Yatha Sidhra – A Meditation Mass, 74)
Les albums expés me laissent parfois devant le temple, je n'y entre pas, car j'entends le factice, l'absence d'une construction progressive, d'un scénario qui mène du début à la fin du voyage, le forcing aussi parfois pour unir deux pièces entre elles.
Ici, l'album est construit comme une longue suite, certes quatre plages composent le disque, mais l'auditeur passe de l'une à l'autre en douceur, et retrouve même à la fin, en un cheminement circulaire, le thème du début. Rien d'exceptionnel, la boucle est bouclée est un classique, mais le voyage aura été hypnotisant.
Les instruments ont la part belle, de la place pour respirer et inspirer : la flûte ensorcelle, les percussions (quel travail du batteur, membre fondateur avec son frère du groupe) entre le tribal du krautrock et le jazz-rock d'alors, les boucles et tourneries de la guitare peuvent rappeler Ash Ra, les nappes de claviers soutenant l'ensemble, et quelques voix, qu'on croirait passées par les strates des temps anciens ou lointains.
C'est un très grand disque, le seul de ce groupe, qui n'aura duré que le temps d'un bâtonnet d'encens, mais dont l'odeur taquine encore la narine lorsqu'on le réécoute.