J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 9 déc. 2024 02:35

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Weather Report – Heavy Weather - (1977)

Cet album va cartonner méchamment, certainement parmi les meilleures ventes du genre, presqu’ impossible à l’époque de croiser un amateur de « jazz-rock » qui n’a pas l’album à la maison, la pochette au célèbre chapeau suffira à identifier l’album d’un simple coup d’œil. C’est encore Joe Zawinul qui a composé le titre identificateur, le fameux « Birdland » qui, pourtant, aujourd’hui me semble bien lourd, mais c’est sans pour l’avoir trop écouté autrefois…

La ballade qui suit, « A Remark You Made » a, quant à elle, conservé ses charmes, Zawinul encore, c’est un poil sirupeux, mais ça va, Wayne Shorter veille et sait y faire… Pourtant l’autre star de l’album c’est le nouveau venu, Jaco Pastorius, qui ramasse les lauriers et est encensé à travers la presse qui ne mégote pas sur les compliments.

Ce dernier est d’ailleurs le compositeur du titre suivant, « Teen Town », bref et bien foutu, il tient encore aujourd’hui bien la route. « Rumba Mama » qui ouvre l’autre face, composé et interprété par les batteurs - percussionnistes Alejandro "Alex" Acuña et Manolo Badrena, donne un petit coup de fouet en s’échappant complètement de l’esthétique « jazz-rock » qui est souvent exclusive sur ce genre d’album, c’est frais, inattendu, plein d’optimisme et de peps, encore un bon point !

Puis arrive « Palladium », la seconde compo de Wayne Shorter en hommage au club où il jouait autrefois, aux côtés de Tito Puente, on appréciera encore cette influence « latin jazz » qui va bien. C’est un album plutôt léger et sans risque, il serait vain d’y chercher de la profondeur, mais ce qu’attend le public c’est de la technicité, des compos aisées à aborder et dont il est facile de se souvenir, « The Juggler » qui suit est une pièce plutôt maline de l’habile Zawinul.

« Havona », chouette titre qui clôt l’album est de Pastorius, nouvelle star ici, qui fait sur cet opus une entrée fracassante, pourtant l’album qui suivra est assez faible. Il faudra désormais faire un peu le tri dans la discographie du groupe, d’ailleurs je n’ai pas tout écouté, un peu défraîchi par des albums que j’ai jugé alors peu intéressants, mais j’en ai encore au moins un à vous présenter…

Birdland


A Remark You Made


Teen Town


Palladium


Havona
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 10 déc. 2024 03:57

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John Zorn – New Masada Quartet Vol. 3 – (2024)

Voici venir le troisième volume du New Masada Quartet, avec au saxophone alto John Zorn lui-même qui régale. Pour l’accompagner il y a le fidèle Julian Lage dans tous les bons coups, Jorge Roeder à la contrebasse et enfin Kenny Wollesen à la batterie, un quartet tout simplement magnifique.

Nous sommes conviés à un concert à Roulette, Brooklyn, célèbre club de New York, le vingt-quatre mai de cette année. Bien qu’il y ait six pièces enregistrées, Acharei Mot, Karaim, Rahtiel, Dalqiel, Mibi et Sansanah, elles sont regroupées en un seul « tout » sur l’album, ne permettant pas de navigation sélective.

L’ensemble pèse cinquante-deux minutes et cinquante-six secondes d’un concert absolument passionnant, la farandole des pièces s’enquille à la façon d’une suite qui se déguste en une seule fois, une volonté de maître Zorn qui s’y connaît en gavage, nous ravalant au statut d’oies avides…

Nous sommes donc bien servis, avec un album plein de lyrisme et un rappel fréquent au folklore espagnol, l’énergie est constante et l’atmosphère chaleureuse. Chacun est au taquet et l’ensemble est quasi télépathique, en fait rien de neuf ici, car Zorn a habitué son public à la perfection, et cet album ne dérogera pas aux bonnes habitudes.

L’ambiance « live » garantit une certaine chaleur, qui ne sera évidemment en rien comparable à celle ressentie par les spectateurs présents, certes, mais qui nous permet cependant de passer un moment exquis à l’écoute de ce magnifique enregistrement, avec les « montées » en tension, et ce sax qui nous perce le cœur, cette guitare qui régale et cette section rythmique hypnotique et tellement précise !

Un grand moment.

Acharei Mot * Karaim * Rahtiel * Dalqiel * Mibi * Sansanah (Live at Roulette)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 11 déc. 2024 02:09

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The Vandermark Five – Elements Of Style, Exercises In Surprise – (2004)

Un album enregistré par le Vandermark Five à Chicago, les neuf et dix juillet deux mille trois. Vraiment un bel opus qui représente assez bien ce qu’est sa musique : un composé de post bop, comme sur l’effréné « Telefon » avec ses breaks, et de temps en temps, des phases expérimentales, comme sur le titre « Intagliamento », ou encore des passages free qui enflamment. En cela cet album est plutôt emblématique et pour tout dire tout à fait excellent.

On y retrouve les figures de proue du quintet, Jeb Bishop qui jouait de la guitare et qui, depuis s’est mis au trombone, Tim Daisy à la batterie, Kent Kessler à la contrebasse, Dave Rempis aux saxophones, surtout l’alto, et Ken Vandermark aux saxos et aux clarinettes, particulièrement, le sax baryton. Ken est également le compositeur mais aussi, pourrait-on ajouter, le metteur en scène ou plutôt le « metteur en musique », celui qui construit le temple.

Ainsi, d’un album à l’autre, il n’y a guère de surprise, mais c’est du tout bon, alors une certaine fidélité se crée. Nous avons droit également à la ballade, ici « Gyllene », tout y est doux et tendre, avec une certaine science de la retenue qui va bien. Vandermark n’hésite pas à passer d’un genre à l’autre, flirtant avec le funk où le truc coltranien comme le titre d’ouverture « Outside Ticket » qui envoie bien, pour ce qui est du free il faut attendre « Strata » et son ouverture.

Chaque pièce est dédiée à une personne, ainsi sont évoqués les artistes John Gilmore, Jean-Michel Basquiat, Zu, Glenn Gould, Lars Gullin et d’autres que je ne connais pas… Lors de sa sortie l’album fut salué par la critique qui y vit une sorte de consécration, mais ce n’était qu’un point de passage remarquable, comme le démontrera la suite…

La dernière pièce « Six of One » est la plus remarquable, la plus longue et la plus ambitieuse d’une certaine façon. Elle contient quelques passages solos où s’expriment les musiciens, contrebasse et même batterie prennent le devant, la pièce s’envole bien à l’arrivée du thème, et ceci pendant une vingtaine de minutes où s’articulent breaks et styles qui font évoluer la pièce. On remarque en autres l’habile Jeb Bishop au trombone qu’il manie avec maestria.

