J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 7 avr. 2025 03:18

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Guillaume de Chassy invite André Minvielle, Géraldine Laurent – Trenet en passant – (2024)

Je n’ai pas de problème avec Trenet que je connais comme un amateur lambda, au travers de ses plus grands succès en gros, pour simplifier. Non, en fait, celui qui me préoccupe le plus ici c’est le chanteur André Minvielle que je n’apprécie pas habituellement, pourtant, autant le dire de suite, ici je le trouve très plaisant, et même parfait dans le rôle d’avant-scène qui lui est proposé.

Il partage les lumières avec la saxophoniste alto Géraldine Laurent qui est également au top, quant à Guillaume de Chassy, la cheville ouvrière indispensable de ce projet, il est celui autour duquel tout repose, à la fois rythmicien, rôle qu’il endosse volontiers, mais aussi créateur de commentaires et de sonorités idoines, qui apportent à l’enregistrement un charme fou, ça tombe bien puisque tout tourne autour de Charles Trenet.

Alors on se régale avec les allitérations et les jeux de mots autour de « Débit de l’Eau, Débit de Lait » de Charles Trénet à la musique et Francis Blanche aux paroles, qui fait remonter le souvenir de Boby Lapointe, grand amateur de ce genre. Il est à noter que Trénet est abordé sur cet album dans son statut d’auteur/compositeur, souvent ici en tant que parolier, créateur de chansons.

On découvre ici les plus grands succès, « Le Soleil et La Lune », « Je Chante » ou « L’âme des Poètes », formidablement interprétés par notre trio, mais également des pièces moins célèbres, mais tout aussi formidables. On prêtera donc une attention plus particulière à ces chansons, comme « L’héritage Infernal » qui fait naître sous nos yeux les images des films muets d’autrefois, avec un Charlot insaisissable qui court, gigote et se débat…

Ou encore la poésie d’« Une Noix » qui dévoile un Trénet plus grave, presque noir. Impossible de ne pas citer « Il y avait des arbres » où Minvielle scat un peu sur la fin, avec sa voix qui rappelle souvent Nougaro. Mais il faut également citer Géraldine Laurent qui apporte une véritable valeur ajoutée, avec toute la délicatesse dont elle est capable, et une certaine discrétion également, déposant sa touche avec beaucoup de finesse et d’élégance.

L’album se termine par un instrumental, « Coin de rue », histoire de dire un dernier « au revoir » nostalgique au fou chantant.

Le soleil et la lune (feat. Géraldine Laurent, André Minvielle)
Débit de l'eau, débit de lait (feat. André Minvielle)
L'âme des poètes (feat. Géraldine Laurent, André Minvielle)
la folle complainte (feat. Géraldine Laurent, André Minvielle)
Une noix (feat. André Minvielle)
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Monsieur-Hulot
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Monsieur-Hulot » lun. 7 avr. 2025 05:46

:o Voilà un disque bien original et surprenant ! En effet, on ne s'attend pas à trouver Minvielle chantant du Trenet, bien qu'étant tous deux du même coin inférieur gauche de la France, ce ne sont pas les mêmes "pays". Le scat ne raffraichit rien à l'oeuvre parfaite de Trenet. De la joie peut être? Je vais chercher "L'héritage infernal" Merci pour la découverte ! :chapozzz:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 7 avr. 2025 19:49

Monsieur-Hulot a écrit :
lun. 7 avr. 2025 05:46
:o Voilà un disque bien original et surprenant ! En effet, on ne s'attend pas à trouver Minvielle chantant du Trenet, bien qu'étant tous deux du même coin inférieur gauche de la France, ce ne sont pas les mêmes "pays". Le scat ne raffraichit rien à l'oeuvre parfaite de Trenet. De la joie peut être? Je vais chercher "L'héritage infernal" Merci pour la découverte ! :chapozzz:
L'album a déclenché chez moi ce même enthousiasme, mais c'est le cas "Trénet" que j'ai envie de creuser désormais...

Je regrette aujourd'hui d'avoir négligé, lors du premier festival du "Printemps de Bourges", la dernière soirée dont le grand "Charles" était le héros!

