J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Monsieur-Hulot
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Monsieur-Hulot » sam. 22 févr. 2025 10:19

Douglas, je tiens à te dire BRAVO et à te féliciter pour tenir d'une main de maître cette rubrique Jazzy ! tes écrits sont formidables de doctes enseignements en cette manière jazzistique ! J'ai, grâce à toi, découvert, un tas de choses bonnes et belles ! Merci ! :super:
FILLES & MOTEURS, JOIES & DOULEURS.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 22 févr. 2025 16:32

Monsieur-Hulot a écrit :
sam. 22 févr. 2025 10:19
Douglas, je tiens à te dire BRAVO et à te féliciter pour tenir d'une main de maître cette rubrique Jazzy ! tes écrits sont formidables de doctes enseignements en cette manière jazzistique ! J'ai, grâce à toi, découvert, un tas de choses bonnes et belles ! Merci ! :super:
C'est moi qui te remercie pour tes encouragements et ta gentillesse, en passant dans ce petit coin du forum où s'installent quelques toiles d'araignées...

Moi-même je profite des posts des uns et des autres pour faire des découvertes et me tenir au courant de l'actualité musicale, c'est le petit contrat qui nous lie au profit de tous...

Tant que la santé va!

:pompom:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 23 févr. 2025 07:58

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The Miles Davis Quintet – Cookin' With The Miles Davis Quintet – (1957)

A force de parler de la période « Prestige » de John Coltrane il ne faudrait pas oublier les historiques enregistrements qui les précédèrent, je veux évoquer le quintet incroyable qui vit le jour autour de Miles Davis et qui installa le trompettiste une bonne fois sur la scène internationale, en position de « star », même si tout ne se fit pas en un jour.

Déjà Miles voulait parfaire cette tendance « cool » à l’éclosion de laquelle il participa au premier chef. Mais, en même temps, ce mouvement se « blanchissait » sous la férule des musiciens blancs de la côte ouest, aussi Miles ne dédaigna pas le « hard bop », plus dur, plus noir !

Il avait un contrat avec Prestige et il fallait sortir des albums, alors il mit sur pied un quintet avec un saxophoniste ténor, il pensait au temps d’avant où il jouait de la trompette aux côtés de Charlie « Bird » Parker, avec son son sax alto, déjà la légende en marche…

Sonny Rollins est le premier nom qu’il choisit, normal c’est le plus grand saxophoniste ténor de l’époque, mais Sonny déclina l’offre car il était en pleine période de désintoxication, alors Miles pense tout naturellement à Julian « Cannonball » Adderley, mais celui-ci a signé un contrat d’enseignement en Floride et n’est pas disponible, alors il se tourne John Gilmore, le soliste de l’Arkestra de Sun Ra, mais, après un essai, Miles change d’avis… Alors qui ?

C’est son batteur, Philly Joe Jones, qui lui souffle le nom de John Coltrane, dont on dit le plus grand bien, mais aussi beaucoup de mal car il est alors très controversé, mais il n’y aura plus de période d’hésitation, après écoute, Miles est enthousiasmé ! Avec Red Garland au Piano et Paul Chambers à la contrebasse, le quintet est ainsi constitué. Des noms qui resteront collés au saxophoniste ténor le plus génial de tous les temps…

Miles sort de l’ornière de la drogue, ce qui lui refit la cerise et lui donna la pêche, bon, mais pour le reste du quintet ils sont tous addicts aux substances, héro et coco. Toute cette affaire avec Prestige, se cristallisa lors de deux séances d’enregistrement, entre mai et octobre cinquante-six, où un paquet de « tunes » furent enregistrées en « one shot », pas de seconde prise, tout d’un bloc.

Ces séances donneront naissance à la quadrilogie historique qui verra le jour par la suite, « Cookin’ » en cinquante-sept, « Relaxin' With The Miles Davis Quintet » en cinquante-huit, « Workin' With The Miles Davis Quintet » en cinquante- neuf et « Steamin' With The Miles Davis Quintet » en soixante et un. C’est que Miles est pressé de remplir son contrat avec Prestige, avant d’envisager la suite de sa carrière chez CBS, qui lui déroulait le tapis !

