J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 21 avr. 2025 03:43

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John Zorn – Chaos Magick (Nothing Is True — Everything Is Permitted) – (2021)

Voici « Chaos Magick » nom de ce premier album, ainsi que de la formation qui l’interprète. Cette dernière est formée par le trio « Simulacrum », c’est-à-dire John Medeski à l’orgue, Matt Hollenberg à la guitare et Kenny Grohowski à la batterie, augmenté de Brian Marsella au piano électrique.

Bien que ce soit chronologiquement le premier album de cet ensemble, je vous ai déjà présenté tous les suivants, les voici dans l’ordre, « The Ninth Circle (Orpheus In The Underworld) », puis « Multiplicities: A Repository Of Non-Existent Objects », auquel succède « 444 » et enfin « Parrhesiastes », le dernier paru à ce jour, en l’année deux mille vingt-trois. Pour l’instant ils sont donc cinq réunis autour de ce « jazz rock » particulièrement bien inspiré.

Comme souvent chez Zorn il y a une sorte de fascination intellectuelle à chercher dans la littérature ou même dans l’art de façon plus générale, un prétexte ou une justification à ses travaux, même si, assez souvent, à l’écoute de son œuvre on ne voit pas forcément les liens qui se tissent ou inspirent la musique elle-même.

Ainsi, voici ce qui entoure ce premier album de Chaos Magick, tel qu’indiqué sur le site de Tzadik : « « Chaos Magick est une pratique magique contemporaine basée sur les idées d'Austin Osman Spare… elle embrasse et a influencé le travail de William Burroughs, Robert Anton Wilson, Aleister Crowley et bien d'autres. » La pochette elle-même représente le symbole de la sphère du chaos. Peut-être pourrions y associer la pièce « Egregore » qui semble également procéder de ce même intérêt.

On retrouve le goût de Zorn pour tout ce qui a trait aux croyances occultes, Spare est un peintre et dessinateur de cet ordre qui croisa Crowley. Rien d’étonnant donc à entendre sur la pièce « Liber M » la voix d'Aleister Crowley lui-même, ici échantillonnée. L’album plaira donc aux fans de Zorn et plus particulièrement aux amateurs de cette mouvance qui balance entre jazz, rock et métal parfois.

Malgré la présence de deux claviers il n’y a pas vraiment de prédominance dans le son de la formation, tout y est plutôt bien équilibré. Le mélange avec la guitare sonne avec une parfaite efficacité. On sent bien évidemment la direction de Zorn et le goût immodéré pour une musique angulaire, avec des coups de frein et des accélérations soudaines, des virages à angle droit et des arrêts forcés… De quoi peut-être étonner et surprendre les non-initiés, mais tout est réalisé avec une telle perfection que ça passe et se digère sans trop de mal, car nous voici vite déjà parti dans une autre direction…

Les pièces sont magnifiques, on peut signaler « Corinthians I », mais également « Corinthians II » qui termine l’album, et peut-être « St Augustine » avec cette voix lointaine que l’on entend lorsque s’ouvre la pièce, ou l’anguleux « Imp of the Perverse » …

Corinthians I
Corinthians II
St Augustine
The Servitor
Egregore
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Message par Douglas » mar. 22 avr. 2025 04:19

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Omar Sosa – Live À FIP – (2006)

Je vous avais déjà parlé d’Omar Sosa pour son album « Suba » paru en deux mille vingt et un, en duo avec le joueur de Kora sénégalais, Seckou Keita, un bon souvenir que nous a laissé le pianiste Cubain qui s’est formé à La Havane, avant de s’exiler en Equateur, puis à San Francisco et enfin à Minorque, une des quatre îles Baléares, où il s’installa après un séjour à Barcelone.

Il s’est enrichi de toutes les musiques qu’il a rencontrées dans ses voyages, c’est cette diversité culturelle qui fait tout son charme et donne à sa musique des couleurs variées, ainsi qu’une touche d’universalité unique.

Pour l’heure le voici à FIP, (France Inter Paris) où il donna un concert au « Studio 105 », le douze mai deux mille cinq. Il nous joue quelques-uns de ses succès, entouré par Miguel "Angá" Díaz aux percussions, Steve Argüelles à la batterie et à l’électro, c’est le gars du coin, Childo Tomas à la basse électrique, au m’bira et au chant, ainsi que Luis Depestre au saxophone et aux percus.

Omar lui-même joue du piano, des percus et chante également, dès le premier titre nous voilà plongé dans la chaude ambiance caraïbéenne avec « Nuevo Manto » un titre, comme trois autres encore, issu de son album de deux mille quatre, « Mulatos », nommé aux grammy awards, à priori valeur sûre de son répertoire.

