J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 17 juin 2024 03:52

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Cassie Kinoshi's Seed – Gratitude – (2024)

Cassie Kinoshi joue du saxophone alto, son nom semble assez discret sur la planète « jazz », et pourtant, quand j’atterris sur Discogs pour récupérer une pochette, son nom s’illumine de partout. Avec l’album de « Kokoroko », mais là je savais, mais encore avec « Driftglass » du Seed Ensemble, ou « You Can't Steal My Joy » d’Ezra Collective ou « Blume » de Nerija, et l’album « Source » de Nubya Garcia, ou encore « Black To The Future » de Sons of Kemets, sans parler de la fabuleuse compile « We Out Here » de dix mille dix-huit ! Ça clignote de partout vous dis-je !

Pourtant, ces multiples indications ne nous permettent guère d’anticiper l’écoute de cet album, ni par la forme, ni par le contenu, car Cassie a sorti de son chapeau une œuvre singulière : une longue suite musicale appelée « Gratitude ». Elle l’a créée en réponse à une commande, et l’a offerte au public au Southbank Centre de Londres en deux mille vingt-trois, et ça s’écoute face A.

Cassie est altiste mais également excellente arrangeuse, ce qui lui a permis de mettre sur pieds cet ambitieux projet avec son grand ensemble de jazz, appelé « Seed », augmenté du « London Contemporary Orchestra » ainsi que du platiniste NikNak, mis en vedette ici. Je ne fais pas la liste des musiciens présents sur cet enregistrement, mais on est au niveau d’un gros big band, pour donner une idée et situer l’enjeu.

L’interaction avec le grand orchestre à cordes est aux petits oignons et l’harmonie est de mise. Ainsi l’atmosphère est particulièrement « cool », agréable et coordonnée. Du travail très écrit en somme, ne laissant pas tant de place que ça à l’impro, mais on goûte tout de même aux solos jazz qui sonnent à chaque fois juste comme il faut, pour laisser respirer la musique et lui donner la bonne vibration.

La seconde face correspond à un enregistrement plus ancien, de deux mille vingt et un, au mois d’avril, effectué au fameux « Total Refreshment Centre », le cœur vivant, alors, de la nouvelle vague londonienne. La face B est donc consacrée uniquement à la pièce « Smoke In The Sun » interprétée par l’ensemble « Seed » d’une durée de moins de six minutes, ce qui est bien court, même si la pièce est belle et bien foutue.

On peut s’interroger tout de même à propos de ces sorties assez faibles au niveau quantitatif, au point qu’il faille passer à la vitesse du quarante-cinq tours pour pouvoir l’écouter. On n’arrive même pas aux vingt-huit minutes, le prix en face, lui, ne bronche pas. Une sortie International Anthem.

i


ii


iii sun through my window


Smoke in the Sun
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 18 juin 2024 03:02

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The Messthetics - The Messthetics and James Brandon Lewis (2024)

Voici un « Impulse » qui mérite le détour, même s’il se fera chahuter par certains piristes, eu non, puristes ! Pourtant il ne devrait pas, car, bon sang, c’est un bien bel album. L’objet du délit, « The Messthetics » sont des impurs, un trio basé à Washington DC, avec le guitariste Anthony Pirog issu du « rock expérimental » et rien moins que la section rythmique du mythique Fugazi, à savoir le bassiste Joe Lally et le batteur Brendan Canty.

Pour ceux qui imagineraient que ces deux-là sont du genre « brute épaisse à deux balles », il va falloir revoir la copie, déjà j’aime bien Fugazi dont j’ai quelques albums, et, de plus, on est bien loin de ces stéréotypes assez cons, pour tout dire. Et puis il y a cet invité de feu, ce gars absolument passionnant qui écrit une nouvelle page remarquable, le saxophoniste James Brandon Lewis himself !

Inutile de préciser que la fusion à quatre est absolument épatante, un beau mélange entre rock et jazz qui fonctionne tout au long des neuf pièces. Curieusement il n’y a aucun crédit sur l’album et aucun titre n’est attribué, comme si les quatre se partageaient l’honneur des compos, chacune le fruit d’une collaboration mutuelle et chacun à son niveau d’action.

C’est particulièrement sur les titres rapides que la rythmique, extrêmement carrée, se montre hyper efficace, et si, comme sur « Fourth Wall» la guitare de Pirog strie l’espace de façon saignante, déplaçant l’air pour faire la place à Brandon qui liquéfie tout sur place, alors on est quelque part au sommet, à l’apothéose, du bon boulot et grand service !

Bon, il y a également quelques ballades, comme « Asthenia » ou « Three Sisters », alors forcément ça le fait différemment, un autre visage. Il y a aussi « Emergence » qui se présente un peu comme un truc au format hit, rapide et nerveux, qui le fait bien dans le genre, on en redemanderait presque ! On pourrait citer également le funky « That Thang » qui a des velléités tubesques et commerciales, c’est sûr, ça ne plaira pas aux piristes !

Vous avez de quoi vous faire une idée désormais, alors n’hésitez pas écouter l’album en commençant par l’excellent titre d’ouverture « L'Orso » qui ouvre l’appétit.

L'Orso


Fourth Wall


The Messthetics, James Brandon Lewis - That Thang


The Messthetics, James Brandon Lewis - Emergence
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 19 juin 2024 03:47

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Louis Sclavis Sextet – Les Violences De Rameau – (1996)

Louis Sclavis sur ECM, déjà presque une victoire, mais le gars est tellement particulier qu’il va ajouter un peu d’embrouilles dans la machine. Rassurez-vous, en tout bien, tout honneur, il va pêcher par grandeur d’âme et hauteur de vue. C’est comme ça, d’autres à sa place se seraient fondus dans la recette et auraient épousés les standards du label, faire du propre et du net.

Pas lui, il a écrit un truc ambitieux et carrément d’avant-garde, une véritable œuvre d’auteur, qui sort de l’ordinaire et qui n’appartient qu’à lui. Gloire à Louis Sclavis qui joue dans le dur et croit en sa bonne étoile, il fait bien d’ailleurs, car Manfred Eicher y a toujours cru lui aussi, contre vents et marées…

Voici le sextet, Louis à la clarinette, clarinette basse et saxo soprano, Yves Robert au trombone, Dominique Pifarély au violon acoustique et électrique, François Raulin aux claviers, Bruno Chevillon à la contrebasse et François Lassus à la batterie. Ne vous inquiétez pas pour eux ce sont tous des pointures et la copie est magnifique, tendance sublime…

Pour bien comprendre le projet il faut savoir que « Les Violences de Rameau » était une commande du ministère de la culture qui subventionnait l’affaire, les pièces étaient arrangées d’après « Les Boréades », « Les Indes Galantes » ou « Dardanus », un répertoire classique bien sûr, qui imprègne l’ensemble de l’œuvre.

