
Un Stringband composé de jeunes musiciens, comme il en existe des milliers, sans doute, en Amérique, pour faire vivre les chansons traditionnelles qui constituent les véritables racines de ce pays. Lorsque les États-Unis ont voulu prendre leurs distances culturelles avec le continent européen à partir de la fin du XIXe siècle, ils l'ont fait essentiellement à travers la musique.
Le 8 juin 1939, le président Roosevelt invite la reine d'Angleterre à la Maison-Blanche. L'objectif de cette visite n'était pas uniquement d'évoquer la situation militaire et les événements politiques du Vieux Continent : il s'agissait aussi de présenter aux représentants de l’ancienne puissance colonisatrice des artistes typiquement américains, essentiellement issus de l’Old Time Music, pour signifier aux Anglais qu’à partir de maintenant, les Américains avaient une culture propre, indépendante de celle des Anglais. C’était en quelque sorte un nouvel acte d’indépendance que posait ce jour-là Roosevelt, ce qu’avait parfaitement compris la délégation anglaise.
Pour en arriver là, il a fallu cinquante ans de débats pour définir ce qui constituait la "vraie" culture américaine. Les chants amérindiens en faisaient-ils partie ? La musique noire, le blues, pouvaient-ils être considérés comme américains ? Toutes ces questions étaient autant artistiques que politiques, et au fil des ans, elles ont fini par constituer l’identité du pays, au même titre que le drapeau.
C’est la raison pour laquelle cette musique reste aussi vivante aujourd’hui aux États-Unis. Les Américains sont et resteront toujours un peuple patriote, parfois dans le bon sens du terme : un peuple qui s’est construit une identité qu’ils souhaitent faire vivre au fil des siècles. C’est ce qui rend l’Amérique parfois aussi insupportable, mais c’est aussi ce qui la rend tellement créative et inspirante pour les artistes du monde entier. Un artiste, plus que nul autre, sait ce qu’il doit au passé pour construire un avenir nouveau.