J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
Voici la pièce qui fut considérée longtemps comme le chef d’œuvre de Lester Young.
Nous sommes à Los Angeles le vingt décembre 1945, et tout est là…
Lester et son ténor, accompagné par Vic Dickenson au trombone, Dodo Marmarosa au piano, Red Callender à la contrebasse et Henry Tucker Green à la batterie.
Tout se tient en un peu plus de trois minutes, il est l’heure de « These Foolish Things ».
La tendresse, la douceur, la caresse, probablement même la sagesse et la tranquillité…
Quand tout est parfait et que le travail est bien fait, la juste considération de soi.
L’homme au chapeau vous salue, et vous laisse là, stupéfié…
LESTER YOUNG - «These Foolish Things» (1945)
Nous sommes à Los Angeles le vingt décembre 1945, et tout est là…
Lester et son ténor, accompagné par Vic Dickenson au trombone, Dodo Marmarosa au piano, Red Callender à la contrebasse et Henry Tucker Green à la batterie.
Tout se tient en un peu plus de trois minutes, il est l’heure de « These Foolish Things ».
La tendresse, la douceur, la caresse, probablement même la sagesse et la tranquillité…
Quand tout est parfait et que le travail est bien fait, la juste considération de soi.
L’homme au chapeau vous salue, et vous laisse là, stupéfié…
LESTER YOUNG - «These Foolish Things» (1945)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Hasse Poulsen, Fabien Duscombs – Free Folks – (2017)
Sur le cello protégeant le Cd il y a un autocollant disposé, avec un petit message qui a l’air drôlement bien pour faire mon boulot, alors je m’efface et je vous recopie les précieuses infos qui y sont données pour que la foule de passage puisse s’informer, en plus c’est en français.
« Free Folks est un duo composé de deux grands flibustiers de la musique populaire et improvisée. La démarche est de tout jouer : des chansons, des improvisations, des bruits et des compositions – selon le moment, et les impulsions de l’instant. »
Pour moi c’est un menu bien alléchant, d’autant que j’aime bien Hasse Poulsen, guitariste danois basé à Paris, il joue dans la formation « Das Kapital » avec Daniel Erdmann et Edward Perraud. Fabien Ducombs est le batteur du Tigre Des Platanes et sûrement un bon camarade et bon déconneur s’il s’encanaille avec Hasse Poulsen.
Bien que ces deux-là soient bien « jazz » on va le mettre un peu de côté, mais on garde les impros comme ils ont expliqué plus haut, avec un « folk » qu’ils promènent dans leur musique, aussi.
Ça commence avec « Au Bord De Bordes », une magnifique impro, sont solides les gaillards ! La seconde pièce est une chanson du guitariste. Tiens-toi bien Zimmerman y’a Poulsen qui pulse et qui envoie… La troisième est une reprise de Eddie Harris et de Eddie Jefferson, mais sans Eddy « schmoll » Mitchell le local, mais ça va bien quand même !
Enfin, ça va, mais la pièce est improvisée et bruitiste, attention, musicien gare au coup de pied de l’âne, côté chant c’est envoyé, ou balancé comme on veut. « Sang Bleu » enchaîne une sorte de blues dégingandé absolument magnifique…
Place au Danois pour une chanson du terroir, « fjeldvandreren » qui signifie « le randonneur en montagne », la pièce la plus longue, sept minutes trente-neuf d’un suspense intense et difficilement soutenable, comme dit le dicton populaire, « la vie est une galette noire dont on mange un morceau tous les jours », mais restons délicat et n’en ajoutons pas, car, en vérité, il se moque des travers de son pays. On est gratifié d’un solo de Poulsen bien soutenu par l’incroyable Fabien Duscombs qui assure comme un animal du grand nord, bien que son auberge soit toulousaine. Un des sommets de l’alboum !
On avance encore avec une reprise de Tom Waits, « Jockey Full Of Burbon » où la voix de « Hass » (ça le faire toujours marrer quand on prononce son nom comme ça, sans la fin), donc sa voix devient gouailleuse et rauque comme celle du modèle, depuis le début on est toujours très haut sans parvenir à redescendre, cet album est décidément maudit !