Pourtant on entend l’influence jazz qui se glisse, ou même quelques folks qui s’insinuent, une légère teinte rock parfois, mais aussi la musique de chambre, et des structures non habituelles, des mélanges inédits, et par-dessus tout ça, l’impro qui s’invite au milieu du menuet…

Tout le charme est là, dans « Réponses à Gavotte » qui s’électrise ou « le diable et son train » qui ouvre le bal et « Pour vous… ces quelques fleurs », d’après « l'éclat des roses », dans les « Indes Galantes ». Vous l’avez compris, ici, c’est du hors-piste, de l’aventureux, ce genre d’album est forcément excentrique et même parfois délirant, loin de l’académisme de départ, mais cette folie étrange était d’emblée contenue dans l’intention, le geste était réclamé en même temps que l’insolite et l’étrange.

Voici la citation de Rameau qui figure en bonne place sur le livret accompagnant : « Le désespoir et toutes les passions qui portent à la fureur demandent des dissonances de toutes espèces non préparées. » Nous voilà prévenus !

Louis Sclavis Sextet ► Réponses à Gavotte [HQ Audio] Les Violences de Rameau 1996


Louis Sclavis sextet 'venez punir son injustice'son injustice mp3
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 20 juin 2024 03:37

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Rob Mazurek, Mwata Bowden, Julien Desprez, Matthew Lux, Mathieu Sourisseau – Four Views of a Three Sided Garden, Shore to Shore – (2016)

Ouvrons une nouvelle page des « Bridges Sessions », ici le troisième volume, et une nouvelle rencontre, encore… Côté Etats-Unis Rob Mazurek au cornet et à l’électro, Mwata Bowden à la clarinette, au sax baryton, au didgeridoo et aux percussions, Matt Lux à la basse électrique et un invité supplémentaire, du genre « coucou je suis de passage… », rien moins que Douglas Ewart au cor anglais et à « l’Ewart bambou piccolo », sur la première pièce uniquement…

Côté France Julien Desprez à la guitare électrique et Mathieu Sourisseau à la guitare basse acoustique. Tous de beaux improvisateurs, des noms qui me parlent, et le gage d’une musique très ouverte, essentiellement improvisée, née du « rien » ou du pas grand-chose, de la création spontanée du temps d’avant, pourrait-on dire, comme un fil tendu vers les « anciens », qui misaient sur la sincérité du moment et la joie du partage.

Deux pièces sont jouées, « Fourth View » est la première, de près de vingt-trois minutes, et « Second Side » qui enchaîne, frôle les trente-quatre minutes. Après une intro plutôt calme, la première vire vive d’emblée, bavarde et agitée, pourtant le temps semble s’étirer et la masse arrive par vague, puis se retire, avant de revenir… Magnifique pièce quasi hypnotique qui subjugue l’auditeur attentif, vite piégé !

La seconde pièce est tout d’abord atmosphérique, se plaisant dans la création de climats sonores qui s’étalent par nappes, l’électro installe l’espace et le structure, contrarié parfois par Julien Desprez qui le strie et le zèbre, traçant de grands traits sur la toile. Un courant souterrain semble vouloir se former et se déplacer avec lenteur, déplaçant la masse sonore, parcourue de frissons en surface…

Le didgeridoo surgit de la nuit des temps et se fait entendre, tel un drone, il incarne le passé, le poids de l’histoire sur lequel Rob Mazurek dessine sa propre trame, comme une urgence, au son du cornet qui dispute le souffle continu au dinosaure, qui finalement s’étiole… Le temple semble vouloir s’étirer, comme un blues qui crie, Bowden à la clarinette, avec Sourisseau qui nourrit d’énergie le serpent enfoui, et glisse lentement…

C’est à nouveau la guitare de Julien qui relance en fin de parcours, comme un break, l’album progresse ainsi en courtes phases qui se succèdent et s’enchaînent.

C’est le troisième album de la série des « Bridges Sessions ».

Fourth View


Second Side
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 21 juin 2024 02:35

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Gutbucket – Flock – (2011)

Gutbucket est une formation basée à New York qui a sorti son premier album en deux mille un et son dernier, le sixième, en deux mille seize. « Flock » est le cinquième, enregistré alors que tout semblait tourner rond et bien s’accorder, c’est leur seul enregistrement sorti par le label Cuneiform Records, un très beau Cd.

Mais qui sont donc ces quatre bougres qui semblent vouloir jouer sans cesse avec les étiquettes ? Ty Giterman joue de la guitare électrique, Adam D. Gold de la batterie et des percus, Eric Rockwin des basses et autres, Ken Thomson des saxos et des clarinettes, de toutes sortes.

Je parlais d’étiquettes un plus haut, car ces gars sont inclassables, par une sorte de rapprochement artistique dans la démarche on pourrait citer rapidement Zappa, c’est tentant, mais pourtant très inexacte, à l’écoute. Mais ce sont des barrés, par exemple le titre d’ouverture se nomme « Fuck You and Your Hipster Tie » !

On pourrait tout aussi bien citer Henry Cow, bien que ce soit encore à côté, alors je vais tenter d’éclaircir tout ça. Bien qu’ils ne soient que quatre ils sonnent souvent comme s’ils étaient plus nombreux, leur musique est branchée, à l’électricité, et oui, les guitares. Ils écrivent beaucoup, les titres sont léchés et bien chiadés. Du coup ça tourne bien, au millimètre, et tout est soigneusement préparé.

Il y a pas mal de césures dans la musique, là on pourrait penser à Zorn, le roi dans ce style. Il y a également de vives accélérations, des virages brusques, mais aussi des interruptions, de quoi vous surprendre, car c’est le but. Il y a également une forte énergie libérée, comme au rock, d’ailleurs ça s’en rapproche fréquemment. Souvent on pense à du « jazz rock », mais plutôt par courtes phases. Il y a également des ruptures rythmiques et des montées en tension très travaillées, avec effet final assuré.

Les pièces sont donc assez dissemblables, bien que s’affirmant grâce au style, ce qui donne une belle unité à l’album. Ma pièce préférée pourrait être « Murakami ». On peut citer également « Give up » assez marquante par son final. A la fin de l’album siège une suite un peu ambitieuse, « Born Again Atheist Suite », en trois parties, « Dyslexic Messiah », « Sacrificial Vegan » et « Turning Manischewitz into Wine », pour une durée totale d’environ dix-sept minutes. Une bien belle réussite également !