Outside Ticket (for John Gilmore)


Knock Yourself Out (for Jean-Michel Basquiat)


Telefon (for Glenn Gould)


Six of One (for Bogdan Benigar, Hans Falb, Mauro Pezzente, Martin Revheim, Mate Skugor, Wolfang...)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 12 déc. 2024 03:56

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Positive Catastrophe – Dibrujo, Dibrujo, Dibrujo – ((2012)

« Positive Catastrophe » est une formation étasunienne regroupant dix musiciens, cet album est leur second et semble-t-il le dernier. Le titre « Dibrujo » est un jeu de mot entre le terme « dessin » signifié par « dibrujo, et « sorcier » avec « brujo ». La musique est très accessible car elle puise dans la musique latino ou afro cubaine, ainsi que dans le jazz. Elle se veut moderne, rythmée, sans entrave et libre.

A dix, il est difficile de parler d’un big-band, à moins d’ajouter le terme « petit », ce qui introduit une sorte de contradiction. Il faudrait plutôt parler de « combo », mais un « gros », car il atteint la limite haute associée à ce mot. Il faut également noter qu’il y a pas mal d’invités qui s’ajoutent ici ou là. Mais rien de grave, tout va bien…

Ils en sont à leur second album, le premier ayant été enregistré en deux mille neuf, deux années après la création de cette formation. Il y a deux leaders à l’origine du groupe, ils sont également compositeurs, le cornettiste Taylor Ho Bynum qui a côtoyé Cecil Taylor, Anthony Braxton ou Bill Dixon, et le chanteur-percussionniste Portoricain Abraham Gomez-Delgado. Il y a en effet pas mal de titres chantés par différents vocalistes, souvent en langue espagnol.

L’album est assez structuré, il débute par deux titres, puis arrive une première suite « Lessons Learned From Seafaring Tales » qui contient trois titres, et une seconde suite « Dibrujo, Dibrujo, Dibrujo » qui en contient quatre.

Les couleurs sont également fortes, un batteur et un percussionniste, une basse électrique, une guitare électrique, deux saxophonistes, trois cuivres ainsi qu’un accordéoniste, beaucoup participent au chant et, avec l’ajout d’invités, on navigue dans les genres, entre salsa, ballade, musique latino et rythmes cubains, mais également jazz un poil free…

Bien qu’il y ait une solide trame, place est faite aux improvisateurs qui régalent de mille couleurs. Dans les notes de pochette on est informé que la seconde pièce, « Garrison Ascending » est inspirée par une improvisation de Jimmy Garrison sur un thème de John Coltrane.

Pour ma part j’ai énormément apprécié l’écoute de cet album, un mélange parfaitement réalisé entre les musiques, rien n’est forcé et tout est naturel, les mélanges forts réussis parviennent à créer de nouveaux genres. Les musiciens sont excellents, il se dégage une belle chaleur à l’écoute de ces pistes, et crée souvent l’envie d’accompagner la musique en chaloupant un peu…

Positive Catastrophe - Cafe Negro Sin Azcar


Lessons Learned from Seafaring Tales: Perhaps the Artist Was a Little Mad


Lessons Learned from Seafaring Tales: Wolves and Blizzards


Dibrujo, Dibrujo, Dibrujo​.​.​.​: Dibrujo One
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Message par Douglas » ven. 13 déc. 2024 02:36

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Arnold Cheatham – "Thing" – (1972)

Cet album est la bande-son d’un concert enregistré à l'université d'Harvard de Boston en soixante-douze, hélas, bien qu’il soit supérieurement intéressant, il passa complètement inaperçu à l’époque. Il faudra attendre le poids du temps pour le réhabiliter, enfin un peu…

Il appartient à l’école « Jazz-Rock », avec des majuscules car c’est la grande période, la plus belle avec en toile de fond les albums électriques de Miles Davis qui tournent les têtes et les débuts de Weather Report qui secouent le cocotier.

C’est un mélange plutôt abouti du genre cité plus haut, avec l’improvisation qui s’exprime vitale et débridée. Il se compose de deux suites en quatre parties chacune. « Sketch » est la première, elle date du trente avril et dure à peu près vingt-deux minutes, on lui reprochera peut-être un final qui manque un peu de jus, mais le reste est énorme. La seconde pièce « Road Through The Wall » est d’une durée comparable, elle est enregistrée six jours plus tard au « Sanders Theatre » de l’Université d’Harvard, à Cambridge.

Arnold Cheatham joue des saxs alto et soprano, de la flûte et des percus, Wil Letman de la trompette, Van Leivk du piano électrique et plus exactement du célèbre Fender Rhodes qui participa grandement au son de l’époque, David Saltman de la basse électrique, Kiah « T » Nowlin de la batterie et Dorian McGee des congas. En outre, sur « Sketch », Bob O’Connel joue de la guitare. Cet ensemble portera le nom de « Thing ».

A l’époque la scène de Boston était créative, pas autant que celle de Chicago ou celle de New-York ou même celle de L.A. mais ça bougeait fort dans un univers très estudiantin. Cheatham et ses amis ont beaucoup fait à l’époque pour maintenir une nouvelle scène, vivante et attractive. Ils jouaient dans toutes sortes de lieux, salles de concert, clubs, sous-sols, scène loft de Chinatown, concerts en plein air, parcs, écoles et même prison…

Alors on trouve ici une musique improvisée, aux sonorités jazz et rock mélangées, avec une prédominance jazz tout de même, musique électrique bien sûr, c’est le côté rock, et le Fender qui accompagne et forge le fameux son, également couleurs psychés, bercé de groove et de funk, qui crée une musique lancinante qui s’étale en prenant le temps.

A l’époque le label « A&R » contacté pour un enregistrement refusa les bandes jugées trop proches de la musique de Miles, ce qui apparait plutôt exact, en outre ils misaient tout sur le, par ailleurs excellent, album d’Edgar Winter, « White Trash ». Cet album sortit donc en Lp sur un label « maison », créé pour l’événement, mais resta sans succès. Il fut déterré en deux mille huit par « Porter Records », c’est celui que j’ai, et à nouveau en deux mille dix-huit par « Cultures Of Soul Records ».