« Folking Around » est bref et dément, où Ducombs se prend pour Rashied Ali, puis une chanson, reprise de Shell Silverstein, « Beans Taste Fine », on boit un coup et on repart vers une reprise de John Lennon, mais sans citron, ça s’appelle « Remember » et tout le monde connaît, mais pas dans cette version-là, cette fois-ci il chante comme John Lemon, avec la voix et les intonations, z’ont toujours pas chuté les deux-là !
Ça tombe bien, voici venir l’heure de la fin, « Highway To An Accident », signée par les deux comparses qui deviennent apocalyptiques, sentencieux, prophétiques et oiseaux de mauvaise augure…
Mais on reprend le dessus avec « While I’m Alive » puis « It’s all Over », l’album est tout simplement magnifique, cinquante-cinq minutes sans une once d’ennui, il file comme le vent et revient comme un lendemain, quand le lendemain revient…
À bord de bordes
Jockey Full of Burbon
Remember
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
Un petit pas vers les années qui virent naître un genre nouveau, le be-bop !
Ce nom prend ses origines dans une onomatopée que les chanteurs "scat" utilisaient souvent lors de leurs improvisations.
Ce genre nouveau est viril, pur et férocement moderne, ça envoie sec, direct et frappe comme un uppercut !
Le répertoire se bâtit à partir de titres anciens restructurés au nouveau format, le be-bop, ainsi "Whispering" devient "Groovin'High", un titre que propose le nouveau roi de la trompette Dizzy Gillespie.
Il est ici entouré de la crème, le maître en la personne de Charlie Parker au saxophone alto et de quelques adeptes à la mode d'alors, Clyde Hart au piano, Remo Palmieri à la guitare, Slam Stewart à la contrebasse et Cozy Cole à la batterie.
Nous sommes en décembre 1945, le pianiste de cette session, Clyde Hart, décèdera trois semaines plus tard..
Dizzy Gillespie, "Groovin' High" (Guild 1001) Original 78 - 1945
Ce nom prend ses origines dans une onomatopée que les chanteurs "scat" utilisaient souvent lors de leurs improvisations.
Ce genre nouveau est viril, pur et férocement moderne, ça envoie sec, direct et frappe comme un uppercut !
Le répertoire se bâtit à partir de titres anciens restructurés au nouveau format, le be-bop, ainsi "Whispering" devient "Groovin'High", un titre que propose le nouveau roi de la trompette Dizzy Gillespie.
Il est ici entouré de la crème, le maître en la personne de Charlie Parker au saxophone alto et de quelques adeptes à la mode d'alors, Clyde Hart au piano, Remo Palmieri à la guitare, Slam Stewart à la contrebasse et Cozy Cole à la batterie.
Nous sommes en décembre 1945, le pianiste de cette session, Clyde Hart, décèdera trois semaines plus tard..
Dizzy Gillespie, "Groovin' High" (Guild 1001) Original 78 - 1945
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

[Casimages, lève-toi et marche]
Fred Frith – Storytelling (Live At Theater Gütersloh) – (2017)
Fred Frith est un maître improvisateur qui se renouvelle sans cesse, chaque enregistrement, chaque concert est une nouvelle aventure, une nouvelle page à écrire ou une nouvelle histoire à raconter.
Cet album-ci est tiré d’un concert enregistré au Théâtre Gütersloh en Allemagne, le dix-huit mars deux mille dix-sept, en trio avec la saxophoniste danoise Lotte Anker et le percussionniste suisse Samuel Duhsler. Fred sans surprise joue de la guitare et des effets. Les trois partagent le titre d’auteur-compositeur car l’impro est reine ici.
Une impro à la mode Fred Frith qui accepte volontiers le rôle de l’électricité dans la musique, ce qui apporte beaucoup aux couleurs qu’il convoie et au pouvoir qu’il s’octroie dans la fabrication de sons inouïs. Non pas que l’on ne reconnaisse pas forcément la guitare, mais il étend son territoire de façon grandiose, reculant les limites et franchissant les frontières.
La pièce principale ici est le morceau titre « Storytelling » qui se déploie sur la plus grande partie du concert, mais découpé en trois parties ou plutôt trois chapitres, ils sont d’inégales longueur, quinze minutes trente, puis douze minutes vingt et enfin le plus court, le chapitre trois, qui dure cinq minutes et trente-six secondes.
Rien à redire, la suite est très belle et s’écoute facilement, rien de véritablement revêche ou acariâtre, bien au contraire elle file doux et de façon agréable, il y a bien quelques dissonances, mais si elles n’avaient pas été présentes, elles nous auraient manquées. Des audaces également qui sont des embellissements, ne reste que belles choses agréables à entendre.