« Cookin’ » qui ouvre le ban est juste parfait, un chef d’œuvre sur patte ! Comme souvent Miles ouvre les pièces avec un solo du genre génial et Coltrane, rude et austère réplique à sa façon, il est déjà très considérable, même si le célèbre critique Nat Hentoff dira de lui qu’il possède « un manque global de personnalité », un jugement hâtif et, disons-le, grotesque qui finira dans les limbes de l'histoire…

Miles est tout simplement splendide et signe une quadrilogie qui est le premier sommet de sa carrière. On n’entend pas le saxophoniste sur le titre d’ouverture l’emblématique « My Funny Valentine », mais Miles élève très haut son interprétation, jusqu’au rang de l'ultime perfection. Coltrane se rattrapera sur les trois autres titres, également considérables, « Blues By Five », « Airegin » de Sonny Rollins, et surtout l’enchanteur « Tune Up / When Lights Are Low » …

The Miles Davis Quintet - My Funny Valentine (Rudy Van Gelder Remaster) from Cookin'
The Miles Davis Quintet - Blues By Five (Rudy Van Gelder Remaster) from Cookin'
Airegin by Miles Davis from 'Cookin' With The Miles Davis Quintet'
Tune Up/When Lights Are Low
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 24 févr. 2025 04:49

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Paul Lay – L'Odyssée de Paul Lay – (oct 2024)

J’avais déjà évoqué le pianiste Paul Lay lors de son album sorti en commun avec Eric Le Lann, « Thanks A Million » en deux mille dix-huit. Il me semble également l’avoir écouté en compagnie de la chanteuse Isabel Sörling, mais parfois le temps qui passe me joue des tours, bien que ce souvenir subsiste dans mon esprit et me ravit…

« L’Odyssée » d’Homère est un récit qui berça l’imagination des enfants depuis trois mille ans, dit-on. Le voyage épique d’Ulysse sera source d’aventures extraordinaires qui accompagneront ce retour vers sa maison et son épouse, qui dura vingt années aventureuses, après que se déroula la guerre de Troie.

Paul Lay a découvert en tant qu’enfant cette épopée grandiose et fantastique, et, quand son fils eut l’âge, il lui raconta à son tour les aventures d’Ulysse... Ce voyage libéra dans la même fièvre épique son imagination musicale et le voilà à composer des pièces qui illustrent les épisodes de ce récit hors normes.

Quinze vignettes sont ainsi écrites et nous sont proposées, aux enfants bien sûr, mais aussi aux grands- enfants que nous sommes restés. Paul joue une part en solo et une autre, plus importante encore, en trio, avec Mátyás Szandai à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie.

C’est ainsi que sous les doigts des musiciens renaissent quelques scènes mythiques imaginées par l’esprit de Paul Lay, souvent titrées d’un nom évocateur ou d’une scène importante de l’épopée. « Départ d’Ithaque », « Eole », « Circé », « Charybde at Scylla », « Les Sirènes » et d’autres encore jusqu’au « Retour à Ithaque », mais l’histoire ne se finit pas là…

Paul Lay s’inscrit donc dans la lignée des conteurs de l’Odyssée, attribuée à Homère, mais enrichie de génération en génération par mille conteurs qui ajoutèrent et embellirent. Paul Lay au travers des « Thème d’Ulysse » offre lui aussi une version personnelle qu’il illustre en trois phases : « Un héros se conquiert lui-même », « Vers de nouveaux écueils » et « L’éternel et impossible retour » qui conclue son œuvre.

Alors place aux rêves et à l’émerveillement de l’enfance avec ce magnifique voyage qui nous est offert pour que triomphe toujours la positivité. C’est également le dernier album du contrebassiste hongrois Mátyás Szandai, qui partit pour le grand voyage le vingt-neuf août deux mille vingt-trois, l’album lui est dédié.