Vaut le détour comme on disait autrefois…

Murakami


498


Dyslexic Messiah (Where's Your Dog​?​)


Turning Manischewitz into Wine
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 22 juin 2024 03:56

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Carlos Niño & Friends – Placenta – (2024)

La dernière arrivée des productions International Anthem, sous la forme d’un double LP signé par le collectif Carlos Niño & Friends. Le titre « Placenta » suggère le thème de l’album qui gravite autour de la grossesse et de la naissance, tant sous l’angle psychique que physique, incluant jusqu’au stade de la parentalité. Quand on connaît l’emploi du temps du surbooké Carlos Niño, nous voilà quasi pantois. Mais voilà, avec l’arrivée de Moss, l'enfant de Niño, l’inspiration s’impose.

Désormais familiers de la coolitude de cette musique tant électro qu’acoustique, avec une abondance percussive qui fourmille et crapahute, sans oublier les collages sonores et autres sorcelleries du genre, qui sont là sans qu’on ne les devine ni ne les décèle. Tant tout disparaît sous le pinceau de l’artiste magicien présent jusque dans le monde in utéro.

Les vignettes sonores défilent et se suivent tranquilou, avec des motifs qui se suivent ou se superposent, s’enchainent, s’intègrent ou s’incorporent. Des bruits associés, ou des paroles inspirées, nous proposent somme une immersion dans ce moment du passage, depuis le début de la vie. L’eau, la respiration, les vagues, les soupirs, ou comment vibrer charnellement, à l’écoute du corps…

C’est un peu intrusif, ainsi on se branche aux sensations liquides et fluides, au placenta nourricier où s’effectuent les échanges, on entend jusqu’à la voix de l'accoucheuse Haize Hawke, et des tendres cris de Moss…

Il y a aussi une tribu d’invités de passage, je vous les cite en un lot, vous y reconnaitrez de sacrées pointures : Nate Mercereau, Jamire Williams, Sam Gendel, Jamael Dean, Dexter Story, Brandon Eugene Owens, Maia, André 3000, Jesse Peterson, Ariel Kalma, Surya Botofasina, Annelise, Haize Hawke, Aaron Shaw, Devin Daniels, Tiffany de Leon, Michael Bolger, Michael Alvidrez, Lasos, Photay, Deantoni Parks, Adam Rudolph, Andres Renteria, Cavana Lee et Moss évidemment.

Quelques pièces pour illustrer l’album, « Birthworkers Magic, and how we get hear… » avec Maia, Abdre 3000 et Jesse Peterson, « Love to all Doulas! » qui ouvre l’album, « Placenta, Nourishment, New Home, The Galaxy » l’excellent « Bi-Location »,« Play Kerri Chandler's Rain » qui occupe la face D.

Je ne sais si cet album ajoute à la légende, mais il est là, dispo, en attente…

Love to all Doulas!


Birthworkers Magic, and how we get hear…


Placenta, Nourishment, New Home, The Galaxy


Bi-Location


Play Kerri Chandler's RAIN
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 23 juin 2024 15:16

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Spiral Quartet – kaleidoscope – (2007)

Commençons par les musiciens, Philippe Poussard joue du saxophone soprano et compose à peu près tout, excepté la courte pièce « imminence », et la suivante, qui est une création collective improvisée. Il y a également le grand pianiste Bruno Angelini, ainsi que François Charles Delacoudre à la contrebasse et Christian Lété à la batterie et aux percussions.

L’album est constitué par une longue suite en six parties, auxquelles s’ajoutent trois « transitions » qui s’intercalent, ainsi que « imminence » dont je vous ai fait déjà part. La dernière pièce « Jeux Parallèles » est indépendante et dépasse les dix minutes. Ainsi se structure ce CD.

Côté musical c’est assez riche et varié, on se situe entre musique écrite et musique improvisée, en même temps qu’entre free jazz et influence contemporaine, il n’y a pas vraiment d’équilibre là-dedans et il est inutile d’en chercher, le titre de l’album, « Kaleidoscope » est décidément bien trouvé !

A ce stade on peut féliciter la prise de son, beaucoup de clarté et de définition, de quoi satisfaire les plus exigeants, l’album est paru sur un label allemand, « Konnex Records », mais a été enregistré, mixé et produit en Italie, en septembre deux mille six.

La musique proposée est souvent « sans corps », volatile, rêveuse et impalpable, pleine de finesse et d’harmonie, saxo et piano dessinent des arabesques, des routes et des sentiers qui déroulent un parcours que l’on suit, avec l’un, puis avec l’autre, sans être sûr d’aller quelque part, mais est-ce le but ?

Les transitions sont des pièces courtes qui s’intercalent de façon semble-t-il improvisée, le temps d’un geste ou d’un mouvement, d’une question ou d’un commentaire… La dernière pièce de la suite « Eclats » est également la plus énigmatique, entre pause lente et course folle, ménageant des contrastes, comme des pulsions ou des questions inquiètes.

Spiral Quartet est donc une fenêtre ouverte sur les musiques actuelles, en partant du jazz, son langage premier, vers les musiques contemporaines, abstraites ou sérielles. Les quatre savent faire et nous emmener vers ces nouveaux paysages sans qu’on s’y perde.

(Hélas, pas d'extrait pour cet album pourtant intéressant...)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 24 juin 2024 05:22

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Evan Parker, George Lewis, Barry Guy, Paul Lytton – Hook, Drift & Shuffle – (1985)

Evan Parker, saxophoniste britannique de free jazz, né le cinq avril quarante-quatre à Bristol, en Angleterre, est tout simplement l’un des plus considérables musiciens du vieux continent, et certainement parmi ceux dont l’influence fut la plus grande. Il me semble vous avoir fait part d’Evan à propos de « Monoceros » de soixante-dix-huit, un album emblématique.

Je l’ai évoqué également au long de ce fil, avec « Chiasm » sorti en deux mille dix-neuf, ou sur l’album « Descension (Out Of Our Constrictions)» de Natural Information Society où il intervient en tant qu’invité, ou encore sur l’album « Pakistani Pomade » du Alexander Von Schlippenbach Trio, ou sur « Nipples » du Peter Brötzmann Sextet, ou encore sur « Procession » un album Live du « Chris McGregor’s Brotherhood of Breath, ou sur « Spirits Rejoice! » du Louis Moholo Octet, ou encore sur « Karyōbin » du Spontaneous Music Ensemble, ou bien de « Pearls » du « Globe Unity Orchestra And Guests », ou de « Groupcomposing » de Misha Mengelberg et Peter Brötzmann, ou encore « Fixing The Fluctuating Idea « du Evan Parker ElectroAcoustic Ensemble With Sainkho Namtchylak.

J’arrête là cette liste car en fait elle se poursuit encore sur une belle longueur, mais elle signifie prioritairement que ce musicien, dont il semble que l’on ne parle pas tant que ça, est en fait présent partout, au travers de multiples albums de tous genres, mais avec en toile de fond l’improvisation avant tout, car ce surdoué est l’un des plus géniaux improvisateurs de sa génération.

