
2017 - Roll with the Punches
Van Morrison poursuit son petit bonhomme de chemin, enfilant les disques comme d’autres les perles, et le voici de retour à ses premières amours: le Blues. "Roll With The Punches", paru en 2017, propose une contre-plongée à travers dix classiques du Blues et cinq originaux.
Cet album est prétexte à une réunion d’artistes triés sur le volet: le chanteur Chris Farlowe participe à quatre titres, tandis que Jeff Beck intervient sur cinq pistes. Autres invités de renom avec l’organiste Georgie Fame, ancien coéquipier de Van et l’harmoniciste Paul Jones.
Les quatre musiciens se montrent d’une rigueur quasi religieuse. Beck se montre d’une sobriété presque monacale. "Transformation" se révèle une ballade délicate. Avec Farlowe, le morceau demeure agréable et reste sur le tempo de ses meilleures ballades embaumées par une voix chaleureuse et une poésie panthéiste. Parmi ses compositions, il reprend "Fame", une ballade à la sauce Blues, secondé brièvement par l’harmonica de Paul Jones. "Too Much Trouble", un nouveau titre, tient plus du Jazz vocal et s’éloigne quelque peu du ton d’ensemble, malgré les efforts du bonhomme au saxophone. Dernière œuvre, "Ordinary People" est un Blues lent figurant dans l’album "The Philopher’s Stone".
Niveau reprises, il y a quelques déceptions: "I Can Tell", popularisé par Bo Didley, ne décolle jamais, le rythme oscille sans cesse entre R&B et Country et finit par se perdre. Le meddley "Stormy Monday / Lonely Avenue" paraît brouillon. "Goin’ To Chicago", un Jazz popularisé par Count Basie dont on se demande ce qu’il vient faire ici. Morrison s’égare bel et bien, navigant entre crooner et Rétro Jazz. Même impression avec "Benediction", titre de Mose Allison que Van reprenait dans l’album "Tell Me Something". Le morceau ne s’imposait tout simplement pas. Enfin, on reste partagé sur la reprise de "Bring It On Home To Me" sur laquelle il délivre une version reposant quasiment sur une trame Gospel, perdant ainsi une bonne partie de l’essence de son groove.
Il y a cependant des reprises honorables, certaines frisant même les sommets : l’inusité "How Far From God", un Rock Gospel de Sister Rosetta Tharpe, prend un petit air de jeunesse. Le piano de Stuart McIlroy et la guitare de Dave Keary semblent y fusionner. Sur "Teardrops From My Eye", œuvre de Rudy Toombs popularisée par Ruth Brown, Morrison s’en sort très bien en assemblant R&B et Swing et en évitant tout effet trop sirupeux. Le Blues "Automobile Blues", un inusité de Lightnin’ Hopkins, renvoie l'auditeur entre le Texas et Chicago avec l’excellente partie d’harmonica de Ned Edwards. Autre bon moment avec "Mean Old World" dans laquelle Morrison fait sonner son chromatique au rythme du piano tandis que la guitare de Ned Edwards se fait aérienne. Dernière reprise avec "Ride On Josephine", Hit mineur de Bo Didley, qui vient clore les débats sur un rythme enjoué et festif.
Ce nouvel opus contient une bonne moitié de bons moments, l’autre moitié (principalement les titres les plus tempérés ou Jazz) semble manquer un peu de relief, de dimension et de prise de risque.