Fresh Garbage-rarities 1969-1977 (2000)
Sans l'ombre d'un doute, "Fresh Garbage-rarities 1969-1977" est l'album que tous les fans de Wigwam attendaient depuis toutes ces années quelque peu stériles.
Ce double CD regroupe du matériel enregistré entre 1969 et 1977 et il comprend un certain nombre de titres live ainsi que des singles qui n'étaient disponibles auparavant sur aucun album ni CD.
En fait, les cinq premiers titres n'étaient disponibles qu'en singles, publiés en 1969 / 1970, et donc très difficile à trouver.
"Must Be The Devil" / "Greasy Kid's Stuff" fut le tout premier single que Wigwam sortit en 1969 produit par Hasse Walli, alors membre de Blues Section. On peut également noter que l'inspiration de ces morceaux est venue lorsque Pembroke était encore dans les rangs de Blues Section et ces chansons elles-mêmes ont une dimension très bluesy mais elles possèdent aussi un côté psychédélique indicatif de l'époque.
"Greasy kid's Stuff" a son propre caractère ludique avec beaucoup de références à la plupart des groupes de garage qui ont dominé les ondes et dont beaucoup étaient des 'One hit wonders'.
"Luulosairas (hypocondria)" est la seconde face A sortie par le groupe avec "Henry's Highway Code" en face B.
Depuis, comme "Henry's Highway Code" a été également inclus sur leur premier album, "Hard N 'Horny", il n'a pas été inclus dans cette compilation.
La touche de Gustavson devient plus évidente avec le caractère ludique des deux premières pistes se transformant et évoluant vers un style plus sérieux avec un orgue jouant un rôle plus important dans la configuration musicale.
Les premières chansons du premier single proviennent d'une ère pré-Wigwam qui faisaient partie du répertoire live de the Roosters, le groupe de Gustavson pré-Wigwam.
Plus important encore, ce morceau est l'un des premiers exemples de Suomi-rock.
Le troisième single de Wigwam était "Pedagogi / Häätö (Ejection)" et ce sera le dernier enregistrement que le groupe fera avec des paroles Finlandaises.
Sur "Pedagogi" sorti en 1970, on retrouve Pohjola au violon, avant qu'il n'ait effectivement rejoint le groupe à temps plein.
Avec ce titre on peut constater la direction de Gustavson prenant un sens moins commercial, se déplaçant même vers un style très proche de Zappa.
Quelques chansons dans le répertoire de Wigwam ont pourtant un son plus inhabituel que "Häätö". La piste voltige entre les paroles Finnoises et Anglaises fusionnant à la fois le psychédélique et l'acoustique avec une narration intercalée créant quasiment une touche érotique!
Ce morceau a été la seule contribution de Huldén en dehors de "633 Jesu Fåglar" sur "Hard N 'Horny".
Yleisradio (YLE) est le nom de la Société Finlandaise de radiodiffusion et c'est grâce à leurs enregistrements de concerts de Wigwam que tant de répertoire en live du groupe existent encore.
La première série d'enregistrements en live viennent de 1970 et on y trouve deux excellentes reprises. La première s'appelle "Chest Fever", de The Band, l'un de leurs groupes préférés, suivie par "Fresh Garbage", une reprise de Spirit.
Dans le line-up sur ces deux morceaux, on trouve Huldén et Kikamo et cela permet à l'auditeur d'apprécier ce groupe en live avec un guitariste, quelque chose qu'ils n'avaient plus au départ de Nikamo.
La différence entre ces deux pistes est également caractérisée par la disparité des styles avec les versions originales.
Le groupe est beaucoup plus à l'aise dans son interprétation de Spirit dont les musiciens étaient plus enclins à jouer de la musique dans un style progressif plus Jazz du Rock, semblable à bien des égards à ce que Wigwam avait essayé de promouvoir.
Les enregistrements de 1971 voient Pohjola rejoindre le line-up et donc le son du groupe est modifié car ils perdent un guitariste pour gagner un bassiste / violoniste.
Une fois de plus on retrouve une reprise d'une chanson de the Band, "King Harvest (Has Surely Come)", avec trois originaux.
Dès le début du "King Harvest" on peut immédiatement noter que le groupe a considérablement mûri et le son est devenu plus serré.
