J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Piranha
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » dim. 3 nov. 2024 08:26

No Way !
No Wave !

:super:

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 4 nov. 2024 02:02

Piranha a écrit :
dim. 3 nov. 2024 08:26
No Way !
No Wave !

:super:
Tu as raison, ça manquait !

Sur Discogs en outre ils proposent: New Wave, No Wave, Free Funk, Disco, Free Jazz, Avantgarde
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 4 nov. 2024 02:15

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Avishai Cohen - Ashes To Gold – (2024)

C’était il y a un an après les terribles évènements, à Pernes les Fontaines, aux Studios Labuissonne, là où le son est si pur que s’y réfugient les amoureux du célèbre « son » ECM.

La pureté, comme un souvenir...

Avishai Cohen est bouleversé, la barbarie est passée en bravant le sacré, d’étapes en étapes, jusqu’à l’innommable, violant et dépeçant, et tuer l’innocence… Un sept octobre, arrivant du ciel, ils ont fondu sur leurs proies, charognards des cavernes, biberonnés à la haine…

« Ash To Gold » est une réponse à cette haine-là, comme s’il fallait briser le silence, s’épancher un peu, se recueillir, l’espoir est en berne, coulent les larmes, chercher dans le noir, une lueur, une raison de vivre, et respirer, encore, un peu…

C’est peut-être « The Seventh », la pièce qui termine l’album, qui est une réponse à tout ça, composée par Amalia, jeune adolescente et fille du trompettiste de Tel Aviv, comme si l’espoir serait encore possible, parce qu’il faut bien encore croire à quelque chose…

Avishai joue de la trompette et du bugle, mais aussi de la flûte, ce qui est plus rare, mais il faut bien saluer l’aurore qui arrive, le vent qui souffle dans les herbes et le jour qui se lève. Au piano Yonathan Avishai, Barak Mori à la contrebasse et Ziv Ravitz à la batterie. Les quatre sont raccords, cela s’entend, la musique est belle, comme si la douleur secrétait une beauté étrange et unique.

« Ashes To Gold » est une suite en cinq mouvements, elle charrie les sentiments, fait déborder l’âme et forme comme une « prière ». Car elle apaise, et n’est-ce pas le rôle d’une prière bien comprise que de déposer du baume sur les déchirures, les plaies ouvertes, afin qu’un jour, elles s’oublient, avant de cicatriser ?

Le remède n’est pourtant pas sans amertume, tristesse et plongées dans les ténèbres, mais la vie, simplement la vie… Ils jouent également l’« Adagio Assai » de Maurice Ravel, tiré du Concerto en sol majeur du compositeur français, il en extrait la mélodie qu’ils magnifient en l’interprétant.

Puis « The Seventh », pour s’en aller, avec l’espoir accroché au cœur, pour qu’un jour vienne la paix…

Ashes to Gold (Pt. 1)


Ashes to Gold (Pt. 2)


Ashes to Gold (Pt. 3)


The Seventh
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 5 nov. 2024 04:39

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Didier Malherbe, Loy Ehrlich – Hadouk – (1996)

Pour préciser les choses, cet enregistrement, sorti en quatre-vingt-quinze ou quatre-vingt-seize selon les sources, est offert avec l’achat du dernier né, « Le concile des oiseaux », l’ensemble est donc paru sous la forme d’un double Cd, dont voici l’élément le plus ancien, réédité avec le sous-titre « Le bal des Oiseaux ».

Je suis un grand fan de Malherbe ou du Hadouk Trio, et cette réédition avait peu de chance de m’échapper. C’est beau comme d’hab, avec tous ces accents « worlds » qui sonnent si bien et font tant plaisir. Toutes les cordes et les anches du monde se retrouvent sur cette galette, accompagnée de ces tambours anciens et de ces percus si essentielles.

Mais ils ne sont pas deux, car Steve Shehan, qui deviendra bientôt le troisième pilier, est déjà là, en tant qu’accompagnateur invité, il joue de la calebasse et du shekéré, une calebasse associée à des perles ou à des graines, que l’on trouve en Afrique de l’ouest, à Cuba ou au Brésil.

Loy Ehrlich est également multi-instrumentiste, ainsi il joue su hajouj, une sorte de guembri, de la kora, du Sanza M’bira, un lamellophone, du bolong, de l’ukulélé, des claviers, tablas et autres percus. Didier Malherbe joue du doudouk, des flûtes, de l’ocarina ainsi que du sax soprano et des clarinettes bambou, de la guimbarde et des percus.

Avec ce tour du monde des instruments, nous sommes invités à l’écoute d’un album avec des mélodies souvent simples, courtes comme des chansons, qui se suivent et s’enchainent dans la bonne humeur, cette musique instrumentale n’est sans doute pas de la pure famille jazz, mais elle vagabonde à travers le monde avec innocence et joie, laissant derrière elle un souvenir souvent prégnant. On remarque « Hadouk », « Vol de Nuit », « Loukoumotive », « Montaulieu », « Callibistri » ou « Caspienne Blues ».

