
John Zorn – The Hermetic Organ Vol. 6 - For Edgar Allan Poe (2019)
Ce sixième volume en hommage à Edgard Allan Poe est divisé en deux compos distinctes, « The Masque of The Red Death » est le premier, il dure une demi-heure et la seconde partie est elle aussi assez longue, trente et une minutes pour « The Fall of The House of Usher », la remarque vaut par rapport aux albums précédents, souvent beaucoup plus modestes dans la durée.
C’est sans doute cette accoutumance à l’orgue, cette familiarisation qui le libère et le renforce dans la volonté de suivre cette route, les amateurs achètent également les albums, ce qui est également encourageant car la voie peut, au premier abord, sembler austère.
En fait Zorn sera toujours Zorn, et les sonorités étranges et bizarres qui habitent « The Masque of The Red Death » ajoutent à la dramatisation apportée par la sonorité grave et dramatique de l’orgue majestueux, par contre il n’est pas indiqué, me semble-t-il, de quel orgue il s’agit exactement, ni la date à laquelle ce concert improvisé s’est déroulé.
Cette première pièce est donc assez contemplative, atmosphérique, créant une ambiance inquiétante et majestueuse, quelque chose venu de là-haut, c’est peut-être funèbre, recueilli certainement, une tension habite la pièce, mais par phases successives et prolongées, comme une sorte d’acceptation, sans doute cette résonance ressentie intérieurement…
La seconde pièce est encore plus lourde, « The Fall of The House of Usher » assombrit encore ce paysage tendu. Il semble que l’air devient encore plus menaçant, un sax alto se fait entendre brièvement et jette comme un sort, ajoute une torpeur qui étreint. « Passe manant, tu n’échapperas pas à ton sort ! »
L’ambiance devient oppressante et la tension s’accélère encore, le cœur bat plus rapidement et des gouttes de sueur froides perlent de mon front. Il suffit pourtant d’appuyer sur un simple bouton pour arrêter cette mise à mort, mais rien n’y fait, impossible d’échapper à cette attraction morbide, comme si la fatalité s’en mêlait…
Le saxo encore, comme un cri douloureux dans la nuit, ou bien un appel menaçant, ou encore une adjonction à rejoindre la masse gluante des manants qui se traînent lamentablement sous le joug des oppresseurs et de leurs sbires armés de pinces et de fouets noueux… Il y a comme une malédiction qui opère, là. Les orgues sonnent l’alarme et disjonctent, des sirènes, un abîme…
Et encore ce sax hurleur, cette fois-ci il semble plus lointain, il semble bien que la Maison Usher ne vive là sa fin, condamnée, ruinée, exécutée, « Aaaahh ! »
Brrr…