L’occasion également de s’arrêter auprès de ce musicien au toucher remarquable et sensible qui délivre une participation absolument parfaite et très intérieure, tout comme Donald Kontomanou, formidable lui aussi.


Départ d'Ithaque
Éole
Charybde et Scylla
Retour à ithaque
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Cooltrane » lun. 24 févr. 2025 10:24

j'ai loupé cela ya 10 ans


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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 25 févr. 2025 03:30

Moi aussi, mais ça me va également...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 25 févr. 2025 03:39

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Abdullah Ibrahim – African Magic – (2002)

Cet album provient de l’enregistrement d’un concert donné le treize juillet deux mille un à « La maison de la Culture du Monde » de Berlin, en Allemagne, donc. On se souvient qu’Abdullah Ibrahim est le nom musulman du pianiste autrefois connu sous le nom de Dollar Brand, pour resituer un peu. Il est né en Afrique du Sud et se montre très attaché à la cuture de son pays, qu’il aime chanter.

L’album est constitué d’une sorte de très longue suite, composée en vingt-quatre segments qui s’emboîtent parfaitement, incorporant des fragments de « Blue Boléro » dont on retiendra le final, quelques reprises de Duke Ellington, « Solitude » le temps de seize secondes, et principalement « In A Sentimental Mood », dans le cadre d’un hommage au pianiste, ainsi qu’une lecture de « Moten Swing », tout le reste a été composé par Abdullah Ibrahim, lui-même.

L’album se partage entre quelques pièces jouées en solo et d’autres, plus nombreuses, en trio, avec le contrebassiste Belden Bullock et le batteur Sipho Kumene. Mais ne nous y trompons pas, c’est un album avant tout dédié au piano, en une sorte de vaste mélange culturel et mondial, incorporant y compris la musique occidentale.

On connaît l’influence centrale de la musique africaine souvent revendiquée, il n’est que de lire la discographie du pianiste pour compter de nombreux albums où l’Afrique est citée, comme sur le titre de celui-ci, un parmi les autres….

On a évoqué l’hommage à Duke Ellington, qui s’entend également au-travers de la compo « Duke 88 », mais il faudrait également ajouter celui envers John Coltrane, simplement nommé « For Coltrane », six minutes consacrées à l’exposition d’un thème habilement visité, de la cave au grenier, incorporant une vision « cubiste » des lieux !

On retiendra également « Tuang Guru » et son côté Zornien, l’habilement charpenté « Blues For a Hip King » et le balancé « Black Lightning ». Un album pour les amateurs de Dollar Brand et de piano…

Tuang Guru
In A Sentimental Mood
For Coltrane
Blue Bolero
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 26 févr. 2025 04:49

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Elvin Jones – Elvin! – (1962)

C’est le premier album d’Elvin Jones en tant que leader, il jouait alors aux côtés de John Coltrane. Ce dernier l’avait choisi à tout autre pour la puissance phénoménale qu’il dégageait, même si cela n’apparait pas sur les enregistrements, Elvin était un cogneur, à lui seul il mettait un « ram-dam » d’enfer là où il s’installait, il n’y en avait guère comme lui !

Il faisait également partie d’une fratrie de musiciens, tous connus, Thad Jones qui jouait du cornet et Hank Jones le célèbre pianiste, et bien, on retrouve la famille sur cet album, avec des amis, Frank Wess à la flûte, Frank Foster au sax ténor ainsi que Art Davis à la contrebasse, c’est donc un sextet qui est à l’œuvre ici.

Côté musique il vaut mieux oublier Coltrane, car on baigne plutôt dans un jazz plus classique, les deux Frank ont joué dans l’orchestre de Count Basie, pour situer un peu. Trois compos sont de Thad Jones, dont une en commun avec Frank Wess. L’album a été enregistré en soixante et un et en soixante-deux, en studio d’enregistrement.

Le son est propret et permet de goûter au jeu délicat et précis d’Elvin Jones à la batterie, sans doute moins explosif que dans un autre contexte. Ici tout se joue « relax », dans les bonnes mœurs du jazz comme il se conçoit entre gens de qualité et de famille.