Depuis, cet album un peu « sous-Miles » fait son bonhomme de chemin et ravit suffisamment pour traverser le temps, et enchanter encore ceux qui en veulent toujours plus !

Sketch Pt. 1


Sketch Pt. 2


Road Through the Wall Pt. 1


Road Through the Wall Pt. 2
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 14 déc. 2024 05:15

Etant "à sec" je remonte un vieux texte du passé que j'avais écrit alors...

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Miles Davis – In A Silent Way - (1969)

Bass – Dave Holland
Drums – Tony Williams
Electric Piano – Chick Corea, Herbie Hancock
Guitar – John McLaughlin
Organ, Piano [Electric] – Josef Zawinul
Tenor Saxophone – Wayne Shorter
Trumpet – Miles Davis

« John McLaughlin n'est guère rassuré lorsque est abordé en studio In A Silent Way, de Joe Zawinul. Miles trouve le morceau trop chargé et décide de tout jouer sur un accord pédale de mi majeur en confiant le premier exposé à la guitare. Il glisse à John McLaughlin : « Joue-le comme si tu ne savais pas jouer. » Tremblant de peur, observant Miles qui l'encourage du regard, le guitariste plaque alors le premier accord qu'apprend à jouer tout débutant, un mi majeur en première position avec cordes à vide. Partant de cet arpège, il égrène prudemment les notes de la mélodie, sans savoir que les bandes tournent déjà. Ainsi naquit l'ouverture rubato de In A Silent Way, frissonnante d'innocence et de dépouillement. »


Franck Bergerot, Miles Davis, Introduction au jazz moderne, Seuil, 1996.


L’année 1968 sera importante pour Miles Davis. Pour sa vie familiale et professionnelle. C’est l’année des rencontres, celle de Betty Marbry (pochette de Filles de Kilimanjaro) qui deviendra Mme Davis et qui lui fera rencontrer Sly Stone et Jimi Hendrix. Ce qui ne sera pas sans incidences sur la mutation électrique du trompettiste.

Les musiciens qui le côtoient se renouvellent aussi, Miles est au centre de nombreuses rencontres qui seront le creuset d’un bouillonnement fécond et créatif. Les orchestres qu'il réunit lors des concerts ou en studio sont différents. Ainsi l'activité lors des enregistrements en studio se transforme et peut faire penser à ce que faisait déjà depuis longtemps Sun Ra, jouant, tout en laissant tourner les bandes d’enregistrement, et assemblant ensuite des séquences sous forme de montages, donnant ainsi naissance à une musique qui, en réalité, n’a jamais été jouée sous sa forme enregistrée. Le rôle du producteur Téo Macéro devient prépondérant et son influence artistique grandit, c’est de sa complicité avec Miles, lors des nuits passées à mixer, que naîtra le fameux « son ».

« In a Silent Way » a désormais plus de cinquante-cinq ans, et ce sont de jeunes musiciens assez peu connus qui alors, entourent Miles Davis. Le quintet qui jusqu’alors a accompagné Miles, jette ses derniers feux. Ron Carter, réfractaire au jeu électrique laisse la place à Dave Holland. Herbie Hancock laissera bientôt la place à Chick Corea et, un peu plus tard, Tony Williams à Jack de Johnette. Seul restera Wayne Shorter… Au gré des arrivées, des tournées et des départs, le groupe réuni ce 18 février a fière allure. On Remarque l’omniprésence des claviers et l’une des premières apparitions du piano électrique Fender Rhodes qui a lui seul, symbolise la couleur de ce qui sera appelé « la fusion » ou le « Jazz rock ».

Cet album marque les débuts de John McLaughlin aux côtés d’un jazzman de renom, venu du rock il apportera cette apport neuf et virtuose qui plaira tant à Miles. Souvent on symbolise cette couleur musicale par l’album « Bitches Brew». C’est un raccourci peut-être un peu précipité, qui ne rend pas justice à « In a Silent Way » qui lui est antérieur, et représente une autre face de Bitches Brew, son complémentaire paisible et aérien.

« In a Silent Way » est un album plutôt « cool », ce qui fait remonter un pan entier de l'histoire du trompettiste... Il porte en lui l’héritage et la novation, mais c’est aussi un album-somme, la sonorité de Miles n’a pas tant que ça changé, elle porte la précision nette et incisive, souvent chirurgicale dans son évolution, livrant lors des solos de fascinants enchaînements.

La couleur de l’album présente une pure magie de légèreté, comme constituée de bulles d’air, s’affranchissant des lois de la physique : tout est atmosphère, éther et évanescence… En une année la musique de Miles a mué par petites touches et de lentes avancées graduelles, au bout desquelles une nouvelle musique est née, jamais entendue et d’une mystérieuse beauté fragile.

Un album historique et fondateur, incontournable.

Miles Davis - In A Silent Way ( Full Album )
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 15 déc. 2024 02:11

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Hafez Modirzadeh With Kris Davis, Tyshawn Sorey, Craig Taborn ‎– Facets – (2021)

Le compositeur et saxophoniste Hafez Modirzadeh, étatsunien d’origine iranienne, réunit pour cet album trois pianistes différents autour de dix-huit compositions de durées variables, s’échelonnant entre une minute et quarante-quatre secondes pour la plus courte et sept minutes et treize secondes pour la plus longue.

Bien que l’entièreté dépasse l’heure, la plupart sont souvent courtes et laissent une impression de brièveté. La pièce d’ouverture, « Facet Taborn » est un solo de piano improvisé par le fameux Craig Taborn qui joua souvent aux côtés de John Zorn. « Facet Sorey » qui arrive au huitième rang est improvisée par Tyshawn Torey, un autre géant du piano.

La troisième pianiste, la canadienne Kris Davis ne signe pas de titre sur cet album, essentiellement composé par Hafez Modirzadeh. On remarque cependant deux reprises de Monk, « Pannonica » et « Ask Me Now », ainsi qu’une pièce écrite autour d’une variation de Goldberg, « Facet 32 Black Pearl ».

Il faut noter également que les pianistes ne s’ajoutent pas, ainsi un seul piano est entendu sur chaque pièce, le saxophone s’affirme en duo sur dix pièces au total, ce qui fait que huit d’entre elles, sont des solos de piano uniquement.