Mais j'avais tout de même assisté aux concerts de Catherine Ribeiro, Colette Magny, Higelin, Lavilliers et Font & Val, et c'était plutôt génial tout ça, dans une ambiance propre à la période, je faisais partie de ces indiens dont la presse locale s'était fait l'écho à l'époque...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 8 avr. 2025 01:41

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Thomas Naïm – May This Be Love – (2025)

Thomas Naïm est un guitariste dont je vous ai déjà présenté deux albums, « On The Far Side » de deux mille vingt-trois et « Sounds Of Jimi » de deux mille vingt, où il revisitait les compos du génial guitariste américain. Mais il faut croire qu’il n’en a pas fait le tour, probablement que la mission est impossible, car il remet le couvert, mais cette fois-ci avec une optique complètement différente, bien que la fièvre soit toujours présente.

Il a débranché les guitares et se présente seul face à treize compos qui sont signées « Hendrix », ou qui ont à voir avec son parcours, comme « Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band » ou le titre d’ouverture « Hey Joe » de Billy Roberts. Thomas lui-même présente une composition de son cru en forme d’hommage, « Cherokee Blues ». Il n’y a que pour le « Jealous Guy » de Lennon que je n’établis pas de rapport, mais peut-être est-ce une défaillance de ma part.

Les notes de pochette révèlent également de la précision dans les détails, comme le choix des guitares, des instruments acoustiques anciens, propres à retrouver « un son plus profond, plus vrai ». Le choix du studio également, « Mercredi 9 », qui se situe dans un parking aménagé du vingtième arrondissement de Paris, « un temple du son analogique et des mélodies en sous-sol ».

Je dois admettre que je suis bluffé par le résultat, il faut dire que je suis un inconditionnel du maître et je ne le situe pas très de Coltrane dans mon Panthéon personnel. On se souvient de sa version extraordinaire de « Hear My Train A Comin’ », ou peut-être de la reprise du « Hound Dog » d’Elvis : Le minimalisme et la sobriété sont donc les options choisies, mais pas à la façon d’un Derek Bailey, car ici tout est aisément reconnaissable pour qui est familier de l’œuvre de Jimi. Thomas Naïm a énormément travaillé son sujet et a bâti ses versions récréées, souvent après un travail sur les harmoniques.

Il y a également beaucoup de reprises très connues, comme « Voodoo Child (Slight Return) », « The Wind Cries Mary » ou « Spanish Castle Magic » pour n’en citer que trois, mais aussi d’autres moins célèbres, comme « One Rainy Wish » qui provient « d’Axis: Bold as Love » ou « May This Be love » en provenance « d’Are You Experienced », et qui n’ont guère été reprises lors des live, par la suite.

Inutile de préciser que ces versions, hors des torrents d’électricité, et des effets de pédales de toutes sortes, sont évidemment très différentes, mais pourtant elles sont si intimement liées à Jimi qu’elles semblent n’avoir rien perdu lors de ce traitement pourtant radical, et le plaisir de l’écoute reste vraiment immense !

Hey Joe
The Wind Cries Mary
Jealous Guy
Cherokee Blues
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 9 avr. 2025 02:45

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Eddy Louiss - Bernard Lubat - Luigi Trussardi - Maurice Vander – Ô Toulouse... - Hommage À Claude – (2004)

Après que Nougaro soit parti de l’autre côté de la scène, le quatre mars deux mille quatre, ses cendres furent dispersées dans La Garonne, à Toulouse, accompagnés par les amis, les siens, peut-être était-ce un soir, quand le soleil se couche et que le flot se remplit des mystères de la nuit, dans la pénombre et l’obscur, car le noir convient bien à ses moments-là…

Pourtant la pochette est vive et colorée, comme un rêve imaginé par Jean-Michel Folon, poète de l’âme et dessinateur. Et les amis avaient dans leur cœur encore plein de souvenirs et de musique qui débordait, alors ils se sont réunis, « le coq » alias « le pianiste alpiste », comme disait Nougaro en parlant du papa de Christian Vander, avec Eddy Louiss aussi, le gars de la Martinique, et Bernard Lubat, un voisin d’Uzeste, un peu excentrique, et le fidèle Luigi Trussardi, contrebassiste expert, qui jouait avec tous ces gars-là.