On appréciera le jeu de Luis Depestre qui sait allumer les mèches et ajouter sa touche personnelle avec à propos, il régale souvent, nous serons également sensibles aux percus qui apportent une identité Latin jazz vraiment régalante, on sent le public très chaud et enthousiasmé. Omar Sosa lui-même possède un touché vraiment magnifique qui nous embarque bien de temps à autres. Il fait ce qu’il sait faire avec sincérité et feeling.

Peut-être préférerons-nous le groupe lors des pièces rapides et vives, mais même les titres lents sont sympas, comme « El Consenso » et son sax dans le final, toutefois, Omar est assez rare en quintet, alors autant profiter au maximum de l’opportunité qui nous est offerte.

On remarquera « Metisse » et « African Sunrise », avec Childo Tomas au chant et où s’entend le m'bira, qui, succédant à « Nuevo Manto », assurent une bonne entrée dans l’album, et on pensera également à « Paralelo » et à « Muevete en D », souvent joué lors des rappels, avec Angá Díaz au cajon, sorte de tambour, et qui assure une bonne sortie …

Nuevo Manto
Paralelo
Métisse
Muevete En D
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 23 avr. 2025 03:51

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Dinah Washington With Eddie Chamblee And His Orchestra – Dinah Sings Bessie Smith – (1958)

Je me souviens au temps d’avant, après avoir beaucoup écouté Billie Holiday, m’être arrêté pour écouter les vocalistes de jazz. Les plus grandes, celles qui étaient consacrées, ne me convenaient pas, Ella Fitzgerald et Sarah Vaughan ne me faisaient pas rêver, mais une voix sortit du lot et s’imposa à moi, la très « soul » Dinah Washington !

Pourtant rien d’évident, car si la voix me plaisait énormément, il y avait un gros inconvénient, celui des orchestrations. Il faut savoir qu’autrefois le nec plus ultra était d’enregistrer avec un grand orchestre à cordes ! Cela peut surprendre car, à l’écoute, d’une certaine façon « le jazz s’en va » ! Pourtant même Charlie Parker finit par accéder à ce rêve, comme quoi !

Dinah Washington était alors une chanteuse très populaire, sa voix est immédiatement prenante, ample et charnue elle est très généreuse, on y entend également beaucoup de sensualité, elle est très naturelle et instinctive et s’impose avec facilité, aussi elle connut une grande carrière. Par ailleurs elle joua à la loterie des maris, et en épousa huit, dont un dont elle se débarrassa dans un délai express. Elle mourut d’une overdose médicamenteuse à l’âge de trente-neuf ans.

Elle est à l’origine d’un tube international, le célèbre « What a Diff'rence a Day Makes » qu’elle chanta en cinquante-neuf :
https://www.youtube.com/watch?v=OmBxVfQTuvI

Mais ce que je préfère chez elle ce sont les accompagnements jazzy, comme celui que l’on trouve sur le formidable « Dinah Sings Bessie Smith », un hommage majuscule quelle rend à l’icône du blues. Dans un genre voisin elle a enregistré un hommage à Fats Waller, accompagnée par un grand orchestre de jazz, qui est également captivant. Il faut dire qu’elle connut ses premiers grands succès, accompagnée par le grand orchestre de Lionel Hampton, ce qui est une référence !

Ses interprétations sont très « roots » et épousent parfaitement le phrasé et la voix un peu rauque de Bessis Smith, Dinah est très à l’aise sur un répertoire qu’elle sélectionne soigneusement pour éviter les reprises des succès de Bessie, préférant les titres plus provocateurs et confidentiels, présentant à son public une facette un peu moins connue de son icône.

On se régale donc avec « Send Me to the 'Lectric Chair », « Jailhouse Blues » ou « You've Been a Good Ole Wagon » représentatives de l’esprit qui anima Dinah lors de ces sessions, la discographie des rééditions propose cet album également sous un autre nom, « The Bessie Smith Songbook ».

L’enregistrement de ces faces s’est déroulé entre cinquante-sept et cinquante-huit, l’orchestre de Eddie Chamblee qui accompagne la chanteuse contient de grandes stars de l’époque, comme Clark Terry à la trompette, Quentin Jackson et Julian Priester au trombone et Eddie Chamblee lui-même au saxophone ténor.

Il faut également saluer l’effort de l’accompagnement, qui essaie de faire renaître le son « Dixieland » du début du siècle, avec particulièrement le rôle de tout premier plan des trombones, qui étaient alors l’instrument le plus en vogue, bien davantage que les saxophones. A l'arrière sur « Careless Love », par exemple, vers une minute trente.