Un ajout idéal, comme un cadeau, qui complète fort bien « Le Concile des Oiseaux », en offrant un retour en arrière avec de belles pièces, souvent sensibles, signées Malherbe/Ehrlich.

Didier Malherbe & Loy Ehrlich - Hadouk.wmv


Vol de Nuit


Loukoumotive


Caspienne Blues
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 6 nov. 2024 04:15

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Weather Report – Live In Tokyo – (1972)

Pour évoquer cet album, je me plonge quatre années plus tard, en soixante-seize, le vingt juillet, à Bayonne, aux arènes, pour un concert qui se déroula au beau milieu de la vague Jazz-Rock qui déferlait dans le monde et vendait les albums comme des petits pains. L’affiche était alléchante et le concert s’ouvrit avec Billy Cobham accompagné, entre autres, de George Duke et de John Scofield.

Après cette entrée incroyable, la place est faite pour Herbie Hancock et sa formation, Headhunters, je passe encore, mais l’ambiance était déjà extraordinaire, avec toutes ces odeurs variées qui embaumaient l’atmosphère, mais il fallait tenir car on annonçait John McLaughlin avec Shakti, assez curieusement cette partie laissa chez moi le meilleur souvenir, bien qu’elle n’appartînt pas à la planète Jazz-Rock, mais alors pas du tout !

Larry Coryell n’était pas accompagné des « Eleventh House » comme annoncé, mais fit le job en solo, ce qui laissa une sorte de déception, malgré les efforts, d’autant qu’ensuite sont enfin arrivés, les toréadors tant espérés, alors que la nuit était déjà extrêmement avancée et qu’arrivait l’heure des zombies, et que certains s’affalaient…

Weather Report est arrivé, période « Black Market », Wayne Shorter déjà accrochait mes regards et captait mon attention, à l’heure des solos. Il y avait bien sûr Zawinul et Pastorius, ainsi qu’Alex Acuña là également, et Chester Thompson à la batterie. Grande prestation dont il me reste encore quelques flashs dans l’esprit, et un sentiment de plénitude, bien qu’une journée si pleine me laissât également K.O. et bien raidos, tout comme pour l’ensemble de mes compagnons d’alors…

Reste pourtant la magie de l’entente entre Wayne et Joe qui, pour l’heure, les positionnait en compères à l’égale influence, ce qui, hélas, ne dura pas si longtemps, deux années avant le naufrage de « Mr Gone » ! Pastorius lui aussi était formidable au milieu de cette rythmique savante et bouillonnante… Tout ça pour vous dire qu’en concert ces gars-là étaient des phénomènes, et qu’en ces temps-là, Bayonne n’évoquait pas que le jambon !

Ce « Live In Tokyo » parut uniquement au Japon alors, bien qu’il soit pourtant dans le top de la discographie du groupe, et peut-être même au pinacle, pourvu que l’on s’y plonge avec attention. Certes, quelques-unes de ses plages ont été publiées sur « I Sing The Body Electric », elles figurent cette fois-ci dans l’ordre, avec le reste de la prestation, et toutes sur le Cd « un », car ce live est double, et offre de quoi se nourrir.

On pourra toujours pinailler ici ou là, mais les versions ici proposées sont assez extraordinaires, totalement sujettes à l’improvisation et à la re-création, Weather Report hisse haut le drapeau de sa liberté et se laisse submerger par l’esprit « jazz » en laissant libre-cours à la spontanéité et à la découverte.

C’est ce qui fait le grand charme de cet album, comme sur « Orange Lady » qui prend son envol pendant dix-huit minutes et dix secondes, totalement réincarné et prélude à un Cd deux de très haut niveau.

Ce live est probablement un des chefs d’œuvre du jazz-rock, seulement dépassé par le grand Miles, qui reste intouchable pour ce qui me concerne. A noter la pochette intérieure où il est fait une grande place à Joe Zawinul qui semble être mis en avant, symbolisé par cette « grosse tête » centrale, pourtant c’est bien lui qui sera, un peu plus tard, le « fossoyeur artistique » de la formation en cédant à la sonnerie mercantile…

Medley: Vertical Invader / Seventh Arrow / T.H. / Doctor Honoris Causa (Live)


Orange Lady (Live)


Medley: Eurydice / The Moors (Live)


Medley: Tears / Umbrellas (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 7 nov. 2024 05:42

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Eric Legnini, Bojan Z, Pierre de Bethmann, Baptiste Trotignon – PianoForte – (2024)

On ne saurait le nier, c’est un album de pianiste, ni un, ni deux, ni trois, mais quatre réunis autour de standards de jazz qu’ils revisitent à leur façon. C’est sous l’impulsion de Reno Di Mattéo, producteur de spectacles, que l’idée est née et s’est concrétisée sous la forme d’un concert au Tourcoing Jazz festival, en deux mille dix-neuf.

L’idée a fait son chemin et a abouti à cet album, très réussi, sans tomber dans l’exercice de style ou la démonstration, il faut dire que ces quatre-là sont de fameuses pointures du jazz hexagonal. Il est évidemment très difficile de trouver un équilibre, avec quatre pianistes jouant en même temps…

C’est pourquoi ic,i il faudrait plutôt parler de quatre claviers, car si nous avons bien deux pianos avec un pianiste associé à chacun, il y a également deux Fender Rhodes, avec deux autres, qui jouent de ces pianos électriques, symboles à eux seuls de ce que fût autre fois le jazz-rock.