Deux pièces sont cependant en trio, « Pretty Brown » et « Four And Six », ce qui se conçoit bien puisqu’il y eut trois sessions d’enregistrement pour arriver au bout de cet album.

Il tourne bien et procure pas mal de détente dans une ambiance plutôt « cool » et permet d’écouter notre héros batteur dans un contexte quasi soft, où il batifole et s’ébroue gentiment, et quand, soudain, s’entend la flûte, tout devient bucolique et champêtre, l’atmosphère se remplit d’une innocence candide et tout mollit…

Lady Luck
Buzz-AT
Pretty Brown
Shadowland
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par whereisbrian » mer. 26 févr. 2025 10:49

Merci.

C'est un grand ami, batteur, qui me l'avait fait découvrir: puissance physique, lyrisme, technicité.
D'ailleurs une grande influence pour Christian Vander.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 26 févr. 2025 22:23

whereisbrian a écrit :
mer. 26 févr. 2025 10:49
Merci.

C'est un grand ami, batteur, qui me l'avait fait découvrir: puissance physique, lyrisme, technicité.
D'ailleurs une grande influence pour Christian Vander.
En effet Christian Vander a toujours évoqué John Coltrane comme son influence première, en conséquence Elvin Jones, son alter égo batteur est forcément un modèle.

On se souvient de l'album de Christian Vander en deux mille onze "John Coltrane L'Homme Suprême", avec ce titre si prenant...

Klameuhr


Piano [Piano Sur Chorus], Electric Piano [Fender Rhodes] – Frederic d'Oelsnitz
Vocals [Chant] – Hervé Aknin, Sylvie Fisichella
Vocals [Chant], Chimes [Chime] – Isabelle Feuillebois
Vocals [Chant], Percussion [Percussions] – Stella Vander
Vocals [Chant], Piano [Piano Sur Thème], Keyboards [Clavier] – Christian Vander
Written-By – Christian Vander
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 27 févr. 2025 06:39

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Kenny Burrell, Tommy Flanagan, Pepper Adams, Paul Chambers, Kenny Clarke – Jazzmen: Detroit – (1956)

Voici un de ces vieux albums au charme ancien et indéfinissable, qui regroupe un ensemble de petits maîtres qui, réunis, réussissent un album frais et décontracté, pleins de petits trucs merveilleux qui s’emboîtent et s’enchainent, vous dessinent immanquablement le sourire aux lèvres, en même temps qu’un doux sentiment nostalgique vous envahit…

On les connaît tous ces gars-là, Kenny Burrell et sa gratte qui rythme souvent, mais s’échappe également au vent, Tommy Flanagan le pianiste feu-follet, Pepper Adams et son bizarre sax baryton si formidable, Paul Chambers qui, sur l’album « Giant Steps », sera loué par John Coltrane avec le célèbre titre « Mr. P.C. », Kenny Clarke, le seul ici qui ne soit pas de Détroit et qui joue si formidablement de la batterie.

Certes l’album est court, un peu plus de trente-trois minutes, mais l’époque ne demandait pas davantage. Les six titres qui filent sont en parti dus aux participants, Kenny en signe deux, « Your Host » et « Tom's Thumb » et Pepper Adams un, « Apothegm », voilà qui donne du crédit à l’effort, il y a donc trois reprises, le titre d’ouverture de John Lewis, le fameux « Afternoon In Paris » qui bataille avec l’excellente version de « Cottontail » de Duke Ellington, quant au standard il se nomme « You Turned The Tables On Me » de Alter & Mitchell.

Le répertoire est souvent mid-tempo, badin et évocateur de joie et d’insouciance, l’ensemble sonne très « cool » et décontracté et semble enregistré en prise directe, comme en live, c’était souvent comme ça à l’époque, ce qui donne une musique spontanée plutôt très impactante.

