniques en s’ouvrant aux musiques du monde.

Une superbe trilogie qui vaut le détour…

Twa Jou San Manje
On Jou Maten
Yonn-De
La Pli La
Moman Colombo
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Message par Douglas » mar. 4 nov. 2025 04:59

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Gétatchèw Mèkurya – Éthiopiques 14 : Negus Of Ethiopian Sax – (2003)

D’une certaine façon je vous ai déjà parlé de cet album car il contient tous les titres contenus dans le vinyle « Getatchew Mekuria And His Saxophone » de soixante-douze, que je vous ai déjà présenté lors d’une réédition. Mais cette version Cd, dans la série Ethiopiques, est élevée au statut de compilation, et possède quinze titres au total, c’est-à-dire cinq de plus que la version précédente. Je ne saurais donc vous la déconseiller…

A l’âge de treize ans, dans sa campagne natale, Gétatchèw entendit un jour un saxophone à la radio, et cela l’envoûta, et même modifia le cours de sa vie… Quel que soit l’endroit où il se trouvait, il pensait à ce saxophone et l’entendait encore, ce qui le poussa à entreprendre le voyage jusqu’à Addis-Abeba…

Une fois arrivé, il fit tant qu’il entreprit l’étude de l’instrument, personne n’osa décourager cet adolescent hors du commun, bien lui en prit car il réussit à intégrer le Municipal Band ! Il joua même dans l'orchestre de Hailé Selassié, puis dans l'orchestre du Théâtre National et devint, au fil du temps, une sorte de légende…

A lui seul il représente un genre particulier, celui de la voix du saxophone dans l’Ethiojazz, il déclame et transpose avec son saxophone les chants guerriers qui réchauffaient le cœur des combattants avant la bataille, et, comme il ressemblait à un colosse, chacun y croyait ! On le surnomma alors « Le Négus du saxophone ».

Pour l’amateur de jazz cet album est tout simplement le plus beau de la série, unique et inouï, la musique qui siège ici est de la plus grande des beautés, elle s’élève haut et, si elle vous transforme en guerrier, elle peut aussi bien vous émouvoir et vous arracher des larmes, où vous transporter dans un monde nouveau, celui de la liberté retrouvée, dans la ville d’Addis Abèba, quand tout cela fut possible, sous le règne d’Haylé-Sellassié.

Cet album est donc constitué par l’intégralité de « Getatchew Mekuria And His Saxophone » auquel s’ajoutent deux quarante-cinq tours et un document rare, la dernière pièce, « Shellèla bèsaxophone » qui date de la fin des années cinquante, sous la direction de Nersès Nalbandian, avec le « Haylé-Sellassié Théâtre Orchestra ». L’album frôle les soixante-huit minutes.

Pour l’anecdote, Gétatchèw Mèkurya a tourné avec le groupe punk-rock néerlandais « The Ex », si, si…

Gétatchèw Mèkurya - Ambassèl (Official Audio)
Gétatchèw Mèkurya - Yègènèt Muzika (Official Audio)
Shellela
Gétatchèw Mèkurya - Almaz Yèharèrwa
Gétatchèw Mèkurya - Gofere / Antchi Hoyé (Official Audio)
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Message par Douglas » mer. 5 nov. 2025 04:01

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My Cat Is An Alien / Mats Gustafsson – Cosmic Debris Volume IV – (2008)

Je vous avais déjà présenté le volume un de ces « Cosmic Debris » avec « My Cat Is An Alien » et la formation « Text Of Light », qui présentent, sous la forme d’un « split », les deux formations occupants une face chacune.

Ce même principe se perpétue avec ce volume quatre, recueillant tout d’abord Mats Gustafsson qui joue « I have not set any time limits for the attempt », une pièce de vingt et une minutes et trente secondes, et à nouveau « My cat Is An Alien » qui improvise « Everything burns like cosmic debris » sur une durée de vingt-quatre minutes et trente secondes.

La pièce de Gustafsson est jouée entièrement en solo le douze janvier deux mille six, je l’ai fait couiner un peu moins de dix minutes dans le salon, mon épouse m’a supplié de cesser immédiatement le raffut, j’en ai profité pour négocier un arrêt du mixeur, nous nous sommes accordés pour une cessation mutuelle des hostilités. Nous avons ensuite paraphé un traité de non-agression…

Mats joue du ténor, du « slide sax » et du « weevil sax » ou sax charançon, une panoplie dont il use en solo avec une amplification, il joue également de l’électro ce qui va bien, offrant un résultat étonnant qui s’apparente à de la musique planante après un départ où s’entendent les cliquetis des clés des saxs.

La seconde pièce, celle des frères Maurizio et Roberto Opalio s’oriente vers les musiques spatiales et des univers cosmiques, elle est d'un abord plus aisé. Côté instrumentation rien n’est révélé mais on penche par habitude côté guitares trafiquées et électro, avec probablement un harmonica également et sans doute d’autres secrets, vers la treizième s’entendent également des voix célestes, je penche pour des anges, il m’a bien semblé en effet en reconnaître un qui me suit assez souvent…

Les éditions originales étaient limitées à cent en tirage vinyle privé, peut-être une façon de coter le groupe vers le haut…

Mats Gustafsson - I have not set any time limits for the attempt
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