« La Pasión De Soñar » qui suit est également une pièce importante, elle pèse plus de dix-sept minutes et prend le temps pour livrer ses beautés, avec un lyrisme épatant. Elle démontre un grand caractère et semble se chauffer au soleil espagnol, le trio trouve les accents et les chemins pour en souligner la grâce. On ne sait trop parfois si Fred passe des cassettes à l’envers ou s’il fait semblant, en imitant les effets, mais quoiqu’il en soit c’est un maître qui arrive à extraire le maximum de cette technique.
Il m’est arrivé de parler de Fred par ici pour des albums considérables qui sont restés sans écho, il est encore un peu tôt pour savoir si celui-ci est de ce niveau, mais il se pourrait, car les trois ici rassemblés sont magnifiques et les émotions véhiculées par la musique se bousculent à l’intérieur.
« Backsliding » ferme le ban avec ce feeling si particulier qui chatouille à l’intérieur, c’est tellement beau, et simple…
Les polyglottes qui maîtrisent la langue profiteront de l’interview de Fred Frith qui dure un peu plus de six minutes où il raconte…
Mais, en bonne compagnie, il a déjà tant dit en musique…
C'est par ici:
https://www.allformusic.fr/albums/ee5c0 ... 0344aafa7a
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
S’il fallait choisir une date pour marquer l’entrée de l’orchestre de Duke Ellington dans une autre dimension, vraiment originale et remarquable, il faudrait sans doute choisir l’année 1927.
Il enregistre pour « Pathe », en soixante-dix-huit tours, bien sûr.
Voici l’un des succès de l’époque qui reste malgré l’usure du temps, formidable à écouter, avec la voix d’ Adelaide Hall et le solo de trompette bouchée de Bubber Miley .
Voici « Creole Love Call », du vingt-six octobre 1927, dont la beauté semble éternelle.
Creole Love Call - Duke Ellington - Adelaide Hall - 1927
Il enregistre pour « Pathe », en soixante-dix-huit tours, bien sûr.
Voici l’un des succès de l’époque qui reste malgré l’usure du temps, formidable à écouter, avec la voix d’ Adelaide Hall et le solo de trompette bouchée de Bubber Miley .
Voici « Creole Love Call », du vingt-six octobre 1927, dont la beauté semble éternelle.
Creole Love Call - Duke Ellington - Adelaide Hall - 1927
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Akira Sakata, Simon Nabatov, Takashi Seo, Darren Moore – Not Seeing Is A Flower – (2018)
Akira Sakata est un saxophoniste alto japonais, ici il joue également de la clarinette sur « Resolve » et des percus quand il ne souffle pas, on entend sa voix également, sur « Ritual », à la fois narrative et déclamatoire. Il est né à Hiroshima en mille neuf cent quarante-cinq, un vingt et un février, quelques mois avant que l'équipage américain de l'Enola-Gay ne largue « Little boy » …
Le contrebassiste, lui aussi japonais, est tokyoïte et d’une génération plus récente, Takashi Seo est né en soixante-dix-neuf, il est vraiment très bon. Il y a également l’excellent pianiste russo-américain Simon Nabatov et le batteur australien Darren Moore.
Le vénérable Akira Sakata est donc l’ancien, le pionnier, celui qui tient les clefs du free jazz qui se joue ici. L’improvisation est donc reine semble-t-il, sauf probablement la toute dernière pièce « Abscond », qui n’obéit pas tout à fait aux mêmes codes.
Les amateurs de musique free s’y retrouveront, bien que ce me semble écoutable par tout un chacun, mais peut-être fais-je fausse route, on peut toujours essayer… Six pièces sont donc proposées, dès la première « Surge », on comprend où nous sommes…
L’entrée en matière est assez erratique, piano déboussolé, contrebasse clairsemée, batterie errante, jusqu’à ce que tout se centralise autour du saxo alto d’Akira Sakata qui se lâche, et entame une démarche exploratoire pleine de mordant et de hargne, du coup chacun apporte son soutien avec conviction, puis, en fin de piste, comme un relâchement…
Le bref « Retreat » qui suit offre une belle opportunité à Simon Nabotov dont le solo n’est pas si loin du style Taylorien, sans égaler la veine percussive de Cecil tout de même, le départ calme semble contenu, mais petit à petit tout se brise et éclate…
Ainsi file l’album dont Akiri Sakata est l’épicentre, point de repère autour duquel tout gravite et se bâtit de façon improvisée. Comme indiqué un peu plus haut « Abscond » est probablement écrit ou du moins concerté. La pièce s’étale sur quinze minutes environ.