After You've Gone
Send Me to the 'Lectric Chair
Jailhouse Blues
You've Been a Good Ole Wagon
Careless Love
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 24 avr. 2025 04:34

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Erik Truffaz, Patrick Muller, Marcello Giuliani, Marc Erbetta Featuring Nya – Bending New Corners – (1999)

D’après la discographie telle qu’elle se présente, avec les dates de sortie d’album, cet album serait son troisième sur Blue Note, label sur lequel il enregistre apparemment depuis ses débuts. Je suis un peu circonspect car je ne suis pas le franco-suisse depuis ses débuts, et il me semble qu’il soit possible que des enregistrements de jeunesse s’intercalent dans l’ordre apparent des choses, mais rien de grave…

Par ailleurs un grand nombre de titres, huit en fait, sont également présents sur l’album « The Mask », paru lui, en l’an deux mille, avec seulement trois titres nouveaux. Pour finir l’album de deux mille un « Revisité », contient également des titres présents ici, cinq, qui appartiennent également à « The Mask », de quoi avoir le tournis. Ceci dit, sans évoquer la « Silent Track », prélude au morceau caché.

La session d’enregistrement date des trois, quatre, cinq et six avril quatre-vingt-dix-neuf. Sur les autres albums pas d’indication de sessions. Ceci dit, ce n’est pas ce qui compte, peut-être une petite enquête à mener en temps et en heure.

Ce qui compte évidemment c’est la musique, ici très planante, atmosphérique, avec une solide rythmique composée d’une basse souvent hypnotique et d’une batterie très vive. Les claviers et les instruments électroniques tapissent un décor assez varié qui se meut au fil des pièces.

Le rappeur Nya est l’invité de cet album sur quatre pièces, mais ce pourrait être qualifié de « Spoken word » plus simplement, j’aime entendre sa voix et son phrasé, sur scène, quand il participe, il exerce une attraction magnétique et contrebalance la « présence » que manifeste le plus souvent le seul Truffaz.

Les autres musiciens sont Patrick Muller aux claviers, piano et Fender Rhodes, Marcello Guiliani aux basses acoustique et électriques et Marc Erbetta à la batterie et aux percus. La musique est très solide et les pièces bien charpentées, elles ont toutes un bel intérêt et l’album avance avec une belle qualité.

On ressent profondément l’influence de Miles Davis, très difficile à éclipser, tant dans la sonorité du trompettiste que dans celle du groupe, mais nous ne nous en plaindrons pas. Le côté funky qu’aimait Miles est bien présent, ainsi que ces claviers ambiants et ces riffs wah-wah qui découpent et strient. Il y a de la bonne énergie tout du long et funk, rap et ambiant font bon ménage.

Parmi les pièces, toutes bonnes, même le tendre « Betty » qui va, on pourrait remarquer « More », « Arroyo », « Bending New Corners », « Sweet Mercy » et « Minaret » qui dépassent légèrement.

Bending New Corners (feat. Nya)
Erik Truffaz - Sweet mercy - album Bending new corner.wmv
Arroyo
More
Siegfried (feat. Nya)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 25 avr. 2025 03:36

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Éric Dolphy – The Illinois Concert – (1999)

Il faut bien reconnaître que dans ce petit coin on ne parle pas trop d’Eric Dolphy, ni même des légendes du free, mis à part quelques sorties tardives qui font l’actualité, ou d'autres enregistrements livrés à ma connaissance et que j’ai zappé par le passé. C’est que j’ai l’impression d’avoir fait le tour de ces grands musiciens et que je consacre moins de temps à les écouter, bien qu'ils ils formaient l’essentiel de mes écoutes, il y a désormais fort longtemps…

Ceci pour vous dire que je suis tombé sur cet enregistrement il y a peu, et que, dès que l’occasion s’est présentée, je l’ai chopé rapidos. Comme indiqué dans le titre c’est un enregistrement de concert. Il s’est déroulé le dix mars mille neuf cent soixante-trois à l'Université de l'Illinois à Champaign. Étaient présents Éric à la flûte, à la basse clarinette et au saxophone alto, Herbie Hancock au piano, Eddie Khan à la contrebasse et J.C. Moses à la batterie.

Il faut compter également avec l'University of Illinois Brass Ensemble pour « Red Planet » et par le University of Illinois Big Band pour le morceau final « G.W. ». L’enregistrement total frôle les soixante-dix minutes, c’est dense et copieux, l’enregistrement sur bande n’est pas si mal côté son, il devait servir à une diffusion radiophonique.

Comme souvent les bandes ont été oubliées, elles n’ont fait surface qu’en quatre-vingt-dix-neuf, lors d’un salon de discussion où elles ont été mentionnées. C’est Michael Cuscuna pour Blue Note qui édita l’enregistrement dans la foulée, et c’est heureux car la musique jouée ce soir-là est de haut niveau, on y entend un Éric Dolphy à son meilleur, avec une technique stupéfiante, en même temps qu’il est très inspiré. C’est un concert express qu’il enregistre entre deux sessions, à New -York, avec Freddie Hubbard.

