
John Zorn – Chaos Magick (Nothing Is True — Everything Is Permitted) – (2021)
Voici « Chaos Magick » nom de ce premier album, ainsi que de la formation qui l’interprète. Cette dernière est formée par le trio « Simulacrum », c’est-à-dire John Medeski à l’orgue, Matt Hollenberg à la guitare et Kenny Grohowski à la batterie, augmenté de Brian Marsella au piano électrique.
Bien que ce soit chronologiquement le premier album de cet ensemble, je vous ai déjà présenté tous les suivants, les voici dans l’ordre, « The Ninth Circle (Orpheus In The Underworld) », puis « Multiplicities: A Repository Of Non-Existent Objects », auquel succède « 444 » et enfin « Parrhesiastes », le dernier paru à ce jour, en l’année deux mille vingt-trois. Pour l’instant ils sont donc cinq réunis autour de ce « jazz rock » particulièrement bien inspiré.
Comme souvent chez Zorn il y a une sorte de fascination intellectuelle à chercher dans la littérature ou même dans l’art de façon plus générale, un prétexte ou une justification à ses travaux, même si, assez souvent, à l’écoute de son œuvre on ne voit pas forcément les liens qui se tissent ou inspirent la musique elle-même.
Ainsi, voici ce qui entoure ce premier album de Chaos Magick, tel qu’indiqué sur le site de Tzadik : « « Chaos Magick est une pratique magique contemporaine basée sur les idées d'Austin Osman Spare… elle embrasse et a influencé le travail de William Burroughs, Robert Anton Wilson, Aleister Crowley et bien d'autres. » La pochette elle-même représente le symbole de la sphère du chaos. Peut-être pourrions y associer la pièce « Egregore » qui semble également procéder de ce même intérêt.
On retrouve le goût de Zorn pour tout ce qui a trait aux croyances occultes, Spare est un peintre et dessinateur de cet ordre qui croisa Crowley. Rien d’étonnant donc à entendre sur la pièce « Liber M » la voix d'Aleister Crowley lui-même, ici échantillonnée. L’album plaira donc aux fans de Zorn et plus particulièrement aux amateurs de cette mouvance qui balance entre jazz, rock et métal parfois.
Malgré la présence de deux claviers il n’y a pas vraiment de prédominance dans le son de la formation, tout y est plutôt bien équilibré. Le mélange avec la guitare sonne avec une parfaite efficacité. On sent bien évidemment la direction de Zorn et le goût immodéré pour une musique angulaire, avec des coups de frein et des accélérations soudaines, des virages à angle droit et des arrêts forcés… De quoi peut-être étonner et surprendre les non-initiés, mais tout est réalisé avec une telle perfection que ça passe et se digère sans trop de mal, car nous voici vite déjà parti dans une autre direction…
Les pièces sont magnifiques, on peut signaler « Corinthians I », mais également « Corinthians II » qui termine l’album, et peut-être « St Augustine » avec cette voix lointaine que l’on entend lorsque s’ouvre la pièce, ou l’anguleux « Imp of the Perverse » …
Corinthians I