Après un démarrage sans surprise la pièce se structure ou se déstructure, comme on veut, autour du solo du saxophoniste qui s’égosille jusque vers la moitié de la pièce. Ensuite arrive comme un reflux, et les forces engagées font marche arrière jusqu’à la fin de l’album…
Surge
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- Monsieur-Hulot
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
Wow ! Voilà qui est original et surprenant ! Je suis féru de culture japonaise et content de découvrir ce disque ! Ta culture et tes écrits m'époustouflent également. Merci pour toutes ces découvertes !
FILLES & MOTEURS, JOIES & DOULEURS.
Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
Culture je sais pas, mais l'intérêt est ancien !Monsieur-Hulot a écrit : ↑lun. 18 août 2025 04:08Wow ! Voilà qui est original et surprenant ! Je suis féru de culture japonaise et content de découvrir ce disque ! Ta culture et tes écrits m'époustouflent également. Merci pour toutes ces découvertes !
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
Lou Donaldson est né en 1926, il a su escalader la montagne be bop avec talent et se trouve désormais considéré comme un petit maître, dans la lignée de Charlie Parker dont il est un des héritiers.
« Blues Walk » est une énième variation sur le blues qu’il compose avec un talent certain, c’est également le nom de l’un de ses meilleurs albums…
Dans la tradition les solos se succèdent, Lou à l’alto, Herman Foster au piano, Peck Morrison à la contrebasse, Dave Bailey à la batterie et Ray Barretto à la conga.
Du talent à tous les étages sur cet album de 58, une excellente cuvée Blue Note, avec un thème que l’on retient aisément.
Blues Walk
« Blues Walk » est une énième variation sur le blues qu’il compose avec un talent certain, c’est également le nom de l’un de ses meilleurs albums…
Dans la tradition les solos se succèdent, Lou à l’alto, Herman Foster au piano, Peck Morrison à la contrebasse, Dave Bailey à la batterie et Ray Barretto à la conga.
Du talent à tous les étages sur cet album de 58, une excellente cuvée Blue Note, avec un thème que l’on retient aisément.
Blues Walk
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- dor lersing
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
Cher Douglas ,
Depuis des années je lis et écoute ce que tu post sur ce forum. Quelle persévérance et surtout quelle passion, bravo !
Il y a peu tu as remis à la surface Duke Ellington.
Là j'ai tilté en repensant à ce fameux morceau avec Paul Gonsalves Blow by Blow de 1962.
Le précurseur de tous les solistes, tous instruments confondus .
Merci Douglas
Depuis des années je lis et écoute ce que tu post sur ce forum. Quelle persévérance et surtout quelle passion, bravo !
Il y a peu tu as remis à la surface Duke Ellington.
Là j'ai tilté en repensant à ce fameux morceau avec Paul Gonsalves Blow by Blow de 1962.
Le précurseur de tous les solistes, tous instruments confondus .
Merci Douglas
- Monsieur-Hulot
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
Ah ça oui, c'est incroyable !dor lersing a écrit : ↑lun. 18 août 2025 21:42... Quelle persévérance et surtout quelle passion, bravo !
...

FILLES & MOTEURS, JOIES & DOULEURS.
Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
dor lersing a écrit : ↑lun. 18 août 2025 21:42Cher Douglas ,
Depuis des années je lis et écoute ce que tu post sur ce forum. Quelle persévérance et surtout quelle passion, bravo !
Il y a peu tu as remis à la surface Duke Ellington.
Là j'ai tilté en repensant à ce fameux morceau avec Paul Gonsalves Blow by Blow de 1962.
Le précurseur de tous les solistes, tous instruments confondus .
Merci Douglas
C'est vrai que souvent on oublie trop les anciens, aujourd'hui tout va trop vite et l'album écouté est aussitôt classé !Monsieur-Hulot a écrit : ↑mar. 19 août 2025 03:48Ah ça oui, c'est incroyable !dor lersing a écrit : ↑lun. 18 août 2025 21:42... Quelle persévérance et surtout quelle passion, bravo !