Avec "Losing Hold", le groupe a fermement établi sa place musicale parmi les grands groupes des années soixante-dix qui ont dominé la musique Rock avec leurs solos de clavier intemporels tels que Emerson, Lake and Palmer, Greenslade et Colosseum.
Le fait qu'ils n'avaient plus de guitariste fixe dans leur line-up permettait aux claviers de venir à l'avant et de créer le son auquel Wigwam a toujours été associé.
Parmi les enregistrements, on trouve "Nothing Shows", une chanson qui n'a jamais fait l'objet d'un enregistrement en studio et "Captain Supernatural".
"Nothing Shows" a la marque de l'influence Soul qui apparaît sur la plupart du matériel écrit par Pembroke tandis que "Captain Supernatural" montre l'influence du début des années soixante-dix provenant principalement du style David Bowie pour présenter la musique.
Les derniers morceaux du premier CD1 sont tirés d'une session enregistrée pour une émission de diffusion en direct, "Pop-Studio", peu de temps avant que Rekku Rechardt n'ait rejoint le groupe et juste avant la sortie officielle de l'album "Being".
Le premier est une reprise de "Imagine" de John Lennon, réalisée d'une manière assez fidèle par rapport à l'original et qui a souvent été jouée en concert.
Suivent trois compositions, composée chacune par les compositeurs du groupe.
"Nipistys" est tiré de l'album solo de Pekka Pohjola et il est très révélateur de ce qu'est sa musique.
Cette piste instrumentale commence à un rythme relativement calme mais à mi-chemin la musique reprend en rythme et stylistiquement. Le jeu de Gustavson est vraiment en avant comme le fait le jeu de Österberg qui n'est pas souvent crédité.
A l'écoute de son jeu solide, on se rend compte qu'il est un joyau relativement peu connu sur le territoire du batteur progressif capable de jouer des roulements et des rythmes complexes et en même temps de maintenir musicalement un tempo solide très souvent éclipsé par les performances pleines de virtuosité des autres musiciens.
Une autre mention à propos de cette chanson doit être faite sur le jeu de basse de Pohjola qui papillonne entre un duo avec les claviers dans certains délicieux passages ainsi que différents endroits où il joue en solo.
"Marvelry Skimmer (Friend From The Fields)" est un morceau qui apparaîtra plus tard sur l'album "Being", et c'est l'un des rares compositions de Pembroke à apparaître sur cet album.
Comme on peut s'y attendre avec Pembroke, la chanson est beaucoup plus commerciale que la plupart des morceaux de ce concert et elle est trempée dans diverses influences Rhythm & Blues.
En outre, les sections instrumentales sont réduits au minimum avec la plupart de la piste prise par les voix, dont certaines possèdent de grandes harmonies de la part de Pembroke et de Gustavson.
Le dernier morceau de ce concert est le long "Fairyport".
Alors que la version originale a eu sa part de cuivres et de bois incorporés, cette version live est une version allégée, mais néanmoins le groupe sait parfaitement surmonter cet obstacle et en jouer une version étincelante.
C'est un des rares cas où le groupe a joué un morceau écrit par Gustavson en concert et à l'écoute de ce morceau, on peut comprendre combien il était difficile de jouer ces morceaux complexes fidèlement, surtout quand on considère le fait que Gustavson était un perfectionniste qui voulait des exécutions fidèles de ses compositions.
Le deuxième CD commence par la fin de la première phase de l'histoire de Wigwam.
Le dernier album avec Gustavson dans le line-up est l'album live "Live From The Twilight Zone", qui avait été enregistré en Juin 1974.
Les deux premiers titres du CD ont également été enregistrés au cours du même concert à partir duquelle les enregistrements de l'album ont été pris.
Ce sont deux chansons de Pembroke qui figuraient à l'origine sur son deuxième album solo, "Pigworm" et qui avaient été incorporées dans le répertoire de Wigwam. Ce sont "Do The Pigworm" et "Just My Situation / Sweet Marie".
"Do The Pigworm" est une chanson envoutante qui commence avec un délicieux solo d'orgue Hammond accompagné d'un support vocal Soul. Cela dure pendant la première moitié du morceau et ensuite l'entrée de Pembroke au chant change un peu l'issue de la musique.