Il joue du sax soprano en premier instrument et du ténor en second, sur cet album également. L’enregistrement a été effectué en concert, le quatre février quatre-vingt-trois, à Bruxelles, au Palais des beaux-Arts. Evan est accompagné par le grand George Lewis au trombone, Barry Guy à la contrebasse et Paul Lytton aux percussions. Tous des as !

Trois titres sont joués, le premier et le plus long est « Drift », trente-quatre minutes et demi, ensuite vient « Shuffle » qui frôle les dix minutes et enfin « Hook » clôt le concert, ainsi le Cd qui dure une cinquantaine de minutes. La première parution de quatre-vingt-cinq en vinyle est sortie sur « Incus », label free dirigé par Derek Bailey, Tony Oxley et Evan Parker lui-même. Je possède la réédition Cd de deux mille sept sur « psi ».

J’ai beaucoup apprécié l’écoute la musique proposée, particulièrement la nuit, et je me disais : « Tiens, c’est une musique de nuit ! » En effet il se passe toujours quelque chose sur cet album qui pourrait évoquer « les bruits de la vie dans la forêt » mais accentués et forcis, amplifiés et augmentés, du genre surréaliste…

En fait « Drift » par exemple regroupe un bestiaire stupéfiant qui n’aurait de cesse de faire intervenir de multiples coassements, grognements, hululements, pépiements et autres borborygmes plus ou moins inquiétants… Cet album c’est un spectacle sonore, une symphonie du vivant, prompte à gratouiller l’imagination, pour qu’elle soit stimulée au maximum, créant des scénographies qui se succèdent et se superposent…

Oilà, oilà…

Les trois mêmes, mais pour un autre concert, ce n'est pas la musique de l'album présenté, mais ça donne une idée...

Evan Parker, Barry Guy & Paul Lytton: Live at the Knitting Factory (1996)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 25 juin 2024 05:08

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Ethnic Heritage Ensemble – 21st Century Union March – (1997)

Un album de l’Ethnic Heritage Ensemble ça fait toujours plaisir, celui-ci se distingue par l’absence d’invités, qui rythment habituellement les sorties. Juste un trio, donc, avec Joseph Bowie au trombone, Edward Wilkerson au ténor et à la clarinette, et bien sûr, Kahil El’Zabar au « earth drums », « trap drums », ou à la sanza, variété de piano à pouces et autres percussions. D’ailleurs tous jouent des percus à un moment ou à l’autre, histoire de porter et soutenir le flow…

L’album a été enregistré en juin quatre-vingt-quinze et, sur le livret, on insiste sur le soin apporté à la qualité du son lors de l’enregistrement, spécifié « digital », avec des masters utilisant une nouvelle technologie de l’époque, dite « Sonic Solutions System ». Avant même que de lire cela, j’ai en effet été surpris de la qualité du son concernant le timbre des cymbales qui tapissaient en fond musical la pièce écoutée.

C’est un album Silkheart, le label suédois, ce qui signifie Cd très longue durée, comme à chaque fois, soixante-douze minutes et quarante-quatre secondes certifiées. Bien que neuf titres soient annoncés, dix défilent au compteur. Sans surprise Kahil El’Zabar est le compositeur, sauf pour le standard « Lover Man » dont il donne une magistrale version où il chante. Comme pour tous les albums de cette formation, priorité est laissée aux rythmes, au groove, ingrédient essentiel de ce riche album.

On connaît la « recette » de Kahil et de ses rythmes aux propriétés hypnotiques et anesthésiantes, qui subjuguent et font tripper, cette base sur laquelle se greffent les mélodies des solistes, souvent répétitives et habiles, toujours promptes à vous embarquer avant de vous faire décoller, sans votre consentement, vous saisissant en s’emparant de votre âme pour la balader dans l’autre réalité, celle des rêves et de l’imaginaire…

Écouter l’album vaut consentement, et vous n’êtes prisonnier que de votre propre cerveau, c’est, paraît-il, sans danger, rien que du naturel et de l’autosuggestion, l’Ankoù ne viendra pas vous attraper, pour vous emmener là où vous savez, où alors c’est que vous l’avez appelé, afin qu’il vous coupe de votre « âme ».

Ici est convoqué à travers les tambours, la sagesse ancestrale, dans un cadre naturel, très sobre et essentiel, avec ce surplus organique qui libère l’énergie vitale et l’éveil des sens, ce trio est de bonne sorcellerie, il saura vous prendre en charge et s’occuper de vous, chacun est un percussionniste habile et chevronné, de la meilleure catégorie, la plus haute, mélangeant douceur et élévation…

L’album est juste magnifique, tribal, premier et d’une subtilité redoutable, mélange exigeant que l’on doit à ces experts musiciens, de la classe la plus haute.

Bah ! Que dire de plus ?

Lover Man


Burundi


Crumb Puck You Let Slide


How the Cow See Cirrus
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 26 juin 2024 02:58

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John Stevens, Evan Parker – Corner To Corner + The Longest Night - (2007)

Cette compile regroupe des enregistrements importants, peut-être même fondamentaux du free jazz britannique. La session du vingt et un décembre soixante-seize contient trois pièces parues en soixante-dix-sept sous le nom de « The Longest Night Vol 1 » en édition vinyle originale. Il y a également le second volume de ces longues nuits, regroupées entre les pièces quatre à sept du premier Cd, ainsi que de la première pièce du Cd deux, c’est-à-dire le titre « 23.40 », cet ensemble constituait à l'origine le vinyle « The Longest Night Vol 2 ».

En outre, les pièces deux à huit du second Cd, proviennent d'une autre session, celle du huit juin quatre-vingt-treize, et sont issues de l’album « Corner To Corner ». Cette compile deux Cds regroupe donc trois albums qui sont parus sous le label Ogun, en deux mille sept, pour une durée totale d’environ deux heures trente, ce qui est assez impressionnant, un peu comme si vous alliez au concert ou à l’opéra.

« Corner To Corner » est donc paru un an avant la disparition du batteur John Stevens, que l’on entend également au cornet. On se souvient qu’il a été un des membres fondateurs du « Spontaneous Music Ensemble » que l’on a souvent évoqué sur ce fil, et dont il a été membre jusqu’au bout. John Stevens est une des personnalités les plus marquantes du free anglais, à l’image d’Evan Parker, son partenaire sur ces albums.

Ce dernier se concentre sur son instrument fétiche, le saxophone soprano. Ces deux musiciens, John Stevens et Evan Parker, sont donc considérables, doués d’une influence d’envergure mondiale, et pourtant, par la force des événements, souvent réduits aux petits espaces et à un public d’initiés. C’est le sort réservé aux précurseurs, débroussailleurs et défricheurs, explorateurs des terres limitrophes, entre espaces connus et terres encore inexplorées.