Sans que je ne m’aventure trop, cette musique obéit à une théorie nouvelle énoncée par Hafez Modirzadeh, qui pourrait nous plonger vers la musique théorique expérimentale, cependant je ne suis pas en mesure de l’exposer de façon claire, aussi je me borne à l’écouter et à la ressentir, ce qui me semble suffisant. Après tout il m’arrive d’aimer des chants dont je ne comprends pas le premier mot…

Ici tout est calme et posé, et cette musique est plutôt familière, elle est même harmonieuse et, s’il y a des dissonances, rien qui ne puisse choquer l’équilibre des sons et remette en cause la beauté et la quiétude qu’elle véhicule. Pour moi elle se range sans doute dans les musiques innovantes, mais qui ne déstabilisent pas, loin des audaces de nombre d’albums free.

En fait ce sont les pianos qui sont préparés, l’accordage ayant obéi à de nouvelles règles, de la même façon, Hafez Modirzadeh lui-même s’applique des modifications dans l’embouchure de son sax et dans les doigtée utilisés, ce qui donne une grande sensation de fragilité et d’équilibre vacillant qui fonctionne à merveille.

En définitive un album extrêmement plaisant à écouter, Hafez Modirzadeh, qui a étudié la tradition musicale perse, essaie ici de la traduire avec les instruments de la musique occidentale, en les modifiant, sans doute est-ce là le charme nouveau qui se cache dans cette musique et qui nous touche…

Facet Taborn


Ask Me Now


Facet Sorey
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 16 déc. 2024 02:29

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John Zorn – Templars - In Sacred Blood – (2012)

Cet album est l’avant-dernier de la série des « Moonchild », ce qui fait que j’en ai fait le tour, vous ayant présenté l’ultime volet, « The Last Judgment », lors de son édition vinyle. On retrouve la formation familière avec Joey Baron à la batterie, Trevor Dunn à la basse et John Patton au chant, alors que sur l’album précédent, « Ipsissimus », Marc Ribot était invité et Zorn participait au saxophone alto, ici Zorn reste muet bien qu’il ait écrit les paroles, et John Medeski, un habitué des « zorneries », joue à l’orgue.

On retrouve ici tout ce qui fait la saveur de la série, les débordements habituels, l’attraction qu’exerce Mike Patton au chant, ici en anglais mais aussi en latin, tout est bien là… Évidemment la recette est déjà connue mais l’album se singularise par quelques titres presque calmes, bon là je déconne un peu, mais il y a du chant quasi conventionnel parfois, au milieu des cris et des vociférations.

L’apport de Medeski et de son orgue est essentiel, modifiant grandement le son en y apportant la masse considérable et la puissance gargantuesque de l’instrument, mais également des nuances délicates parfois, lorsque Patton susurre…

Ceux qui apprécient la série ne seront pas surpris ni décontenancés et aimeront ce volume qui reprend les grandes lignes de ses prédécesseurs. Tout juste pourrait-on accorder que celui-ci est peut-être un poil plus mélodique et civilisé que les autres, bien que ce ne soit pas vraiment sûr car, comme le dit le dicton : « chassez le naturel et il revient au galop » !

Ainsi les chants Grégoriens se mélangent au heavy métal, faisant renaître l’esprit des croisades et du monde des templiers, jusqu’à ce qu’il s’éteigne en treize cent douze ! Il y a de quoi y perdre le nord et son latin, mais quand on évoque « Antonin Artaud, d'Edgar Varese ou d'Aleister Crowley », il faut s’attendre à bien des excès !

Bien que ce volume ne soit pas le plus emblématique, on pourrait probablement préférer « Ipsissimus » ou « The Crucible » par exemple, il tient son rang et constitue un maillon indispensable pour l’amateur de Patton et de cette série en sept épisodes. Les « gothiques » y trouveront également leur compte.
L’album contient un livret avec les paroles et le « obi » qui va bien.

Templi Secretum


Evocation of Baphomet


Prophetic Souls


Libera Me
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 16 déc. 2024 02:31

Un petit retour vers le dernier album de la série "Moonchild", dommage que la pochette ait disparu...
Douglas a écrit :
jeu. 24 oct. 2019 04:38
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« The Last Judgment » fait partie des quatre vinyles pressés par Tzadik pour récupérer des fonds suite à l’arnaque subi par John Zorn lors de la vente par correspondance des coffrets du Book Beri’ah. « The Last Judgment » est le septième et dernier volume de la série Moonchild qui débuta en l’année 2006, elle se consacre au mysticisme et se situe musicalement dans une mouvance rock/hardcore. Ce volume (ainsi que le précédent) est centré sur la légende des Templiers, parle de la vie de Jacques de Molay et des accusations d’hérésie dont il fit l’objet à l’époque. On comprend mieux la symbolique de la pochette…

Côté musique on retrouve Trevor Dunn à la basse, Joey Baron à la batterie, John Medeski à l’orgue et Mike Patton à la voix (chant, cris et hurlements). Un album finalement très contrasté, on glisse entre l’ambient et l’hardcore. Les quatre musiciens sont exceptionnels, on apprécie les ambiances monastiques suggérées par Medeski et la démesure sans limite des vocalises de Patton…

Le Tombeau de Jacques de Molay (musique funèbre et cris de souffrance)


Friday the 13th (débute la seconde face, intro à l'ambiance monastique, ça se débride brusquement... )
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 17 déc. 2024 06:42

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Pat Martino – Live! – (1974)

Voici un album de Pat Martino, guitariste jazz dont nunu a pas mal parlé sur ce site. Après une vie bien remplie, il est décédé le premier novembre vingt et un, dans sa bonne ville de Philadelphie qui l’a vu naître…

Guitariste enraciné dans le blues, il a développé un style assez personnel et a laissé derrière lui de beaux enregistrements qui font plaisir à écouter, comme celui-ci, un live qui date de septembre soixante-douze, capté dans un club de New-York, « Folk City », rebaptisé « Jazz City » pour l’occasion.

Cet album fait plaisir à entendre, bien entendu Pat tient la guitare, il est épaulé par Ron Thomas au piano électrique que l’on entend à gauche, probablement un Rhodes, Tyrone Brown à la « basse Fender » et Sherman Ferguson à la batterie positionné à droite. Contrebasse et guitare jouent au centre du spectre sonore.

Trois pièces sont jouées, les deux premières sont signées de Pat Martino, il s’agit de « Special Door » qui s’étale sur dix-sept minutes et quarante-trois secondes, ainsi que « The Great Stream » de dix minutes et vingt secondes. Deux pièces vives et enjouées qui donnent à admirer le guitariste et sa technicité, mais aussi son sens du rythme et sa créativité lors des solos, de quoi être vite ébloui par ces deux performances fascinantes.

