
Quand j’écoute de la musique, j’essaie toujours d’être le plus ouvert possible à ce que je vais entendre, sans préjugés et sans m’enfermer dans une chapelle musicale. Bref, j’essaie d’être libre.
Il y a quelques mois, j’avais écouté Soul City, l’album sur lequel Garou reprenait des standards de la soul. Un disque très honorable, dans lequel transparaissait son amour sincère pour la musique des années 60-70, ainsi que ses capacités vocales impressionnantes, qui auraient pu faire de lui un immense chanteur de rock. Mais la vie en a décidé autrement.
Embarqué dans l’aventure de la comédie musicale la plus célèbre du XXIe siècle, sa carrière a pris un virage inattendu. Un chemin que personne n’aurait refusé, certes, mais qui avait un prix : celui d’une musique plus lisse, bien éloignée du blues et de la soul qu’il chantait pendant des années dans les bars. Lui qui écrivait ses propres chansons s’est peu à peu effacé derrière celles des autres, devenant un interprète d’auteurs-compositeurs talentueux, mais calibrés pour le marché de la variété.
Au fil du temps, cette voie s’est tarie. Garou lui-même a fini par déclarer ne plus vouloir sortir d’album de chansons originales, tant cette partie de son travail semblait ne plus intéresser grand monde. Son parcours lui a néanmoins permis de continuer à travailler régulièrement, sur scène ou à la télévision.
Mais en préparant sa nouvelle tournée, composée de ses anciens succès, il s’est remis à écrire – pour la première fois depuis 30 ans. Lui qui était devenu "la voix des autres" semble retrouver aujourd’hui un chemin plus personnel, une facette de sa musicalité qu’il avait laissée s’endormir.
Le résultat, c’est cet album : Un meilleur lendemain, son premier en tant qu’auteur-compositeur. Et je le trouve vraiment réussi.
C’est un très bon disque de chanson française, ancré dans une tradition précieuse car authentique, et réalisé avec talent. Ce n’est ni un chef-d’œuvre ni le disque de l’année, mais un album sincère et digne, porté par un artiste qui aurait sans doute gagné à se dévoiler plus tôt. Seul bémol : l’enregistrement vocal laisse parfois à désirer. Comme sur les derniers albums de Polnareff, on entend des chuintements désagréables, dus à un effet mal géré en studio. Que cela arrive sur un album autoproduit, je le comprends. Mais pour un disque dont la production a sûrement coûté plusieurs dizaines de milliers d’euros, c’est assez agaçant.
Garou est un très bon chanteur, et un excellent compositeur, dont le travail mérite vraiment d’être réhabilité. Il est devenu si facile de s’en moquer, comme cela arrive souvent avec les artistes populaires. Un peu comme Grégoire, qui lui aussi a connu son heure de gloire avant de devenir la cible facile de moqueries, notamment après une reprise très mal reçue d’un titre d’Oasis sur les réseaux sociaux. J’ai écouté cette reprise et, franchement, j’en suis venu à penser que la plupart de ceux qui s’en sont moqués seraient bien incapables d’en faire autant. J’ai ensuite écouté son dernier album, sorti il y a quelques mois : un disque lui aussi très digne, composé par un artiste qui a du talent, et beaucoup de sensibilité.
La vox populi n’est pas toujours la voix de la vérité.