Le moteur principal de ce « Detroit » est Kenny Burrell, animateur en chef, bien soutenu par chacun de ces top-musiciens. On notera, dans la longue liste des rééditions, une sortie « Byg » de mille neuf cent soixante-dix, en tirage espagnol, il y a fort à parier que les musiciens n’ont alors pas touché leurs royalties…

De quoi passer un moment agréable évocateur des temps anciens.

Afternoon in Paris
Kenny Burrell - Cotton Tail
Kenny Clarke Quintet - Apothegm
Kenny Clarke Quintet - Your Host
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 28 févr. 2025 03:48

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David Murray Quartet, Marta Sanchez, Luke Stewart, Russell Carter – Francesca – (2024)

Voici une magnifique parution de la part de David Murray, la dernière fois que j’avais entendu parler de lui, c’était à travers un concert télévisé pendant lequel, de façon très émouvante, Archie Shepp avait joué, assis sur une chaise, le bec de son ténor entre les lèvres, délivrant son flux unique, et toute la chaleur qu’il contient…

Plus d’un sur scène, ou dans la salle, et peut-être même devant le poste, avait versé une larme, tant c’était bouleversant, depuis plus de nouvelle du grand Shepp, mais David était resté comme un Prince, à côté des anges…

Cet album a été conçu les vingt-six et vingt-sept novembre deux mille-vingt-trois, du côté de Zurich, aux « Hardstudios » de Winterthur, et n’est paru qu’il y a peu. Il faisait partie de ma dernière commande auprès de l’Importateur Orkhestra, qui a fermé définitivement les portes fin deux mille vingt-quatre.

David Murray joue du sax ténor et de la clarinette basse sur « Shenzhen », il est également compositeur avisé de toutes les pièces, excepté « Richard’s Tune » de Don Pullen, où il joue également de la clarinette basse. Martha Sanchez est au piano, ce qui constitue une sorte de surprise car David joue assez rarement accompagné par cet instrument, mais on peut dire que ça fonctionne vraiment excellement tout au long de cet album.

Luke Stewart est le contrebassiste et Russell carter le batteur, les deux sont exceptionnels et fournissent une assise rythmique parfaite, renforcée par Martha Sanchez qui régale véritablement. L’enregistrement est lumineux et les studios Suisse rendent grâce à la pureté cristalline de cette musique.

Plutôt que de free il faudrait plutôt parler de « post bop », comme on dit parfois quand on ne sait pas trop quelle étiquette sortir, il est vrai que l’album est assez orthodoxe, mais sonne également très moderne, déjà par le jeu sans tabou de la pianiste et par celui de David qui se lâche assez souvent…

L’album est long, plus d’une heure, et les pièces sont absolument toutes réussies, rien à redire, la mission est parfaitement remplie. Mais qui donc est cette « Francesca » qui offre son nom à l’album ? Et bien la réponse va de soi, c’est tout simplement Mme Murray qui est honorée par ces huit perles musicales qui filent ici le long de ce collier…

Il est difficile d’isoler des pièces pour faire une sélection, mais on pourrait peut-être mettre en avant « Ninno », « Shenzhen », « Am Gone Get Some » ou « Free Mingus », bien que chacun des autres titres pourrait s’intercaler ici, c’est question d’humeur plus que d’esthétique, car tout est très chouette sur cette belle nouveauté.

francesca


ninno
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 1 mars 2025 04:06

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Miles Davis Quintet – Relaxin' With The Miles Davis Quintet – (1958)

Voici le second album de la quadrilogie, après le fameux « Cookin’ » dont les cinq pistes provenaient de la session du vingt-six octobre cinquante-six, place à « Relaxin ‘ » qui contient six pièces jouées dans le cadre de ce fameux quintet, si extraordinaire !