Le mélange proposé organise un mix bop/post-bop dans un langage fusion typique de l’époque, c’est gouleyant et raffiné comme du bon vin… La troisième pièce est une reprise du célèbre « Sunny » de R. Hebb, paru en soixante-six, qui soulève l’enthousiasme du public. Version qui offre un beau dialogue entre le guitariste et le pianiste qui discourent, détendus et bavards tout du long, portés par une belle rythmique swingante.

Vraiment un bel album, typique du genre, qui soulève l’enthousiasme, c’est comme une sorte de prototype de la musique de « club » comme on la rêve, à la fois véloce et extrêmement brillante, en même temps que légère et agile, de quoi éblouir et ravir.

Cet album est aussi typique de l’époque, d’une certaine façon de vivre également. Pat connaîtra une vie perturbée par des problèmes de santé avec des hauts et des bas, mais jamais il ne quittera sa guitare…

Pat Martino - Live! (Full Album)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 18 déc. 2024 03:54

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Mal Waldron – Black Glory – (1971)

La petite histoire raconte que c’est le tout premier enregistrement du label discographique allemand « Enja ». Le sigle signifie « European New Jazz », mais bien vite le label se détournera de sa destinée première pour enregistrer de nombreux jazzmen américains, comme John Scofield, soutenu en premier par ce label, puis Chet Baker, Freddie Hubbard, Dizzy Gillespie ou Gene Ammons.

Cet opus nous présente donc le trio de Mal Waldron, ce dernier joue bien entendu du piano, il est soutenu par Jimmy Woode à la contrebasse et Pierre Favre à la batterie, un trio de très haute volée, enregistré au « Domicile » de Munich, le vingt-neuf juin soixante et onze.

Ne vous laissez pas tromper par le curieux premier titre « Sieg Haile », il s’agit en fait d’un hommage à Haile Selassie, empereur d’Ethiopie, loué également par Bob Marley. C’est la pièce la plus importante côté durée, vraiment magnifique elle est assez typique de Mal et de son style, souvent répétitif et martelant, rythmique en même temps que fin mélodiste, souvent économe mais aussi capable d’une grande virtuosité.

Après ce très beau départ la seconde pièce est également superbe, « La Gloire Du Noir » reste haut et enchaîne, si j’ose, avec la même flamme. Même si la pièce débute par des notes répétitives plutôt dramatiques, elle se développe à la manière « Mal Waldron » et régale en conjuguant entêtement et variations mineures, histoire de bien frapper les esprits…

N’espérez pas vous échapper des filets du pianiste avec la troisième pièce « The Call », tout aussi toxique, Mal va chercher loin dans les graves de quoi vous pénétrer le crâne et vous tenir à sa merci, irrémédiablement…

Point trop de diableries par contre avec « Rock My Soul » qui clôt ce bel album, le premier d’une longue série qui sortira sur ce précieux label, fidèle aux musiciens qu’il soutient, bien que pour ce qui concerne John Scofield, celui-ci préfèra poursuivre sa carrière sur un plus gros label, une plus grosse cylindrée à sa mesure, pensa-t-il…

Sieg Haile (Live)


La Gloire Du Noir (Live)


The Call (Live)


Rock My Soul (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 19 déc. 2024 04:04

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Calvin Keys – An Evening With Calvin Keys – (2003)

Encore une ambiance « club » pour ce beau double Cd du guitariste Calvin Keys, enregistré au « Maybeck Recital Hall » de Berkeley en mille neuf cent quatre-vingt-quatorze. Il n’est pas vraiment considéré comme un guitariste vedette de tout premier plan, comme Wes Montgomery ou Jim Hall, pourtant il a joué à l’ombre des plus grands, comme Ahmad Jamal, Joe Henderson, Bobby Hutcherson, Donald Byrd, Jimmy Smith, Jack McDuff, Ray Charles et même Pharoah Sanders…

Une telle carte de visite ne peut rester ignorée bien longtemps, lors de cette prestation il est accompagné par Tim Hauf à la contrebasse et Gaylord Birch à la batterie, qui disparut moins de deux mois après cette soirée. La formule du trio est très suffisante, elle permet de mettre en valeur chacun, et surtout d’entendre à plein cette guitare jazz si élégante et si agile.

L’album est double et bien plein, plus de quatre-vingt-dix-sept minutes au total, de quoi profiter très largement de cette belle musique, composée quasi exclusivement de standards. L’entièreté fut jouée un treize février, lors d’une copieuse soirée jazz à laquelle nous voici conviés, par l’intermédiaire des enregistrements, travaillés, nettoyés jusqu’à l’excellence, en conservant toutefois trace des applauses, complément indispensable de l’ambiance club.

On sait que Calvin a goûté à la musique un peu funky, mais il l’a mise un peu de côté ici, pour se concentrer sur un répertoire plus centré autour du jazz. La première pièce, magnifique, est la plus longue, pas loin des dix-sept minutes, il s’agit d’« Invitation », qui vous place direct au centre du jeu. Mais des titres encore plus connus sont programmés, comme « I Remember Clifford » de Benny Golson, « The Theme » et « All Blues » de Miles Davis, « Stella By Starlight » de Victor Young, « My Funny Valentine » de Richard Rogers, douze pièces au total qui se succèdent et font tourner la tête…

On se souvient de ses deux premiers albums parus sur le mythique label « Black Jazz Records » de Gene Russell, en soixante et onze avec « Shawn-Neeq » et en soixante-quatorze avec « Proceed with Caution », gravant dans la cire une trace remarquable qui figea le temps, dans une veine soul et funky.

Calvin aujourd’hui nous a quitté suite à un AVC, le quatorze avril de cette année, laissant derrière lui une discographie pas vraiment pléthorique mais très élégante, et de nombreux témoignages sonores chez les autres, car il était souvent le premier choix pour accompagner, lorsque le son d’une guitare était souhaité, il savait y faire et ne décevait jamais.

Chaque minute de cet album est un trésor de raffinement, on ne passe pas dix années de sa vie à accompagner Ahmad Jamal sans qu’il n’y ait des raisons fondamentales, l’écoute de cet album répond à toutes les questions et apporte juste un peu plus que des certitudes…

An Evening With Calvin Keys

1 Invitation 00:00
2 Hi-Fly 16:30
3 Chitlins con Carne 26:14
4 Secret Love 31:07
5 I Remember Clifford 41:35
6 The Theme 47:56

Disc 2
1 Bus Scene 53:56
2 Stella by Starlight 01:03:01
3 My Funny Valentine 01:09:11
4 All Blues 01:19:49
5 Spring Can Really Hang You up the Most 01:25:43
6 If I Should Lose You 01:32:40

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 20 déc. 2024 04:08

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Billy Cobham – Spectrum – (1973)

Je voulais vous présenter un nouvel album de Weather Report qui m’avait autrefois laissé un assez bon souvenir, mais en le ré-écoutant, j’ai abandonné, déçu, donc je me rattrape avec le premier album solo de Billy Cobham, une valeur sûre du Jazz-Rock, et même un succès planétaire, je suppose que par ici tout le monde le connaît, mais ça faisait pas mal de temps qu’il n’avait pas tourner sur la platine, Zouuu…c’est parti !