D'un autre côté "Just My Situation / Sweet Marie" est l'une des plus jolies compositions de Pembroke et il n'est pas étonnant que ce soit devenu un standard live de Wigwam qui a également été inclus dans son format studio sur l'album "Highlights".
Le morceau est présenté comme dans sa version studio avec "Just My Situation" émergeant en "Sweet Marie" et une fois de plus a cette Soul de la fin des années soixante, un peu comme Joe Cocker aimait à infuser dans sa musique.
Même l'orgue habituellement hyperactif de Jukka Gustavson est relégué en arrière plan juste pour assurer sur les vocaux Soul.
Le reste des titres de ce CD coincide avec l'ère post-Gustavson et la première série d'enregistrements d'un concert enregistrée pendant les sessions pour les enregistrements de "Nuclear Nightclub".
Les trois titres de cette compilation ne dépareilleraient pas "Nuclear Nightclub", mais les mêmes titres de l'album qui ont été jouées ce soir-là ont été inclus dans l'édition remasterisée de l'album.
On trouve aussi "A Better Hold (And A Little View)" qui n'est pas sorti en format studio comme chanson de Wigwam, mais plutôt sur l'album solo de Pembroke deux ans plus tard.
Certes, cette version sonne beaucoup plus entière et en quelque sorte plus complète que la version studio.
"Never Turn You In" finira par se retrouver sur "Lucky Golden Stripes And Starpose" alors que "No New Games To Play" est aussi une chanson en solo de Pembroke, cette fois extrait de l'album "Pigworm".
Ces deux chansons sont dans le plus pur style Pembroke, plutôt commercial, notamment par rapport aux premiers morceaux de Wigwam et le son brillant que le groupe avait su créer en jouant live a été une très bonne indication de la façon dont serait leur matériel futur. Malheureusement, cette excellente version de "No New Games" n'est pas complète, en raison d'une erreur technique de la part de YLE et elle a donc un fondu à la fin.
Les deux morceaux suivants sont constitués du single "Tramdriver" avec sa face B, "Wardance".
Le single a été enregistré au Royaume-Uni pour Virgin afin de promouvoir le groupe internationalement, mais malheureusement, ce single n'est pas monté dans les Charts.
Certes c'est un des cruels paradoxes du monde musical, car il faut avouer que ce single est de loin l'un des meilleurs morceaux composés par Jim Pembroke et il est aussi de loin supérieure à la plupart des singles qui ont atteint les Charts au moment de sa sortie.
Il a tous les ingrédients d'un single de haut niveau avec un refrain accrocheur, une musique de fond douce sans aucun solos exagérés. "Wardance" était la face B du single sorti par Love Records, car la version Virgin avait "Nuclear Nightclub" en face B.
"Wardance" a un sentiment très milieu des années soixante-dix avec un côté hors norme donnant presque au morceau une sensation Dance / Funk.
Bien que cette chanson sera utilisée plus tard par le groupe au cours de sa période de reformation dans les années 90, c'est une piste très inhabituelle de Wigwam dépourvue du son original que le groupe possédait alors.
Malheureusement cette compilation ne chronique pas tout le matériel live des jours "Nuclear Nightclub / Lucky Golden stripes And Starpose", la raison donnée étant qu'il n'y a pas d'enregistrements disponibles techniquement satisfaisants de cette période.
Ainsi, l'histoire vient à la conclusion d'un ensemble d'enregistrements de 1977, lorsque le groupe a joué un concert de deux jours qui a vu le retour de Gustavson dans le cadre d'un remplacement temporaire avec Esa Kotilainen aux claviers.
Le premier est un medley de "No New Games" et le morceau solo de Pembroke "Grass For Blades" qui pourrait être considéré comme un morceau de Wigwam, car il était un élément incontournable des concerts live du groupe.
"In And Out", un classique de Wes Montgomery était une chanson particulière que le groupe jouait souvent au cours des premiers stades de sa carrière alors que le long morceau de fermeture est en fait une jam session du bien nommé "Looking for The Eddie And The Boys" par Rekku Rechardt.
Comme mentionné plus tôt, cet album est un bijou de compilation offrant des morceaux difficiles à trouver ainsi que des interprétations live intéressantes de classiques de Wigwam et c'est un must pour tous ceux qui estiment être fans de Wigwam..