Pour « Relaxin’ » je n’ai pas hélas le détail des sessions, mais une chose est sûre, deux titres datent de la séance du onze mai, et les quatre autres proviennent de la séance du vingt-six octobre, la même que « Cookin’ ». Il est également sympa d’écouter les commentaires, par les musiciens eux-mêmes, avant ou après les pièces qu’ils vont jouer ou qu’ils viennent de jouer, ainsi Coltrane cherche un décapsuleur et Davis demande son avis au producteur de l’album, Bob Weinstock…

Ce sont ces petits détails qui nous plongent dans l’ambiance décontractée de ces séances, et participent à la magie presque surnaturelle de ces sessions, entre banal et émerveillement. La première pièce « If I Were A bell » provient d’une chanson populaire à la mode, extraite de la comédie musicale « Guys And Dolls », qui date de mille neuf cent cinquante.

Miles n’a jamais dédaigné les gimmicks ou les airs évidents, dans lesquels pourrait se ranger cet « If I Were A bell », il en a exploité tout au long de sa carrière, mais seulement de temps en temps. Il devait aimer sincèrement ces thèmes qu’il jouait lors des concerts et dans les clubs, quand l’occasion se présentait. Sa notoriété grandissait par ailleurs notamment grâce à une prestation très remarquée au festival de jazz de Newport mille neuf cent cinquante-cinq où il a sérieusement cartonné !

La pièce est remarquable, particulièrement pour son architecture, mais surtout par les solistes qui sont parfaits, Miles et sa sourdine, Coltrane vertical et charnu et Garland virevoltant. « You're My Everything » est une ballade du genre de « My Funny Valentine », de quoi éveiller les souvenirs, Miles y est à nouveau délicieux, plein de retenue, cette fois-ci Coltrane s’inscrit dans l’ordre des solos et tient bien le rôle.

Mais il est encore plus à l’aise sur « I Could Write A Book » au tempo plus vif où il dynamise la pièce, il renouvelle la performance sur « Oleo » de Sonny Rollins qu’il bouscule comme il faut, aidé en cela par Miles qui pulse, ça rue dans les brancards, embarqués qu’ils sont par Philly Joe Jones et Paul Chambers qui couvrent les arrières.

Retour au standard avec « It Could Happen To You » où Miles et Trane jouent des contraires, comme opposés, sourdine feutrée et économie dans les moyens, contre crescendo ascendant volubile et viril, de quoi mettre en valeur chacun. Et tout se termine en be-bop par l’incontournable Monk, l’homme qui semble avoir écrit mille mélodies, mais s’est en fait arrêté autour de la centaine, gravant des totems comme cet incroyable « Woody'n You », ici particulièrement sautillant.

Ainsi se termine le second volume de cette quadrilogie d’exception !

The Miles Davis Quintet - If I Were A Bell from Relaxin' With The Miles Davis Quintet
The Miles Davis Quintet - You're My Everything from Relaxin' With The Miles Davis Quintet
The Miles Davis Quintet - I Could Write A Book from Relaxin' With The Miles Davis Quintet
The Miles Davis Quintet - Oleo from Relaxin' With The Miles Davis Quintet
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Cooltrane » dim. 2 mars 2025 00:10

j'l'attendais avec impatience :vieuzzz: :pausecaffé: :pigkiss: :winner:


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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 2 mars 2025 03:09

Cooltrane a écrit :
dim. 2 mars 2025 00:10
j'l'attendais avec impatience :vieuzzz: :pausecaffé: :pigkiss: :winner:

Je connais ton attachement pour cette musicienne que je suis également, couleurs orientales et même souvenirs de R Wyatt surgissent du flow de cette fleur du Bahreïn...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 2 mars 2025 03:29

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Mal Waldron Quartet – Mal, Verve, Black & Blue – (1996)

Mal Waldron est certainement l’un des musiciens les plus considérables de son époque, il a été également très prolifique et certains de ses albums, comme celui-ci, sont peu connus, bien qu’il soit aisé à se procurer. C’est une sorte de « musicien-phare » avec des périodes discographiques très en vue et d’autres qui se cantonnent dans une certaine obscurité.