...![]()
Autrefois j'ai essayé de faire les choses dans l'ordre pour mieux comprendre, tant le jazz est désormais riche d'une culture immense qui ne fait que se multiplier à vitesse "Grand V"!
Cet été les vacances sont à la maison, du coup je n'ai pas lâché le fil...
Mais désormais je suis vacant 7j/7 !
Je vous remercie tous les deux pour vos encouragements qui font qu'ici ça ne ressemble pas qu'à un grenier plein de toiles !

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Muriel Grossmann – Quartet – (2008)
Cet album de Muriel Grossmann est intéressant car c’est l’un de ses premiers, le troisième en deux années. Son point d’arrivée, à savoir une musique modale, tendance spiritual, dans la lignée de John Coltrane est d’évidence une réussite, mais d’où vient sa démarche, quelles ont été les étapes pour en arriver là ?
Sans pouvoir répondre à toutes ces questions cet album possède certainement quelques réponses à nous apporter. La première tient dans son personnel d’accompagnement. En effet les liens qui tissent Muriel à son musicien le plus important, celui qui apporte une originalité forte au « son » qu’elle met en forme, sont ancrés dans un partenariat depuis le début de son aventure.
C’est à Ibiza, où elle est installée depuis deux mille quatre, qu’elle rencontre et se lie professionnellement avec le solide guitariste Radomir Milojkovic, natif de Belgrade, dans l’ex-Yougoslavie. David Marroquain est le contrebassiste et Marko Jelaca le batteur. Ces deux derniers seront bientôt remplacés dans le quartet.
La « Spiritual Music » que l’on connaît n’est pas vraiment en place, même si parfois on semble déceler quelques similitudes. Nous sommes face à autre chose, Muriel est compositrice de toutes les pièces et son jazz est bien vivant, ses compos ne revisitent pas les ombres coltraniennes, et elle fait preuve dans sa musique d’une certaine originalité.
D’ailleurs la seule photo d’elle que l’on voit sur le Cd la montre assez différente de l’idée que l’on s’en fait aujourd’hui, les apparences racontent autre chose. Elle est forcément plus jeune, la coiffure est assez courte mais travaillée, elle est élégante et s’éloigne de l’image assez hippie qu’elle véhicule aujourd’hui, l’« effet Ibiza » probablement a-t-il agi.
On peut donc entendre ici une musique plutôt originale, mais très écrite, avec de belles mélodies. Voici ce qu’elle explique sur le livret d’accompagnement pour expliquer comment est né le titre « Flügel ».
« Il est arrivé d’une façon étrange, une nuit, je n’arrivais pas à dormir à cause des moustiques qui essayaient de me piquer, j’ai sauté de mon lit, j’ai commencé à jouer le saxophone et ce morceau est sorti. »
« Avec Diversity j’ai essayé de décrire une danse de ma fille. Cette composition laisse beaucoup d’espace à l’expression de chaque musicien. »
On comprend à l’aide de ces quelques mots que ce qui importe dans le monde de Muriel, ce sont les émotions, les descriptions, le son est un geste, un mouvement ou un tourbillon. La démarche n’est pas intellectuelle et ne se prend pas la tête, le quotidien dans son événementiel est déjà source d’inspiration.
J’imagine que la forte émotivité contenue dans la musique coltranienne a fortement impacté le jeu de Muriel et qu’une sorte de fusion s’est, à un moment, installée, puis s’est agrandi, le temps de quelques magnifiques albums, avant de repartir aujourd’hui…
Ce qui est sûr c’est que beaucoup était déjà en place lors de ce « Quartet », déjà la maîtrise technique du saxophone alto dont elle est une bonne praticienne. Il faut également saluer le talent de Radomir Milojkovic que l’on entend déjà ici et dont l’influence croîtra en même temps que le temps s’écoulera…
Andrew
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
Voici la chanteuse Blossom Dearie, elle est également pianiste, et fut un moment l’épouse de Bobby Jaspar, le saxophoniste belge, duquel elle divorça au bout de trois ans. Pensait-elle à lui quand elle a choisi cette chanson ?
Sa voix, un peu enfantine, est travaillée et contribue au charme…
Voici « It Amazes me », un extrait de l’album de 1959 « Once Upon a Summertime ».