Le premier Cd est donc remarquable par la trace qu’il laisse d’un dialogue pied à pied, où les deux s’épousent terriblement, serrés et collés, comme en recherche de fusion. Evan est ramassé, mais jamais petit bras, comme une marmite bouillonnante que l’on sent prête à exploser mais qui se maîtrise et se contrôle, pour aller un peu plus loin, avancer encore, un pas de plus…

John Stevens est économe et généreux, son kit est minuscule, et presque ridicule, quand on pense au matériel que certains de ses collègues étalent devant eux, et même autour deux. Lui, n’a pas de grosse caisse, juste deux charlestons et une caisse claire que l’on penserait conçue pour un enfant. Maintenant écoutez bien, et vous aurez une idée de ce qu’est la « maestria ».

Les deux sont des peintres modernes, ils projettent sur la toile, laissent couler, ils envoient des gouttes colorées et zèbrent ensuite, ensemble, dans le même geste, ils superposent les couches de couleur, recherchant la nuance en faisant éclater la lumière, la faire surgir, jaillir, jusqu’à ce qu’elle éclate…

Le second album « Corner To Corner » est tout aussi remarquable et peut-être encore davantage, C’est ici que l’on entend John Stevens au cornet pour un dialogue pointilliste et intense. Ce foisonnement ininterrompu de sons, hoquetant parfois, en un éternel questionnement est particulièrement puissant et interpelant pour l’auditeur pris à parti malgré lui…

Quelque chose d’essentiel se joue dans cette musique, malgré qu'elle semble un peu perchée, sauf à s'y plonger…

19.11


23.12


Corner To Corner


Each​/​Other
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Message par Douglas » jeu. 27 juin 2024 02:57

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Waldron, Marre, Gouirand – Le Matin D'Un Fauve – (1994)

Juste une petite ligne au verso du Cd, qui pourrait servir d’introduction : « Il a joué avec Billie Holiday, Lester Young, John Coltrane et Charles Mingus. Le pianiste rejoue en trio le même air de l’innocence émerveillée. » Ça s’est passé à Tours, au « Petit Faucheux », célèbre club jazz, les dix et onze décembre quatre-vingt-treize.

La prise de son est magnifique, le piano résonne comme jamais, Mal Waldron est accompagné par Doudou Gouirand aux saxs alto et soprano, ainsi que par le grand Michel Marre à la trompette, au bugle et à l’euphonium. L’album s’ouvre sur le splendide « Eclats », première partie de la suite « Le matin d’un faune », une pièce superbe où Mal offre une ossature magique à la pièce, les deux souffleurs n’ont plus qu’à embellir et à enrichir le propos, déjà, nous savons qu’ici, rien ne sera banal ou juste beau, les dieux du jazz sont convoqués par l’illustre pianiste qui se consacre juste à l’essentiel : « Alors, lorsque j’ai une note, j’en fais un plein emploi, je la pressure dans tous les sens possibles… »

Le répertoire en dit beaucoup, ainsi les trois se sont réunis et ont travaillé trois pièces, outre la première dont je vous ai parlé, il y a deux des trois parties d’une autre suite « Trois tableaux fauves », la seconde et la dernière qui se nomment « Fictions » et « Final ». Michel Marre en outre a composé « « Chess and Mal », et Doudou Gouirand « Hourrah pour Mal », deux hommages envers le grand pianiste en toute simplicité, juste un « merci » pour le grand homme…

Gouirand a également composé le lent « Rêverie », une ballade où les solistes souffleurs sont portés par le tendre pianiste qui soutient avec économie, la note juste qui appelle l’embellissement et la grâce, avant que le pianiste lui-même ne dessine des arabesques et des variations dont il a le secret.

Mal Waldron a écrit un hommage à Cecil Taylor, « Free for C.T. » seconde partie de la première suite, ainsi que « Snake Out » qui constitue la première partie de la seconde suite, une pièce où il se montre martial, clair et puissant, emmenant à sa suite les deux souffleurs français dans un tourbillon tourmenté, empli d’une beauté grave. Cette suite est d’une grande beauté dramatique, voire emphatique.

Reste à parler de « What 'll I Do » une chanson d’Irving Berlin, écrite en mille neuf cent vingt-trois, c’est-à-dire deux années avant la naissance de mal Waldron, elle fut chantée par Franck Sinatra, Julie London, Linda Ronstadt, mais aussi Chat Baker, et pour tout dire à peu près…tout le monde !

Il faut également évoquer le dernier titre, un « traditionnel » qui convient parfaitement pour conclure un concert, avec Michel Marre à l’euphonium, le célèbre « Dear Old Stockholm » qui termine ce long set de plus de soixante-douze minutes, toutes serrées sur ce beau Cd.

Mal Waldron / Michael Marre / Doudou Gouirand - Le Matin D'Un Fauve
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 28 juin 2024 02:56

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Harutaka Mochizuki - Doppelgänger ga boku wo – (2024)

Voici un album paru sous la houlette du label « An'archives », spécialisé en niponneries diverses. Ce dernier est particulièrement intéressant car il met en scène Harutaka Mochizuki, venu au saxophone après avoir été bouleversé par l’écoute d’un album déchirant de Kaoru Abe, l’histoire ne dit pas le nom de cet album, mais ils sont nombreux les enregistrements de Kaoru gravés sous le signe de la blessure…

C’est ainsi qu’il étudia le saxophone alto, mais il chante également, la voix est douce et fragile, elle s’élève au-dessus du piano, aérienne, minimaliste, Harutaka aime le dénuement, les caresses à fleur de peau, le vent léger qui s’accroche aux bras et fait frémir…

Il y a même un karaoke qui ferme l’album, il chante « Woman – W no higeki – yori » de Hiroko Yakushimaru, une chanson triste, bien sûr, de celles qui font pleurer les hommes sur leurs amours perdus, sur la solitude qui les frappe, le soir, à l’heure d’entrer dans la couche froide… Allez, encore un p’tit verre de saké, et un autre, pour se donner du courage et chanter, et marcher dans la nuit, juste poser un pied devant l’autre, et un autre encore…

C’est Michel Henritzi l’organisateur d’un peu tout ça, une tournée en France, un passage à Londres, une session de studio, et cet enregistrement qui reprend le fruit de ces sessions. Cinq titres, deux solos de saxophone alto, deux chansons accompagnées au piano et ce titre de karaoké qui pourrait aller, juste avant de tresser la corde…

Alors c’est court, moins de trente-cinq minutes, c’est naïf parfois, avec ces chansons toutes douces, les solos à l’alto sont ce que je préfère, ils sont nés de deux enregistrements différents remixés ensemble ensuite, avec habileté, car c’est là que se tient la grâce, dans l’hésitation, le silence, la césure, mais également dans cette sorte d’écho qui parfois se dédouble, augmente la force, ou même la défaite…