Un piano est situé à droite et l’autre à gauche, un Fender est situé au centre droit et l’autre au centre gauche. Mais les musiciens tournent et changent de position de temps en temps, à intervalles réguliers, de telles façons que chacun goûte à chaque position. Par bonheur on peut suivre les transformations en lisant les indications de la pochette. On peut également suivre l’ordre des solos à l’intention de ceux qui aiment savoir qui fait quoi.

Mais on peut aussi se laisser tout simplement porter par l’excellence de la musique, sans chercher à tout savoir, car ce qui compte avant tout, c’est bien le résultat final. Côté répertoire il y a du Bud Powell, du Carlos Jobim, du Keith Jarrett, du Billy Strayhorn, de l’Hancock et du Zawinul, de l’Horace Silver et de l’Egberto Gismonti, et d’autres encore…

Il y a donc pas mal de standards plutôt connus comme « Águas de Março », « The Windup » ou « Take the A Train » ou encore « Mercy, Mercy, Mercy » et d’autres un peu moins, mais tous ont la flamme et sont remarquablement interprétés.

Il est difficile de détacher un soliste ici, tant ils sont complémentaires, tout autant virtuoses les uns que les autres, et aussi à l’aise avec cet exercice d’évidence pourtant difficile, car s’il est commun d’assister à des duos de piano, l’attelage ici réuni est clairement assez inédit, me semble-t-il.

Pianoforte : Baptiste Trotignon / Bojan Z / Eric Legnini / Pierre de Bethmann - Barbados | JJF 2022
Ça se passe au "Jarasum Jazz Festival" sur l'une des mille quarante-deux îles japonaises (pour le nombre j'avais appris ça à l'école et s'est resté, mais ce chiffre a été revu à la hausse me semble-t-il...)
De gauche à droite, Trotignon, Bethmann, Bojan Z, Eric Legnini


Águas de Março

Take the "A" Train


Mercy, Mercy, Mercy


The Windup
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 8 nov. 2024 04:14

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Arthur Blythe Quartet – Rivbea Live! Series, Volume 2 – (2024)

NoBusiness Records a encore frappé avec ce live inédit du saxophoniste alto Arthur Blythe, en pleine période des Lofts à New York. Celui-ci s’est déroulé le six juillet de l’année soixante-seize, dans le loft de Sam Rivers, le fameux Rivbea, « Riv » pour Rivers et « bea » pour son épouse, béatrice. Le son est tout de même bon, même s’il existe comme une légère impression d’écho, qui n’enlève rien à la musique et nous plonge dans la réalité du lieu.

Arthur Blythe est membre du Black Artists Group basé à St Louis, il est également successeur de Julius Hemphill dans le World Saxophone Quartet, et a fait ses débuts dans la formation d’Horace Tapscott. Le quartet, outre Arthur Blythe est formé par Juni Booth à la basse, Steve Reid à la batterie et Muhammad Abdullah à la conga, c’est donc le saxophoniste qui prend la part du lion, d’autant qu’une part du concert est réservé au sax alto en solo, remarquable à l’évidence, bien qu’assez ardu pour qui n’est pas habitué à ce challenge.

La première pièce, « Spirits In The Field », ainsi que les cinq premières minutes de la seconde pièce sont donc vouées au sax alto en solo absolu, c’est intense et aride, brut et viscéral, on embrasse toute la spécificité de ce saxophoniste original et sincère, très entier dans sa démarche. L’arrivée du quartet au complet sera une délivrance pour les réfractaires à l’effort solitaire, une plongée dans le free et les impros, sauvages et impétueuses, lors de ce « Medley of Unidentified Titles » vraiment magnifique.

La pièce suivante, « Miss Nancy » est encore un peu plus longue et frôle les vingt minutes, toujours cette sensation de son un peu caverneux, comme souvent pour les enregistrements captés au Loft Rivbea, mais l’effet, même involontaire, comporte son charme et la musique est somptueuse avec un sax grondant, une batterie très en avant et une basse qui vrombit à la façon d’un puissant moteur, la sonorité des congas est bien présente et se structure en accord avec la batterie…

NoBusiness a fait du bon travail de décrassage pour obtenir un tel résultat, c’est une bonne nouvelle car tout laisse présager qu’il y a derrière cette série, tout juste débutante, deux enregistrements seulement pour l’instant, qu’il y a donc d’autres trésors qui sommeillent, et probablement nombreux, si on pense à la série « Wildflowers » qui nous avait tant alléchée à l’époque, pour ceux qui se souviennent !

« Miss Nancy » est un titre vraiment magnifique, qu’Arthur joue assez souvent, mais ici il est tout simplement magnifié, par sa durée, son évolution lente et naturelle, l’imagination sans bride du solo de saxophone qui se libère comme une longue liane, et l’à propos de chacun des musiciens qui le rend mémorable, particulièrement Steve Reid, également monstrueux.

