Douglas a écrit : ↑mer. 10 avr. 2024 03:22
C'est cette pérennité qui donne du poids aux positions du pacifiste Brassens, d'ailleurs dans la chanson, les deux oncles sont déjà oubliés, l'un et l'autre, opposés bien qu'ils soient au fond les mêmes, comme deux frères qu'ils sont peut-être...
Pour moi la plus belle chanson sur la guerre que j'ai jamais entendu c'est né en 17 à leidenstadt. Je me souviens de la première fois où je l'ai entendu, j'ai dû demander qu'on arrête la voiture tellement elle m'a scotché.
Cette chanson c'est celle qui explique le mieux la source de la guerre pour moi. Au delà même des armes et de la politique. Les hommes peuvent se tuer à coups de pierre s'il le faut et ce qui provoque cette violence entre deux peuples c'est l humiliation, le ressentiment.
Toutes les guerres, y compris celle d'aujourd'hui sont le résultat d'une guerre précédente dont la paix a été mal négocié
Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt
Sur les ruines d'un champ de bataille
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Si j'avais été allemand ?
Bercé d'humiliation, de haine et d'ignorance
Nourri de rêves de revanche
Aurais-je été de ces improbables consciences
Larmes au milieu d'un torrent ?
Sans l humiliation que les Allemands ont subi au traité de Versailles il n'y aurait jamais eu Hitler, et si on peut reprocher beaucoup de choses aux Américains il y a au moins une grande décision qu'ils ont prise dans leur histoire lorsqu'ils ont, en 1945, refusé de refaire un traité comme celui de 1918, qui aurait conduit immanquablement à une nouvelle guerre.
Et puis il y a la seconde partie, elle aussi totalement vraie
On saura jamais c'qu'on a vraiment dans nos ventres
Caché derrière nos apparences
L'âme d'un brave ou d'un complice ou d'un bourreau ?
Ou le pire ou le plus beau ?
Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau
S'il fallait plus que des mots ?
Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt
Sur les ruines d'un champ de bataille
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Si j'avais été allemand ?
Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps
D'avoir à choisir un camp
Tout est dit, de l'impossibilité de savoir ce qu'on aurait fait à la place de nos ancêtres ) jusqu'à cette phrase pacifiste finale
Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps
D'avoir à choisir un camp
Cette phrase là est magnifique car elle dit que finalement c'est pas vraiment nous qui décidons. Parfois il faut faire des choses que personne n'a envie de faire et s'était surement le cas de la plupart des soldats dans toutes les guerres, quel que soit leur camps
Ce qui est fou quand même quand on y pense c'est qu'avec une seule phrase, une seule, Goldman réussit de faire de cette chanson un oeuvre pacifiste, tout en posant sur ce terme un regard totalement différent des autres auteurs compositeurs.