Elle est accompagnée par Ray Brown à la contrebasse, Mundell Lowe à la guitare et Ed Thigpen à la batterie.
It Amazes Me
Ça m'étonne (traduction non garantie)
Ma taille, juste dans la moyenne
Mon poids, juste dans la moyenne
Et mon QI est, comme tu l'estimerais, juste dans la moyenne
Mais visiblement, il n'est pas d'accord
Par conséquent, si j'ai l'air perdue
Ça m'étonne, ça m'étonne tout simplement
Ce qu'il voit en moi m'éblouit
Me stupéfie
Que j'aie appris à me couper les ailes
Et à adoucir mes manières
Ce sont des choses ordinaires qui ne méritent pas d'éloges
Pourtant, il me loue
Rien que de savoir que j'essaie pour lui
Quand tant d'autres se laisseraient
Si elles pouvaient, mourir pour lui
Je suis la plus sage du monde
Et rien ne me dérange vraiment
Mais me voir dans ses yeux
Ça m'étonne tout simplement
Je suis la plus sage du monde
Et rien ne me dérange vraiment
Mais me voir dans ses yeux
Ça m'étonne tout simplement
Sa voix, un peu enfantine, est travaillée et contribue au charme…
Voici « It Amazes me », un extrait de l’album de 1959 « Once Upon a Summertime ».
Elle est accompagnée par Ray Brown à la contrebasse, Mundell Lowe à la guitare et Ed Thigpen à la batterie.
It Amazes Me
Ça m'étonne (traduction non garantie)
Ma taille, juste dans la moyenne
Mon poids, juste dans la moyenne
Et mon QI est, comme tu l'estimerais, juste dans la moyenne
Mais visiblement, il n'est pas d'accord
Par conséquent, si j'ai l'air perdue
Ça m'étonne, ça m'étonne tout simplement
Ce qu'il voit en moi m'éblouit
Me stupéfie
Que j'aie appris à me couper les ailes
Et à adoucir mes manières
Ce sont des choses ordinaires qui ne méritent pas d'éloges
Pourtant, il me loue
Rien que de savoir que j'essaie pour lui
Quand tant d'autres se laisseraient
Si elles pouvaient, mourir pour lui
Je suis la plus sage du monde
Et rien ne me dérange vraiment
Mais me voir dans ses yeux
Ça m'étonne tout simplement
Je suis la plus sage du monde
Et rien ne me dérange vraiment
Mais me voir dans ses yeux
Ça m'étonne tout simplement
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Kenny Dorham – Afro-Cuban – (1955)
Je vous mets la pochette originale bien chouette, même si cette première édition ne présentait que quatre titres seulement. Les éditions suivantes contiendront sept titres et, de ce côté, nous ne nous en plaindrons pas. C’est le troisième album de Kenny et certains prétendent qu’il ne fera jamais mieux.
C’est tout de même un peu péremptoire, mais il faut bien reconnaître à cet album une myriade de qualités, un tonus du tonnerre, une énergie folle et débridée, bien menée, emportée par l’enthousiasme de cette musique afro-cubaine de haute volée.
Côté musiciens c’est également la fête, Kenny Dorham est au lead et à la trompette et a écrit six des sept compos. Hank Mobley au sax ténor, Cecil Payne au sax baryton, Jay Jay Johnson au trombone, Horace Silver au piano, Oscar Pettiford ou Percy Heath à la contrebasse, Carlos "Potato" Valdes à la conga et Art Blakey à la batterie, on pourrait tout aussi bien appeler ça un « All Stars » !
Les rééditions récentes offrent un excellent son et même parfois également certaines plus anciennes, de ce côté on se régale, car ici, c’est vraiment la fête. Les musiques latinos, espagnoles ou afro-cubaines, voire sud-américaines ont souvent frayé avec le jazz, pour le bonheur de tous.
Historiquement on sait que Dizzy Gillespie est assez souvent parti dans ce « trip » là, avec peut-être une petite avance sur Kenny Dorham, mais il n’y a pas course. Ici c’est excellent de bout en bout, pas de point faible, l’album tourne autour des trente-cinq minutes avec ses sept titres.
Le sextet est de feu, à tous les postes figurent les meilleurs, alors forcément ça envoie sévère, en tout cas cet album figure en pôle pour recevoir le prix du meilleur album de l’année cinquante-cinq, pour le moins.