Déjà un petit bout de la légende se tient sur le choix du studio d’enregistrement, rien moins que « l’Electric Lady Studios » de New-York, celui qu’avait conçu Jimi Hendrix lui-même. Justement, côté guitare, Billy a un pote qui gratouille comme un virtuose, Tommy Bolin, il va exceller, un peu dans le genre de McLaughlin, mais avec un poil de douceur en sus. L’aventure démarre bien !

Il faut dire que Cobham a justement enregistré avec le dénommé McLaughlin, trois albums de folie. « The Inner Mounting Flame », « Birds Of Fire » et « Between Nothingness & Eternity », des gros machins pleins d’électricité signés par le Mahavishnu. C’est là qu’il a rencontré un autre gars épatant, Jan Hammer qui joue des claviers et des synthés, de quoi équilibrer la démesure de Bolin !

C’est sûr que là, avec Billy et sa batterie surdimensionnée au centre, ça va le faire ! Le dernier venu est le bassiste Lee Sklar, avec sa Fender, ça va groover et balancer funky, d’autant qu’il y a pas mal d’invités de passage qui vont intervenir lors de l’enregistrement, sans doute une sorte de coutume inaugurée par Hendrix lui-même qui laissait les portes ouvertes…

L’album annonce dix pièces, mais elles obéissent à un découpage et sont regroupées sous forme de trois Medley, ce qui fait en fait six pièces au total, mais tout cela n’a guère d’importance. C’est Billy qui signe les compos, c’est tout en tournant avec le Mahavisnu Orchestra qu’il les a écrites, ça commençait à le démanger sévère de jouer sous son nom, et quand parut cet album, il s’apparenta à une sorte de tornade et fut un succès immédiat, un peu à la façon des albums du Mahavishnu Orchestra.

On remarquera qu’artistiquement l’album possède un double visage, en effet certains titres sont joués par une formation « bis », composée par Jimmy Owens au bugle, Joe Farrell au saxophone soprano et à la flûte, Ron Carter à la contrebasse, mais Hammer et Cobham toujours là. C’est le cas sur « Spectrum » et « Le Lis ». Certaines pièces sont également de courts solos.

Mais ce qui compte c’est le jazz/funk qui régale, la couleur Jazz/Rock qui domine également, avec une rythmique hyper solide et deux feux-follets, Bolin et et Hammer à l’avant qui régalent, dialoguent et électrisent le public. Il est à noter que le label « Atlantic » n’y croyait pas à fond, et que Billy a dû investir une partie de ses économies pour produire l’album, il avait du nez, le tirage dépassa le million et ça continue encore…

Billy Cobham - Quadrant 4


Spectrum


Billy Cobham - Stratus


Red Baron
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 21 déc. 2024 03:03

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Peter Brötzmann, Sonny Sharrock – Whatthefuckdoyouwant – (2014)

Voici un curieux titre pour un album, mais il existe une explication qui est fournie dans les notes de pochette. Brötzmann et un pote roadie ont été les spectateurs de cette scène où l’on voit le doux et calme Sonny Sharrock converser avec « Mr X », homme d’affaires et manager qui avait promis à Sonny de former un nouveau groupe et « beaucoup de travail pour ça » …

Mais voilà, l’affaire tourne mal et le ton monte, quand, soudain, Sonny tire de la poche de sa veste de sport une lame de rasoir en criant : « Whatthefuckdoyouwant, je vais te couper en tranches, j'ai déjà fait ça au Vietnam ! » Et l’on vit le manager blêmir, se retourner et partir en courant vers le sommet de « l'Obergrünewalderberg », une haute colline qu’il gravit avant de disparaître à jamais…

C’est le prélude à ce concert, enregistré au Luxembourg en quatre-vingt-sept, Brötz l’a sorti de ses archives personnelles pour cette remarquable publication, dotée d’un son assez exceptionnel avec une captation tellement proche que l’on se croirait à quelques centimètres des instruments, Sharrock et sa guitare électrique et Brötz aux saxs alto, ténor et basse, ainsi qu’au Tarogato.

L’enregistrement est d’autant plus important que, jusqu’alors, seul l’album « Fragments » sur le label « Okka Disk », dont je vous ai déjà fait part, témoignait de ces duos. Brötz était très attaché à Sonny et voulait donner suite à cette collaboration jusqu’à ce qu’il reçoive un appel téléphonique, en quatre-vingt-quatorze, l’informant du décès du guitariste. Il faut se souvenir qu’ils se côtoyaient également dans la formation « Last Exit », depuis quatre-vingt-six.

Le duo est assez torride avec des parties plutôt déchainées et sauvages, conjuguées à des passages aux sonorités plus douces et calmes. Mais les premières pièces sont particulièrement hard, à la fois minimalistes et puissantes, presque colériques et flirtant avec le métal, d’ailleurs parmi les aficionados il y a une partie de son public qui est issu de cette branche et s’y retrouve dans ce mélange free hardcore sans merci !

Il n’y a aucun titre ici, mais seulement des numéros qui s’arrêtent à onze, autant de témoignages mémorables qui ne sont pas sans évoquer ici ou là, la guitare d’Hendrix. Certains passages pourraient même faire partie d’une anthologie s’il fallait en établir une, comme les pièces du départ augmentées de la cinq, de la six et de la huit. On entend parfois comme une sorte de fusion entre les cordes métalliques et les grondements des saxs, si bien qu’à certains moments on ne sait plus qui joue quoi dans cet étrange mélange furieux et apocalyptique.

Un album étonnant et détonnant !

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Sonny Sharrock | Peter Brötzmann – Whatthefuckdoyouwant [Full Album]

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 23 déc. 2024 03:52

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Zoot Sims / Bucky Pizzarelli – Zoot Sims With Bucky Pizzarelli – (1976)

Voici une petite plongée vers le passé qui nous est offerte par ces deux vétérans du jazz. Zoot Sims est loin d’être un inconnu, c’est une sorte de survivant du « jazz blanc », il a en effet connu les plus grands orchestres blancs des temps anciens, en bon vétérans des Big Bands il a tourné avec Gerry Mulligan, Stan Kenton ou Artie Shaw, trustant les succès de la « musique noire ».

