Black Country, New Road, c'était bien la dernière chose bandante dans le cinéma de genre qu'est devenu le rock. Non pas qu'il n'existe pas de bons, voire de très bons groupes, mais soit, de par leur radicalité, ils sont confinés aux marges du genre, comme les cinémas de quartier ; soit leur audace n'est qu'apparence, et leur musique a le goût d'un bonbon resucé. Évidemment, on trouvera certainement tout un tas de contre-exemples, mais c'est ce que, à titre personnel, je ressens à l'écoute de 99 % des disques rock aujourd'hui.
Dans ce désert, il y avait l'oasis Black Country, New Road, et en particulier le disque Ants From Up There, sorti il y a trois ans. Ce disque proposait un chaos structuré, une image auditive du bordel qui vivait dans la caboche de leur chanteur, Isaac Wood. Ce dernier a fini par faire ses valises pour l'asile psychiatrique, laissant le groupe comme un canard sans tête. Ils auraient pu prendre la décision de se séparer, mais pour faire quoi? Représentant de commerce?
Il leur aura fallu trois ans pour écrire cet album. Le résultat est totalement… différent. Forever, Howlong est un disque presque entièrement acoustique, porté par les voix angéliques et pourtant légèrement déviantes de Tyler Hyde, May Kershaw et Georgia Ellery – moitié du duo electronique Jockstrap, qui chante pour la première fois pour BCNR . Autant les albums précédents étaient un combat de coqs entre les guitares, la batterie et la voix, autant celui-ci est un disque qui cherche l’apaisement, le calme après la tempête — ce qui n'empêche pas l'expérimentation.
On a souvent le sentiment d'être dans un cabaret baroque à l'écoute de ce travail. J'apprécie la prise de risque, qui est totalement dans l'ADN du groupe. Hélas, à l'écoute de cet album, j'entends trop souvent l'univers de The Divine Comedy pour être réellement impressionné. Et si les voix féminines sont magnifiques, il me manque une vraie personnalité comme pouvait en avoir Isaac Wood.
Cela étant dit l'album pourrait fort bien être un grower et finir dans mes albums préférés 2025. Wait and See