On remarque le fameux « La Villa », le titre d’ouverture, peut-être le plus populaire de l’album, « Afrodisia », la reprise de « Basheer Dream » signée de Gigi Gryce, et la seule ballade de l’album « Lotus Flower » tient bien la route, sans jamais quitter son créneau.
Un excellent album en avance sur son temps.
Afrodisia (Remastered/Rudy Van Gelder Edition)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
En 1946, le saxophoniste Don Byas fait figure de "passeur" entre le jazz classique et le nouveau be bop qui s'installe.
Il fait partie de ceux qui peuvent s'adapter à la modernité, car il possède le bagage technique, sa sonorité est extrêmement chaude et veloutée.
Il interprète "Cherokee", l'année précédente Charlie Parker a transformé cette pièce en "koko", et en a fait une icône indépassable du be bop !
Il est accompagné par Teddy Brannon au piano, Frank Skeete à la contrebasse et Fred Radcliffe à la batterie.
Cherokee
Pour mémoire je dépose à nouveau l'effrayant "koko" de Parker que je vous ai déjà présenté il y a quelques temps:
Charlie Parker - Ko-Ko [1945]
Il fait partie de ceux qui peuvent s'adapter à la modernité, car il possède le bagage technique, sa sonorité est extrêmement chaude et veloutée.
Il interprète "Cherokee", l'année précédente Charlie Parker a transformé cette pièce en "koko", et en a fait une icône indépassable du be bop !
Il est accompagné par Teddy Brannon au piano, Frank Skeete à la contrebasse et Fred Radcliffe à la batterie.
Cherokee
Pour mémoire je dépose à nouveau l'effrayant "koko" de Parker que je vous ai déjà présenté il y a quelques temps:
Charlie Parker - Ko-Ko [1945]
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

John Scofield Quartet – What We Do – (1993)
Je pense avoir environ une dizaine d’albums de John Scofield, acquis au fil du temps, mais tapant le plus souvent dans sa période Blue Note, et aussi quelques récents dont je vous ai parlé.
Celui est assez typique de ce que faisait John Scofield en cette période. Un jazz pas si facile à classer, ni très nomenclaturé, de quoi se poser des questions, et qu’importe s’il n’y a pas de réponses, c’est aussi pour ça qu’on y revient. Le gars est doué et original, c’est peut-être ce qui l’a conduit, en d’autres temps, chez Miles.
Quoiqu’il en soit, le voici en quartet avec Joe Lovano au saxophone, ce qui tombe bien car ce saxophoniste est souvent passionnant. Denis Irwin est à la contrebasse, il enregistrera à nouveau avec John Scofield, et le batteur est Bill Stewart, un quartet solide et innovant capable de fournir une bonne assise rythmique au guitariste.
Toutes les compos sont de Scofield, il nous en propose neuf, le temps d’une bonne heure d’écoute. Il faut lui accorder qu’il maintient l’intérêt tout du long, sans chercher à gratter côté hard bop, néo bop ou post bop, lui se place ailleurs, dans son monde à lui.
On ne peut pas parler d’Americana non plus, il laisse ça à Bill Frisell qui le fait très bien, mais parfois il se promène dans des climats qui rappellent le guitariste doux-rêveur. Et puis avec Lovano la culture jazz remonte avec aisance, alors nous voilà un peu voyageur dans les mondes curieux et improvisés du jazz « cool ».
On sent la liberté qui souffle à travers cet album, même si on connaît, pour en avoir entendu parler, les carcans millimétrés de la musique de jazz quand on se met à compter, à la mode ancienne, les mesures, pour bien retomber sur ses pieds.
Scofield nous balade avec « Little Walk » ou « Easy For You », et Lovano nous rappelle avec « Call 911 » où il tourne en gravitant, avant que Scofield envoie la sauce avec des solos balaises et incroyables, venus d’ailleurs, et suivant des chemins épiques et casse-gueule.
Mais l’essentiel est bien d’accorder à cet album son statut un peu rebelle, avec un Scofield omniprésent qui ne se cache pas, et développe un discours fort d’originalité et de virtuosité, sans trop en montrer par ailleurs. Sa personnalité musicale est forte, sans ostentation ni « m’as-tu vu », mais elle trace la route tout du long, d’une pièce à l’autre, en suivant le fil…
Album très agréable, avec une forte personnalité à la barre.