La sonorité de son sax est veloutée et chaude, très tendre, agréable et flatteuse, elle coule doux vers la musique « cool », quelques années plus tard on la catégorisera même comme appartenant à ce qui s’appela le « Smooth Jazz », d’un terme né chez les marchands.

Il est vrai que l’album est soyeux avec deux pièces magnifiques, « Mynah Blooze » et « Watch What Happens », ce dernier est issu des « Parapluies de Cherbourg » de Michel Legrand, qui se distinguent au beau milieu de magnifiques standards superbement interprétés, comme « Willow Weep For Me » ou « What Is This Thing Called Love? » ou encore « There Will Never Be Another You ».

Toutefois on ne croule pas sous la musique car l’album frise les trente-trois minutes, pas plus, vite fait et bien fait, le temps d’apprécier également Bucky Pizzarelli, guitariste solide, né en mille neuf cent vingt-six, qui a beaucoup enregistré et fréquenté la scène blanche du jazz de l’époque.

Les amateurs de mélodies suaves et sucrées seront ravis et caressés dans le sens du poil, ce doux ronronnement, certes sans surprise, mais tellement agréable, fera son office avec délice, le temps d’admirer le savoir-faire expert de ce duo magique, jouant toujours les notes essentielles, sans en n’oublier aucune, toutes au bon endroit, jouées dans la bonne chaleur et la justesse propre au « swing » de l’époque.

Mynah Blooze


Watch What Happens


Willow Weep For Me


What Is This Thing Called Love?
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 24 déc. 2024 04:21

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Dave Douglas – Gifts – (2024)

Puisqu’ arrive l’heure des cadeaux, voici un album d’actualité, avec le Sieur Dave Douglas à la manœuvre, trompette et une partie des compos sont également à sa charge. Des petits jeunes dans l’entourage, Roafik Bhatia à la gratte et Ian Chang à la batterie pour la partie en trio, et l’excellent James Brandon Lewis au saxo pour la moitié des titres qui sont donc interprétés en quartet.

Il y a également pas mal d’effets électros qui se laissent entendre, mais qui ne sont pas crédités, probablement Rafiq Bathia mais rien n’est sûr, ils sont perceptibles dès la première pièce, « Gifts », très belle et vaporeuse… La seconde pièce « Kind of Teal » est plus terreuse, elle plonge aux racines et remonte en s’enrichissant des couleurs plus modernistes, prétexte à deux excellents solos de la part des souffleurs, et cette guitare qui remonte les vieux plans bluesy…

La troisième pièce est également remarquable avec, cette fois-ci, le rock qui semble lui aussi vouloir remonter vers la surface. C’est la première des quatre reprises signées Billy Strayhorn qui s’enchaînent. « Take The A Train » subit un traitement assez étonnant qui le rafraîchit sans rien enlever de son allant d’antan. Un groove malin s’insinue dans la compo et lui apporte un sang neuf, l’effet est plutôt réussi.

Les autres compos de Billy sont « Rain Check », le chouette « Day Dream » qui se désarticule bien en trio et se maintient grâce à la guitare de Rafiq qui se confine dans les parties basses, et une version très intéressante de « Blood Count » dont le tempo s’accélère après une première partie plutôt calme et rêveuse, la partie finale de la pièce est superbe avec ce duo guitare/batterie qui performe à l’avant, contrastant avec le long et magnifique solo de trompette qui précède, les humeurs sont changeantes et les climats s’opposent…

« Seven Years Ago » se vit à quatre avec les souffleurs qui dialoguent, c’est vraiment la grande classe que de les entendre tous les deux jusqu’à ce qu’on ne perde pied, avant que le son de la trompette ne revienne et que la coda n’arrive. Sur « Small Bar » qui suit, la vedette serait plutôt le guitariste Rafiq Bhatia et ses effets qui porte la pièce, particulièrement lorsque s’achève le solo de Dave et qu’il se place à l’avant-scène pour une prestation un peu décalée.

Décidément Dave Douglas ne cesse de surprendre, toujours étincelant, ce Cd est bel et bien un beau cadeau qui ajoute encore à la longue farandole de ses albums, plus loin que le post-bop avec ses couleurs électros et sa large ouverture vers la musique actuelle, portée par un zeste de free qui souffle et souffle encore sur sa musique…

Gifts


Kind of Teal


Blood Count


Take The A Train
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 25 déc. 2024 04:29

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ATARPOP 73 & Le Collectif Le Temps Des Cerises ‎– Attention L'Armée - (1975)

"Eh, toi! Avec ton char, qu'est-ce que tu fous sur mon champ?"

Atarpop 73 c'est le nom de l'équipe de graphistes qui ont conçu la pochette tandis que "le temps des cerises" représente l'ensemble des musiciens. Souvent en compagnie de François Tusques à la manœuvre, le collectif est ici regroupé par Denis Levaillant qui a composé les morceaux qui ne relèvent pas du répertoire traditionnel. L'album a été enregistré en mars mille neuf cent soixante-quinze et tiré à deux mille exemplaires, il a été à l'époque beaucoup vendu à un jeune public étudiant. La pochette comprend plusieurs volets mais le carton est vraiment fragile ce qui peut en expliquer la relative rareté en version originale.

Cet album est aussi le reflet d'une époque, il est résolument antimilitariste, certains se souviendront des rassemblements du "Larzac", du "procès de Draguignan", du service militaire obligatoire, de l'accident de "Chézy sur Marne" (huit appelés décédés), de la création des "comités de soldats"... bref du divorce qui existait entre l'armée et une grande partie de la jeunesse française.

C'est assez free, mais sans agressivité. On entend Kirjuhel (voix), Pierre Rigaud (saxophone ténor), Jean Méreu (trompette), Denis Levaillant (piano et perc), Antoine Cuvelier (trombone), Gérard Tamestit (violon), JJ Avenel (contrebasse), Guy Oulchen (percs), Christian Ville et Robert Lucien (batterie).

Le titre "Attention l'armée" a été réédité dans une compilation indispensable: "Mobilisation générale", l'album lui-même a connu une seconde vie en deux mille dix-huit, suite à une réédition vinyle par "Staubgold, Aljama Discs".

Un album militant.