Cette même année, pour faire revivre « l'homme aux semelles de swing », ils se réunirent à quatre et réinterprétèrent des titres puisés dans le répertoire de Claude, pour se retrouver encore une fois à cinq, jouer les pièces et réentendre dans sa tête la voix chaude et mémorable du chanteur de jazz.

Nougaro était essentiellement un interprète, aussi il n’apparaît pas en tant que compositeur, mais de temps en temps en qualité de parolier, comme sur « Toulouse », « C’est ça la vie » et « La pluie fait des claquettes » et d’autres qui se trouvent dans les « pots pourris », pourtant chacun des titres joués sur l’album fait revivre immédiatement dans sa tête la voix de Nougaro, tellement il s’est emparé des compos des auteurs et les a habités avec force.

La seule pièce qui échappe à tout ça, c’est « A Claude » l’hommage vibrant d’Eddy Louiss, qui se souvient, peut-être, du cadeau que lui avait envoyé Nougaro autrefois, le tendre « C'est Eddy » :

« Hors de l'eau un orgue a surgi
C'est pas Nemo
C'est Eddy
A l'horizon l'orgue se hisse
Haut, hissez haut
C'est Louiss
»

Et puis il y a également les medleys, qui font remonter beaucoup, en peu de temps, comme « Dansez sur moi/ Mon disque d’été/ Autour de minuit » ou « Un été/ Tu verras/ Bidonville », et encore « Sing,sing, song /La pluie fait des claquettes, Armstrong ».

Pour certains, Nougaro puisait dans le répertoire brésilien, ou chantait le répertoire de la chanson française, tout cela est vrai, mais il était pour moi avant tout un ambassadeur de la musique jazz, particulièrement pour ses albums des années soixante que je vénère.

Eddy Louiss - Bernard Lubat - Luigi Trussardi - Maurice Vander – Toulouse "Jazz" (Nougaro)
Eddy Louiss - A Claude (Ne figure pas sur cet album dans cette version)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 10 avr. 2025 05:18

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Us 3 – Hand On The Torch – (1993)

Us 3, ou le mariage plutôt réussi du rap et du jazz, nous sommes en quatre-vingt-treize et Miles Davis a clamsé depuis un an, quand sort « Doo-bop », qui pourrait être une sorte de modèle, mais il ne faudrait pas oublier « Trible Called Quest » et d’autres encore…

Ils sont anglais et ont élaboré un répertoire à base de samples et de classiques du jazz, issus du label « Blue Note », pour lequel ils enregistrent également. En effet Us3 signa sur le prestigieux label, car ses dirigeants menaçaient de les poursuivre pour plagiat, le groupe ayant sorti des enregistrements qui ne laissaient aucun doute sur la provenance, ils acceptèrent donc un arrangement avec Blue Note qui satisfit les deux parties.

Le titre d’ouverture, « Cantaloop (Flip Fantasia) », qui fut alors un tube, en est un bel exemple, créé d’après le fameux « Cantaloup Island » de Herbie Hancock il contient également la géniale introduction de Pee Wee Marquette et sa voix si particulière, en provenance de « A Night in Birdland, Vol. 1 » du Art Blackey Quintet.

Côté rap ils sont deux, Rahsaan Kelly et Kobie Powell, mais il y a également des furieux du jazz qui jouent avec eux en live, le trompettiste Gerard Presencer, le guitariste Tony Remy, le tromboniste Dennis Rollins, le pianiste Matt Cooper et les saxophonistes Ed Jones, Mike Smith et Steve Williamson, de quoi fournir un bon environnement bien enivrant. Le nom de la formation trouve sa provenance dans une pièce intitulée « Us Three » enregistrée par Horace Parlan et son trio pour Blue Note, en mille neuf cent soixante.