C’est un peu le cas de cet album, enregistré en live le onze octobre quatre-vingt-quatorze, au Théâtre « Satiricon » d’Essen, en Allemagne. A l’origine c’est le saxophoniste Jim Pepper qui devait jouer à ses côtés, mais il décéda avant que n’arrive la date de ce concert, c’est donc un presque inconnu, un protégé de Jim Pepper appelé Nicolas Simion, qui joua ce soir-là et débuta ainsi une carrière de musicien professionnel.

Le contrebassiste Ed Schuller et le batteur Victor Jones complètent le quartet. L’album qui résulte de ce concert dure plus de soixante-quinze minutes, ce qui est considérable, les années quatre-vingt-dix sont celles de la maturité pour le grand Mal, son bagage et sa personnalité sont énormes, et quand il joue, il se passe toujours quelque chose, comme en témoigne ce bel album.

Six pièces sont jouées qui révèlent un saxophoniste très doué, bien à sa place dans le cadre de ce quartet, on ne peut le qualifier de free, mais il peut être sujet à quelques rares glissements qui vont bien, comme dans l’intro de « Judy Full Grown » qui ouvre l’album, pour autant il est solide et carré et se tient à la tête des impros avec ténacité, montrant qu’il a quelque chose à dire et à apporter.

Il faut dire que Maître Waldron, à l’arrière, tient la boutique avec ce style en partie hérité de Monk, mais aussi de Cecil Taylor pour ce qui est de la rigueur rythmique, mais avec une épure qui le caractérise singulièrement, jouant des répétitions et grand organisateur de climats, comme sur l’envoûtant « Transylvanian Dance » de Nicolas Simion, qu’il charge d’ombres et de mystères.

Pourtant c’est bien Mal le plus prolifique en compos, trois, dont le fameux « Soul Eyes » dont on peut dire aujourd’hui qu’il est devenu un standard, tellement il est repris par nombre de musiciens, qui y trouve nature à développer leur personnalité musicale. Les plus grands s’y sont frottés, Coltrane, Stan Getz, Archie Shepp, Art Farmer ou Joe Henderson… La pièce très lyrique et romantique va bien ici, on y croit vraiment, avec un Nicolas Simion délicieux et un volubile Ed Schuller.

Il y a également un titre proposé par ce dernier, « I See You Now », qu’il vient de composer et dont il propose une version sur l’album « Mu-Point », c’est bien là la façon de Mal d’inciter chacun à apporter sa touche créatrice, impliquant d’emblée le musicien dans le collectif. La pièce est très chouette et permet à chacun de performer en solo, Mal, Simion, et Schuller avec un magnifique solo de contrebasse, plein de blues, qui fait plaisir.

La dernière pièce jouée provient du disparu Jim Pepper avec un rappel, « The Last Go Pepper Blues », sans doute l’album lui est-il dédicacé, mais je n’ai pas lu les notes du livret un peu copieuses et en anglais, donc je ne suis pas en mesure de l’affirmer avec certitude… La pièce est très belle, enracinée par le terreux Ed Schuller.

Vraiment un chouette album !

Pour écouter récupérer ici: https://wetransfer.com/downloads/1d10f9 ... 740885770 lien valide trois jours.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 3 mars 2025 02:46

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Art Pepper – Art Pepper + Eleven (Modern Jazz Classics) – (1959)

Un curieux album peut-être un poil suranné, mais rien n’est sûr, car il déborde de nombreuses qualités. Dès son titre, il revendique le statut de classique, ce qui lui est le plus souvent accordé par la critique jazz plutôt unanime.

Comme signalé également sur la pochette qui en dit long, ils sont onze à suppléer le saxophoniste alto, pas tout à fait un big band mais pas vraiment loin non plus, tous excellents, une force de frappe considérable sous la baguette de Marty Paich qui signe les arrangements et conduit le navire, c’est un peu le « boss » ici.

Néanmoins c’est Art Pepper qui prend la part du lion, il est omniprésent et rafle la plupart des solos, on ne peut lui en vouloir car il est vraiment excellent. Ce vieux jazz, peut-être désuet, ne se dévoile pas si facilement si on ne s’y concentre pas au moins un peu. Art Pepper mérite votre attention soutenue et alors surgit toute la subtilité de son jeu, sa finesse, entre cool et bop il nage entre deux eaux comme un poisson dans l’onde.

