
Enrico Rava – Electric Five – (1995)
Un album enregistré sur Soul Note, le label cousin de Black Saints, dont le siège est à Milan. Donc rien de surprenant à retrouver Enrico Rava au « MU REC Studio » pour une session étalée sur deux jours, fin septembre quatre-vingt-quatorze. L’album se nomme « Electric Five », en effet il y a deux guitaristes électriques qui jouent sur cet album, Roberto Cecchetto et Domenico Caleri.
Pour le « Five », c’est un peu vrai, mais comme il y a un featuring, on passe à six, c’est Gianluigi Trovesi l’invité d’honneur, il joue du saxophone alto et de la basse clarinette. Pour le reste il y a Giovanni Maier à la basse et UT Ghandi à la batterie, une paire rythmique de qualité.
La couleur électrique est bienvenue et apporte un son qui va, Enrico est un musicien très ouvert et à l’écoute, rien ne l’effraie, et certainement pas cette douce fusion qui fonctionne bien, quand les guitares donnent, c’est un peu la fête, les solos des uns et des autres font également plaisir, particulièrement ceux du leader qui ne s’en prive pas.
Enrico est un « historique » du jazz européen, il a participé à quelques aventures mémorables du free jazz européen à l’époque, gagnant à cette occasion une renommée internationale et faisant partie des musiciens qui comptent. C’est aussi lié aux valeurs humaines qui l’habitent, à sa modestie, ainsi qu’aux attentions qu’il porte aux autres, aux jeunes musiciens particulièrement.
Cet album est plutôt bien, il contient environ quarante-huit minutes de musique, Enrico a composé une grande partie des onze thèmes. Il y a cependant quelques reprises, comme le « Milestones » de Miles Davis, « La Strada » de Nino Rota et Boplicity, le standard bop. Mais le titre qui se détache c’est celui d’ouverture, « Da Silva » qui ouvre l’album avec de grandes promesses.
Il fait souvent le coup, Enrico, la première pièce qui claque, et puis après c’est un peu inégal. On retrouve ce défaut ici, malgré que l’ensemble soit tout de même très écoutable sans risquer l’ennui, mais l’intérêt n’est pas constant, ni la couleur musicale qui varie un peu d’un titre à l’autre, il y a également le titre « Lavori Casalinghi » qui mérite un petit détour.
Né en dix-neuf cent trente-neuf, il tient encore le coup avec vaillance, qu’il bénéficie d’une vieillesse paisible, et, si parfois l’envie lui venait de jouer à nouveau du biniou, nous serions certainement à l’écoute !
C’est avec émotion que j’avais évoqué « 2 Blues For Cecil », avec Andrew Cyrille, William Parker & Enrico, ainsi que le duo avec Fred Hersch « The Song Is You », deux albums remarquables parus en vingt-vingt-deux !
Da Silva
Lavori Casalinghi
rava electric five - 5. milestones
rava electric five - 3. the fearless five