La signature « An'archives » c’est aussi des bonus qui soignent l’objet, le obi, déjà, qui se voit, mais aussi la carte postale, comme une œuvre d’art, et la photo recto verso, avec les titres et renseignements divers et la lettre grand format de Michel Henritzi, qui vous dit tout, avec ses mots qui sont magnifiques…

A1


A2


B2
https://anarchiveslabel.bandcamp.com/track/b2-2

B3
https://anarchiveslabel.bandcamp.com/track/b3
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Message par Douglas » sam. 29 juin 2024 02:58

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John Zorn, Masada – Live (1994)

Voici un album un peu particulier de John Zorn, il se singularise souvent pour son faible prix et le fait qu’il n’est pas sorti sur Tzadik mais sur le label « Jazz Door ». En effet il s’agit là, en fait, d’un album non officiel, pirate, dont la vente est interdite sur Discogs. Pour autant je peux vous assurer que l’album, dans la formation classique de Masada, est en tous points excellent !

Au verso on peut lire la mention « Live Recordings N.Y.C. 1994 Total time 71.44 ». En fait les meilleurs connaisseurs de ces choses contredisent l’information liée au lieu d’enregistrement, il s’agirait plutôt d’un concert à Hambourg, donc en Allemagne, le douze novembre quatre-vingt-quatorze, avec une sortie probable de cet enregistrement l’année suivante, ou plus tard encore, mais là on est sûr de rien !

Le personnel présent sur l’album est conforme à la réalité du groupe Masada classique, à une exception près. On reconnaît John Zorn au saxophone alto, Dave Douglas à la trompette, Greg Cohen à la contrebasse, mais ce n’est pas Joey Baron à la batterie, mais le non moins excellent Kenny Wollesen.

Il existe désormais des enregistrements officiels consacrés à cette période, le « First Live 1993 », cette fois-ci à la « Knitting Factory » de New York, le « Live In Jerusalem 1994 » et le « Live In Taipei 1995 » qui achève de façon officielle la représentation live de cette période faste. Cet album ne fait pas pâle figure aux côtés des trois autres, il mérite lui aussi votre attention.

A ce jeu si serré, il faut bien reconnaître qu’il y a forcément pas mal de doublons, et que les versions différentes des mêmes thèmes sont nombreuses, mais c’est le jeu, la rançon de l’abondance. Ainsi « Piram » pour n’en citer qu’un, est souvent le titre d’ouverture. Un autre aspect des choses est également décisif, c’est celui de la qualité de l’enregistrement.

Les amateurs d’albums « Pirates » sont souvent confrontés au problème du rendu sonore, souvent insuffisant, voire carrément horrible, qui ne possède pas de tels « canards » dans sa discothèque personnelle ? Mais il faut bien se rendre à l’évidence, ici c’est un très bon cru côté qualité, quasi professionnel, rien à redire ici !

Et comme les musiciens sont tout à fait extraordinaires, exceptionnels, au top de leur art, et que l’ambiance est chaude, le public emballé et que tout roule, il faut bien s’y résoudre, ce truc est d’enfer ! C’est probablement à l’intérieur de ce combo que Dave Douglas a été le plus généreux en tant que soliste, attirant souvent l’attention et dépassant en virtuosité la norme commune, jusqu’à soulever les spectateurs, il faut dire que jouer entouré de tels musiciens est une expérience hors norme…

Si vous tombez dessus n’hésitez pas, petit prix et grande qualité réunis.

John Zorn's Masada - Piram (Live in Hamburg)


John Zorn's Masada - Karaim (Live in Hamburg)


John Zorn / Masada - Hamburg 1994
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 30 juin 2024 02:15

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Ingrid Laubrock + Aki Takase – Kasumi – (2019)

Deux musiciennes qui se sont rencontrées à l’initiative du directeur du « JazzFest » de Berlin. Un album a ensuite été enregistré en Suisse, là où siège le label « Intakt Records », une belle rencontre et un magnifique album !

Ingrid Laubrock est saxophoniste, elle joue du soprano et du ténor, d’origine allemande, elle s’est installée d’abord à Londres, puis à New York, à Brooklyn, en deux mille huit. Aki Takase est une pianiste japonaise, de génération plus ancienne elle a côtoyé de grands noms de la musique free européenne, elle est l’épouse d’Alexander von Schlippenbach. Les deux sont d’épatantes musiciennes, à la fois virtuoses, compositrices et jouent une formidable musique, sans encore bénéficier de la large reconnaissance qu’elles mériteraient, l’une et l’autre.

Cet album est très beau, il contient quatorze pièces, cinq sont signées par la pianiste et cinq autres par la saxophoniste, les quatre restantes sont signées conjointement, probablement des impros concertées. L’écoute mutuelle étant le carburant naturel des duos, ici comme ailleurs, si ce n’est que grâce et beauté s’invitent avec évidence et président à la création.

Les pièces ne sont cependant pas très longues, elles n’atteignent jamais les sept minutes, mais sont toutes très intenses, chacune porte son poids, sa densité émotionnelle, créant ainsi un petit « monde » à chaque fois, comme un petit tableau, une œuvre d’art…

« Kasumi » est donc le point de rencontre de ces deux personnalités très ouvertes, souvent positives, ainsi on ressent de la joie ou de l’apaisement à l’écoute de cet album, Ingrid est souvent très vive, elle papillonne agréablement et souvent à grande vitesse, comme dans une course poursuite, où elle et la pianiste se croisent et se rencontrent, affichant ensuite un esprit serein et reposé.

Ainsi se rejoignent en même temps que le plaisir de jouer, celui de se promener et vagabonder, plaisir ludique, doublé d’une grande affinité qui se ressent au fil de l’écoute, dans une sorte d’esprit fusionnel.

Kasumi


Andalusia
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 1 juil. 2024 01:34

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Keith Jarrett, Charlie Haden, Paul Motian – Hamburg '72 – (2014)

Une belle présentation pour cet album avec étui en carton et Cd standard contenant un livret assez copieux. L’enregistrement provient donc d’un concert à Hambourg, le quatorze juin mille neuf cent soixante-douze. L’album a été remixé en outre pour sa sortie, au Rainbow Studio à Oslo, en juillet deux mille quatorze.

On reconnaît là, l’approche très professionnelle du label ECM pour ses productions. J’ai dû me le procurer à bas prix, l’étiquette indiquait sept €, il y a quelques mois, à la Cnaf. Ce trio resté fameux est fantastique, c’est le premier groupe à trois emmené par Keith, trois géants, trois fantastiques ! Pas de surprise concernant Charlie Haden qui joue de la contrebasse, ni pour Paul Motian qui s’assoit derrière sa batterie, mais Jarrett joue du piano, mais aussi de la flûte, du saxophone soprano et de quelques percussions.

