
Fire! Orchestra – Echoes – (2023)
L’histoire commence en deux mille douze sous la forme d’un trio. Trois suédois, Mats Gustafsson joueur de flûte mais aussi de saxophone baryton, Johan Berthling bassiste acoustique ou électrique et Andreas Werliin batteur se réunissent et donnent des concerts à Stockholm, puis sortent un premier album « Exit » en deux mille treize.
C’est après deux mille dix-sept que la formation prend de l’ampleur, certains diront peut-être de façon excessive car les chiffres peuvent effrayer, bien que la vérité artistique ne souffre aucune contestation, tellement chacun est nécessaire et important.
La formation est dans sa onzième année et compte sur cet album, « Echoes », quarante-trois musiciens, pour la plupart suédois, c’est évidemment phénoménal, et même parfois, à l’écoute, épique et hors-normes. Quelque chose de grandiose qui se libère en trois Lps vinyles assez coûteux, ou bien en deux Cds pour environ une heure cinquante de bonne musique.
Quelques personnalités se détachent par l’aura dont elles bénéficient. Évidemment Mats Gustasfsson en premier lieu qui gère un peu tout ça, dirigeant l’ensemble. Il y a également Joe McPhee au saxophone ténor et au chant, une importante personnalité du free jazz mondial.
Susana Santos Silva joue de la trompette, Anna Högberg et Mette Rasmussen jouent de la flûte et du sax alto, Fredrik Ljunkvist est au sax ténor et Mats Lindström à l’électro pour ne citer que les noms qui me parlent. Il faut comprendre que tous les autres sont bien entendus d’excellents musiciens, tous indiscutables au poste qu’ils occupent, leurs noms figurent sur la pochette.
L’assise rythmique est d’importance, avec deux des trois co-fondateurs aux manettes qui assurent avec une grande efficacité, donne l’impulsion nécessaire à la machine et lui apportant une sorte de groove hypnotique qui vous porte. L’album s’ouvre sur la suite « Echoes » qui constitue le menu principal ici, elles se décomposent en sept parties qui se déploient comme un long fil rouge. C’est plutôt musique d’ambiance assez folk au départ avec, sur le long titre trois une partie vocale de Mariam Wallentin vraiment chouette, bien cool genre ballade qui prend son temps et envoûte.
Tout pète et éclate au titre cinq dans une sorte de big bang général, complètement déjanté et free où l’énergie se libère totalement, dévoilant pour la première fois la force explosive de cet ensemble stupéfiant. Après cette introduction tonitruante « Echoes: Lost Eyes In Dying Hand » s’étale et prend son temps, avec un magnifique solo de ténor de Joe McPhee, j’engage ceux qui ne le connaissent pas à bien écouter. David Sandström prolonge en chantant. C’est l’un des points forts de cet album, les parties vocales, nombreuses ici, qui sont très prenantes.
Ce premier album du double Cd s’achève avec « Welcoming You. Drinking Your Dream », brève, avec de courtes parties free… A ce stade, l’auditeur que je suis, a la sensation d’être au milieu d’un truc pas ordinaire, subjugué !
Le second album démarre à nouveau sur un thème répétitif et plein d’allant, qui s’alimente en énergie tout au long de l’exécution, un mince filet se gonflant en orgie sonore pourrait décrire « Echoes: A Lost Farewell » qui se rétracte petit à petit dans sa seconde moitié, non sans hoqueter, jusqu’à l’extinction… « Nothing Astray. All Falling » laisse à entendre le berimbau brésilien, cet arc musical frappé qui dialogue avec les cordes et l’électro, le temps de quelques minutes qui font place à « Echoes: In Those Veins. A Silvernet » et ses percussions multiples qui rencontrent ces sonorités électros.
« Echoes: Cala Boca Menino » fait partie des deux pièces qui ne sont pas signées du trio de départ, c’est Dorival Caymmi qui a composé le morceau, il est d’importance et bénéficie du chant de Tomas Öberg qui intervient pour la seconde fois. Une grosse guitare basse bien funky structure la pièce, un autre sommet ici.
Après quelques courtes pièces intermédiaires l’album se termine par « Echoes: I See Your Eye, Part 2 » qui reprend le titre d’ouverture avec Joe McPhee cette fois-ci au sax ténor et au chant également, un beau titre empreint de mystère et traversé par un groove qui vous prend et vous balance. L’album s’achève ainsi sur cet hommage au jazz par l’intermédiaire d’un être mystérieux, au blues également qui s’échappe des lèvres de McPhee.
Assurément un grand album qui marquera deux mille vingt-trois. Il faut également signaler Jim O’Rourke au mixage…
ECHOES: I see your eye, part 1
ECHOES: To gather it all. Once.
ECHOES: Lost eyes in dying hand
ECHOES: I see your eye, part 2