« Lower Nile » ferme joliment l’album, Reid uniquement au tambourin et les percus qui balancent, on ne regrette même pas cette réverbération qui parcourt l’album tellement il est magnifique. En attente, patiente le premier volume de la série, avec Karaparusha Maurice McIntyre, dont je vous parlerai bientôt…

Medley of Unidentified Titles


Miss Nancy


Lower Nile
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 9 nov. 2024 05:02

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Avishai Cohen, Roni Kaspi, Guy Moskovich – Brightlight – (2024)

Cette fois-ci c’est bien d’Avishai Cohen le contrebassiste dont il est question, accompagné d’un trio fidèle qui s’enrichit de nombreux invités au fil de l’écoute. Avishai est donc à la contrebasse, il écrit également les huit premières compositions, les trois dernières sont signées Franz Liszt pour « Liebestraum Nr 3 », que l’on appelle « Rêve d’Amour N°3 » dans nos contrées, George Gershwin pour « Summertime » et Jimmy Van Heusen pour « Polka Dots and Moonbeans ».

A la batterie nous retrouvons la très jeune prodige Roni kaspi à qui il a fait très tôt confiance, « Roni’s Swing » lui est certainement dédiée. Il y a également le jeune pianiste Guy Moskovich, vraiment excellent, le trio ainsi constitué est extrêmement solide et s’affiche sur pas mal de titres. Si on ajoute une clarté lumineuse dans la prise de son étonnante, nous voilà bien parti pour une aventure sonore de haute qualité.

De nombreux invités viennent ajouter leur couleur au fil des titres, donnant à l’album un aspect sans cesse enrichi et renouvelé, non pas que le trio ait quoi que ce soit d’ennuyeux, loin de là, mais l’apport de nouveaux sons enrichit brillamment la palette en flattant l’oreille, car, ne le cachons pas, cet Avishai-là s’y connaît en flatteries de toutes sortes…

Pourtant il ne se compromet en rien et ne joue pas les stars, se contentant d’interpréter à la perfection ses courtes pièces, mélodiques et chantantes, d’accès faciles mais sans compromission, embrassant largement la tradition jazz, sans même abuser des solos, misant sur une mise en avant partagée avec les autres musiciens.

Ainsi « Drabkin » voit intervenir le saxophoniste Yuval Drabkin, « Hope » le flûtiste Ilan Salem et le guitariste Yosi Ben Tovim, ainsi qu’une section de cuivres à l’arrière. Le traditionnel « Hitragut » est complété par le bugliste Hilal Salem et le saxophoniste Drabkin. Une superbe version de « Summertime », très dynamique, est chantée par Jenny Nilsson, avec la section de cuivres qui intervient également.

La dernière pièce « Polka Dots And Moonbeams » avec le saxophoniste Yuval Dabkin, est de toute évidence un clin d’œil à Sonny Rollins, même si la version proposée n’est pas très dans la veine du vénérable saxophoniste, Yuval est accompagné du seul Avishai, pour un duo plein de lyrisme et de tendresse.

Certainement un bel album, à qui on ne pourra pas reprocher grand-chose, ce qui n’est pas toujours le cas pour ce musicien, parfois incompris par les spécialistes, mais aimé du public.

Avishai Cohen - Courage (from the album "Brightlight")


Avishai Cohen - Roni's Swing (from the album "Brightlight", Live at Blue Note Tokyo - 2024)


Avishai Cohen - Brightlight (Official Audio)


Avishai Cohen - Summertime (Official Audio)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 10 nov. 2024 03:34

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Weather Report – Sweetnighter – (1973)

Pour continuer avec la formation Weather Report côté bons albums, il ne faut pas passer à côté de ce « Sweetnighter » plutôt honorable, qui se vendit d’ailleurs plutôt bien, distribué à peu près partout, à l’époque le jazz-rock était à la mode, ce qui permit à quelques bons groupes, ainsi qu’à d’autres plus discutables, de surfer sur un beau matelas de dollars.

Il faut dire que le genre était revivifiant et ce mélange électrique avec des sonorités jazz était vraiment bienvenu, mais, curieusement, Weather Report ne contenait pas de guitariste soliste, ce qui était une particularité, mais n’handicapa cependant pas la formation qui faisait sans, Zawinul y trouvait une trouée où il pouvait user de ses effets.

Côté compo on se partage le travail, Zawinul met le paquet avec le titre d’ouverture de chaque face, l’excellent « Boogie Woogie Waltz » et le tout aussi bon « 125th Street Congress », il assure le bougre et jamais on ne pourra lui enlever ça, il signe également « Adios », un poil en dessous.

Wayne Shorter signe « Manolete » et « Non-Stop Home », les deux sont également magnifiques, et Miroslav Vitous marque un gros coup avec « Will » au milieu de la seconde face, c’est ce qui fait le charme de cet album, de très chouettes compos bien arrangées, qui baignent toujours dans cette atmosphère ouatée, plutôt atmosphérique, mais bien plantées au sol, grâce à une rythmique solide qui offre une sérieuse assise aux solistes, qui partagent équitablement les solos et gardent un équilibre idéal.