Ceux qui suivent Keith Jarrett ne seront pas surpris de l’écouter, notamment au saxophone, où son approche est assez singulière et significative, sa personnalité se fait entendre là aussi, dans son approche plutôt moderne, avec quelques accents free, très organiques, explorant un espace où le piano ne peut guère se sentir à l’aise.

Au travers de ces six pièces, le trio explore différents genres, avec une large palette, de la simple ballade exploratrice, douce et poétique, type « Everything that Lives Laments », à « Piece for Ornette », vive et rythmée, où tout s’accélère et explose, il n’est que d’entendre Charlie Haden qui ponctue son jeu de contrebasse de la voix.

« Take me Back » est également bien chouette, entre gospel et rythme funky, tout en phases répétitives donnant un sentiment d’accumulation, jusqu’à la délivrance libératoire et convenue, certes, mais foutrement plaisante.

La dernière pièce « Song For Che » signée de Charlie Haden sur le célèbre « Liberation Music Orchestra » de soixante-dix, est ici la plus emblématique, bénéficiant d’une interprétation de haut niveau, avec ces trois » immenses » !

Elle constitue le sommet de cet album, déjà considérable, c’est Charlie Haden qui ouvre la pièce avec un solo déjà bouleversant, déflorant le thème inspiré du folklore argentin, avant que ne se libèrent les énergies jusqu’à une apothéose finale alimentée par les trois qui participent tous à la montée dramatique, Jarrett au sax soprano, pulsé par Motian aux tambours qui percute et dynamite, juste une apothéose avant que l’album ne s’achève.

Merci donc à la radio allemande NDR qui a capté ce live, fournissant la matière sonore de ce témoignage qui méritait ce partage.

Sur le tube on ne trouve pas ce Cd, mais le reste du concert qui n'y figure pas:

Keith Jarrett, Charlie Haden, Paul Motian - Hamburg June 14, 1972 [Stereo Sound]



00:00 El Juicio (15'17)
14:54 Moonchild (7'50)
29:08 Standing Outside (5'47)
35:19 Bring Back The Time When (If) (7'31)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 6 juil. 2024 11:30

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Michel Portal – Birdwatcher – (2007)

Certes, ce n’est pas un album Nato, pourtant il est produit par l’excellent Jean Rochard, et Tony Hymas aux claviers est le musicien le plus sollicité de cet album, excepté, évidemment, Michel Portal. Ce dernier joue excellement de la clarinette basse ainsi que de la clarinette conventionnelle, et des saxos alto et soprano. Annonçons la couleur d’entrée, c’est un excellent cru, agrémenté de plus de soixante-cinq minutes d’enregistrement.

L’album se présente dans une forme composée de deux parties, une et deux, sept titres composent la première et quatre la seconde. Il y a pas mal d’intervenants qui se succèdent sur l’album, mais pour participer à quatre titres au minimum, ainsi la couleur est préservée. Parmi les personnalités présentes on peut citer Tony Malaby, un saxophoniste ténor extrêmement intéressant.

Il y a également Airto Moreira aux percussions avec une partie de sa légende qui le suit, Jeff Lee Johnson à la guitare électrique, aux basses électriques, Sonny Thomson, François Moutin ainsi qu’Erik Fratzke et JT Bates et Michael Bland jouent aux batteries, mais ces participations sont souvent en alternance, se conférer au livret pour les détails.

Il faut également signaler la collaboration Portal, Lee Johnson, Hymas, Thompson et Bland, un quintet qui est également compositeur de quatre pièces au total, réparties dans les deux suites, ce qui indique clairement que l’improvisation est une composante très importante ici, on sent presque physiquement la complicité qui règne entre le frenchie Michel portal et les américains, il faut dire que l’album a été enregistré à Minneapolis, aux Studios « Creation Audio », sans doute pour se souvenir de l’album antérieur qui porte le nom de cette ville du Minnesota.

Quelques surprises s’invitent, ainsi ces aboiements de chiens au milieu de « Lake Street », mais là n’est pas l’essentiel, ce qui importe c’est l’extrême maturité de l’ensemble, entre post bop moderniste et ouverture vers les musiques libres, s’entend le grand pouvoir de Michel, toujours sympa et souriant, bien que ce ne soit pas un rigolard, il entraîne tout le monde vers le haut et les autres le lui rendent bien. C’est ça Michel Portal, un pouvoir d’entraînement extraordinaire, et, comme c’est un soliste hors pair, chacun comprend qu’il faut donner le meilleur, et qu’ainsi tout se passera bien !

Alors les pièces filent pour un voyage qui vous prend, de pièces en pièces, toutes top niveau, aucune ne décroche de la loco et chacune apporte sa singularité. Certes il y a quelques moments de folie, comme « The Bad Waitress », ou « Tadorna », « Lanterne Helvète » ou le plus sage « Nada Mas » le titre d’ouverture.

Si vous le croisez d’occase, ne le négligez pas, il vous le rendra au centuple…

Distira Lanoan


The Bad Waitress


Tadorna


Lanterne Helvète
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 7 juil. 2024 03:09

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Yusef Lateef – Atlantis Lullaby - The Concert From Avignon – (2024)

Gloire à André Francis, le pape du jazz sur Radio France, qui a énormément fait pour la présence du jazz sur les ondes, particulièrement en retransmettant des concerts de musiciens phares, ainsi que d’autres également, bien qu’il sût aller parfois contre ses goûts personnels, particulièrement en matière de free jazz, histoire de ne pas passer à côté de courants importants, ce qui aurait pu avoir comme conséquence d’insulter l’avenir…

Yusef Lateef est typiquement le style de musicien qu’il aimait, ce goût est d’ailleurs partagé par de nombreux amateurs. C’est donc sous la houlette du producteur de Radio France que se fit cette captation, au Cloître des Célestins, à Avignon, le dix-neuf juillet mille neuf cent soixante-douze. Souvent, lors des retransmissions, seule une partie du concert était diffusé, ce qui n’empêchait pas d’enregistrer abondamment, comme ici par exemple.

En effet le Cd est double, quatre pièces sur le Cd un, et trois sur le second, plus d’une heure trente-deux d’enregistrement en écoute ici. Yussef Lateef joue des saxs ténor et soprano, ainsi que de la flûte, comme sur « A Flower ». Kenny Barron est le pianiste, compositeur de trois pièces également. Bob Cunningham tient la contrebasse et Albert « Tootie » Heath de la batterie, mais on l’entend également à la flûte indienne sur « Lowland Lullaby ».