Les habitués des concerts de Dolphy ne seront pas surpris par le répertoire, une superbe version de plus de vingt minutes du standard « Softly As In A Morning Sunrise » qui débute le concert, ensuite une version à la clarinette basse de « God Bless The Child » en solo nous est présentée, Éric la joue souvent, peut-être en pensant à Billie Holiday, ici elle est particulièrement remarquable.

Ensuite, Éric à la flûte interprète « South Street Exit » que l’on trouvait jusqu’alors sur l’album « Last Date » de soixante-cinq, il y est particulièrement virevoltant et en impose malgré que, cette fois-ci, l’enregistrement ne le serve pas, en effet le son de sa flûte semble éloigné. Herbie Hancock est lui particulièrement mis en valeur à l’avant.

Les deux pièces en grand ensemble ont été arrangées par Éric lui-même qui est ici dans un contexte tout à fait inédit.

Dolphy a été classé par Philippe Carles, dans un article qui est resté mythique, de « passeur », terme qui le définit magnifiquement, lui qui est celui qui fit, mieux que personne, le lien entre le hard bop et le free jazz, passant d’un monde à l’autre avec une facilité extraordinaire. Il a été également un bouillonnant compagnon pour Charles Mingus, mais aussi pour John Coltrane qui enregistra avec lui de grands et magnifiques albums.

Évidemment cet album ne remplacera jamais dans le cœur des fans les fameux concerts au Five Spot, toujours indépassables, mais restera tout de même un témoignage passionnant de cette année soixante-trois, au centre du début des sixties, période extraordinaire et féconde de l’histoire de la musique jazz !

Softly As In A Morning Sunrise (Live At The University Of Illinois/1963)
God Bless The Child (Live At The University Of Illinois/1963)
Red Planet (Live At The University Of Illinois/1963)
Iron Man (Live At The University Of Illinois/1963)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 26 avr. 2025 01:36

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Yom & Baptiste-Florian Marle-Ouvrard – Prière – (2018)

Bien que l’apparence soit trompeuse, ils ne sont que deux, le premier est Yom, que l’on connaît déjà par ici, et le second Baptiste-Florian Marle-Ouvrard, avec son nom à couper en quatre, qui est titulaire des grandes orgues de l’Église Saint-Eustache à Paris et de Saint-Vincent à Clichy-la-Garenne. Il est également concertiste international.

« Prière » est une seule pièce de cinquante minutes, destinée à être jouée en une seule fois. Le Cd est fragmenté uniquement pour des raisons pratiques, cependant des titres ont été donnés aux dix parties qui constituent la suite. L’enregistrement s’est effectué avec les grandes orgues de la Philarmonie de Paris en octobre dix-sept, dans « La Grande Salle Pierre Boulez » qui bénéficie d’une acoustique d’exception, avant que ne soit donné un concert au festival « Jazz Sous Les Pommiers » à Coutances, dans la cathédrale Notre-Dame, bien sûr.

Nous connaissons l’influence première de la musique klezmer pour ce qui concerne Yom et sa clarinette, il nous subjugue dès la superbe « Incantation n°1 » qui ouvre l’album, et déjà on ressent la puissance de la musique sacrée qui est jouée, pourtant l’orgue, déjà monstrueux, ne fait que tisser sa toile avec tranquillité, tapissant un fond sonore.

Mais il arrive que l’orgue gronde et explose majestueusement, à côté de lui tout semble petit et c’est merveille que d’avoir su rendre à ce bel instrument toute sa puissance et sa majesté, même par l’intermédiaire d’un simple Cd. « Doute », et « Fatalité » qui prolonge, sont à cet égard très révélateurs et emportent avec facilité, nous voilà soulevés par une force terrible que vient taquiner la clarinette minuscule de Yom.

Mais la musique est ici prière et se veut par-dessus tout humaine, alors pourquoi pas la joie et la danse avec « Eyli ata » qui tourne comme un rondo qu’aurait pu imaginer « Marin Marais ». Il nous arrive d’évoquer la « spiritual music » et bien nous y voici, entièrement revendiquée, qui élève cette forme d’art au niveau le plus haut, celui du « sacré », de l’immatériel en même temps que spirituel et de l’universel, par-dessus les religions, musique klezmer orientale et musique sacrée européenne fusionnent et réconcilient.

On se souviendra que cette démarche spirituelle n’est pas nouvelle chez Yom qui en a jeté les bases lors de son album de deux mille-quatorze « Le Silence De L'Exode », on pourrait voir ici une sorte de prolongation, comme un aboutissement, bien que ce chemin n’ait pas de fin et se perpétue outre-mondes, en « Apothéose ».

Prière, pt. 1 (Incantation, no. 1)
Prière, pt. 2 (Pèlerinage)
Prière, pt. 3 (Méditation, no. 1)
Prière, pt. 7 (Eyli ata)
Prière, pt. 10 (Apothéose)
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