Pourtant il y a un fossé entre ce travail de studio très propre, et la folie créatrice du live, pleine d’improvisations et de démesure, mais il faudra oublier. La petite histoire raconte que c’est Zawinul qui fit appel aux invités, le batteur Herschel Dwellingham et le percussionniste Muruga Booker, pour enraciner le groove, ce qui va bien quand même.

Mais il fit venir également Andrew White pour jouer du cor anglais, mais ce dernier a également pris la basse sur trois titres de l'album, tout ce qu’on peut dire c’est que c’est le dernier album avec Miroslav Vitous, qui arrêtera là l’aventure… « Will » penche stylistiquement sérieusement du côté de la première face de « I Sing The Body Electric », par ailleurs.

Ce qui est sûr c’est que Weather Report a encore quelques belles pages à écrire !

Boogie Woogie Waltz


125th Street Congress


Manolete


Will
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 11 nov. 2024 05:09

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Hadouk - Le Concile des Oiseaux – (2024)

Voici donc le dernier album du duo Didier Malherbe et Loy Ehrlich, qui sort pour fêter les trente années de compagnonnage, avec, en bonus « Le bal des Oiseaux » déjà évoqué. L’album est bien celui d’un duo, si on excepte « Le Concile des Oiseaux » ou Steve Shehan joue des balais berbères et Tao Ehrlich des cymbales.

Dès la première pièce « Hadouk Song » on retrouve cette ballade folk autour du monde avec tous ces instruments venus du monde entier, je n’en fais pas cette fois la liste, mais on commence à bien la connaître à force de les rencontrer, au sein du Hadouk Trio ou Quartet également. Il est d’ailleurs noté sur le livret d’accompagnement, « Merci aux luthiers » avec la liste de ceux-ci et les instruments qui leur correspondent.

On comprend bien la correspondance entre le premier album travaillé dès l’année soixante-dix et celui-ci, qui le regarde en miroir, comme un écho. Est-ce la fin d’un voyage ? L’ultime parution de cette collaboration hors normes ? Si c’est le cas, espérons que le trio ou le quartet continueront encore à vivre, et à travers eux, une face de la planète « Gong » qui nous fit tant de bien.

L’album est rural, terreux, enraciné, il remonte aux souvenirs d’une rencontre entre Didier, installé dans une bergerie avec le groupe Gong, et Loy, qui vit plus loin dans un cabanon, et fait de temps en temps le berger de la vallée…

Ce retour aux sources s’est nécessairement enrichi de l’expérience des deux vies et cela se sent, la maturité sereine évite les facilités et les risques qui s’imposent à l’audace de la jeunesse. En conséquence ce retour est parfaitement calibré et maîtrisé, de bout en bout.

La forme reste la même cependant, dix titres au format instrumental qui tournent entre deux minutes trente et cinq minutes au plus, aller à l’essentiel et discourir avec pertinence. Il n’y a aucune faiblesse et l’album se tient haut.

Tout juste pourrait-on saluer quelques titres, comme « Hadouk Song », « Soli Fugae », « Haj Bawu Blues », « le Concile des Oiseaux » ou encore « Cellito & Doudouk, d'Amore » ou « El Jazzouli » …

Hadouk - Hadouk Song (live session 2024)


Hadouk "Haj Bawu Blues" en session TSFJAZZ !


El Jazzouli


Le Concile des Oiseaux


Soli Fugae
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 12 nov. 2024 02:57

En mémoire du presque centenaire...
Souvenirs émus aux arènes de Cimiez, à Nice...
Douglas a écrit :
ven. 8 mai 2020 06:26
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Lou Donaldson a débuté dans « l’écurie » Blue Note à partir d’avril 1952 avec le MJQ, deux mois plus tard il sortait un album sous son nom, et celui-ci sortit en 1961. Lou Donaldson est toujours resté au grade des seconds couteaux, pourtant, ses albums ne sont pas sans mérite. Celui-ci par exemple est très fermement ancré dans le blues, ce qui lui donne un avantage indéniable, il est sans âge, hors classe et hors catégorie.

Le saxophoniste alto est accompagné par l’organiste Baby Face Willette dont le jeu très économe est essentiellement rythmique, c’est efficace, mais nous sommes loin des envolées de Jimmy Smith, bien qu’il ne soit pas manchot pour autant. Il possède un grand feeling et sait faire mouche.

Un autre qui est également une fine mouche, débutant ici sur Blue Note où il construira son nid, le jeune Grant Green, déjà brillant dans ses solos, illumine l’album de toute sa classe. Et, pour finir, le métronome Donald Bailey à la batterie.

Mis à part l’excellente reprise de « A Foggy Day » le blues domine ici, cette approche très rythmique de la musique avec un groove qui se perpétue tout en évoluant est souvent qualifiée de « Soul Jazz », un style qui n’est pas pour me déplaire.