Côté ténor, on remarque le titre « Yusef’s Mood » sur le Cd un, dix-sept minutes d’une trame blues et funky où chacun s’exprime à tour de rôle, comme l’exige les traditions de cette musique, ce qui nous permet de goûter longuement au piano « stride » de Kenny Baron. « Lowland Lullaby » met en évidence le duo de Cunningham et Heath, ce dernier étant l’auteur de la compo. Il se partage entre la basse et la flûte indienne, bien soutenu par le batteur.

A titre personnel je préfère encore le second album, il commence par une version de « Eboness » de Roy Brooks, extraite de l’album « The Diverse Yusef Lateef » paru en soixante-douze, que j’ai déjà évoqué sur ce fil. La pièce est superbe avec un Yusef qui se libère autour de ce blues évolutif.

Il y a ensuite une reprise du standard « I'm Getting Sentimental Over You », une ballade très tendre, juste avant le final, « The Untitled », signée Barron, d’une durée de vingt-cinq minutes et quarante-cinq secondes, de quoi finir en beauté. Ce concert est effectivement lumineux, et il est incroyable qu’il sommeillât ainsi, dans les archives de l’INA, attendant que le temps passe.

Il est à noter que Albert Heath décéda environ deux semaines avant la parution de cet album, ce qui est bien triste… Je possède la version Cd, mais les collectionneurs pourront se tourner vers la version vinyle qui est limitée à deux mille neuf cent-cinquante pressages.


Yusef Lateef Quartet (feat. Kenny Barron), Avignon (1972) - Pour avoir une idée, car côté son, ce n'est pas au niveau...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 8 juil. 2024 01:18

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Noah Howard Quartet – Live At The Unity Temple – (2000)

Cet album est le tout premier enregistré par le label « Ayler Records » fondé par le suédois Jan Ström. Comme l’indique le titre c’est une captation de concert, effectuée à l’Unity Temple de Chicago, le neuf septembre quatre-vingt-dix-sept. Sa sortie est alors annonciatrice d’une tournée à venir en Suède.

C’est du très bon free de haute volée, Noah Howard est le leader de la session, il joue des saxos alto et ténor, le remarquable Bobby Few est au piano, Wilber Morris est à la contrebasse et Calyer Duncan à la batterie. Le son est très convenable tout au long du set, nous projetant sans difficulté au milieu de ce concert, pendant soixante-cinq minutes et quelques, le temps d’une bonne immersion, seul Wilber Morris serait en droit de se sentir lésé par la prise de son qui ne l’avantage pas, le laissant parfois un peu éloigné.

La première pièce, « The Blessing », qui ravive les accents de la spiritual music, est signée de Noah Howard, comme toutes les autres sur l’album. L’opportunité de goûter au talent de compositeur du saxophoniste. Un peu plus loin on peut entendre « Schizophrenic Blues », une autre pièce emblématique du saxophoniste, ici hypertrophiée, pendant près de dix-neuf minutes, le temps d’en faire le tour, elle ne fait qu’une avec « Lovers » qui lui sert d’introduction.

On peut apprécier le jeu de Noah Howard, souvent à l’alto, mais également au ténor un peu plus loin, son jeu est précis, parfois incisif, il tricote autour des thèmes qui se découpent aisément dans la masse, il est souvent lyrique et se plaît dans les notes longues.

Il fait partie des grands noms du free d’alors, ici bien après la scène loft de New York. L’influence coltranienne est encore présente, ce lien vers ce passé glorieux fait partie du charme de l’album, mais on pourrait également citer Ornette, ces rappels vers les saveurs anciennes se font par bribes, bien digérées par Noah qui dévoile un style personnel et attachant.

C’est sur la pièce suivante que s’entend le ténor, sur « Lightning Rod. Part 1 » de près de vingt-trois minutes, Noah en joue habilement, en descendant souvent vers les sons graves, histoire de goûter au côté sombre de l’instrument. C’est également une façon d’en faire sortir l’énergie, quand par contraste, il expose quelques notes dans l’aigu.

La seconde partie de « Lightning Rod. » ferme ce bel album, premier d’une longue série qui dure encore, mais sous la direction de Stéphane Berland, depuis deux mille neuf, en France.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 8 juil. 2024 02:17

:voiture:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 13 juil. 2024 01:37

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Yom – Songs For The Old Man – (2016)

Il y a quelques temps je vous avais présenté deux albums de Yom, aka Guillaume Humery, « Alone in the light » et « Celebration ». Whereisbrian, en réponse, avait évoqué celui-ci, l’extrait fourni était bien sympa et, dans la foulée je me suis procuré ces « Songs For The Old Man », et, depuis, je les écoute et les réécoute bien souvent, tant au domicile qu’en déplacement dans mon véhicule, avec les bruits de la carlingue, autour…

Yom joue des clarinettes et compose, on évoque souvent à son écoute la musique klezmer, et c’est bien normal, puisqu’il descend par sa mère, d’une lignée juive originaire d’Europe Centrale, très exactement de Transylvanie. Mais ce qui fait le charme nouveau, et la singularité de cet album c’est son ouverture vers l’océan et les grands espaces dirigés côté ouest…

C’est que son père est parti dans les années cinquante en exil aux Etats-Unis. Alors Yom célèbre son père, mais aussi tous les déplacés, les exilés, ceux qui font partie des peuples nomades, qui font la route et tentent leur chance. Cet album c’est son hommage à l’Amérique, et il est splendide !

Pour l’accompagner il y a Aurélien Naffrichoux aux guitares, acoustiques et électriques, steel ou baryton. Guillaume Magne joue des guitares également, mais aussi du dobro et du banjo. Et puis il y a Sylvain Daniel à la basse électrique et Mathieu Perot à la batterie. C’est enregistré à Paris au Studio de la Seine ou au Studio Sheynini.

Et, pour tout dire il faut également citer l’illustratrice qui est formidable, Fanny Ducasse illustre également des livres pour enfants, et sa « patte » rend la pochette et le livret particulièrement attrayants, au point qu’ils semblent former un tout avec l’album, rendant caduque l’option dématérialisée.

Et la musique de Yom se frotte à l’Americana, avec ses légendes, ses espaces infinis, et tous ceux qui l’ont chanté ou célébré, J.J. Cale, The Band, Johnny cash, Dylan, Bill Frisell ou John Scofield… Et cet album est très à sa place au milieu de ces gens-là…

Tant de titres magnifiques que c’est un déchirement de devoir en citer un plutôt que d’autres… Mais puisqu’il faut choisir, sans doute « Journey of Life », « Dark Prayer », « The Old Man », «Everywhere Home», « On The Endless Road », mais tous les titres pourraient figurer ici…

The Old Man


Everywhere Home


Journey of Life


On the Endless Road
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