Atarpop 73 - Attention L'armée


ATARPOP 73 & Le Collectif Le Temps Des Cerises - Le Borgne Et Le Manchot


ATARPOP 73 & Le Collectif Le Temps Des Cerises - Dicen Que La Patria Es...


Le Pasó del Ebro
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 26 déc. 2024 03:26

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David Holland Quartet - David Holland, Sam Rivers, Anthony Braxton, Barry Altschul – Conference Of The Birds - (1973)

C'est certainement l'un des plus beaux albums ECM, il a été réalisé sous la houlette de Dave Holland, compositeurs des six thèmes et artisan de la rencontre entre Sam Rivers d'un côté et Barry Altschul et Anthony Braxton de l'autre.

Il fait parti des albums qui ne se livrent pas facilement, enfin pas la première fois... Coquet, il intrigue et émerveille dans un premier temps, mais ce n'est pas tout, au fil des écoutes il continue à livrer ses trésors, à dévoiler d'autres facettes, à polir sa mise...

Dave Holland en est le cœur, sa contrebasse ne bat pas seulement la mesure, elle pulse et se fait élastique, relançant sans cesse le flot torrentiel des solistes, où bien construit des structures sonores à partir desquelles il est aisé de bâtir et de créer. Le jeu des cymbales de Barry Altschul est impressionnant, foisonnant, commentant les thèmes, il se fait également soliste et coloriste lors des pièces les plus lentes, dessinant l'espace, le façonnant.

Soprano, alto ou ténor, les saxophones se succèdent entre les mains de nos souffleurs, ils jouent également de la flûte et de la clarinette basse, et la rencontre est magique et passionnée, pleine d'intelligence et de complémentarité.

L'un des albums fondateurs du post-free.

Dave Holland Quartet - Conference Of The Birds [HQ]


Four Winds


See-Saw


Dave Holland, "Q & A", album Conference of the birds, 1972


Now Here (Nowhere) - Dave Holland Quartet
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 26 déc. 2024 03:50

Babel - Babel - (1976)

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"Babel", un véritable et authentique trip de hippie avec Catherine le Forestier (qui incarne à elle seule quatre-vingt-quinze % de l'anticonformisme de la famille), Steve Potts ainsi que des musiciens berbères et Africains, difficile de savoir exactement qui est à l'intérieur du groupe Babel puis qu’aucun nom ne figure sur l'album, tout le monde étant une partie du groupe à égalité. Ce disque est témoin d'une longue aventure communautaire qui s'est déroulée au Maroc, Catherine devenant "Aziza".

Les notes de pochette indiquent: "Enregistré à l'Aïd El Kebir 1395 dans l'église de Rough place Rudeville, Ruigoord, NL, à l'époque où l'on tuait et mangeait nos moutons le 13 décembre 1975."

Et aussi : "Paroles et musiques anonymes et nomades."

Paru en l'année soixante-seize.

Babel - Babel Song


BABEL FULL ALBUM 1976 PSYCH ETHNIC MIXTURES TRIPPY SOUND EFFECT ARAB MUSIC EXPERIENCE
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 27 déc. 2024 05:38

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Chet Baker – Late Night Jazz – (2024)

Cet album paru en cette fin d’année mérite l’attention des admirateurs de Chet, bien que sa présentation, dans la presse, les médias, et même dans son titre, ne soit pas très rigoureuse. Le premier point est qu’il s’agit d’une réédition, parue sur un label norvégien sous le nom de « Blåmann! Blåmann! », les dates de la session en font foi. Lors de cette première édition Chet n’était pas forcément mis en valeur puisque l’album était attribué à « Jan Erik Vold [et] Chet Baker ».

Rien de grave je vous rassure car l’album est très bon et bénéficie de trois pièces, des versions alternatives, supplémentaires, ce qui fait toujours plaisir concernant un artiste toujours créatif et exigeant. Mais il faut aussi se méfier de ce titre « trompeur » qui tend à suggérer que « Late Night Jazz » pourrait être son dernier enregistrement, ce qui n’est pas exact, bien qu’il se situe effectivement dans la dernière course de Chet, et qu’à ce titre, il est forcément digne d’intérêt.

Chet fait partie de ces musiciens qui, malgré les épreuves de la vie, n’ont cessé de progresser, notamment dans son rapport très charnel et intime qu’il portait à la musique. Sa sensibilité à fleur de peau qui transpire et dévoile ses secrets, sa sensibilité et sa fragilité.

Mais revenons à cet historique discographique qui parcourt ces quelques mois, entre cette session parisienne au Studio Sysmo, les dix-sept et dix-huit février quatre-vingt-huit et ce voyage funeste à Amsterdam. Le vingt-neuf de ce même mois il enregistre au Malleus Studio, en compagnie du pianiste Enrico Pieranunzi, l’album « The Heart Of The Ballad ».

Les premier et deux mars il enregistre au même endroit, avec le « Space Jazz Trio », l’album « Little Girl Blue ». Le dix-sept avril est capté en concert l’album « Chet Baker's Last Recording As Quartet », dont le nom laisse présager qu’il n’est pas l’ultime enregistrement.

En effet, le vingt-huit avril, au « Funkhaus Hannover » en Allemagne, il participe à un concert avec un sextet qui sera présenté comme « The Last Great Concert », sous le nom de « My Favourite Songs Vol. 1 & 2 ». Gageons que nous ne sommes pas encore au bout de ces parutions, et que d’autres enregistrements viendront s’ajouter et enrichir cette abondante discographie…

Pour ma part je me souviens m’être déplacé au « New Morning » dans ces années-là, un an après un concert magnifique, Chet s’installa et souffla quelques notes dans sa trompette, entouré de ses accompagnateurs, mais ils n’eurent guère le temps de se faire entendre, car Chet, visiblement mal, se leva avec quelques excuses, et quitta la salle, laissant derrière lui comme une ombre noire qui prenait toute la place…

Pour en revenir à cet album, il est très copieux et frôle les soixante-dix minutes, les pièces sont souvent courtes et sont illuminées par l’excellent Philip Catherine à la guitare qui fait grandement plaisir, Egil Kapstad au piano et Terje Vernaas à la basse complètent brillamment la formation. Le fameux « Jan Erik Vold » est un poète norvégien que l’on n’entend pas sur l’album, mais je n’en sais pas plus… Je vais essayer de revenir un peu sur Chet Baker, car sa discographie désormais touffue et pléthorique cache bien des trésors…

How High the Moon (chant)


Alice in Wonderland


Love for Sale


The Bird from Kapingamarangi


If You Could See Me Now


Body and Soul
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