A Foggy Day (Remastered 2007/Rudy Van Gelder Edition)


Here 'Tis (Remastered 2007/Rudy Van Gelder Edition)


Watusi Jump (Remastered 2007/Rudy Van Gelder Edition)


Walk Wid Me (Remastered 2007/Rudy Van Gelder Edition)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 12 nov. 2024 05:58

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Stephen Haynes – Pomegranate – (2015)

Voilà un gars dont la discographie n’est pas énorme, mais dont j’avais acheté cet album, après l’avoir écouté, lors de sa sortie. Pourtant il n’a pas fait grand bruit et sans doute a-t-il été oublié, de mon côté j’en garde cependant un certain attachement et le plaisir est toujours là, ce qui résume la raison pour laquelle je vous en parle.

Déjà l’album est dédicacé à Bill Dixon qui n’est pas n’importe qui, convenons-en, c’est le collègue et ami de Stephen, tous deux profs de musique. Les participants sont également des pointures, Joe Morris à la guitare, Ben Strapp au tuba, excellent dès « Sillage » qu’il colorise magnifiquement, William Parker qui a sorti pas mal de ses outils, contrebasse, violon, shakuhachi et le sintir ou « hajhouj », dont joue Loy Ehrlich et dont le nom est la première syllabe de « Ha/douk ».

Il y a également Warren Smith à la batterie et aux percussions, ainsi qu’au marimba, qui est issu de la famille des xylophones. L’album est d’évidence bourré d’impros, mais quelle justesse et quel feeling ! J’en suis ébloui à chaque écoute. L’album est très bien produit et mixé, le son de chaque instrument est clair, détaché de l’ensemble, où chacun inscrit sa démarche dans l’impro collective comme sur le très beau « Pomegranate », qui succède au magnifique « Mangui Fii Reek ».

« Becoming » laisse à entendre le marimba justement, la pièce de dix-sept minutes est très ouverte et le travail sur les sons semble central, textures et intensités offrent matière à se concentrer, mais le groove est bien là, pour se poser. Joe Morris est également très lumineux, il fait preuve de très grande qualité et offre une belle performance pleine de verve et d’imagination, occupant le centre droit de façon volubile et captant l’attention de façon irrémédiable.

Le terrien « Crepuscular » s’ancre dans les racines africaines, la contrebasse de William Parker et le marimba de Warren Smith déroulent un long ruban de musique hypnotique qui peut évoquer le travail de Kahil El Zabar, une nouvelle fois Joe Morris s’échappe de façon merveilleuse et le tuba, à l’arrière, participe également à la magie.

Après « Mangui FiI Reek » c’est la seconde pièce à explorer la musique africaine, cette proximité les plonge hors du temps et contribue à l’attrait hors du commun de de cet album, devant lequel tant de gens passent, sans jamais s’arrêter…

Arrive la dernière séquence, « Odysseus (Lashed to the Mast) », qui voit les feux jaillir du cornet enflammé de Stephen Haynes, avec Parker et Smith qui jouent en arrière une mise en tension savamment organisée, Joe Morris dépose lui aussi, à la suite de Haynes qu’il devine, des tisons qu’il jette çà et là, Ben Stapp arrive à son tour avec son tuba qu’il énerve, il attise les braises et tout devient bouillonnant…

Un album que j’aime et défend.

Stephen Haynes - Pomegranate


Crepuscular
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 13 nov. 2024 03:00

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Dave Rempis, Joshua Abrams, Avreeayl Ra – Aphelion – (2014)

Il me semble avoir évoqué Dave Rempis à travers « Of Things Beyond Thule Vol. 2 » avec Nilssen-Love, ou encore « Smash And Grab » avec la formation Ballister, l’année dernière. Ce n’est pas énorme pour un musicien qui reste tout de même très intéressant dans le monde du free jazz, et appartenant à une génération plutôt assez jeune, puisqu’il est né en soixante-quinze, alors que s’épanouissait la période du « jazz Rock ».

Dave Rempis joue du saxophone alto et du baryton, avec maestria, il est ici aux côtés du fameux Joshua Abrams, un musicien que j’aime beaucoup, pour ses divers partis-pris plus ou moins risqués, il joue de la contrebasse, du guimbri et de la petite harpe, le troisième larron est le batteur percussionniste, Avreeayl Ra. Trois maîtres réunis autour de captions live enregistrées en deux mille treize.

Le très beau « Ruah » pourrait servir d’introduction, avec sa brièveté, environ quatre minutes. La pièce est plutôt cool avec un sax alto évanescent, un accompagnement aux pinceaux frottés, la harpe qui joue tranquille dans une atmosphère rêveuse et atmosphérique. La suite sera plus rugueuse.