On peut signaler également le très bon « Tukka Yoot’s Riddim » de Larry Robinson, sorti en outre au format Maxi-Single, toujours sur « La Note Bleue ». Il y a également « Lazy Day » d’après Bobby Hutcherson dont on a samplé le groove en arrière-plan, avec Powell, et la chanteuse Marie Harper qui apporte l’Afrique dans sa voix, servie avec un bon sax ténor d'Ed Jones.

Sans oublier « Eleven Long Years » avec l’éternel « Song For My Father » d’Horace Silver couplé avec « Blind Man, Blind Man » d’Herbie Hancock, ou encore le fantastique « Different Rhythms Different People » avec la partie vocale issue de « Art Blakey’s Comment On Ritual », ainsi que du célèbre « At The Cafe Bohemia, Vol. 2 » par les Jazz Messengers.

Bien que tout ne soit pas mémorable, avec l’oreille d’aujourd’hui, l’album a méchamment cartonné à l’époque, fournissant des paquets de tune à Blue Note qui s’est bien gavé, de quoi investir dans de nouveaux projets. Il conserve cependant un charme particulier qui pourrait attendrir même ceux qui font connaissance aujourd’hui, car ce jazz-rap avait tout de même un son unique, avec cette énorme formation tout autour.

La dernière pièce, « Darkside », nous dit au revoir en nous laissant un incontrôlable goût de « Revenez-y » …

US3 - Cantaloop (Flip Fantasia) - (Hand on the Torch)
Us3 - I Got It Goin' On
Us3 - Tukka Yoot's Riddim
Eleven Long Years
Lazy Day
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 11 avr. 2025 01:04

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Music Revelation Ensemble – In The Name Of... – (1994)

« Music Revelation Ensemble » c’est James Blood Ulmer à la guitare électrique, Amin Ali à la basse électrique et Cornell W. Rochester à la batterie, mais ici il y a également des invités, des musiciens prestigieux. Arthur Blythe au sax alto sur trois pièces, Sam Rivers au soprano, également sur trois pièces, ainsi qu’au ténor et à la flûte, et Hamiet Bluiett au sax baryton sur « The Dawn ». Ces derniers interviennent alternativement, sans véritable ordre, mais un seul par pièce.

On connaît l’engagement de James Blood Ulmer auprès d’Ornette Coleman et son addiction au free, plus ou moins prononcée selon les étapes de sa carrière. Ceci pour préciser que se sent ici le goût du guitariste pour « l’harmolodie », concept musical inventé par Ornette et qui s’entend ici, Ulmer ayant composé toutes les pièces de l’album.

C’est donc assez sanglant, bien chaud et capiteux, avec les pédales et les effets, le casque sur les esgourdes plutôt à fond, on en prend plein les oreilles. Dès la première pièce avec Sam Rivers au soprano, on comprend les enjeux, « In Time » plante le décor et régale direct sans préparation, brut et à fond, c’est parti !

« Non-Believer » qui suit ne désarme pas, avec Arthur Blythe à l’alto, le son est toujours aussi compact et massif, l’énorme Amin Ali à la basse envoie du lourd tout du long, sans répit ni fléchissement. Arrive ensuite la pièce avec Hamiett Bluiett au baryton qui ne fait pas de quartier non plus, dégagez la place et laisser le passage, l’ouragan arrive, ça crisse et ça déchire, dérapages dans les virages et freins crissant, ça déménage grave. Blood est insaisissable avec la gratte sautillant de droite et de gauche, imprévisible et forcenée, il faut serrer les dents !

Décidément on se dit que cet album n’est pas pour tout le monde et qu’il va laisser des cadavres sur le bas-côté, heureusement Sam Rivers arrive, la flûte au bout des lèvres, on va pouvoir enfin respirer, c’est l’heure de « Mankind ». En effet malandrin, tu peux enlever les boules Quies et quêter quelques bourses dans le voisinage, tout semble s’arranger et, bien que tout brinquebale et claudique, avançant cahin-caha, une sorte de calme dans la torpeur semble vouloir s’installer, dans la désharmonie de l’harmolodie, ou peut-être est-ce l’inverse…

