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Keith Jarrett, Gary Peacock, Paul Motian – The Old Country (More From The Deer Head Inn) – (2024)
On le sait, Keith Jarrett a dû déposer les armes, mais il a fait tant de choses dans sa vie, joué tant de musique, qu’il est loin le jour où ne sortiront plus d’inédits. « The Old Country » par exemple a été en fait enregistré le seize septembre quatre-vingt-douze, les petits mots entre parenthèses ajoutent même une précision d’importance, « More From The Deer Head Inn ».
C’est que « L’auberge à la tête de Cerf » a été importante dans la vie de Keith Jarrett, c’est en effet à cet endroit qu’à l’âge de seize ans, il joua pour la première fois en trio, son « premier travail sérieux », confie-t-il. Le lieu, à Allentown en Pennsylvanie, possède une histoire, car c’est l’un des plus vieux clubs des Etats-Unis, il s’y joue concerts et spectacles depuis mille neuf cent-cinquante.
Cet album possède une autre singularité, c’est que Keith a créé un trio qui s’est produit à partir de mille neuf cent quatre-vingt-trois, jusqu’en deux mille quatorze, pour jouer principalement les pièces du répertoire américains, ces fameux standards qui depuis parcourent le monde. Le trio habituel est formé par Keith, le bassiste Gary Peacock et le batteur Jack DeJohnette, or, sur cet album-ci Paul Motian est le batteur, ce qui constitue une rareté notable.
« The Old Country » est donc formé de standards qui ne parurent pas à l’époque sur l’album « At The Deer Head Inn », sorti en quatre-vingt-quatorze, sur ECM bien sûr. Paul Motian et Jack DeJohnette sont, bien entendu, deux grands batteurs, mais au style différent, il me semble que Motian est sans doute plus elliptique et plus léger, alors que DeJohnette est plus dense et démonstratif, mais les deux possèdent un toucher rare et exceptionnel.
C’est donc le troisième « grand », Gary Peacock, qui fait ici l’unité avec keith Jarrett. Il y a dans le répertoire présenté ici de quoi faire la revue de quelques titres « totems », appartenant désormais au jazz, après avoir parcouru les « charts » et les rues de Broadway. On pourrait citer « Straight No Chaser » de Monk, « Someday My Prince Will Come » que reprit Miles Davis, « How Long Has This Been Going On » de Gershwin, ainsi que deux titres de Cole Porter, « Everything I Love » et « « All of You », il faudra donc ajouter « The Old Country » de Nat Adderley, superbe titre teinté de blues !
Il est possible que certains minorent ces albums de reprises, pourtant il y en a de magnifiques, et celui-ci fait partie très certainement des réussites, mais il me faut bien reconnaître que je ne connais pas l’album de quatre-vingt-quatorze, mais l’écoute de celui-ci donne envie, d’autant qu’il est rempli à raz-bord.
A savourer !
Everything I Love (Live)