« Noriya » qui dépasse les vingt-six minutes, est d’un tout autre ordre, malgré un démarrage extra calme. C’est que le temps donne la place aux montées et aux descentes, aux boursouflures et autres gonflements, la pièce se déroule avec un départ lent qui accentue le rythme et les débits, les flux et les reflux. Tous ces changements se font de façon incisive, mais sans brusquerie, sans véritable limite non plus, car la volonté est là…

C’est tout le charme ici, il faut grimper dans la barque et accepter la descente qui s’annonce, avec les accélérations qui ne manquent pas, et les moments plus calmes également, et s’il y a un récif au milieu de la rivière, il faudra un peu tanguer, un peu dériver et laisser flotter … Il faut bien le croire, il y a un Brötzmann qui, à certains moments, se cache dans le jeu de Rempis, mais, rassurez-vous, il n’est que de passage…

« Saqiya » est également de longue durée, plus de vingt et une au compteur, la pièce voit également notre trio, attelage de fortune provenant d’horizons musicaux assez différents, faire cause commune pour ce qui apparaît comme une sorte de blues, une longue plainte où pleure Rempis. Le guimbri d’Abrams fait merveille à ses côtés, et c’est l’Afrique qui remonte en même temps que les tambours de Ra qui tapissent le lointain, dessinant un paysage chaud et désertique…

La pièce est tout simplement superbe, parmi celles qui donneront envie au trio de se perpétuer et de poursuivre une route si féconde…

Norya
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 14 nov. 2024 03:54

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Peter Brötzmann Trio – Mayday – (2010)

Bien que paru sur le tard, cet enregistrement est véritablement historique, et il fallait bien le désintéressement du label « Corbett vs. Dempsey » pour risquer l’aventure financière d’une telle parution. C’est qu’il n’y a que deux titres pour une durée de onze minutes et quarante-trois secondes…

Historique, oui, véritablement, puisqu’on remonte aux origines de la musique de Peter Brötzmann, une des plus intenses de tous les temps. Nous sommes un jour de mai, le premier, comme une fête, au dixième Festival de Jazz Allemand de Francfort, en cette année mille neuf cent soixante-six. C’est en ce lieu et à cette date, de ce qui est possiblement l’enregistrement le plus ancien de Peter Brötzmann, auquel nous allons assister, enfin, pour ce qui est connu à la date de parution, mais pour l’instant rien ne vient contredire cette affirmation.

La discographie nous informe que « For Adolphe Sax », son premier album, parut un an plus tard, et son second, le célèbre « Machine Gun » sortit en mille neuf cent soixante-huit. Ici, Peter joue du saxophone alto et du baryton, Peter Kowald est à la contrebasse et Pierre Courbois à la batterie.
L’anecdote raconte, car il en fallait bien une, rapportée par Brötz lui-même, que Lee Konitz était dans les coulisses lors de l’événement, et qu’il encouragea vivement le trio avant, pendant et après sa prestation…

C’est court, certes, mais intense et puissant comme du… Brötzmann ! La première pièce « Intensity » est forcément intense, puisqu’on nous le dit, il faut également parler du son qui n’est en soi pas mauvais, et même plutôt bon, si ce n’est un incident sonore vers deux minutes seize qui interrompt le flow, il y a une saturation un peu excessive en général, mais rien de rédhibitoire.

Les deux pièces sont torrides et intenses comme on l’imagine, pour Brötz c’est l’occasion de se faire connaître et de marquer les esprits. Mission parfaitement réussie, on retrouve l’intensité et la force qui feront de lui l’un des musiciens les plus entiers et féroces de son époque. Ecrivant en quelques minutes ce que sera son destin, offrir au jazz une musique première, brute et intense, flamboyante et urgente, vive et inextinguible.

Désormais, il suffira de suivre la route, tracée pour l’éternité !
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 15 nov. 2024 03:20

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Vinny Golia Quartet – Take Your Time – (2011)

Vinny Golia est déjà presque un familier de ce poste. Il a été évoqué pas mal de fois, je l’ai découvert par l’intermédiaire de « A Love Supreme Electric », en début vingt et un, puis sur « Healing Force - The Songs Of Albert Ayler » paru en deux mille six, puis sur « To Live And Breathe... » paru en deux mille vingt-deux, et enfin pour « Live At The Century City Playhouse » une retransmission de concert de soixante-dix-neuf ! Autant de témoignages à retrouver sur ce fil…

Mais la discographie est longue et reste encore à découvrir, pour ce musicien, ancien graphiste, venu au jazz car il vouait une admiration sans borne à John Coltrane à qui il décida de rendre hommage en se concentrant d’abord sur le soprano, choisissant le même bec et les mêmes anches que le maître, sans qu’il n’arrive à rien, avant de se faire conseiller par Dave Liebman et Anthony Braxton, mais là, nous étions encore au tout début des années soixante-dix…

Ici il est en quartet, et nous sommes en deux mille sept, bien des années sont passées et sa musique a énormément évoluée vers un discours plus personnel, aventureux et souvent free. Il joue des saxophones alto, ténor et soprano, Bobby Bradford est au cornet, Ken Fillano à la contrebasse et l’ami Alex Cline à la batterie. L’historique nous révèle qu’il faudra quatre années pour sortir cet enregistrement, effectué dans un studio de Los Angeles.

L.A. est sa zone de chalandise, sa sphère d’influence, là où il est reconnu et respecté, en tant que membre influent de la communauté culturelle, mais il faut tout de même batailler pour faire paraître les albums ! Ce projet lui tenait à cœur car il approchait un grand cornettiste en la personne de Bobby Bradford, qui possédait un club dans le coin, le « Little Big Horn ». Il y allait assez souvent pousser le solo, en compagnie du mentor…

Les deux de la rythmique sont également des assidus du club, un peu de la famille, c’est dire si cet album ne fait pas partie de ceux qui naissent au hasard d’un concert, mais qu’il est né de la volonté des quatre, se retrouver en studio et lâcher la sauce…

Il faut dire qu’assez vite, et c’est même flagrant sur « On The Steel », on se croit à l’intérieur d’un club, avec une ambiance chaleureuse et presque de feu, comme si l’habitude de jouer ensemble, en live, a créé des automatismes et des conditions telles, qu’elles s’imposent en toutes circonstances.