Au programme que des hits, des standards mille fois alignés, ici dans une nouvelle livrée, avec les onze qui brillent et l’écrin finement serti de Marty Paich qui enrobe et met en valeur, swing ce qu’il convient, faut surgir les cuivres, puis les anches, avec des riffs qui martèlent et la rythmique qui fourmille, de quoi offrir à Art Pepper un cadre dans lequel il ne peut que briller, lui qui est déjà un maître particulièrement habile !

Il y a un paquet de standards sur la ligne de départ, comme une sorte de « best of », ils sont là tous alignés, avec, déjà, toutes leurs décorations sur les poitrines garnies, alors, vous désirez « Opus De Funk » ? « ‘Round Midnight » ? « Four Brothers » ? ou bien « Anthropology » ? ou encore « Walkin' » ou « Donna Lee » ? Ils sont douze titres sur les rangs, chacun est incontournable et redoutable !

L’album fonctionne comme un piège car forcément à un moment vous vous direz, « Tiens je connais ce truc-là ! Et celui-ci aussi ! » et vous voilà tapant du pied et balançant la tête, il y a bien une fatalité dans cette musique à laquelle il est difficile d’échapper…

Pour ma part je suis bien un inconditionnel d’Art Pepper, mais je préfère une période plus tardive, un peu comme pour Chet Baker, peut-être après qu’il ait chèrement payé la faute lourde, qui l’envoya derrière les barreaux, il a remonté la dure pente, et la musique qu’il joua alors, vers la fin des années soixante-dix et dans les années quatre-vingts, me toucha avec une grande force…

Art Pepper - Opus De Funk (Official Visualizer)
Art Pepper - Move
Donna Lee
'Round Midnight (Art Pepper + Eleven Modern Jazz Classics)
Four Brothers (Art Pepper + Eleven Modern Jazz Classics)
We will dance again...

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 4 mars 2025 03:04

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Pat Martino – We'll Be Together Again – (1976)

La date est d’importance, elle nous indique que Pat était encore dans la première partie de sa vie, avant que n’arrive l’oubli et le réapprentissage. Pourtant cet album est très particulier, pour ceux qui sont attachés au Pat Martino des débuts, il y a un grand changement, il dévoile son côté intime et introspectif…

Il joue en duo avec Gil Goldstein qui tient le piano électrique, les deux vont s’attaquer à des standards en creusant les mélodies, improvisant à partir de peu, et créant des boucles sonores souvent évanescentes, légères comme de la vapeur d’eau, révélant une autre face de la personnalité du guitariste, porté par un minimalisme créateur de charme et de poésie.

Pendant quarante-cinq minutes les deux vont imaginer ce monde sonore inédit, Goldstein participe également aux solos, mais son apport est davantage en soutien, il crée les nappes sonores, inventent les cocons doux, les appuis nécessaires pour que le guitariste puisse voler de branches en branches, sans jamais choir ou se sentir brisé dans son élan, l’ossature ainsi patiemment édifiée, bien que légère et brinquebalante, est largement suffisante pour permettre à l’oiseau de s’y poser et de voler à coup d’ailes vers le ciel bleu et les nuages duveteux.

On appréciera avant tout le titre d’introduction, la suite Open Road, constituée par « Olee », « Variations and Songs » et « Open road », ainsi que le titre de fermeture, l’éternel « Willow Weep For Me » magnifique et très reconnaissable qui virevolte et vagabonde joyeusement. Mais on pourrait citer également « We'll Be Together Again » qui donne son titre à l’album ou « Lament » et « Dreamsville » qui vont bien également.

A nouveau un agréable moment à passer aux côtés de Pat Martino, dans un exercice différent, particulièrement réussi…

Open Road: Olee / Variations And Song / Open Road
Lament
We'll Be Together Again
Dreamsville
Willow Weep For Me
We will dance again...

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