Horizon, la grande saga de Kevin Costner, dont l’intention est de bâtir en trois volets une fresque sur la conquête de l’Ouest, un peu à l’image de ce que pouvaient faire les géants du genre — John Ford ou Howard Hawks, par exemple.
Le premier volet, qui vient de débarquer sur Canal+, pose l’ambiance. Costner a réalisé un film profondément rebelle. Rebelle, il l’est déjà par sa durée : plus de trois heures, dans un monde où le zapping est devenu le moyen le plus courant de consommer de la "culture", c’est déjà une prise de risque énorme. Autre folie : il reprend tous les codes old school, avec un héros vieillissant (presque 70 ans quand même) qui couche avec une magnifique blonde qui pourrait être sa petite-fille — et qui, bien entendu, tombe amoureuse du héros. Sandrine Rousseau va s’en étrangler.
Peu d’effets spéciaux, des plans longs, finiront d’endormir les fans du cinéma Marvel, qui sont aujourd’hui le premier public des salles obscures. C’est bien cela, la tragédie de ce film : il s’adresse à un public qui n’existe plus. Le cinéma est essentiellement consommé par des jeunes de moins de 30 ans, et ce film cumule tout ce qui déplaît à ce public. Rien d’étonnant, donc, à ce que le premier volet de la trilogie ait été un énorme flop dans les salles, tant et si bien que la sortie du volet 2 a été repoussée à une date... non communiquée.
Horizon est pourtant un film auquel j’ai trouvé beaucoup de qualités. Sa formidable scène d’ouverture, tout d’abord. Les 40 premières minutes, ou presque, sont consacrées à une attaque d’Indiens qui a provoqué chez moi une tension équivalente à celle que j’ai ressentie devant l’ouverture de 28 jours plus tard. Je suis resté complètement scotché devant mon écran, ce qui est rarissime. L’ensemble des scènes d’action est d’ailleurs réussi, tout comme la mise en valeur des magnifiques paysages. On retrouve la beauté de l’Amérique sauvage, celle qu’a traversée Jack Kerouac, celle qui fera toujours rêver.
Bien sûr, il y a des trous d’air dans le film, et des moments où la réalisation et le jeu des acteurs semblent provenir d’une autre époque, celle des années 50. L’image elle-même est assez passéiste, refusant le trop-plein de filtres ou de post-synchronisation. Je vois dans ces moments une déclaration d’amour de Kevin Costner au cinéma de sa jeunesse. Certaines scènes qui peuvent apparaître, à priori comme embarrassantes , je pense par exemple au moment du départ des soldats au front et les adieux de ceux-ci avec la petite fille restée au camp, deviennent finalement des instants assez poignants, car chargés de nostalgie.
Tout n’est pas réussi dans ce film, mais il faut saluer la tentative artistique dans un monde du cinéma qui, avec le succès de la franchise Marvel, a peut-être parfois tendance à oublier qu’il n’est pas qu’une industrie. J’espère qu’on verra la fin de cette fresque épique, et que le dernier volet de la trilogie ne sera pas purement et simplement annulé.