Toutes les compos sont de Vinny Golia et semblent rôdées à chaud, comme ce « Welcome Home » par exemple. L’un des points intéressants c’est que c’est le quartet dans son ensemble qui avance du même pas, parfois on fait un peu la place au soliste, mais le plus souvent non, les deux souffleurs y vont de concert, sans se tirer la bourre, juste un stimulus continu qui s’impose, même si ça complexifie l’énoncé, ça enrichit très sérieusement la cause collective !

Sans être exagérément free la musique est très moderne, un peu casse gueule peut-être, mais en réalité ils gèrent tout, et de « A » à « Z », ça transpire la grande maîtrise et la qualité, c’est le sentiment qui domine à l’écoute, avec des sensations fortes ménagées tout du long. La musique semble évoluer en spirale, dissone et en même temps joue avec les contrastes, puis retombe inévitablement sur ses pieds.

Difficile d’extraire une pièce ou deux car tout est considérable et de haut niveau, oui, décidément un grand album !

On The Steel


Welcome Home


Parambulist


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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Cooltrane » ven. 15 nov. 2024 13:08

deux sorties anglaises et féminines prévues début 25




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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 16 nov. 2024 02:45

Cooltrane a écrit :
ven. 15 nov. 2024 13:08
deux sorties anglaises et féminines prévues début 25



Elle avait pas mal cartonné Yazz avec " la saboteuse", ce quatrième album reste dans la lignée si l'on en croit l'extrait proposé, à suivre donc...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 16 nov. 2024 03:00

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Weather Report – Mysterious Traveller – (1974)

Avec « Mysterious Traveller » on reste du côté des bonnes cuvées, l’effectif tourne encore, avec Miroslav Vitous qui prend la tangente et laisse la place à Alphonso Johnson. Ce dernier apporte également sa touche en tant que co-compositeur, avec Zawinul sur « Cucumber Slumber », et Zawinul et Shorter sur « Scarlet Woman », de quoi signer sa venue de la meilleure des façons. Il est par ailleurs un bassiste électrique de talent, comme chacun des musiciens ici.

Eric Gravátt, le batteur s’en va également remplacé par Ishmael Wilburn, c’est cependant un autre batteur, Skip Hadden, qui joue sur « Mysterious Traveller » et « Nubian Sundance », de quoi y perdre le nord. Cette dernière pièce ouvre par ailleurs l’album qui démarre plutôt fort avec cette nouvelle compo de Joe Zawinul, il envoie du lourd avec ce blockbuster de près de onze minutes, la pièce plaira beaucoup et se fera un chemin vers les amateurs.

On retrouve l’influence du bassiste sur « Cucumber Slumber » déjà signalé, où brille Wayne Shorter, ainsi on glisse entre titres plutôt typés funky, alors en vogue, et d’autres plus conformes à l’image éthérée de la formation ou plus jazzy, comme « Scarlet Woman », « Blackthorn Rose », un duo entre Shorter et Zawinul, ou « Jungle Book » qui se met à l’heure africaine, face B.

On est un poil en d’dans par rapport à ce qui a précédé mais ça reste correcte, agréable à écouter, avec pas mal de variété et de diversité dans les styles…

Nubian Sundance (Live)


Cucumber Slumber


Weather Report - Mysterious Traveller


American Tango
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Cooltrane » sam. 16 nov. 2024 10:28

Douglas a écrit :
sam. 16 nov. 2024 02:45
Cooltrane a écrit :
ven. 15 nov. 2024 13:08
Elle avait pas mal cartonné Yazz avec " la saboteuse", ce quatrième album reste dans la lignée si l'on en croit l'extrait proposé, à suivre donc...
Saboteuse est tout simplement mon album jazz préféré du RU depuis le début du XXIè, en plus d'avoir une pochette époustouflante (même le Cd est superbe, au point de l'avoir deux fois dont une dédicacée)

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 17 nov. 2024 05:00

Cooltrane a écrit :
sam. 16 nov. 2024 10:28
Douglas a écrit :
sam. 16 nov. 2024 02:45
Cooltrane a écrit :
ven. 15 nov. 2024 13:08
Elle avait pas mal cartonné Yazz avec " la saboteuse", ce quatrième album reste dans la lignée si l'on en croit l'extrait proposé, à suivre donc...
Saboteuse est tout simplement mon album jazz préféré du RU depuis le début du XXIè, en plus d'avoir une pochette époustouflante (même le Cd est superbe, au point de l'avoir deux fois dont une dédicacée)
Perso je ne le place pas si haut, vu mes goûts, mais c'est certainement un excellent album, avec, c'est vrai, une magnifique pochette...
Une dédicace ça fait toujours plaisir!
:cote:
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