Little Walk
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
« A Night in Tunisia » a été composée en 1942 par le trompettiste américain Dizzy Gillespie. La pièce a eu un tel succès qu’elle est devenue rapidement un standard du jazz joué par nombre de formations et enregistré un peu partout sur la planète.
Elle doit son succès au charme mystérieux qui l’habite, appelée à l’origine « Interlude », elle a été chantée par Sarah Vaughan, Gillespie a déclaré : « : « Un génie a décidé de l'appeler "A Night in Tunisia" ».
La version originale a été enregistrée le 22 février 1946 à New York. On y entend Dizzy Gillespie à la trompette, Don Byas au sax tenor, Milt Jackson au vibraphone, Al Haig au piano, Bill De Arango à la guitare, Ray Brown à la basse et J.C. Heard à la batterie.
Elle est ici plutôt courte mais accepte volontiers de s’étaler dans la durée, lors des concerts…
Dizzy Gillespie (1946) [NIGHT IN TUNISIA]
Elle doit son succès au charme mystérieux qui l’habite, appelée à l’origine « Interlude », elle a été chantée par Sarah Vaughan, Gillespie a déclaré : « : « Un génie a décidé de l'appeler "A Night in Tunisia" ».
La version originale a été enregistrée le 22 février 1946 à New York. On y entend Dizzy Gillespie à la trompette, Don Byas au sax tenor, Milt Jackson au vibraphone, Al Haig au piano, Bill De Arango à la guitare, Ray Brown à la basse et J.C. Heard à la batterie.
Elle est ici plutôt courte mais accepte volontiers de s’étaler dans la durée, lors des concerts…
Dizzy Gillespie (1946) [NIGHT IN TUNISIA]
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
Je remets une pièce dans la machine avec cet extrait d'un concert paru en DVD, "Live From the Royal Festival Hall, London" en 2001.
On y entend une version de "Night In Tunisia" d'une durée de vingt minutes, en grand orchestre, ça nous montre ce que ça pouvait donner en concert.
Un peu à l'image de Louis Armstrong, Dizzy s'est forgé avec le temps un image où il apparaît un peu "comique", on le constate ici.
Voici l'ordre des solos, en excluant Dizzy très identifiable: James Moody à l'alto, Claudio Rodity à la trompette, Arturo Sandoval à la trompette (très bon), John Lee à la basse, retour de James Moody, puis Claudio Rodity à nouveau et enfin Sandoval à la trompette piccolo...
Alors qu'en est-il de cette trompette coudée, dont seul au monde Dizzy est le praticien ?
Il faut dire que, quand il souffle, il semble avoir une orange dans le creux de chaque joue!
Les spécialistes s'accordent pour affirmer que le coude vers le haut, s'il possède un effet visuel spectaculaire vis à vis de l'auditoire, est une catastrophe côté performance. Il oblige Dizzy à fournir de gros efforts pour un effet moindre.
Mais c'est un homme de spectacle, alors il reste attaché à son instrument.
Dizzy Gillespie and the United Nations Orchestra - A Night in Tunisia
On y entend une version de "Night In Tunisia" d'une durée de vingt minutes, en grand orchestre, ça nous montre ce que ça pouvait donner en concert.
Un peu à l'image de Louis Armstrong, Dizzy s'est forgé avec le temps un image où il apparaît un peu "comique", on le constate ici.
Voici l'ordre des solos, en excluant Dizzy très identifiable: James Moody à l'alto, Claudio Rodity à la trompette, Arturo Sandoval à la trompette (très bon), John Lee à la basse, retour de James Moody, puis Claudio Rodity à nouveau et enfin Sandoval à la trompette piccolo...
Alors qu'en est-il de cette trompette coudée, dont seul au monde Dizzy est le praticien ?
Il faut dire que, quand il souffle, il semble avoir une orange dans le creux de chaque joue!
Les spécialistes s'accordent pour affirmer que le coude vers le haut, s'il possède un effet visuel spectaculaire vis à vis de l'auditoire, est une catastrophe côté performance. Il oblige Dizzy à fournir de gros efforts pour un effet moindre.
Mais c'est un homme de spectacle, alors il reste attaché à son instrument.
Dizzy Gillespie and the United Nations Orchestra - A Night in Tunisia
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle
Alors elle je l'adore ! Quand elle chante en français "Chez moi" c'est formidable:
Et en live alors.....

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