Sam Rivers embouche le ténor pour crier « Help », sans doute cette masse épaisse et dense, drue et étouffante, comme dans une jungle où il faudrait avancer à la machette, Sam se fraie un chemin et défriche, aidé par Ulmer et sa hache électrique qui jamais ne peine ni ne perd son énergie, Cornell Rochester tape de tous côtés, écrasant les têtes et les cymbales, caisse claire et grosse caisse ne faillissent point…

Et voici « Abundance » avec le retour d’Arthur Blythe armé de son sax alto, on semble presque respirer normalement, bien que ce ne soit peut-être qu’une impression fugace, car tout se désarticule vite et se démantibule, non, pas de grâce de ce côté, bien qu’une lumière clignote, au loin, l’espoir renaît…

En effet voici « Purity », les écrits sont formels, après l’arrivée de la pureté, le cauchemar cesse et, simple péquin, tu retrouveras le calme de l’anonymat, le banal du quotidien, le fade et le terne, le banal et l’incolore, mais avant profite bien du magnifique « Purity », qui peut-être te donnera l’envie de remettre ça !

Music Revelation Ensemble - In Time
Music Revelation Ensemble - The Dawn
James Blood Ulmer "Non Believer" feat. Arthur Blyth
Music Revelation Ensemble - Mankind
James Blood Ulmer "Purity" feat. Arthur Blyth
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 12 avr. 2025 03:53

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Alexandra Grimal / Lee Konitz / Gary Peacock / Paul Motian – Owls Talk – (2009)

Où Gérard Terronès côtoie Jean-Luc Lagardère et sa Fondation dans les remerciements, allons ne soyons pas trop sarcastiques même si l’envie vient. Les hiboux sont donc de sortie et se lancent dans une longue conversation, pourquoi pas ?

Hibou en chef et honorée, Alexandra Grimal joue des saxs soprano et ténor, toute mimi sur la photo de la pochette intérieure. Ses invités sont tous des géants, elle, qui semble fluette et fragile, joue ici sa tirade avec de solides arguments et prouve ce qu’elle vaut, lors de cet oral de majesté.

Le grand Lee Konitz joue du sax alto, un maître. Gary Peacock de la contrebasse, une légende. Paul Motian de la batterie, un poète. Et Alexandra, de passage à New-York les quinze et seize décembre deux mille neuf, en studio pour la mise en boîte, avant que le mixage ne se fasse dans ceux de « La Buissonne » …

L’album est beau, il respire et épate, par sa pureté sonore et sa définition, on pourrait le classer à la lettre « N » avec les autres albums de « Nuit », ceux qui s’écoutent quand les autres dorment, et qui se dégustent tranquilou, à un ou à plusieurs, en compagnie d’autres hiboux.

Quinze pièces, plutôt courtes, beaucoup signées par Alexandra seule, six en fait et quelques-unes partagées avec les invités, Gary Peacock en apporté trois et partage une autre avec Alexandra, Konitz a lui aussi apporté son écot. Il y a également une impro, « Own Talks » jouée sans Gary. Mais tout cela est, en fait, sans importance.

L’album avance un peu dans les pas de Steve Lacy qui remonte doucement à mes oreilles, l’énoncé des thèmes, le rythme des compos, les envolées aériennes, tout m’y fait penser. Les dialogues entre les saxos sont également épatants, souvent joyeux et sautillants, voire batifolant, souvent légers ils aspirent à l’air et à l’envolée, gentiment propulsés par la basse imaginative de Gary Peacocks et le druming caressant et pointilliste de Paul Motian, une telle rythmique est de rêve.

On pourrait imaginer l’album affublé du sigle ECM, tellement il respire cet esprit, si cela était arrivé on le propulserait probablement parmi les grands du label, sans beaucoup hésiter, il est à la fois calme et reposant en même temps que vif et surprenant, comme des esquisses, des croquis aboutis et menés avec une main sûre qui se dessinent sous nos yeux avec maestria…

A noter sur l’édition que j’aie, la seule qui existe je pense, qu’il y a des embrouilles dans l’ordre des trois premiers titres qui ne sont pas les mêmes sur le Cd et le livret, et qui ne correspondent pas aux durées annoncées…

Horus
Dance
Blows II
Indicible
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